CONTROVERSES NUCLEAIRES !
ACTUALITE NUCLEAIRE
2008
mai
La construction du réacteur nucléaire EPR stoppée (voir suite en juin)
Sources: AFP, Greenpeace, Univers Nature, www.vedura.fr

http://afp.google.com
CAEN (AFP) — Le chantier du réacteur nucléaire de troisième génération EPR en France est confronté à des difficultés techniques qui n'en modifient pas encore le calendrier, mais rappellent celles du chantier de Finlande, qui a subi des retards.
     Les opérations de coulage de béton du réacteur nucléaire de nouvelle génération EPR à Flamanville (Manche) ont été suspendues le 21 mai après que l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a relevé des "anomalies", a annoncé mardi l'ASN.
     Les anomalies concernent notamment la disposition de certaines armatures de fer non-conformes aux plans, constatées par l'ASN lors d'une inspection réalisée le 5 mars, un problème qui s'est reproduit le 21 mai.
     "Des fissures à la suite de la coulée d'un bloc de béton composant la plate forme de l'îlot nucléaire de l'EPR" ont également été constatées par les inspecteurs de l'ASN.
     Toutefois, "à ce stade, il est très largement prématuré de parler de retards potentiels sur notre chantier", a assuré à l'AFP Bernard Salha, directeur de l'ingénierie nucléaire du groupe d'électricité EDF, maître d'oeuvre du chantier.
     L'EPR de Flamanville est le deuxième réacteur à eau sous pression (European Pressurised water Reactor) en construction dans le monde, après celui de Finlande. Sa construction a démarré en décembre et il doit être mis en service en 2012.
     "Techniquement, ces anomalies ne posent pas de problème en matière de sûreté, mais elles illustrent toutefois un manque de rigueur au niveau du chantier qui est inacceptable", a estimé Thomas Houdré, chef de la division de Caen de l'ASN, lors d'une conférence de presse.
     L'ASN a donc demandé à EDF, maître d'oeuvre, de ne pas engager de "nouvelles opérations de bétonnage dans l'attente d'améliorer la rigueur des contrôles internes", a précisé Hubert Simon, adjoint au chef de la division de Caen.
     "Nous sommes en train de définir des mesures de renforcement des contrôles de la construction, que nous allons transmettre dans les jours à venir à l'ASN", a précisé M. Salha.
     Les travaux de terrassement, le ferraillage et le béton ont été confiés par EDF au groupe Bouygues, chargé de la réalisation du socle du réacteur, sous le contrôle d'EDF.
     Interrogés, le groupe de BTP Bouygues et le groupe nucléaire Areva, qui conçoit l'EPR, se sont refusés à tout commentaire.
     En revanche, l'ASN estime "satisfaisante" la "qualité de réalisation des travaux préparatoires et des premiers travaux de construction" de l'EPR.
     Interrogé par l'AFP, Yannick Rousselet, chargé du dossier énergie à Greenpeace, a réclamé "l'abandon définitif du projet", estimant que le chantier "cumule en permanence des dysfonctionnements extrêmement graves qui concernent réellement la sûreté du réacteur".
     Le réseau Sortir du Nucléaire a lui aussi dénoncé, dans un communiqué, de "graves malfaçons" sur le chantier EPR, réclamant "l'arrêt immédiat" des investissements dans le nucléaire.
     En Finlande, où Areva est maître d'oeuvre, un problème de qualité de béton, dû à des insuffisances en terme de sûreté, avait obligé le groupe nucléaire à revoir sa chaîne de sous-traitance et à élargir les prérogatives de Bouygues.
     Ces problèmes ont retardé le chantier d'Olkiluoto d'environ deux ans. La mise en service de cet EPR est désormais prévue pour 2011, au lieu de 2009.
Greenpeace demande l'abandon définitif du projet.

Paris/Cherbourg, 27 mai 2008 –L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) française a décidé de stopper les opérations liées à la construction du réacteur EPR de Flamanville (Manche), en particulier les opérations de coulage de béton et de ferraillage. L'information a été révélée par le site Internet du quotidien Ouest France et Radio France Bleu Cherbourg, puis reprise par le journal de midi de France 3 Normandie.
