CONTROVERSES NUCLEAIRES !
ACTUALITE NUCLEAIRE
2008
juillet
Fuite d'une solution contenant de l'uranium sur le site nucléaire de Tricastin
Le déroulement de l'enquête peut être suivi sur les sites de:
l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), de la CRIIRAD (association indépendante) et de l'ACRO.
Sources: CRIIRAD, lemonde.fr, futura-sciences.com, AFP, cyberpresse.ca, Le nouvel Observateur, LCI, Sortir du nucléaire, Le Dauphiné Libéré, Libération.fr, lyonenfrance-economie.blogspot.com, tsr.ch, europe1.fr, challenges.fr, lexpress.fr/, romandie.com

     Dans le même ordre d'idées, voir: Scandale nucléaire au Tricastin: plus de 770 tonnes de déchets radioactifs enfouis depuis plus de 30 ans à même le sol!


10) Dossier ADIT 1, Dossier ADIT 2
9)
Communiqué de presse du HCTISN (Haut Comité pour la Transparence et l'Information sur la Sécurité Nucléaire, .doc)
Tricastin: au-delà de l'incident, le passif de la zone en question (AFP)
Vaucluse: 12 heures pour mesurer la fuite d'uranium (nouvelobs.com)
Tricastin: 4 points de concentration en uranium inexpliquée (france-info.com)
8)
http://www.lemonde.fr
De l'uranium suspect décelé dans la nappe phréatique au Tricastin

LE MONDE | 14.07.08
     La crise engendrée par la fuite d'uranium survenue le 7 juillet dans une unité de traitement de la société Socatri, au Tricastin (Vaucluse), pourrait rebondir. Certes, la préfecture du Vaucluse a levé en partie les interdictions d'usage de l'eau, le long des cours d'eau où une partie des effluents radioactifs s'étaient déversés: les mesures faites par la filiale d'Areva ne relèvent plus, dans les eaux de surface, de dépassements de la norme de potabilité fixée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à 15 microgrammes d'uranium par litre (µg/l).
     Certes, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui avait ordonné la fermeture de l'unité de traitement défaillante après une première inspection, jeudi 10 juillet, a constaté lors d'une deuxième visite, samedi, que ses prescriptions avaient été respectées: la Socatri a achevé la vidange du bac de rétention "fuyard" ; elle a mis la terre contaminée en lieu sûr et a nettoyé le réseau d'eaux pluviales souillé, avant qu'un orage ne vienne s'en charger. Elle estime que la teneur d'uranium dans l'effluent était de 8 g/l et non de 12 g/l.

POLLUTION ANTÉRIEURE?
     Mais il reste plusieurs zones d'ombre. La plus préoccupante concerne la présence, encore inexpliquée, de teneurs en uranium plus élevées que la normale dans divers points de la nappe phréatique. Compte tenu de la vitesse de diffusion de l'uranium, ces concentrations n'auraient pas dû être relevées. Sur un point de prélèvement, nommé AEP4, situé à deux kilomètres au sud de la Socatri, la teneur est montée jusqu'à 64 µg/l le 8 juillet, et restait à 36,6 µg/l le 13 juillet.

     Dans une ferme avoisinante, elle se situait autour de la limite fixée par l'OMS - soit presque dix fois au-dessus du "bruit de fond" enregistré habituellement dans la nappe. "Ces valeurs ne peuvent être expliquées par le rejet accidentel", estime l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Le point AEP4, situé chez un particulier, déconcerte les autorités: la teneur en uranium fluctue, l'eau prélevée au puits présentant des concentrations moins élevées que celles mesurées au robinet qu'il alimente.
     Cette découverte renvoie à une étude récemment conduite par l'IRSN, la Direction départementale de l'action sanitaire et sociale et Areva sur la nappe phréatique du Tricastin. "Elle avait mis en évidence des marquages à l'uranium en certains points, entre 10 et 15 µg/l, sans que l'on puisse préciser leur source, indique Didier Champion, directeur de l'environnement à l'IRSN. On ne peut exclure qu'il y ait eu des rejets antérieurs, à l'origine d'une pollution à l'uranium." Soucieuse d'éclaircir ce point, la préfecture du Vaucluse ne prévoit pas de modifier ses prescriptions sur l'usage de l'eau avant plusieurs jours. Le temps aussi de collecter les résultats des analyses de sédiment, de plantes et de poisson issus des cours et plans d'eau souillés.
     Reste également aux autorités à analyser le respect ou non des procédures l'alerte des différents services de l'Etat, des élus et des populations. La défaillance de la Socatri semble patente: une alarme signalant un niveau élevé d'effluent dans la cuve s'est déclenchée à 19 heures lundi 7 juillet. Le débordement a été constaté à 23 heures, mais ce n'est qu'à 4 heures le lendemain que la fuite en dehors de la cuve de rétention, accidentellement fendue lors de travaux récents, a été détectée. Le plan d'urgence interne a été déclenché à 6 h 15, l'ASN et la préfecture de la Drôme étant prévenues une heure plus tard. Que s'est-il passé pour que certains maires ne soient pas avertis avant 13 h 30? Et pour que l'IRSN ne soit alerté qu'à 11 h 30? "Pourquoi l'exploitant n'a-t-il pas déclenché l'alerte nationale?, s'interroge Didier Champion. Nous avons perdu une demi-journée pour conduire nos analyses sur place." Diverses enquêtes, administratives et judiciaires, devront le déterminer.
Hervé Morin
7)
http://www.challenges.fr
Rejet d'uranium à Tricastin : Borloo se veut rassurant

      Le ministre ne voit pas de danger imminent pour la population après le rejet de 75 kg d'uranium dans les cours d'eau proches de la centrale nucléaire.
     Le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo a estimé, jeudi 10 juillet, qu'il "n'y a pas de danger imminent pour la population" après le rejet d'uranium sur le site de Tricastin (Vaucluse) survenu lundi.
     "Les mesures de prévention ont été prises", a assuré le ministre, rappelant la confiance qu'il avait en l'autorité de sûreté nucléaire. "C'est un outil exemplaire au service du public, et j'attends les conclusions des expertises qui sont en cours".
Jean-Louis Borloo a par ailleurs indiqué que "les premières mesures réalisées après le rejet radioactif d'uranium près de la centrale nucléaire du Tricastin seraient rassurantes".
Réduction de la quantité d'uranium par trois
     Les préfectures de Vaucluse et de la Drôme ont indiqué, mercredi soir, que la quantité d'uranium présente dans les eaux de surface environnant le site de la centrale nucléaire avait été réduite par trois.
     Un dysfonctionnement sur une installation de la société Socatri (filiale d'Areva) lors d'un transfert entre deux cuves a donné lieu à un rejet d'effluents contenant environ 75 kg d'uranium dans les cours d'eau proches du site.
     La Socatri a pour mission d'épurer les effluents uranifères émanant des installations industrielles présentes sur le site de Tricastin avant de les rejeter dans les cours d'eau.


