BedZED
- pour Beddington Zero Energy (fossil) Development soit Développement
énergie zéro fossile en Français - est le premier
îlot résidentiel à avoir été construit
à grande échelle au Royaume-Uni, sur le principe d'un apport
neutre en carbone. Bâti sur un ancien site houiller de 1,7 ha et
lancée à l'initiative de l'architecte Bill Dunster, BedZED
rassemble une variété de lieux: 82 logements, 2.500 m2
de bureaux et commerces mais aussi un espace communautaire, une salle de
spectacles, des espaces verts publics et privés, un centre médico-
social, un complexe sportif, une crèche, un café et un restaurant.
Pour un coût supérieur de 20% à une construction traditionnelle,
l'architecte Bill Dunster a appliqué tous les principes de la construction
écologique: économie d'énergie, cogénération,
utilisation de matériaux locaux et a intégré les aspects
sociaux et les problématiques de transports dans sa réflexion:
mixité sociale, commerces de proximité, auto-partage, liaisons
par transports en communs, espaces verts favorisant la biodiversité.
Résultat: le chauffage y est réduit de 90%, la consommation
totale énergétique de 70% et le volume des déchets
de 75%. Enfin, plus de la moitié des logements a été
réservée à des familles à revenus modestes,
selon les vœux de la Fondation Peabody - la plus importante organisation
caritative de Londres dédiée à l'habitat et partenaire
du projet, selon l'ARENE Ile-de-France*.
Si d'autre pays Européen sont d'ores et déjà en mesure de présenter des expériences comparables, notamment celles de Vesterbro (Copenhague), Fribourg (Allemagne), Kronsberg (Hanovre) ou Hammarby (Suède), en France en revanche, les projets commencent seulement à voir le jour. C'est le cas à Grenoble ou les logements de l'éco-quartier De Bonne à Grenoble sont conçus dans le but d'offrir une efficacité énergétique exemplaire, en visant les niveaux de consommations en énergie finale de 50 kWh/m2/an pour le chauffage, à comparer aux 90 kWh/m2/an correspondant à la réglementation française en vigueur au moment où les objectifs ont été fixés (RT 2000) de 35 kWh/m2/an pour l'eau chaude sanitaire au lieu de 40 kWh/m2/an et de 10 kWh/m2/an pour l'électricité des parties communes. Différentes mesures sont mises en œuvre pour parvenir à ces objectifs: isolation par l'extérieur et menuiseries très performantes (à lame d'argon), développement d'approches bioclimatiques en ayant recours à des dispositifs passifs limitant les apports solaires en été et les favorisant en hiver: morphologie des passées de toiture, des balcons, serres et loggias, végétalisation des terrasses ou pergolas, mise en œuvre d'une ventilation double flux avec récupération de chaleur et enfin utilisation d'équipements économes en électricité dans les parties communes. Plusieurs projets d'éco-quartiers sont également en cours d'élaboration dans le Nord de la France. Douai a créé la ZAC du Raquet en 2006, éco-quartier de 12.000 habitants qui sera desservi par une ligne de tram et 15 km de pistes cyclables. Un canal et une trame verte et bleue permettront la gestion des eaux pluviales sur site et de maintenir et restituer les corridors écologiques. Lille a aussi annoncé la création à partir de 2007 d'un éco-quartier. La démarche figure sur l'Agenda 21 de Lille Métropole Communauté urbaine, adopté le 10 février 2006. Cet espace de 80 hectares de haute qualité environnementale (HQE), tiendra compte des besoins en énergie, en espaces verts, en déplacements, de l'élimination des déchets, mais également de la mixité sociale. Au sud, Narbonne est quant à elle engagée dans la construction d'un éco-quartier dans le quartier du théâtre. Celui-ci prévoit de réduire de moitié les consommations d'énergie et d'eau potable, et comptera 650 logements dont 20% de logements sociaux. À Paris, l'EcoZac de Rungis dans le 13e arrondissement va par exemple bénéficier de cuves de récupération des eaux pluviales (6.000 m2 de toiture environ) qui seront intégrées dans les programmes de construction. L'eau servira à l'arrosage des jardins privatifs. Sous réserve de l'accord des services sanitaires de l'Etat (DDASS), elle sera également utilisée pour les sanitaires des immeubles de bureaux et des logements étudiants. Ces cuves alimenteront aussi un ouvrage réservoir existant destiné à l'arrosage du jardin public. Le volume récupéré des toitures sera de l'ordre de 4.500 m3/an. Si cette opération de réhabilitation de 3,8 hectares, est pour l'instant le projet le plus avancé de quartier basse énergie dans la capitale, le réaménagement des 50 hectares de terrains de la zone «Batignolles-Clichy-Cardinet» (17e), lancé lors de la candidature de Paris aux JO 2012 pour accueillir le village olympique, pourrait être exemplaire en termes de performance énergétique des bâtiments. Sur ce territoire encore largement occupé par des installations ferroviaires obsolètes, la Ville de Paris a l'ambition de faire un «éco-quartier exemplaire». |
Cette ambition conduit notamment à
rechercher un bilan d'émissions de CO2 nul reposant sur
l'utilisation des énergies renouvelables et des économies
d'énergie. Pour cela, les bâtiments devront avoir des caractéristiques
permettant d'atteindre, voire dépasser de 75% les performances thermiques
de la réglementation actuelle. En incluant notamment une très
bonne isolation, une quasi-absence de ponts thermiques, une ventilation
maîtrisée par double flux avec récupérateur
à haut niveau, les premières études montrent que les
besoins nets en chauffage pourraient être compris entre 18 et 28
KWh/m2, soit environ 10 à 15 fois moins que la consommation
moyenne constatée dans les logements actuels. Le lancement des travaux
est prévu pour fin 2007.
