CONTROVERSES NUCLEAIRES !
ACTUALITE INTERNATIONALE
2003

LE RADON, FACTEUR DE RISQUE POUR LA SCLEROSE EN PLAQUES ?

    Le radon pourrait constituer un facteur de risque dans le développement de la sclérose en plaques (SEP).
    Depuis plusieurs années, l'incertitude règne chez les chercheurs quant aux étiologies possibles de la SEP, pathologie deux fois plus fréquente chez les femmes que chez les hommes, et dont sont atteints entre 6000 et 8000 norvégiens.
    Bjorn Bolviken, professeur émérite de géochimie, a proposé d'éclaircir une partie de la réponse à cette question en constatant que la répartition géographique des sujets atteints de SEP en Norvège coïncide avec la carte répertoriant l'existence de radon dans l'atmosphère intérieure des bâtiments.
    Cette coïncidence s'est avérée compatible avec les tests statistiques effectués. La superposition des cartes montre que la SEP touche plus
particulièrement des individus habitant à l'interieur des terres, particulierement dans les parties sèches et élevées des vallées.
    La SEP est une maladie dont la prévalence est d'autant plus élevée que l'on s'éloigne de l'équateur. Aux proches alentours de celui-ci, elle
n'existe pratiquement pas, alors qu'elle est fréquente en Europe et en Australie. Plus le climat est froid et plus la SEP est répandue.
    Le radon est une substance radioactive existant naturellement à la surface de la terre. Sa concentration est habituellement dix fois plus élevée à l'intérieur des habitations que dans l'air extérieur.
    La corrélation entre radon et cancer du poumon est connue depuis longtemps.
    Dans une étude récente menée par le Bureau de recherche géologique de Norvège, sur 1601 sondages réalisés dans le sous-sol (formations du précambrien et du paléozoïque), 222 soit environ 14 % avaient révélé des concentrations en radon superieures à la limite maximale recommandée.
    Les mesures effectuées par l'Office national de protection contre les rayonnements révèlent que 7,4 % des habitations norvégiennes présentent des niveaux de rayonnement suffisamment élevés pour constituer un risque pour la santé de ceux qui y vivent.
    Les norvégiens isolent et chauffent beaucoup leur habitat, deux facteurs augmentant le niveau de concentration en radon. La forte
proportion de femmes atteintes de SEP pourrait en outre s'expliquer par le fait qu'elles séjournent traditionnellement beaucoup plus à l'interieur de leur domicile que les hommes, particulièrement en milieu rural.
    Prudent, le chercheur norvégien se refuse à tirer trop vite des conclusions. Il pense avoir pour l'instant mis en évidence des corrélations permettant l'émission d'une hypothèse demandant à être testée. Le géochimiste a pris contact avec la neurologue Elisabeth Gulowsen Celius, de l'Hopital universitaire Ullevål a Oslo, qui, sceptique de prime abord, trouve à présent l'hypothèse intéressante.
    Elle reconnaît que l'étiologie de la SEP reste tout à fait inconnue, même si l'existence d'un facteur génétique semble probable.
    Les chercheurs du monde entier tentent depuis très longtemps d'identifier un facteur environnemental susceptible de provoquer le déclenchement de la maladie chez les sujets présentant une prédisposition génétique.
    De nombreuses substances chimiques ont ainsi été testées dans ce but, mais non l'exposition au radon. L'hypothèse " radon " vient à présent
constituer une nouvelle donnée dans le débat, qui avait très longtemps reposé sur la recherche médicale traditionnelle.

Contacts :
E. Gulowsen Celius, médecin-chef. Nevrologisk Avdeling, Ullevaal Sykehus, N-0407 Oslo.
Source : Dagsavisen, 28 fevrier 2003.