http://www.cyberpresse.ca/
France: nouvel arrêt à la centrale nucléaire de Tricastin
Agence France-Presse
Lyon, France
     L'Autorité de sûreté nucléaire française a imposé vendredi à Socatri, une filiale du groupe Areva, de suspendre l'activité de l'une de ses deux stations de traitement à la centrale nucléaire de Tricastin (sud-est), après un rejet accidentel d'uranium.
     L'Autorité de sûreté nucléaire française a imposé vendredi à Socatri, une filiale du groupe Areva, de suspendre l'activité de l'une de ses deux stations de traitement à la centrale nucléaire de Tricastin (sud-est), après un rejet accidentel d'uranium.
     L'ASN a demandé la suspension de l'activité de la plus vétuste des deux stations de traitements de Socatri à Tricastin, qui était en cours de rénovation, et de prendre des «mesures immédiates de mise en sécurité».
     Dans la nuit de lundi à mardi, un dysfonctionnement lors d'un transfert entre deux cuves de Socatri a donné lieu à un rejet d'effluents contenant environ 75 kg d'uranium dans les cours d'eau proches du site. L'incident a finalement été déclaré sans risques par les autorités, mais a suscité les protestations des écologistes.
     Le collège de l'ASN, qui s'est réuni vendredi matin, a décidé d'imposer «à Socatri la suspension de l'arrivée d'effluents dans la station de traitement à l'origine de la pollution et des mesures immédiates de mise en sécurité».
     Les inspections menées jeudi par l'ASN ont notamment révélé que «la mise en sécurité destinée à empêcher toute nouvelle pollution n'est pas complètement satisfaisante», indique un communiqué de l'ASN.
     «Les conditions d'exploitation lors de l'incident présentaient des irrégularités par rapport aux dispositions réglementaires applicables», relève encore l'autorité de contrôle des activités nucléaires en France.
     Ces constats donneront lieu à l'établissement d'un procès-verbal qui sera transmis au procureur de Carpentras (sud-est) qui décidera des suites judiciaires à donner à ce dossier, ont précisé des responsables de l'ASN lors d'une conférence de presse.
     L'ASN, qui avait déjà signalé en mai que «la canalisation qui évacue les effluents liquides de Socatri a fait l'objet de fuites répétées en 2007», demande également à la filiale d'Areva de mettre en place «un plan de surveillance renforcée».
     L'ASN a aussi dénoncé «la gestion de la crise par l'exploitant (Socatri) (qui) a montré des lacunes en matière d'information des pouvoirs publics».
     Socatri a déclaré prendre «acte de la décision de l'ASN». «On va faire en sorte que ce genre d'incident ne se reproduise plus, y compris en matière de gestion de crise», a déclaré un porte-parole de la société, parlant au nom du directeur d'Areva au Tricastin, Hugues Blacher.
     Selon la société, qui réalise des opérations de maintenance de matériels contaminés par de l'uranium et de traitement d'effluents uranifères, cette fermeture «n'aura pas de conséquences sur le reste de l'activité de la société».
     L'incident a été classé au niveau 1 («anomalie») sur l'échelle internationale Ines qui évalue la gravité des événements touchant les installations nucléaires et compte 7 niveaux, a confirmé vendredi l'ASN.
     Selon l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), la fuite d'uranium n'a pas contaminée l'eau de la nappe phréatique autour du site.
     Un parti écologiste, Cap 21, a estimé vendredi que cet incident montrait qu'il fallait renoncer à «la privatisation de l'atome» projetée selon lui par le président français Nicolas Sarkozy. Les écologistes disent «craindre que les impératifs de rentabilité menacent davantage la sécurité des installations, en particulier celles liées au retraitement des déchets et au stockage».
     Une manifestation est organisée samedi à Paris par le réseau Sortir du Nucléaire.

http://www.lexpress.fr/
"L'Autorité de sûreté nucléaire a tendance à faire son travail"

Par Laure Beaudonnet
AFP/MYCHELE DANIAU
Yannick Rousselet
     La décision de l'Autorité de sûreté nucléaire de fermer la centrale de Tricastin, après la fuite d'uranium constatée cette semaine, "prouve qu'elle acquiert plus d'indépendance", se réjouit Yannick Rousselet, chargé de campagne Energie à Greenpeace France. Il craint cependant une "reprise en main politique" à l'avenir.
Vous attendiez-vous à la décision de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN)?
     Pour être très objectif, on a constaté récemment que l'Autorité de sûreté nucléaire a tendance à faire son travail. Elle avait déjà pris une décision historique lors de l'arrêt du chantier de l'EPR à Flamanville. Sa décision concernant la centrale de Tricastin prouve qu'elle acquiert un statut d'indépendance. Il y a de réelles améliorations dans son attitude: elle est plus indépendante, mais aussi plus transparente. Mais cette évolution a des limites. Prenons l'exemple de Flamanville: l'Autorité a fait redémarrer le chantier au bout d'un mois sur la base des promesses d'EDF alors que dans les faits, les véritables problèmes n'étaient pas réglés.
Comment l'ASN agissait-elle avant d'adopter cette attitude plus transparente, selon vous?
     Vous savez, l'ensemble de l'industrie nucléaire est détenue par le corps de l'école des Mines. En d'autres termes, ils sont tous cousins. Pour caricaturer, les contrôleurs sont les contrôlés. Ca n'a pas beaucoup changé, mais la loi sur la transparence a forcé l'Autorité de sûreté nucléaire à adopter une nouvelle attitude. La route est longue et on reste prudent. On craint encore la reprise en main politique...
La fuite de Tricastin est-elle la preuve qu'il faut arrêter le nucléaire?
     S'il n'y avait eu que le problème de Tricastin, je ne serais pas contre le nucléaire. Pour être tout à fait réaliste, la fuite de Tricastin n'aura pas de graves conséquences sur l'environnement. Elle est minime. Le vrai problème c'est que ce type de fuite est quotidien. Les centres de stockage nucléaire français fuient en permanence. Le plus alarmant, c'est l'usine de la Hague. Elle rejette 11.000 fois plus de substances toxiques que ce qui a fui à Tricastin... et elle y est autorisée! Pour nous, le nucléaire n'est pas une solution énergétique. Il ne représente que 2% de la consommation d'énergie mondiale. Même si on doublait, on en arriverait à 5% de l'énergie mondiale tout au plus, pour une réduction de gaz à effet de serre de 8%. En plus, il faudrait investir des sommes gigantesques. Ce n'est pas valable. On préconise donc la diversification et la décentralisation.