Dans ce contexte de multiplication des projets, la FFB (Fédération Française du Bâtiment) et la FNTP (Fédération Nationale des Travaux Publics) ont annoncé le 10 octobre dernier, le lancement d'un groupe de travail commun sur la réalisation des éco-quartiers. Son objectif sera de proposer un programme d'actions à moyen termedestiné à faciliter leur développement. Pour ce faire, le groupe de travail qui devrait rendre ses conclusions d'ici la fin de l'année, réalisera un état des lieux des réalisations et des projets concrets d'éco-quartiers en France et à l'échelle européenne, dans des environnements urbains comparables. À partir de cet état des lieux, le groupe de travail devrait lister les actions prioritaires à même de réduire dans ces quartiers les émissions de CO2 ainsi que la consommation d'énergie et de ressources naturelles et de limiter la production de déchets. L'objectif sera aussi de définir les indicateurs permettant de caractériser un éco-quartier et recenser les obstacles techniques, méthodologiques, économiques, culturels ... au développement des éco-quartiers en France. Le but visé par les deux fédérations : favoriser la mise en œuvre, dans les opérations d'aménagement de nouveaux quartiers ou de réaménagement de quartiers existants, de solutions concrètes à forte valeur ajoutée environnementale et de services. Enfin, dans ses ''premières propositions'', remises au président Nicolas Sarkozy, la Commission pour la libération de la croissance française (CLCF) présidée par Jacques Attali avait quant à lui évoqué, outre des mesures réglementaires, fiscales et économiques très polémiques, la création avant 2012 de dix Ecopolis, villes d'au moins 50.000 habitants intégrant haute qualité environnementale et nouvelles technologies de communication. Celles-ci devraient servir à faire progresser massivement l'urbanisme général, au service d'objectifs de croissance durable tels que des infrastructures haut débit, des transports technologiquement à la pointe et des construction «durables». Par ailleurs, ces «espaces urbains durables» devront intégrer emploi, logement, cadre de vie et mixité sociale et mettre en oeuvre des ressources énergétiques renouvelables comme les éoliennes et les panneaux solaires. La commission espère que ces Ecopolis joueront ainsi le rôle de laboratoires de la réduction de la consommation d'eau, du tri des déchets, du développement de la biodiversité, de la réduction de la consommation d'air conditionné, de l'aménagement de plans d'eau ou encore de la création d'espace vert (équivalant à 20% de la surface de la ville). Pour illustrer sa proposition, la commission cite l'exemple des Mountain View en Californie, des Hammerdy Sjöstat en Suède ou encore des Ecotowns anglaises et rappelle que le Premier Ministre britannique Gordon Brown souhaitait la construction dans les années à venir de cinq Ecotowns appelées à accueillir de 10.000 à 20.000 habitants. Près d'une quarantaine de collectivités territoriales se sont déjà portées candidates de sorte que le gouvernement britannique a décidé de porter le nombre de ces Ecotowns à dix. Pour avoir autant de succès, la commission conseille de définir une vision, un cahier des charges et un financement équilibré associant Etat, collectivités territoriales, Caisse des Dépôts et secteur privé. Elle préconise également que les sites soient sélectionnés à partir des candidatures des villes, des pôles de compétitivité et des sites universitaires d'excellence et que trois Ecopolis sur les 10 prévues soient créées dans des quartiers prioritaires. Mais selon la commission, trois engagements préalables devront être pris par l'Etat à l'égard des collectivités territoriales et de leurs habitants à savoir l'absence d'impact de ces opérations sur la fiscalité locale, la qualité et la densité les plus adaptées aux exigences environnementales et la création d'emplois. Les propositions faites par la commission n'ont pas été accueillies favorablement par les associations de protection de l'environnement qui, concernant les Eco-villes, évoquent les risques d'accélération de l'étalement urbain au détriment de la nature et la construction d'infrastructures routières. Selon elles, il vaudrait mieux améliorer les villes déjà existantes. C.SEGHIER
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