CARROS (Alpes-Maritimes) (AFP) - Dix
années de bataille industrielle pour donner vie à son "bébé",
la voiture à air comprimé, n'ont pas entamé la motivation
de l'ingénieur français Guy Nègre qui reçoit
aujourd'hui un coup de pouce de l'Etat pour intégrer son projet
aux pôles de compétitivité.
L'inventeur revient de loin: au milieu des années 90, cet ancien salarié de l'industrie aéronautique et de la Formule 1 met au point un moteur à air comprimé dont il équipe une petite citadine de sa conception, aux allures de Twingo. L'engin, estampillé "zéro pollution", fait son petit effet au Mondial de l'Automobile à Paris où il est présenté en 2002. Si l'autonomie annoncée du véhicule -150 km en ville- laisse alors sceptique les spécialistes de l'industrie automobile, Guy Nègre ne doute pas de voir sortir avant 2003 les premières "MiniCats" fabriquées en série par son "usine" installée à Carros (Alpes-Maritimes). Trois ans plus tard, le projet semble dans l'impasse: la société MDI, fondée par M. Nègre, 64 ans, a licencié plus de la moitié de ses 40 salariés et la production industrielle des véhicules est au point mort. "Depuis 2002, les obstacles se sont multipliés. Des partenaires financiers potentiels ont été découragés par des personnes qui critiquaient le projet sans le connaître", raconte l'ingénieur. L'intérêt manifesté par le représentant de la DATAR (Délégation à l'Aménagement du Territoire et à l'Action Régionale) dans les Alpes-Maritimes, Jean-Marc Prodhomme, relance aujourd'hui les perspectives de la voiture à air comprimé. |
Fin novembre, M. Prodhomme a emmené sur le
site de Carros une délégation composée de chercheurs,
d'industriels, de représentants des collectivités, bien décidé
à trouver des partenaires au projet pour l'intégrer au pôle
de compétitivité "Energies non génératrices
d'effets de serre" retenu pour la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur
en juillet dernier.
"Je suis convaincu des potentialités de cette technique dans le domaine des énergies propres. En matière de moteur à air comprimé, la réalisation de M. Nègre est ce qui se fait de mieux actuellement", assure M. Prodhomme. Depuis les premiers modèles, les véhicules proposés par Guy Nègre ont évolué: il mise aujourd'hui sur une voiture équipée d'un moteur bi-énergie, fonctionnant à air comprimé jusqu'à une vitesse de 50 km/h et pour une autonomie de 50 kilomètres puis passant automatiquement sur une alimentation à base de carburant fossile ou végétal, trois fois moins polluant qu'un carburant classique. Prix de départ: 9.000 €. A ce jour, 39 "options" d'achat sur le procédé, une fois qu'il sera opérationnel, ont été vendues à plusieurs pays, dont le Mexique, l'Italie, l'Australie, affirme M. Nègre qui estime qu'il manque "une dizaine de millions d'euros" pour lancer une usine en France. "Nous n'attirerons pas des partenaires comme Peugeot, Renault ou les pétroliers, mais pourquoi pas Dassault ou Air Liquide?", imagine M. Prodhomme. Guy Nègre veut y croire mais son parcours du combattant l'a rendu philosophe: "En dix ans, je n'ai finalement investi que douze heures du budget annuel de recherche et développement de Mercedes". |