http://www.romandie.com
Incident Tricastin: ne pas privatiser le nucléaire

     PARIS - Cap 21, le parti écologiste également fondateur du MoDem, a estimé vendredi que l'incident nucléaire survenu à Tricastin montrait qu'il fallait renoncer à "la privatisation de l'atome" projetée selon lui par Nicolas Sarkozy, tout en annonçant sa participation à un rassemblement samedi.
     Le rejet accidentel d'uranium cette semaine sur le site nucléaire du Tricastin "montre une fois de plus que le risque zéro n'existe pas dans la filière nucléaire et que des négligences humaines peuvent conduire à de graves conséquences", a déclaré Eric Delhaye, président délégué de Cap 21.
     "La privatisation du secteur nucléaire que prépare le président de la République peut nous faire craindre que les impératifs de rentabilité menacent davantage la sécurité des installations, en particulier celles liées au retraitement des déchets et au stockage", a-t-il ajouté.
     Cap 21, parti de l'ex-ministre Corinne Lepage, a annoncé qu'il participerait "pour cette raison" samedi à Paris au rassemblement organisé par le réseau Sortir du Nucléaire.
(©AFP / 11 juillet)

6)
http://lyonenfrance-economie.blogspot.com
L' "Incident" nucléaire du Tricastin arrive en plein débat sur l' EPR

     "Un dysfonctionnement lors d'un transfert entre deux cuves de la Socatri, filiale du groupe français Areva, a donné lieu à un rejet d'effluents contenant environ 75 kg d'uranium dans les cours d'eau proches du site".
     Cet incident survenu sur la centrale nucléaire du Tricastin, même si il est minimisé, ne pouvait pas plus mal tomber pour les défenseurs du nucléaire. Le Medef Rhône-Alpes demandait récemment l' installation du futur EPR annoncé par Nicolas Sarkozy dans la région. Les Verts quant à eux affirment que ce nouvel incident est bien la preuve que "l'EPR est une technologie dépassée avant que d'être".
Le secrétaire d'Etat allemand à l'Environnement, Michael Müller, a estimé que l'incident de Bollène "ne devait pas être pris à la légère"."Nous nous efforçons d'obtenir des informations de la part des autorités françaises" a t' il indiqué. Pour lui, cet incident montre que l'énergie nucléaire est une "technologie à risque élevé". Il a demandé une analyse de cet incident à la société allemande de protection contre les radiations.
     Pour Olivier Longeon, porte parole des Verts Rhône-Alpes "la longue histoire du nucléaire rhônalpin est une nouvelle fois marquée par une fuite, cette fois d'uranium...
     Comme d'habitude le discours des nucléocrates se veut rassurant. Les sécurités prévues à cet effet n’ont pas fonctionné, mais il faudrait continuer à ne pas s'inquiéter. Cette fuite ne serait pas dangereuse car l'uranium serait quasiment de l'uranium "naturel". Pourtant à l'état naturel l'uranium n'existe pas sur le site de Tricastin et ne s'échappe pas en dehors des sites nucléaires. C'est bien en fait une nouvelle fuite, une nouvelle dissémination de polluants nucléaires à laquelle nous assistons".

Sortir du nucléaire
     Les Verts rappellent leur attachement à la sortie du nucléaire. Ils demandent que toute la lumière soit faite sur l'accident de Tricastin. Pour les Verts, "le nucléaire doit rapidement être remplacé par une politique ambitieuse d'économie d'énergie et de production d'énergie à partir de l'éolien, de l'hydraulique, de la biomasse et du solaire. Cette nouvelle politique sera génératrice d'emplois".
     Selon eux, "Il est temps que le président de la République et ses amis prennent conscience de l'engagement qu'ils ont pris devant les français en signant le pacte de la fondation Hulot".


A lire aussi sur LYonenFrance.com : Tricastin, un tumulus de déchets douteux selon la CRIIRAD
http://www.tsr.ch/tsr/index.html?siteSect=100000
France/incident nucléaire: la société concernée à la centrale de Tricastin déjà épinglée en mai

10.07.2008 14:06
     La société responsable de l'exploitation d'une cuve ayant rejeté de l'uranium mardi sur le site nucléaire du Tricastin (Drôme) avait été rappelée à l'ordre en mai par l'Autorité de Sûreté nucléaire pour des "fuites répétées". Dans un rapport sur la sûreté nucléaire dans la région pour 2007, l'ASN indiquait que "la canalisation qui évacue les liquides de Socatri, du fait de son ancienneté, a fait l'objet de fuites répétées en 07". Mais l'ASN a précisé jeudi que l'entreprise avait engagé des travaux depuis ses recommandations. Mardi, 75 kg d'uranium ont été rejetés dans les cours d'eau proches du site. (SWISS TXT)

