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ARCHITECTURE
Architecture "bois"
Le bois pousse le béton
http://www.madamefigaro.fr/deco/20060619.MAD0001.html
Photos: http://www.mondubois.canalblog.com/

    Préoccupations environnementales obligent, les maisons en bois reviennent en force depuis une dizaine d'années. De moins en moins chalets et de plus en plus design, elles séduisent autant les esthètes que les aspirants au bien-être.
    La 7e édition des Journées de la maison contemporaine vient de fermer ses portes. Partout en France, près de 20.000 personnes se sont pressées ces deux derniers week-ends pour visiter les créations des architectes, d'ordinaire fermées au public. En tête de liste des lieux les plus prisés, les maisons en bois. Avec 10.000 constructions en 2005, ce type d'habitat a doublé en 5 ans et représente aujourd'hui 5 à 6% du marché de la maison individuelle. Tombé dans l'oubli pendant les "Trente Glorieuses", période du tout-béton, le bois revient lentement sur le devant de la scène dans les années 80. Sous l'impulsion des pouvoirs publics, il est d'abord utilisé pour l'ossature de logements sociaux. Puis, en 1994, Philippe Starck dessine pour les 3 Suisses les plans d'une maison individuelle en bois. Un flop: sur les 7 millions d'exemplaires proposés, seuls 500 trouvent preneur. Il faut attendre le début du XXIe siècle pour que les Français commencent à se laisser séduire par ce matériau naturel. Un engouement récent donc. Alors qu'aux Etats-Unis ou dans les pays scandinaves, les maisons en bois constituent plus de 90% de la construction d'habitats individuels.
    «Les Français sont très attachés à leur forêt, soulève Véronique Fraignau, responsable de la communication du Comité national pour le développement du bois (CNDB). Ils commencent à comprendre qu'elle n'est pas menacée, qu'il est nécessaire d'exploiter l'excédent de stock pour la régénérer. Ainsi déculpabilisés, ils osent enfin sauter le pas et s'offrir un peu de nature chez eux.» Parmi ceux qui hésitent encore, certains sont victimes des clichés. Non pourtant, le bois ne flambe pas plus facilement qu'un autre matériau. Au contraire, c'est un excellent allié contre les flammes car il brûle lentement. Pour preuve, les pompiers sont autorisés à rester plus longtemps dans une maison en bois que dans un habitat en maçonnerie. Erroné également, le syndrome des trois petits cochons: un coup de vent ne suffit pas à faire s'effondrer l'édifice. Ce matériau est aussi résistant que l'acier et aussi durable que la pierre.

Un investissement rentabilisé
    Construire en bois permet également d'agir pour la protection de l'environnement car ce matériau lutte contre l'effet de serre en piégeant le gaz carbonique et en ne nécessitant pas d'eau sur le chantier. Et même si le coût est estimé à 5% de plus qu'une maison en maçonnerie, l'investissement est rentabilisé. «Grâce à son inertie thermique, ce matériau garantit une économie d'énergie de l'ordre de 30%, confie l'architecte Stéphane Béranger, qui s'est laissé séduire par la maison en bois après dix ans passés dans la construction traditionnelle. Traité avec des fongicides et des insecticides non nocifs, il a d'étonnantes capacités. Les éléments peuvent être préfabriqués en atelier en un mois et assemblés en quelques jours sur le chantier. Enfin, aucun délai de séchage n'étant nécessaire, les travaux de finition peuvent être effectués dans la foulée (peinture, pose du parquet...)».

    Résultat, l'emménagement se fait en un rien de temps dans un environnement propice au bien-être. «Cet engouement révèle une quête de ressourcement et de rapprochement de la nature, conclue-t-on au CNDB. De plus, l'aspect chaleureux du bois procure un niveau de confort optimal. Des études finlandaises ont d'ailleurs prouvé que ce type de maison était propice à la relaxation et limitait les risques d'allergies et de dépression de ses occupants
    Depuis cet hiver, l'architecte parisien Jean-Baptiste Barache passe ses week-ends dans sa maison 100% bois construite en Normandie. Il ne tarit pas d'éloges sur ses vertus. «Le bois calme l'esprit et surtout, il sent bon, jubile-t-il. Avec sa vaste nef, cette maison à mi-chemin entre la grange et l'église respire. Décloisonnée, elle est inondée de lumière grâce à l'immense baie vitrée aménagée sur sa façade Sud.» On est bien loin du rustique chalet savoyard... Car le bois permet toutes les audaces architecturales. Le récent ouvrage de France Billand, Maisons en bois, une douceur de vivre, recense d'ailleurs une vingtaine de maisons contemporaines qui jouent la carte du total look ou l'alliance avec d'autres matériaux (verre, acier...).
    «Ces maisons d'architectes ont donné une image valorisante de la maison en bois, reconnaît Loïc de Saint Quentin, secrétaire général de l'Association française des constructeurs bois (Afcobois). Apanage de clients aisés rêvant d'un habitat sur mesure, ce type de construction séduit aujourd'hui un nouveau public: des primo-accédants respectueux de l'environnement et sensibles aux questions d'économie d'énergie
    A tel point qu'aujourd'hui, la demande dépasse largement l'offre. Au Salon Maison Bois d'Angers, référence en la matière, la fréquentation est passée de 30.000 visiteurs en 1999, année de sa création, à 50.000 lors de la session d'octobre 2005. «Les gens se documentent et reviennent, confie Nicolas Visier, organisateur de l'événement. Ils ont envie de construire autrement, mais des propositions concrètes doivent suivre.» Or, pas facile pour un promoteur immobilier, pro de la maçonnerie, de se lancer dans la construction en bois sans en maîtriser toutes les subtilités. Du coup, le CNDB multiplie les propositions de formation des professionnels. Afcobois, de son côté, vient de lancer un concours auprès des constructeurs, pour qu'ils créent une maison en bois de 100.000 €. Un marché encore balbutiant mais dans lequel l'optimisme règne: le nombre de maisons devrait doubler d'ici à 2010.

A lire:
– France Billand, Maisons en bois, douceur de vivre, Hoëbeke, 2006, 29,50 €.
– Dominique Gauzin-Müller, 25 maisons en bois, Le Moniteur, 2003, 45 €.