D'un point de
vue environnemental, mieux vaut une petite voiture à essence qu'un
véhicule électrique: c'est un spécialiste des écobilans
qui l'affirme, Yves Loerincik, le directeur de Quantis...
Contrairement à certaines idées
reçues, la construction d'une voiture ne pèse pas très
lourd dans l'écobilan, l'analyse des cycles de vie: si l'on tient
compte de la production du véhicule, de son recyclage et de la fabrication
de la route, on arrive pour une petite voiture à essence à
l'équivalent d'environ 25 grammes de CO2 par kilomètre
- pour une voiture électrique on ajoute une douzaine de grammes
de plus pour les batteries. Le bilan total, production et utilisation,
variera entre 60 à 120 grammes. Autrement dit, plus une voiture
va consommer, plus elle va polluer. Le bilan du kilomètre parcouru
avec une petite voiture électrique va donc essentiellement dépendre
du type d'électricité consommé...
Mix européen ou suisse?
Pour le directeur de Quantis, "la production
d'électricité en Suisse est majoritairement issue du nucléaire
et de l'hydraulique, donc avec très peu de gaz à effet de
serre par kWh produit. Mais comme l'électrification du parc
automobile va entraîner une hausse de la consommation, on va devoir
acheter plus d'électricité sur le marché euopéen,
et donc plus d'électricité produite à base de gaz,
voire de charbon. Le bilan de notre voiture électrique va donc atteindre
les 120 à 130 grammes de CO2 par kilomètres avec
un mix européen, 115 pour une voiture à essence et une petite
soixantaine avec de l'électricité exclusivement helvétique".
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Les producteurs d'électricité
ne partagent pas cette vision. Pour Chantal Epiney, porte-parole d'Alpiq
pour la Suisse Romande, outre la construction de grandes centrales et les
échanges avec l'étranger, on va aussi améliorer l'efficacité
énergétique et développer les énergies renouvelables.
Qui plus est, l'Union européenne imposera dès le 1er janvier
2013 une compensation à 100% des émissions de CO2
de la production électrique.
Propre, mais pas sans impact
Au final, on peut dire que la voiture électrique
est une voiture propre, explique Yves Loerincik, "dans le sens où
elle n'émet pas directement de polluants. Ce qui ne veut pas dire
qu'ils ne sont pas émis ailleurs sur le cycle de vie. Mais ils ne
sont pas émis directement, ce qui est un avantage parce que vous
avez des polluants qui peuvent avoir un impact sur la santé humaine
qui ne sont pas émis dans des villes ou la densité de population
est relativement élevée, mais à l'extérieur
lorsque l'on produit l'électricité, dans des zones où
la densité de population est beaucoup plus faible". Et s'il
n'y a pas d'émissions directes, par contre il a fallut produire
le véhicule, fabriquer l'électricité. "Même
si elle est à base de renouvelable, il y a un impact, qui
est faible, mais c'est un impact quand même. Que ce soit un barrage
ou des panneaux photovoltaïques, il a quand même fallut les
produire! Donc on ne peut pas dire qu'un véhicule électrique
n'a aucun impact". |