     «Suite à une injonction de l'ASN, qui a constaté une énième anomalie dans le ferraillage de l'îlot destiné à supporter le futur réacteur EPR, EDF a été contraint de suspendre les travaux. Le chantier est donc interrompu, déclare Yannick Rousselet, responsable de la campagne Énergie de Greenpeace France. Cette décision est d'une extrême importance et confirme ce que nous dénonçons depuis des semaines: de nombreux problèmes s'accumulent sur le site de construction de l'EPR depuis le début du chantier. Voilà enfin EDF sommé de fournir des explications»
     Depuis la fin du mois d'avril, Greenpeace a donné l'alerte suite aux divers courriers adressés à EDF par l'ASN, qui dresse, depuis le début du chantier en décembre dernier, une liste de problèmes récurrents: utilisation de béton de qualité inadaptée, fissures dans le béton, non-conformités ou absence de ferraillage pour le béton de la plateforme support réacteur,des soudures non conformes réalisées par un fournisseur, non qualification de certain opérateurs en particulier des soudeurs en charge de la réalisation du «liner» (coque en acier de protection interne), contrôles qualité inexistants ou inadéquats, variations non autorisées entre les plans «papier» du projet initial et la mise en œuvre, incapacité à réparer ces erreurs de façon satisfaisante (voir les lettres de l'ASN des 25 janvier, 19 février et 12 mars, sur www.asn.fr).
     «Ce matin, invité sur la radio RTL, le président de la République Nicolas Sarkozy a affirmé que l'EPR était une solution à la montée des prix du pétrole... On voit bien aujourd'hui qu'avec le nucléaire la France parie sur le mauvais cheval: ce n'est pas l'atome qui fait avancer les voitures et l'EPR n'est qu'un coup de bluff d'Areva, reprend Yannick Rousselet. Sans surprise, le chantier français prend le même chemin catastrophique que le chantier finlandais. Ce qui se passe en Finlande et en France prouvent que le nucléaire, c'est trop tard, trop cher, trop risqué. Le projet EPR doit être abandonné
     Le chantier de l'EPR finlandais, le premier lancé mi-2005 par Areva, avant celui de Flamanville, en France (Manche), était censé faire office de vitrine mais a vite tourné à la catastrophe. Le réacteur finlandais d'Olkiluoto a déjà accumulé deux ans de retard depuis le début de sa construction: le contrat prévoyait une connexion du réacteur EPR au réseau finlandais pour le premier semestre 2009. En réalité, ce ne sera fait au plus tôt qu'en 2011, voire plus tard. Le dépassement budgétaire est désormais évalué à 1,3 à 2,2 milliard € selon les experts. En clair, au lieu des 3,3 milliards convenus au départ, l'EPR finlandais devrait coûter au moins 4,5 milliards €. Enfin, les problèmes techniques s'accumulent, relevés par l'Autorité de sûreté nucléaire finlandaise: faible qualité du béton destiné aux fondations ou défauts des soudures ou des composants du réacteur, autant d'éléments qui impliquent des risques potentiels en matière de sûreté. Le gouvernement finlandais, qui avait misé sur la mise en route du réacteur pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre, a bien du mal à atteindre ses objectifs fixés dans le cadre du protocole de Kyoto, mais aussi à assurer un approvisionnement d'énergie fiable dans les années à venir.

27-05-2008 (http://www.echo-nature.com)
     Après la Finlande, où le réacteur nucléaire EPR en construction a d'ores et déjà plus de 2 ans de retard sur le calendrier prévu, c'est au tour du modèle actuellement en construction en Normandie, sur le site de Flamanville, de connaître des problèmes de mise en œuvre. Ainsi, aujourd'hui, lors d'une conférence de presse, l'Autorité de Sûreté du Nucléaire (ASN) a annoncé que depuis le 21 mai, les opérations de coulage du béton de l'EPR de Flamanville étaient suspendues suite au constat de nouvelles anomalies.
     En effet, ce n'est pas la première fois que l'ASN constate des anomalies sur ce chantier qui doit voir la mise en service du premier réacteur nucléaire de 3e génération en France. Depuis le début des travaux l'année dernière, 8 inspections ont été menées en 2007 et 4 entre le 1er janvier et le 21 mai 2008. Le génie civil, l'organisation et la gestion des prestataires, l'impact du chantier sur la sûreté des 2 réacteurs nucléaires actuellement en service sur le site, la fabrication du revêtement métallique interne du bâtiment du futur réacteur de l'EPR.
