CONTROVERSES ENERG...ETHIQUES !
Energies renouvelables, environnement-écologie, développement...
1) "L'éolien victime du lobby nucléaire"
ADIT, http://www.lemonde.fr
2) 21 raisons de défendre la filière éolienne
Enerzine , CP - Planète éolienne)
 Septembre 2008
2)
     Dans une tribune publiée dans le Moniteur-Expert, un opposant à l'énergie éolienne, Monsieur Jacques Blancart, revendiquait "7 erreurs de l'éolien". En réponse, la fédération Planète Eolienne comptabilise 21 bonnes raisons pour développer l'énergie éolienne:
     Au moins 4 raisons techniques:
     1) Une éolienne est un moyen de production d'électricité efficace, contrairement aux centrales thermiques traditionnelles. Pour celles-ci, les deux tiers de l'énergie consommée (fioul, charbon, gaz, uranium*) servent à réchauffer le fleuve ou la mer ou les nuages (c'est la faute à Carnot).
     2) Une éolienne est un moyen de production performant: une éolienne d'aujourd'hui (2 MW, soit une pale de 40 m de long), couvre la consommation électrique domestique de 2.000 personnes environ.
     3) La France dispose d'un excellent gisement en vent. Quantitativement, c'est le second en Europe (après le Royaume-Uni). Qualitativement, avec trois régimes de vent différents et complémentaires (atlantique, continental, méditerranéen), il n'y a jamais de panne de vent en France.
     4) La ressource en vent est en phase avec nos consommations d'électricité avec plus de vent en hiver quand la consommation est la plus importante et quand la production d'électricité coûte le plus cher et émet le plus de gaz à effet de serre.

     Au moins 4 raisons de politique énergétique:
     5) L'utilisation de l'énergie du vent est un moyen de contribuer à l'indépendance énergétique, contrairement aux énergies fossiles issues de biomasses très anciennes (pétrole, gaz naturel, charbon) et minières (uranium) qui sont importées à quasiment 100%. Par exemple, les mines d'uranium françaises, épuisées, ont fermé.
     6) Le vent est inépuisable, c'est une ressource éternellement renouvelable. Tandis que le pétrole ou l'uranium seront épuisés (ou hors de prix) dans une ou deux générations.
     7) L'énergie éolienne est un moyen de diversification de la production électrique; il n'est jamais bon d'avoir tous ses œufs dans le même panier.
     8) Les 27 Etats membres de l'Union Européenne (dont la France) se sont engagés à couvrir au moins 20% de la consommation Européenne d'énergie par des sources d'énergies renouvelables, objectif qui ne peut être atteint que par le développement dans tous les états membres de l'énergie éolienne. Participer à la réalisation de cet objectif commun n'est pas se charger d'un fardeau inutile mais profiter d'une opportunité (voir raisons économiques, environnementales et sociales).

Au moins 5 raisons économiques:
     9) L'énergie éolienne est la filière la plus mûre et la moins coûteuse de toutes les filières actuelles de production d'électricité par les énergies renouvelables.


* la seule à ne même pas pouvoir faire de la cogénération...

     10) Il n'y aura pas de surprises désagréables avec le prix de revient de l'électricité éolienne: pas de coûts de combustibles, pas de déchets toxiques à gérer, pas de démantèlements complexes, pas de risques majeurs.
     11) C'est le consommateur d'électricité qui paie (environ 1 € par an) le surcoût de la production d'électricité éolienne) au prorata de sa consommation. C'est plus juste que pour le charbon ou le nucléaire qui ont bénéficié de lourdes aides payées par le contribuable (consommateur d'électricité ou pas).
     12) L'énergie éolienne est une énergie décentralisée qui génère de l'activité dans les régions rurales. C'est une chance économique pour de nombreuses communes petites ou moyennes.
     13) L'énergie éolienne est une énergie d'avenir avec un marché mondial énorme (deux fois le marché mondial des centrales nucléaires).

Au moins 4 raisons environnementales:
     14) La production d'électricité éolienne ne produit ni émissions toxiques ou polluantes ni déchets.
     15) Le fonctionnement des éoliennes est sans danger pour les riverains: plus de 70.000 éoliennes fonctionnement à travers le monde, certaines depuis plus de 20 ans, mais aucun  riverain n'a été tué ou blessé par une éolienne.
     16) Un parc éolien est une installation totalement réversible. Au terme des 20 à 25 ans de vie d'un parc éolien, le site peut retrouver intégralement son usage initial (agricole le plus souvent).
     17) L'énergie éolienne est un moyen de production d'électricité sans émissions de gaz à effet de serre. Elle contribue à la lutte contre le changement climatique, y compris en France.

Au moins 4 raisons sociales:
     18) De toutes les filières majeures de production d'électricité, l'énergie éolienne est la mieux acceptée. Les enquêtes, notamment dans les zones où des projets éoliens ont été réalisés suivant les règles de l'art, montrent que la grande majorité des habitants (80 à 90%) se positionne en faveur de ces projets et juge leurs retombées positives ou très positives.**
     19) L'énergie éolienne crée des emplois très qualifiés. En France, les emplois éoliens directs et indirects sont passés de 150 il y a 15 ans à 1.500 en 2000 et 7.000 actuellement, avec des perspectives de plus de 60.000 à l'horizon 2020.
     20) L'énergie éolienne répond parfaitement à la définition du développement durable: «un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures». Les éoliennes peuvent être les phares de ce développement durable.
     21) Et l'énergie éolienne est une énergie de la paix. Elle n'est pas à l'origine de conflits entre nations pour se l'approprier, comme pour le pétrole ou le gaz.