europe1.fr

     Les premières mesures réalisées après un rejet radioactif d'uranium lundi dernier près de la centrale nucléaire du Tricastin seraient rassurantes selon la société mise en cause, la Socatri. Une société plusieurs épinglée par l'Autorité de Sûreté nucléaire pour des "fuites" et "écarts répétés" par rapport à ses autorisations de rejets chimiques et radiologiques.
© DR
     Les premières mesures réalisées après un rejet radioactif d'uranium lundi dernier près de la centrale nucléaire du Tricastin seraient rassurantes selon la société mise en cause, la Socatri, qui assure que rien ne montre d'évolution anormale dans le milieu naturel.
     C'est l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), le "gendarme" du secteur, qui fait état de ces résultats jeudi. Elle précise toutefois avoir demandé de nouvelles mesures indépendantes à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et la mise en plan d'un plan de surveillance. Mardi matin, un rejet accidentel d'uranium naturel s'était produit vers 6h30 du matin sur l'installation de la société Socatri (Areva).
     Les mesures semblent confirmer que l'accident ne présente pas de danger. "Cet incident a été déclaré niveau 1 par l'exploitant en liaison avec l'autorité de sûreté" nucléaire, au bas de l'échelle des incidents nucléaires qui va de 0 à 7, a déclaré Catherine Dalverny, directrice de la communication du site du Tricastin.
     Une grande partie des 75 kilos d'uranium naturel avait été récupérée sur le site. Mais une autre s'était largement infiltrée dans la nappe phréatique et jusqu'aux deux rivières voisines, La Gaffière et L'Auzon", a précisé la préfecture."A l'instant T, il n'y pas de problème car les gens ne peuvent plus pomper les eaux de cette nappe, et on fait des prélèvements pour vérifier que localement il n'y a pas d'uranium. L'enjeu n'est pas immédiat, c'est maintenant un enjeu de surveillance de la nappe phréatique au fil du temps", estime Thierry Charles, directeur de la sûreté des usines à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire.
     La Socatri, filiale d'Areva, a été rappelée à l'ordre en mai par l'Autorité de Sûreté nucléaire pour des "fuites" et "écarts répétés" par rapport à ses autorisations de rejets chimiques et radiologiques. Dans un rapport sur l'état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en Rhône-Alpes et Auvergne pour 2007, publié en mai, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) indique que "la canalisation qui évacue les effluents liquides de Socatri, du fait de son ancienneté, a fait l'objet de fuites répétées en 2007".
     "Cet incident est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase", déplore Roland Desbordes, président de la Commission de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité. Le CRIRAD qui a annoncé son intention de porter plainte "dans les prochaines semaines compte tenu du nombre et de la gravité des dysfonctionnements constatés". Des exploitants du site du Tricastin sont visés par la Crirad : Areva NC (Cogéma) pour l'enfouissement de plus de 700 tonnes de déchets radioactifs dans le sol, et Socatri pour ses rejets radioactifs dans l'environnement.


Voir également: http://www.lemonde.fr
5)
Réseau "Sortir du nucléaire" - Fédération de 820 associations
Contact presse : 06 64 100 333
Voir les reportages TV sur: http://videos.sortirdunucleaire.org/
Communiqué de presse du jeudi 10 juillet 2008
     Fuite d'uranium au Tricastin: pourquoi l'Autorité de sûreté nucléaire a-t-elle attendu plusieurs heures avant de donner l'alerte?
     - Areva a tardé à avertir l'ASN, mais celle-ci a ensuite perdu plusieurs heures précieuses
     - L'ASN aurait-elle attendu dans l'espoir que l'affaire puisse être étouffée?
     Dans ses déclarations, l'ASN met en cause, à juste titre, l'entreprise Socatri-AREVA: cette dernière a attendu de longues heures entre lundi soir et mardi matin avant d'avertir l'ASN, pensant peut-être pouvoir cacher l'existence même de la fuite d'uranium.
     Mais l'ASN est elle aussi coupable de rétention d'informations pendant plusieurs heures.
     Ainsi, le directeur général de l'ASN, Jean-Christophe Niel, reconnaît que "l'ASN a été prévenue vers 07H30 le matin" mais il ajoute que "l'exploitant a pris la mesure de l'importance du rejet vers midi" (cf dépêches agences de presse), comme si la mission de l'ASN n'était pas de prendre elle-même conscience des risques et de prendre immédiatement les décisions qui s'imposent. Ce n'est donc qu'en début d'après midi que l'alerte a été donnée.
     L'ASN a donc délibérément choisi de ne pas informer les autorités (préfectures, etc), perdant ainsi 5 heures d'autant plus précieuses que c'est en tout début de matinée, au moment les radios sont très écoutées, qu'il était possible d'avertir efficacement les citoyens afin qu'ils ne se baignent pas ou ne boivent pas dans la journée.
     Pourquoi l'ASN a-t-elle perdu ces heures précieuses? Pourquoi cette mise en danger délibérée de la population? L'ASN a-t-elle attendu dans l'espoir que l'affaire puisse être étouffée? L'ASN n'aurait ensuite donnée l'alerte qu'après avoir compris que l'ampleur du rejet le rendrait tôt ou tard détectable par des organismes indépendants comme la Criirad.
     En tout état de cause, s'il est évident que la Socatri-AREVA est coupable, il en est certainement de même pour l'ASN dont les responsabilités doivent être établies et sanctionnées.
     Le Réseau "Sortir du nucléaire" appelle les citoyens à participer à un Rassemblement antinucléaire européen samedi 12 juillet à Paris (14h pl de la République). Les animations auront lieu dès le matin sur la place de la République, et un Colloque international se tiendra à 20h avec de nombreux invités d'Europe... et d'au delà.
     Voir aussi les autres communiqués de presse sur ce sujet sur:
http://www.sortirdunucleaire.org/

Le Dauphiné Libéré - 10 juillet 2008
FUITE D'URANIUM À BOLLÈNE
«Une communication incohérente»
     Officiellement, les dernières mesures et analyses des rivières, des plans d'eau et des nappes phréatiques sont rassurantes, mais pas pour la Criirad ni pour le réseau "Sortir du nucléaire" qui portent des accusations graves, tant sur la fuite elle-même que sur l'attitude d'Areva NC soupçonnée de "rétention délibérée d'information".
     «Les citoyens bollénois ont été traités comme s'ils étaient peu de chose...»
Du côté des élus des communes directement concernées, tous prévenus entre 13h 15 et 13h 30 mardi, la gestion de l'affaire prend une tournure polémique sur un autre plan, celui de la communication. Manque d'informations, de réactivité et de précision, manque de soutien de la part des services de l'État...
     Le maire de Bollène, commune sur laquelle est installée l'usine Socatri, ne dissimule pas sa colère. «Je ne veux pas envenimer la situation, mais je suis très troublée par ce que nous venons de vivre, lâche Marie-Claude Bompard. Je n'ai eu qu'un contact avec le directeur de cabinet du préfet, mardi vers 13h 30 et depuis, malgré nos appels, plus rien. Silence radio! La mairie a fait ce qu'elle pouvait, mais elle n'a été ni informée valablement, ni épaulée par la préfecture
Guère d'éléments précis
     Avec les moyens du bord, la commune a averti les populations des secteurs concernés par la distribution de tracts et la mise en service du serveur vocal Antibia, mis au point dans le cadre d'une procédure d'urgence en cas de risque majeur. «Tout le monde, environ 800 personnes, a été averti avant 20 heures et nous avons continué à répondre aux appels jusqu'à 22 heures
     Hier après-midi, quarante élus et employés communaux ont distribué une lettre d'information à tous les habitants de la cité, «parce que, même avec guère d'éléments précis, il fallait clarifier la situation, préciser par exemple quels quartiers étaient concernés et ceux qui ne l'étaient pas.» Mme Bompard met en cause «l'incohérence totale de la communication préfectorale» qui a abouti, selon elle, à semer la confusion, y compris chez les médias européens, et qui démontre que «les citoyens bollénois ont été traités comme s'ils étaient peu de chose...»
Plus soft, Jean-Pierre Lambertin admet avoir été ému par les délais de réaction de la préfecture. «On aurait dû avoir l'information, au moins l'essentiel, plus tôt.» Le président du syndicat Rhône-Aygues-Ouvèze, Guy Penne, apporte de l'eau au moulin des sceptiques: «Nous avons été mal informés», reconnaît-il en évoquant des informations assez brouillonnes, sinon contradictoires.
     Le ministre de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable et de l'Aménagement du territoire, Jean-Louis Borloo, a-t-il eu vent de ces dysfonctionnements? En attendant les résultats de l'inspection de l'autorité de sûreté nucléaire qui devrait se rendre sur place aujourd'hui, il se fait menaçant: «Toutes les conclusions devront être tirées, notamment en terme d'éventuelles suites pénales et administratives».

