Ces chercheurs, issus des Etats-Unis, d'Australie, d'Inde, de Cuba ou encore de la Belgique, avaient pour objectif de mettre à jour les cinq motifs de préoccupations du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) associés aux différents scénarios de hausse des températures mondiales et fixés pour la dernière fois en 2001. Des motifs qui identifient les cinq catégories de conséquences majeures du réchauffement climatique, entre celles concernant les systèmes et populations les plus fragiles, à l'image des Inuits ou des écosystèmes de montagne, les risques liés aux événements extrêmes (inondations, sécheresses, vagues soudaines de chaleur), les risques liés à la distribution dans l'espace de ces conséquences (impact sur les populations pauvres, effets négatifs pour certains, positifs pour d'autres), le coût économique total du réchauffement climatique ou encore les risques associés aux dérèglements de grande amplitude comme la fonte des calottes glaciaires. Or, et c'est ce que viennent de mettre en évidence les 15 coauteurs de l'article, parmi lesquels le Belge Jean-Pascal van Ypersele, ces risques seraient en réalité atteints plus rapidement que ce que l'on prévoyait en 2001 et sont désormais susceptibles d'apparaître à un niveau de réchauffement climatique plus bas qu'estimé jusqu'ici, soit "de 0,5 à 1 degré de moins qu'il y a 8 ans", explique le professeur de l'UCL Jean-Pascal van Ypersele. Ainsi, en ce qui concerne, par exemple, les risques aux populations et écosystèmes les plus fragiles (1er risque), s'ils étaient considérés en 2001 comme significatifs et très forts à partir d'une hausse de la température mondiale de 1,5 degré par rapport au niveau de 1990, ils le deviennent en 2008, selon l'étude, dès une hausse de 1 degré. En d'autres termes: à hausse de température identique, "la zone rouge ou le niveau de risques considérés comme très substantiels sont atteints plus vite qu'il y a 8 ans", poursuit le chercheur belge, "ce qui renforce le sentiment d'urgence". A agir de manière encore plus décisive contre le réchauffement climatique, en l'occurrence. "Il faudrait donc avoir un objectif plus bas" que les 2 degrés de hausse de la température mondiale (au-dessus de la valeur préindustrielle, soit 1,5 degré au-dessus de sa valeur en 1990) à ne pas dépasser, faisant notamment consensus dans l'Union européenne depuis 1996 ou au Giec, même si "ce seuil de 2% est déjà difficile à atteindre" , dit encore le chercheur. Mais la "situation est plus grave que l'on ne le pensait" . Et ce sont bien les récents "événements" qui ont amené les chercheurs à revoir les seuils. Parmi eux: la canicule de 2003, "les glaciers qui reculent" , les menaces sur l'approvisionnement en eau des populations des Andes ou des contreforts de l'Himalaya ainsi "que toute une nouvelle littérature depuis 2001" . Une série de phénomènes très "concrets" et sortant désormais "des simples modèles théoriques" qui seront discutés le 10 mars à Copenhague. Les climatologues s'y retrouveront, en effet, pendant 3 jours pour discuter de ces dernières découvertes mais aussi et justement pour remettre tous les objectifs faisant consensus sur la table. WASHINGTON (AFP) - Risques liés au changement climatique plus élevés qu'il y a quelques années Les risques pour l'humanité et l'environnement
terrestre liés au changement climatique sont plus élevés
qu'il y a seulement quelques années, selon des chercheurs européens
et américains dont l'étude est publiée lundi aux Etats-Unis.
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Des sécheresses, des vagues de chaleurs et des ouragans plus violents se produisent plus fréquemment et provoquent des dégâts plus importants que prévu au début de cette décennie. "Si le risque est plus important, la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre est aussi plus grande tout comme le besoin d'aider les régions les plus vulnérables dans le monde à faire face aux conséquences du changement climatique", conclut Hans-Martin Füssel. "Une telle approche est aussi une question de justice puisque nombre de pays émettant le moins de gaz à effet de serre sont aussi les plus faibles et les les plus affectés", ajoute-t-il. Cette nouvelle évaluation de l'impact du réchauffement s'appuie sur des observations autour de la planète basées sur une plus profonde compréhension du système climatique. De plus, depuis la publication du troisième rapport du GIEC en 2001, les régions du globe, les secteurs et les populations affectés ont été identifiés plus précisément. Enfin, il y a de plus en plus d'indices montrant que même de faibles augmentations des températures médianes au-dessus du niveau de 1990 peuvent provoquer au cours de plusieurs siècles des changements climatiques avec des impacts très importants sur l'environnement comme la fonte accélérée de la banquise au Groenland, souligne l'étude. Trois des co-auteurs des travaux ont contribué au chapitre du rapport du GIEC en 2001 où ces craintes avaient tout d'abord été examinées. Cette étude plus pessimiste sur le changement climatique et ses conséquences est la troisième publiée ces dernière semaines. Le 14 février, un rapport de Chris Field, de la Carnegie Institution indiquait que les gaz à effets de serre s'accumulent plus rapidement que prévu dans l'atmosphère, augmentant le danger d'un changement irréversible du climat d'ici la fin du siècle. Trois semaines avant, une étude de Susan Solomon, principale scientifique de la National Oceanic and Atmospheric Administration, affirmait que le changement de température à la surface des océans, des précipitations et la montée du niveau des océans "sont (déjà) largement irréversibles, pour plus de mille ans, après que les émissions de CO2 auront complètement cessé". http://www.rtbf.be/ Huit ans après le troisième rapport sur le changement climatique du Giec (le Groupe intergouvernemental d'experts), une nouvelle étude vient d'être publiée aux Etats-Unis... Téléchargez le podcast en cliquant ici Une étude menée par 15 experts
du monde entier (Australie, USA, Cuba, Canada, Inde, Allemagne, Bangladesh,
Mozambique, Belgique...). En 2001, le Giec attirait l'attention sur l'impact
d'un réchauffement climatique de l'ordre de 1 ou 2 degrés...
Aujourd'hui, les 15 experts semblent encore plus pessimistes que le Giec,
puisqu'une hausse de moins de 1 degré aurait déjà
des effets importants sur notre climat.
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