La 7e édition des Journées
de la maison contemporaine vient de fermer ses portes. Partout en France,
près de 20.000 personnes se sont pressées ces deux derniers
week-ends pour visiter les créations des architectes, d'ordinaire
fermées au public. En tête de liste des lieux les plus prisés,
les maisons en bois. Avec 10.000 constructions en 2005, ce type d'habitat
a doublé en 5 ans et représente aujourd'hui 5 à 6%
du marché de la maison individuelle. Tombé dans l'oubli pendant
les "Trente Glorieuses", période du tout-béton, le bois revient
lentement sur le devant de la scène dans les années 80. Sous
l'impulsion des pouvoirs publics, il est d'abord utilisé pour l'ossature
de logements sociaux. Puis, en 1994, Philippe Starck dessine pour les 3
Suisses les plans d'une maison individuelle en bois. Un flop: sur les
7 millions d'exemplaires proposés, seuls 500 trouvent preneur. Il
faut attendre le début du XXIe siècle pour que les Français
commencent à se laisser séduire par ce matériau naturel.
Un engouement récent donc. Alors qu'aux Etats-Unis ou dans les pays
scandinaves, les maisons en bois constituent plus de 90% de la construction
d'habitats individuels.
«Les Français sont très attachés à leur forêt, soulève Véronique Fraignau, responsable de la communication du Comité national pour le développement du bois (CNDB). Ils commencent à comprendre qu'elle n'est pas menacée, qu'il est nécessaire d'exploiter l'excédent de stock pour la régénérer. Ainsi déculpabilisés, ils osent enfin sauter le pas et s'offrir un peu de nature chez eux.» Parmi ceux qui hésitent encore, certains sont victimes des clichés. Non pourtant, le bois ne flambe pas plus facilement qu'un autre matériau. Au contraire, c'est un excellent allié contre les flammes car il brûle lentement. Pour preuve, les pompiers sont autorisés à rester plus longtemps dans une maison en bois que dans un habitat en maçonnerie. Erroné également, le syndrome des trois petits cochons: un coup de vent ne suffit pas à faire s'effondrer l'édifice. Ce matériau est aussi résistant que l'acier et aussi durable que la pierre. Un investissement rentabilisé
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Résultat, l'emménagement se fait en
un rien de temps dans un environnement propice au bien-être. «Cet
engouement révèle une quête de ressourcement et de
rapprochement de la nature, conclue-t-on au CNDB. De plus, l'aspect
chaleureux du bois procure un niveau de confort optimal. Des études
finlandaises ont d'ailleurs prouvé que ce type de maison était
propice à la relaxation et limitait les risques d'allergies et de
dépression de ses occupants.»
Depuis cet hiver, l'architecte parisien Jean-Baptiste Barache passe ses week-ends dans sa maison 100% bois construite en Normandie. Il ne tarit pas d'éloges sur ses vertus. «Le bois calme l'esprit et surtout, il sent bon, jubile-t-il. Avec sa vaste nef, cette maison à mi-chemin entre la grange et l'église respire. Décloisonnée, elle est inondée de lumière grâce à l'immense baie vitrée aménagée sur sa façade Sud.» On est bien loin du rustique chalet savoyard... Car le bois permet toutes les audaces architecturales. Le récent ouvrage de France Billand, Maisons en bois, une douceur de vivre, recense d'ailleurs une vingtaine de maisons contemporaines qui jouent la carte du total look ou l'alliance avec d'autres matériaux (verre, acier...). «Ces maisons d'architectes ont donné une image valorisante de la maison en bois, reconnaît Loïc de Saint Quentin, secrétaire général de l'Association française des constructeurs bois (Afcobois). Apanage de clients aisés rêvant d'un habitat sur mesure, ce type de construction séduit aujourd'hui un nouveau public: des primo-accédants respectueux de l'environnement et sensibles aux questions d'économie d'énergie.» A tel point qu'aujourd'hui, la demande dépasse largement l'offre. Au Salon Maison Bois d'Angers, référence en la matière, la fréquentation est passée de 30.000 visiteurs en 1999, année de sa création, à 50.000 lors de la session d'octobre 2005. «Les gens se documentent et reviennent, confie Nicolas Visier, organisateur de l'événement. Ils ont envie de construire autrement, mais des propositions concrètes doivent suivre.» Or, pas facile pour un promoteur immobilier, pro de la maçonnerie, de se lancer dans la construction en bois sans en maîtriser toutes les subtilités. Du coup, le CNDB multiplie les propositions de formation des professionnels. Afcobois, de son côté, vient de lancer un concours auprès des constructeurs, pour qu'ils créent une maison en bois de 100.000 €. Un marché encore balbutiant mais dans lequel l'optimisme règne: le nombre de maisons devrait doubler d'ici à 2010. A lire:
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