EN BREF
Quelle heure, au juste?
     L'heure précise à laquelle s'est produite la fuite, à l'intérieur des bâtiments de Socatri, donne lieu à interprétation: alors que les communiqués de la préfecture stipulaient 6h 30 du matin, la "note d'information" de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire indiquait de son côté "le 7 juillet à 23 heures."
Anticipation
     Le maire de Lapalud raconte: «par mesure de précaution, nous avions anticipé en prévenant en début d'après-midi de lundi les cinquante à soixante personnes habitant à l'est de la voie ferrée, au plus près de l'usine, et ayant des forages. Puis nous nous sommes servis du listing des inondations pour alerter toutes celles du village susceptibles d'utiliser l'eau d'un puits. Environ 300 personnes ont été contactées par téléphone ou directement par la police municipale. Et cela s'est relativement bien passé
Le parapluie ouvert
     Maurice Sabatier, maire de Lamotte-du-Rhône observe que «la préfecture a ouvert le parapluie.» L'employé municipal, rôdé à la manoeuvre avec les inondations, est passé dans les 165 foyers du village pour prévenir les habitants. Cette situation conforte M. Sabatier dans sa volonté de ne jamais relier le lac de Lamotte (qui devrait accueillir dans l'avenir une base de ski nautique) à la mayre Boucharde, affluent de la Gaffière, ainsi que certains le souhaiteraient.
Rencontre avec la CRIIRAD
     Après ce qu'il considère comme un "avertissement sans frais", André-Yves Beck, adjoint au maire de Bollène, souhaite rencontrer dès que possible la CRIIRAD afin d'avoir le maximum de renseignements. «Car on peut être pris de doutes...»



Libération.fr - 9 juillet 2008
Rejet d'uranium à Tricastin: «La limite réglementaire a été pulvérisée»
     La passivité des autorités de contrôle est intolérable, estime Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire, et responsable du laboratoire d'analyse de la CRIIRAD <http://www.criirad.org>  (Commission de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité). Cet organisme indépendant a été créé en 1986 au lendemain de la catastrophe de Tchernobyl, avec pour ambition de contrôler et d'informer les populations sur les pollutions radioactives et les risques liés au nucléaire.
     Faut-il s'alarmer des quantités d'uranium rejetées lors de l'incident sur le site de Tricastin?
     L'exploitant a revu ses chiffres à la baisse: le rejet ne serait plus de 360 kg mais de 75kg. Il n'empêche. Sur la base de ces nouvelles données, la quantité d'uranium rejetée reste très importante, 27 fois supérieure à la limite annuelle autorisée. Car, pour faire simple, l'exploitant est autorisé à rejeter chaque année 72 millions de becquerels d'uranium- une unité de mesure de radioactivité. Et bien lors de l'incident, 2 milliards de becquerels ont été rejetés! Mais ce n'est pas tout. Il y a aussi un problème de concentration radioactive. Lors de l'incident, l'uranium a été rejeté en partie sur le sol et dans la rivière la Gaffière. Ce qui est strictement interdit car il n'y a aucune garantie de dilution. Résultat, la limite réglementaire a été pulvérisée avec une concentration de plus de 300.000 Becquerels par litre au lieu de 50 Bq/l.
     D'après vous, les mesures de précaution adoptées par les autorités sont-elles suffisantes?
     C'est un petit peu mieux que les autres fois. Mais, il reste des incertitudes, en particulier sur le moment précis de l'accident. Il y a un flou. Le communiqué des préfets de la Drôme et du Vaucluse annonçait hier que la fuite s'était produite tôt dans la matinée du 8 juillet, vers 6h30. Mais, selon l'IRSN, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, le débordement de la cuve remonte à lundi soir vers 23 heures. Si l'IRSN a raison, les mesures de protection et d'information de la population ont été prises trop tard pour être efficaces.
Que comptez-vous faire à présent?
     Une équipe de notre laboratoire est en ce moment sur le site du Tricastin pour faire des prélèvements. On va également déposer plainte contre deux exploitants du Tricastin, tous deux filiales d'Areva. On ne peut pas tolérer une telle passivité des autorités de contrôle. Et puis, ce n'est pas la première fois que l'on note des disfonctionnements inquiétants sur ce site, ce n'est pas la première fois. On va être particulièrement vigilant sur la durée pour s'assurer  que l'exploitant du site traite les pollutions dans les sols et les sédiments. 
4)
http://www.cyberpresse.ca
France: émotion après un incident nucléaire
Agence France-Presse
Marseille, France
     Un rejet accidentel d'uranium sur le site de la centrale nucléaire de Tricastin, dans le sud-est de la France, a provoqué mercredi une vive émotion, notamment parmi les écologistes, les autorités se voulant de leur côté rassurantes sur le risque environnemental.
     Un dysfonctionnement lors d'un transfert entre deux cuves a donné lieu lundi à un rejet d'effluents contenant environ 75 kg d'uranium dans les cours d'eau proches du site.
     L'incident a été classé au niveau 1 («anomalie») sur 7 sur l'échelle internationale Ines, qui évalue la gravité des événements touchant les installations nucléaires.
     L'exploitant de la centrale, la société Socatri, filiale d'Areva, a mis plus de 12 heures à mesurer l'importance de la fuite d'une de ses cuves de rétention, a indiqué l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
     Socatri a pour mission d'épurer les effluents contenant de l'uranium et émanant des installations industrielles sur ce site, avant de les rejeter dans les cours d'eau.
     Les relevés effectués n'ont révélé «aucun élément anormal», selon Socatri, ce qu'a confirmé l'ASN.
     Les taux de radioactivité relevés sont en «constante diminution» depuis mardi soir, a assuré Charles-Antoine Louët, un responsable de l'ASN.
     Des mesures de précaution ont été maintenues mercredi (interdiction de consommer l'eau issue de certains captages, de pêcher, de consommer du poisson, de se baigner sur certains cours d'eau).
     L'incident a suscité la colère de plusieurs associations. Le réseau Sortir du nucléaire a accusé Areva de «rétention délibérée d'information» et «de mise en danger volontaire de la population».
     «Cet accident démontre que le nucléaire n'est pas une énergie propre», dénonce de son côté Greenpeace. «Nicolas Sarkozy omet bien sûr de préciser ce genre de +détail+ quand il annonce en grande pompe le lancement d'un 2e EPR».
     En Allemagne, le secrétaire d'État à l'Environnement, Michael Müller, a estimé que ce rejet «ne devait pas être pris à la légère» et que le nucléaire était une «technologie à risque élevé».
http://www.futura-sciences.com

