22.03.2011
La crédibilité des agences onusiennes,
qui surveillent l’accident nucléaire au Japon, est remise en question.
Et notamment celle de l’Organisation mondiale de la santé. Une OMS
soumise au bon vouloir de l’Agence internationale de l’énergie atomique
(AIEA) et incapable d’évaluer les risques de façon indépendante,
montre une enquête de la TSR.
Depuis le déclenchement de la catastrophe
nucléaire au Japon, l’Organisation
mondiale de la santé (OMS) est restée étonnement
discrète, se contentant de relayer des informations fournies par
le gouvernement japonais et par l’Agence
internationale pour l’énergie atomique (AIEA). La raison est
à chercher du côté d'un accord signé entre les
deux organismes en 1959.
Le 14 mars 2011, dans un document rédigé
sous forme de questions-réponses sur les rayonnements ionisants
et les mesures à prendre en cas d’irradiation, l’OMS ne consacrait
que deux paragraphes au Japon, affirmant que "le risque pour la santé
publique est faible". Dans une version actualisée au 17 mars,
l’agence onusienne approuve les "actions proposées par le gouvernement
du Japon", sans cependant se prononcer sur les risques encourus autour
de Fukushima Daiichi.
Pas d'experts sur place
Mardi 15 mars, Maria Neira, la directrice
du département santé publique et environnement a reconnu
que l’OMS n’avait pas d’experts sur place. Elle s’est dite prête
à répondre à toute requête de Tokyo, précisant
que "cette demande devait se faire à travers l’AIEA". A Genève,
l’OMS a actionné sa SHOC Room (centre stratégique d'opérations
sanitaires) sur la catastrophe. Mais sur le volet nucléaire, elle
reçoit essentiellement ses informations de l’AIEA.
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suite:
Le rapport de l'OMS et de l'AIEA sur la catastrophe
de Tchernobyl est très critiqué. [DR] Le rapport de l'OMS
et de l'AIEA sur la catastrophe de Tchernobyl est très critiqué.
[DR]
De fait, cette collaboration s’est réalisée
au profit de l’AIEA, même si l’OMS
a toujours rejeté les accusations de subordination. Cas d’école,
le dernier bilan de la catastrophe de Tchernobyl (26 avril 1986), établi
conjointement par l’OMS et l’AIEA en septembre 2005, fait état de
50 morts, 9 décès d’enfants de cancers de la thyroïdes,
4.000 cancers potentiellement mortels et 4.000 cancers de la thyroïde
(principalement chez les enfants). Or nombre de recherches indépendantes
menées en Russie, Ukraine et au Belarus, ont été ignorées.
Bilan de Tchernobyl sous-évalué
Selon plusieurs rapports, Tchernobyl a fait
plus de 200.000 morts. Cinquante fois plus que le bilan officiel de l’OMS
et de l’AIEA. Une étude publiée en février 2010 par
l’Académie des sciences de New-York et rédigée par
les professeurs Alexei Yablokov, Vassili et Alexey Nesterenko, des spécialistes
reconnus ("Tchernobyl, conséquences de la catastrophe pour les populations
et l’environnement"), estime même à 985.000 le nombre de morts
liés à la catastrophe.
Un ancien du département Santé
et environnement de l’OMS confie qu'"à l’OMS, certains sont
mal à l’aise avec les chiffres minimisés sur Tchernobyl".
Il dit craindre que la situation ne se reproduise avec la catastrophe en
cours au Japon. Alison Katz, elle aussi une ancienne de l’agence onusienne,
estime que "l'AIEA décide désormais de tout en matière
de santé et rayonnement", l’OMS ne comptant que quatre personnes
chargées de la radioprotection à Genève. Depuis avril
2007, un collectif anti-nucléaire "Independant
WHO", dont Alison Katz est membre, manifeste chaque jour
à proximité de l’OMS, réclamant l’abrogation de l’accord
contre nature de 1959.
Ron Hochuli, Agathe Duparc, Xavier Nicol
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