     Le 21 mai, un problème qui avait été précédemment constaté, concernant la disposition de certaines armatures de fer non conformes aux plans constatés, s'est reproduit. En conséquence, même si techniquement ces anomalies ne posent pas de problème en matière de sûreté, elles illustrent un manque de rigueur, selon l'ASN.
     Si jusqu'à présent des anomalies avaient été effectivement constatées (1), l'ASN estimait qu'elles avaient été traitées de manière satisfaisante. Cependant, l'ASN estime qu'EDF doit renforcer le pilotage et la surveillance des activités réalisées par les prestataires sur le chantier et que, si la compétence technique des intervenants est satisfaisante, un effort doit être mené pour développer leur culture de sûreté. A ce titre, l'Autorité de Sûreté du Nucléaire a demandé à EDF de ne pas engager de "nouvelles opérations de bétonnage dans l'attente d'améliorer la rigueur des contrôles internes".
Pascal Farcy
1- On peut citrer, entre autres:
     - l'apparition de fissures à la suite de la coulée d'un bloc de béton composant le radier de l'îlot nucléaire de l'EPR. Ces phénomènes fréquents lors du durcissement du béton ont été traités par EDF en injectant une résine sous pression dans les fissures,
     - la non-conformité de la disposition de certaines armatures de fer par rapport aux plans. Ces non-conformités ont été corrigées avant bétonnage.
http://www.vedura.fr/actualite/3873-chantier-reacteur-epr-suspendu

     Le chantier du réacteur nucléaire de nouvelle génération EPR à Flamanville a été suspendu après l'inspection de l'autorité de sûreté nucléaire (ASN), pour une durée indéterminée.
     "Nous avons suspendu le coulage du béton pour une durée indéterminée. Les opérations ne pourront reprendre qu'après correction et vérification de notre part." a précisé le chef de la division ASN Normandie, Thomas Houdré. Une anomalie dans le ferraillage de l'îlot de support du réacteur a été découverte, provoquant l'arrêt de tout le chantier.
     Selon l'ASN, ces erreurs "illustrent un manque de rigueur inacceptable. EDF doit renforcer la culture de sûreté sur le chantier. Elle doit aussi améliorer ses propres contrôles et ceux effectués par ses prestataires." 
     Greenpeace, par la voix de Yannick Rousselet, responsable de la campagne énergie, réagit à cette suspension: "cette décision est d'une extrême importance et confirme ce que nous dénonçons depuis des semaines: de nombreux problèmes s'accumulent sur le site de construction de l'EPR depuis le début du chantier. Voilà enfin EDF sommé de fournir des explications"...
     Greenpeace a dressé une liste des problèmes récurrents rencontrés sur le chantier de l'EPR: utilisation de béton de qualité inadaptée, fissures dans le béton, non-conformités ou absence de ferraillage pour le béton de la plateforme support réacteur, soudures non conformes réalisées par un fournisseur, non qualification de certains opérateurs en particulier des soudeurs en charge de la réalisation du « liner » (coque en acier de protection interne), contrôles qualité inexistants ou inadéquats, variations non autorisées entre les plans «papier» du projet initial et la mise en œuvre, incapacité à réparer ces erreurs de façon satisfaisante
     Des anomalies similaires ont été rencontrées sur le chantier finlandais de l'EPR, qui a accumulé plus de 2 ans de retard: le dépassement budgétaire est désormais évalué à 1,3 à 2,2 milliard €.
     La fédération FO énergie-mines (Fnem-FO) a dénoncé aujourd'hui la "pression" d'EDF sur son personnel pour le respect des délais de construction de l'EPR.
     EDF est sommé par le syndicat de créer tous les emplois nécessaires "pour assurer, dans les meilleures conditions d'efficacité, la construction de ce chantier essentiel dans un contexte de renouveau international du nucléaire".
     Dans une lettre au Président d'EDF Pierre Gadonneix, FO dénonce "la logique trop financière de l'entreprise et ses conséquences tant sur le plan interne que pour les prestataires". Pour la consulter, cliquez sur la lettre à Pierre Gadonneix.