En bref: pollution radioactive autour de la centrale nucléaire du Tricastin
Par Jean-Luc Goudet, Futura-Sciences
     Trente mètres cubes d'eau contenant 360 kilogrammes d'uranium se sont échappés d'une cuve de la centrale nucléaire de Tricastin, dans le Vaucluse. La pollution, qui ne concernerait qu'une faible partie de ce volume, a atteint le réseau fluvial et peut-être la nappe phréatique.
     Mardi 8 juillet, à 6 h 30 du matin, pendant le nettoyage d'une cuve, trente mètres cubes d'eau ont débordé dans le bassin de rétention, lequel a laissé fuir une partie du liquide qui s'est répandu à l'extérieur. La solution, qui contenait 12 grammes d'uranium par litre (soit 360 kilogrammes au total), a suivi le réseau d'évacuation des eaux fluviales et a ainsi rejoint la rivière La Gaffière, la  Mayre-Girarde puis le Lauzon, et enfin le Rhône.
     La fuite s'est produite sur le site de la centrale nucléaire du Tricastin, sur la commune de Bollène (dans le Vaucluse, à une vingtaine de kilomètres au nord de Orange) mais dans des locaux gérés par un sous-traitant d'Areva, la Socatri, chargée de l'épuration des eaux. L'incident a été classé au niveau 1 sur l'échelle Ines (International Nuclear Event Scale, échelle internationale des événements nucléaires), qui en compte 7.
     L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a tenu des propos rassurants et les experts affirment désormais que seulement 75 kilogrammes d'uranium se sont effectivement répandus dans le réseau fluvial. Des mesures sont en cours pour doser la radioactivité. En attendant, la consommation d'eau, la baignade et l'irrigation avec l'eau des rivières sont interdites aux alentours.

3) http://www.lemonde.fr

La centrale nucléaire du Tricastin à Saint-Paul-les-Trois-Châteaux.

     La Criirad dénonce "une série de dysfonctionnements" sur le site nucléaire du Tricastin
LEMONDE.FR | 09.07.08
Propos recueillis par Thibaud Vuitton

     Bruno Chareyron est responsable de laboratoire à la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad). Selon lui, l'incident survenu, dans la nuit du 7 au 8 juillet, sur le site nucléaire du Tricastin, dans le Vaucluse, n'a "rien d'une catastrophe nucléaire" mais ne doit pas, pour autant, être minimisé. Il révèle toute une suite de dysfonctionnements dans la sécurité du site, des dysfonctionnements que la Criirad signalait depuis plusieurs années :
     M. Chareyron estime que la préfecture a pris les mesures de sécurité nécessaire, mais insiste sur l'importance de l'incident et ses éventuels conséquences environnementales. La concentration en uranium des rejets est importante, d'autant plus que la diffusion s'est faite dans le sol ou dans des petits ruisseaux, soit des milieux à faible dilution.
     Pour la Criirad, la communication sur cet incident, comme sur la plupart des incidents de ce type, a trop tendance à minimiser l'importance des risques nucléaires: "Areva insiste sur le fait que c'est l'uranium naturel, il n'en est pas moins radioactif et toxique".

Les autorités nucléaires se veulent rassurantes face au rejet d'uranium sur le site de Tricastin
LE MONDE | 09.07.08

     Quelque 360 kg d'uranium se sont déversés dans l'environnement du site nucléaire du Tricastin, sur la commune de Bollène (Vaucluse), dans la nuit du 7 au 8 juillet.

     L'accident est survenu dans une installation de la société Socatri, filiale d'Areva, qui assure la décontamination de matériels et la récupération de l'uranium traité par l'usine d'enrichissement d'Eurodif, installée sur le même site. Les circonstances du déversement accidentel de 30m3 de solution contenant 12 grammes d'uranium par litre restent encore à élucider.
     Les préfets du Vaucluse et de la Drôme ont interdit, jusqu'à nouvel ordre, la consommation d'eau potable issue de captages privés sur trois communes, mais aussi la baignade et la pêche dans les cours et plans d'eau avoisinants. L'irrigation agricole est stoppée. Les effluents radioactifs se sont en effet infiltrés pour partie dans le sol à l'intérieur même de l'établissement. Mais une quantité mal évaluée a rejoint par le réseau des eaux pluviales les rivières de la Gaffière, puis du Lauzon qui se déverse dans le Rhône. La société Socatri, qui a immédiatement effectué des mesures, "a constaté un dépassement de la valeur préconisée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour les eaux destinées à la consommation humaine d'un facteur 1.000 pendant une courte période correspondant au passage du pic de pollution", indique l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Chargé de l'expertise en cas d'accident, cet organisme estime cependant que les "conséquences radiologiques pour les populations devraient être négligeables".

100 FOIS LE REJET ANNUEL
     "Dans la mesure où les gens ne consomment pas l'eau de la nappe phréatique, les risques de contamination sont inexistants", estime Thierry Charles, directeur de la sûreté des usines à l'IRSN. Un plan de surveillance sur 12 points de prélèvement d'eau va être mis en place pour vérifier l'évolution des teneurs dans les semaines et les mois à venir. Ces analyses permettront de déterminer à quelle échéance les mesures de restrictions pourront être levées. Elles pourraient l'être à plus faible délai dans les cours d'eau, qui assurent une dilution plus rapide, "lorsque nous serons assurés que l'uranium ne s'est pas fixé sur les sédiments", précise Charles-Antoine Louet, chef de division de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) à Lyon.
     Si les autorités se veulent rassurantes, les associations de défense de l'environnement s'inquiètent de l'ampleur de la pollution. Sortir du nucléaire évoque le risque de cancer lié aux contaminations de ce type. Bruno Chareyron, responsable du laboratoire de la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), note que "la radioactivité contenue dans ce rejet a été plus de 100 fois supérieure à la limite annuelle fixée pour cet établissement". Il ne veut pas encore se prononcer sur l'impact environnemental et sanitaire de l'accident, "attendant plus de données pour l'évaluer". Il y a quelques jours, la Criirad s'était inquiétée de l'entreposage sous un tumulus de terre de 770 tonnes de déchets radioactifs d'origine militaire au Tricastin. "Cela fait beaucoup pour un site qui est la deuxième plate-forme nucléaire française, après La Hague", note-t-il.