** encore plus vrai pour l'éolien offshore

1)
par Jean-Vincent Placé et Christophe Rossignol
LE MONDE | 01.09.08 | 14h15  •  Mis à jour le 01.09.08 | 14h15

     Plus d'un an après le lancement du Grenelle de l'environnement, les menaces augmentent contre l'énergie éolienne. Souvent proches du lobby nucléaire, les adversaires de l'éolien se dépensent beaucoup pour tenter d'enrayer une dynamique fragile, pourtant largement approuvée par nos concitoyens (fin 2007, un sondage indiquait que 90% des Français étaient favorables à son développement). Tandis qu'en Allemagne les pouvoirs publics misent sur les énergies renouvelables, en France des élus influents s'emploient à mettre en oeuvre une stratégie destinée à stopper l'éolien.
     Dès 2005, dans le cadre de l'examen du projet de loi d'orientation sur l'énergie, un amendement de députés de l'UMP, visant à modifier les règles de rachat par EDF de l'électricité produite par les éoliennes, signait l'arrêt de mort de l'éolien. Une forte mobilisation avait fait reculer le gouvernement de l'époque.
     Depuis quelques mois, l'offensive s'intensifie. Le 17 mars, plus de soixante-dix sénateurs, dont un ancien premier ministre, ont déposé un projet de loi pour rendre obligatoires des référendums locaux. Le 24 avril, un député UMP a déposé une proposition de loi similaire. Le 4 juin s'est réuni pour la première fois un "comité d'orientation stratégique" présidé par Valéry Giscard d'Estaing qui rassemble des associations d'opposants à l'éolien. Ce comité comprend notamment M. Boiteux, ancien président d'EDF.
     Début juillet, nous apprenions que le gouvernement a en projet un décret visant à soumettre les parcs éoliens à la procédure d'autorisation des installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE). Les associations environnementales, indignées, ont dénoncé "des règles très pénalisantes qui auraient pour seul résultat de remettre en cause l'objectif du Grenelle de l'environnement". Enfin, quelques jours plus tard, l'Institut Montaigne, club de pensée libéral financé par des multinationales, dont Areva, a relancé la polémique sur le coût de l'éolien.
     Dans cette campagne de déstabilisation, basée sur les rumeurs les plus folles, le plus triste en cette année de présidence française de l'Union européenne est la dénonciation d'un "lobby germano-danois des éoliennes" par M. Giscard d'Estaing.
     Face à ce vent de folie, rappelons que la France s'est fixé comme objectif, dans le cadre de la directive européenne sur l'électricité renouvelable, de produire en 2010 21% de sa consommation d'électricité à partir de ces sources renouvelables. Tous les projets éoliens sont soumis à la délivrance d'un permis de construire qui s'accompagne obligatoirement d'une évaluation environnementale dotée d'une étude paysagère.

UNE ASSOCIATION TRÈS ACTIVE
     De plus, l'éolien participe à la lutte contre l'effet de serre, à l'amélioration de la sécurité nationale d'approvisionnement. Il s'agit d'une énergie inépuisable, sans déchets mais riche en création d'emplois. Selon un rapport de la plate-forme technologique européenne consacrée à l'énergie éolienne, l'éolien pourrait fournir jusqu'à 28% de l'électricité de l'UE d'ici à 2030. Au ministère de l'énergie américain, on estime que l'énergie éolienne pourrait fournir 20% de l'électricité des Etats-Unis d'ici à 2030, permettant de réduire 7,6 milliards de tonnes de CO2 durant cette période.
     Nous avons besoin d'une nouvelle politique fondée sur l'économie d'énergie, une politique d'efficacité et de sobriété. A celle-ci doivent s'ajouter des plans d'investissements majeurs dans les énergies propres, dont fait partie l'éolien. Il ne s'agit pas, bien sûr, d'installer des éoliennes partout et n'importe comment. Pour cela, la transparence et la participation des citoyens sont essentielles.
     A l'heure du dérèglement climatique et du pétrole rare et cher, la volonté de nuire à l'éolien ne peut donc que susciter l'indignation et de profondes interrogations. La réponse est à chercher du côté du conservatisme et du lobby pronucléaire, pour citer Hubert Reeves: "Chaque éolienne est garante d'un peu moins de gaz carbonique dans l'atmosphère, ou d'un peu moins de déchets nucléaires à gérer par les générations à venir."
     Face à ce lobby puissant, il existe déjà une association très active, "Planète éolienne". A ses côtés, il faut, pour reprendre encore les mots d'Hubert Reeves, que "les élus soient aux premières lignes: c'est leur lot, mais aussi leur honneur et leur dignité, eux qui doivent résister à la pression des intérêts à courte vue".
     Nous appelons donc dès maintenant tous les élu(e)s à s'engager. Dans le cadre de la présidence de l'Union européenne, la France doit préparer la conférence de Copenhague en 2009, où les Etats devront organiser la suite du protocole de Kyoto. Face au défi climatique, la France se doit d'être exemplaire.
     Jean-Vincent Placé est président du groupe des élus Verts au conseil régional d'Ile-de-France et président de la Fédération nationale des élus pour la promotion des énergies propres (Fneppep).

     Christophe Rossignol est conseiller régional du Centre et secrétaire général de la Fneppep.