Hervé Morin
2) CRIIRAD
Site nucléaire du Tricastin:
fuite radioactive sur l'installation SOCATRI (filiale AREVA)

     Dans le cadre de la convention d'objectifs signée avec la Région Rhône-Alpes, la CRIIRAD procèdera cet après-midi à des mesures et prélèvement dans l'environnement du Tricastin.
     Si vous êtes intéressé, rendez-vous ce jour à 15h au parking située près du rond point, en limite sud du site.
Portable de Roland DESBORDES = 06 86 18 01 87
Portable de Christian COURBON = 06 08 70 02 02.

A. Dépassement considérable des limites maximales autorisées (que ce soit pour 360 ou 75 kg d'uranium)!
     Dans son premier communiqué de presse, basé sur 360 kg d'uranium, la CRIIRAD précisait que la fuite avait provoqué le rejet dans l'environnement d'au moins 9.000 Mégabecquerels (MBq), soit un dépassement de plus de 100 fois la limite maximale autorisée sur l'année (71,7 MBq) et de plus de 700 fois la limite maximale mensuelle.
     L'exploitant semble avoir revu ses chiffres à la baisse. Le rejet ne serait plus de 360 kg mais de 75 kg. Sur la base de ces nouvelles données (qui restent à préciser, voir ci-dessous), on peut conclure:
1/ que le rejet a dépassé d'un facteur 27 (!)  la limite maximale annuelle fixée par l'arrêté interministériel (article 18): rejet d'au moins 1.918 MBq pour une limite de 71,7 MBq.
2/ que le rejet, effectué sur quelques heures, a dépassé d'un facteur 161 ( !) la limite maximale mensuelle fixée par l'arrêté: rejet d'au moins 1.918 MBq pour une limite mensuelle de 11,95 MBq.
     Les commentaires de la CRIIRAD sur le dépassement de la limite d'activité volumique restent inchangés: la limite réglementaire a été pulvérisée: concentration de plus de 300.000 Bq/l pour une limite maximale de 50 Bq/l.
     Pour la violation de l'interdiction de rejet dans la Gaffière et l'interdiction de rejet des effluents issus de l'uranium de retraitement voir le communiqué précédent.

B. La CRIIRAD demande des explications sur:
1/ les délais entre la survenue de l'accident et la mise en œuvre de mesures de protection et d'information de la population et de ses représentants;
2/ les circonstances de l'accident et la défaillance du dispositif de rétention censé garantir le confinement d'éventuelles fuites;
3/ la publication de la composition isotopique des effluents, information normalement détenue par SOCATRI et toujours censurée ce matin: l'exploitant, l'ASN, l'IRSN et les préfectures ne mentionnent  que des grammes ou des kilogrammes d'uranium... et en plus les chiffres évoluent!

1/ Des explications sur les délais
     Le communiqué des préfets de la Drôme et du Vaucluse annonçait hier que la fuite s'était produite tôt dans la matinée du 8 juillet, vers 6h30. Le délai de plus de 7 heures entre le rejet incontrôlé dans l'environnement et l'information des élus locaux (vers 13h30 pour le maire de Lapalud, après 16h pour les médias) paraissait déjà trop long.
     Cependant, si l'on en croit le communiqué de l'IRSN, le débordement de la cuve se serait produit la veille au soir, le lundi 7 juillet, vers 23h00. Les formulations de l'IRSN sont relativement sibyllines et ne précisent pas le temps qui s'est écoulé entre le débordement de la cuve et la fuite au niveau du module de rétention, ni si le personnel s'est rendu compte immédiatement des dysfonctionnements (ou s'il ne l'a découvert que tardivement). S'il n'y a pas eu de délai, que la fuite s'est produite vers 23h et que les responsables locaux n'ont été informés qu'après un délai de 14h et les médias de 17h, le retard est alors considérable. 
     Pour que les mesures de prévention soient efficaces, elles doivent être prises dans les délais les plus brefs. Qui a été informé? Quand? Pourquoi de tels retards?

2/ Des explications sur la défaillance du système censé pallier les fuites
     La CRIIRAD réclame toute la transparence sur le déroulement de l'accident. Comment expliquer 1/ le débordement de la cuve, puis 2/ la faillite du système de rétention précisément destiné à pallier un éventuel défaut d'étanchéité. L'article 22 de l'arrêté d'autorisation de rejet et prélèvement d'eau précise que «chaque réservoir (...) est muni d'un cuvelage de rétention ou d'un dispositif apportant les mêmes garanties, dont la capacité est fixée à 100% du volume du réservoir le plus grand ou 50% du volume total des réservoirs. L'étanchéité de ces rétentions est contrôlée annuellement».
     Le communiqué de l'ASN indique que des réparations étaient en cours au niveau de la rétention. Ce n'est pas une excuse, au contraire : le dispositif de rétention étant indisponible, soit la cuve ne devait plus être utilisée, soit un système alternatif devait être mis en place. Dans tous les cas, une vigilance particulière devait être apportée à l'installation.
     3/ La caractérisation précise des effluents radioactifs rejetés dans l'environnement
     Ni la SOCATRI, ni l'Autorité de Sûreté nucléaire, ni l'IRSN, ni les Préfectures n'ont publié la moindre information sur la composition isotopique des effluents uranifères : les isotopes de l'uranium étaient-ils les seuls produits radioactifs présents ? Quelle était la teneur en uranium 235, sachant que la SOCATRI peut traiter de l'uranium enrichi jusqu'à 5%? S'agissait-il d'effluents issus d'uranium de retraitement, avec présence d'isotopes artificiels de l'uranium (uranium 232 et 236)?
     Ces informations sont nécessaires à l'appréciation du risque et à l'évaluation des infractions aux dispositions de l'arrêté d'autorisation qui régit l'installation. Que l'on ne nous objecte pas que ces informations ne sont pas disponibles: la SOCATRI disposait nécessairement des données de caractérisation radiologique des effluents contenus dans la cuve. Si ce n'est pas le cas, il faut que cela soit clairement établi car un palier de plus serait franchi dans les défauts de maîtrise des activités et matières à risque.
     La CRIIRAD demande également des précisions sur la teneur des effluents en  polluants chimiques et souhaite savoir si des émanations gazeuses ont été associées au rejet liquide.

C. La CRIIRAD va saisir la justice
1. Dysfonctionnements graves et impunité
     La répétition des fuites au niveau des canalisations de rejet (avril et août 2007), des cuves de rétention (octobre 2007) et de la station de traitement de rejet (novembre 2007) traduisent un important manque de maîtrise (tout comme l'oubli en janvier dernier, d'effluents radioactifs dans une cuve de transfert impliquant des failles dans la prévention des risques de criticité)
     Par ailleurs, les vérifications conduites par la CRIIRAD montrent des violations répétées et très importantes  des limites de rejets de produits radioactifs dans l'atmosphère!
     Ces limites sont prescrites par l'arrêté du 16 août 2005 (article 10). En 2006, la limite maximale a été dépassée d'un facteur 6 (!) pour les rejets de tritium (hydrogène radioactif) et d'un facteur 30 (!) pour les rejets de carbone 14. En 2007, les rejets de tritium de la SOCATRI ont dépassé la limite d'un facteur 5 et les rejets de carbone 14 d'un facteur 42 (!)
     Ces infractions à l'article 10 de l'arrêté du 16 août 2005 – arrêté pris sous l'autorité des ministres de l'Industrie, de la santé et de l'Environnement – n'ont donné lieu à aucune  sanction et l'exploitant, plutôt que de travailler sur la réduction de ses rejets et sa mise en conformité, a déposé une demande pour obtenir le relèvement des limites! La demande est en cours d'instruction... et elle a de bonnes chances d'aboutir!

2. Faire condamner AREVA NC Pierrelatte et la SOCATRI
     Compte tenu du nombre et de la gravité des dysfonctionnements constatés par la CRIIRAD, compte tenu de la passivité, pour ne pas dire plus, des autorités de contrôle, le bureau de la CRIIRAD a décidé ce jour le dépôt d'une plainte en justice contre deux exploitants du Tricastin, tous deux filiales du groupe AREVA:
1/ AREVA NC (Cogéma) pour l'enfouissement de plus de 700 tonnes de déchets radioactifs dans le sol
2/ SOCATRI pour ses rejets radioactifs dans l'environnement
     Le président de la CRIIRAD va contacter ce jour Me Thierry Billet, avocat de l'association, afin de déterminer la procédure à suivre.

1)
http://tempsreel.nouvelobs.com
     AP | 08.07.2008
     Une fuite d'une solution contenant de l'uranium s'est produite mardi dans une usine du site nucléaire du Tricastin à Bollène (Vaucluse) et une partie s'est déversée dans des rivières, a-t-on appris auprès de l'Autorité de sûreté nucléaire. La mairie de Bollène a interdit notamment la consommation de l'eau alors que des mesures étaient en cours pour déterminer la gravité de la pollution.
     Environ 30m3 de solution uranifère se sont déversés sur le sol, une partie à l'intérieur de l'établissement et une autre dans les eaux de la Gaffière puis de l'Auzon, selon Evangelia Petit, responsable du service de presse de l'ASN. L'usine concernée est spécialisée dans la maintenance et le démantèlement de matériel nucléaire. Un des réservoirs de la station de traitement des solutions uranifères aurait débordé, a-t-elle précisé, évoquant des travaux en cours qui auraient entamé l'étanchéité.
     Un représentant de l'ASN sur place en préfecture a recommandé des mesures de restrictions pratiques des activités nautiques, de pêche, de l'utilisation de l'eau à des fins d'irrigation et de consommation, a précisé Mme Petit. L'ASN n'a pas donné encore d'indication sur le degré de gravité de l'incident.
     A la mairie de Bollène, on précisait qu'après l'incident survenu dans la matinée, les services de la préfecture effectuaient des mesures pour déterminer l'importance de la pollution. Alertés par la préfecture du Vaucluse, la mairie a pris des arrêtés interdisant la consommation d'eau, de poissons, l'arrosage, les baignades et sports nautiques et aquatiques jusqu'à nouvel ordre, ajoutait-on. AP
http://tf1.lci.fr/

     De l'uranium s'est échappé mardi d'une cuve de l'usine Socatri, située sur le site nucléaire du Tricastin, à Bollène, dans le Vaucluse. La fuite s'est produite lors du nettoyage de la cuve. "30m3 d'une solution uranifère ont été rejetés, contenant 12 grammes d'uranium par litre" a confirmé la préfecture à LCI.fr. Ce liquide s'est écoulé jusqu'aux rivières de L'Auzon et Lagaffière. Mais, d'après la préfecture, l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a évalué le risque comme faible  pour la population.
     "Sur son chemin, l'uranium s'est dilué et ne devrait se retrouver en microgrammes dans l'eau de ces rivières. Le risque de pollution est donc faible", a précisé la préfecture, mais "par mesure de précaution la consommation d'eau potable, l'irrigation des champs et la pêche dans les rivières de la zone ont été interdites".  Les activités nautiques et la baignade sur les plans d'eau du Trop-Long, du Baltraces (Bollène) et des Girardes (Lapalud) sont également interdites. Ces mesures de précaution "restent en vigueur jusqu'à plus amples analyses", ont annoncé en soirée les préfets du Vaucluse et de la Drôme. Une évaluation sera réalisée mercredi matin.

Est-ce dangereux?
     Dans un communiqué, la société Socatri précise qu'une "décontamination des sols et des canalisations a été engagée". "Les résultats des analyses des prélèvements d'eau obtenus ont montré que l'impact sur l'environnement et notamment au niveau du cours d'eau La Gaffière qui traverse le site était limité et décroissant", précise le communiqué.
     Le Réseau "Sortir du nucléaire" conteste ces déclarations rassurantes, soulignant que le rejet de 30m3 de solution uranifère avec une concentration de 12 grammes par litre équivaut à une fuite de "360 kilogrammes d'uranium" dans l'environnement. "Il est (...) impossible qu'un tel rejet, contenant de l'uranium, n'ait pas de conséquences importantes sur l'environnement et certainement sur la santé des riverains", dit dans un communiqué le mouvement.
     L'association Criirad, qui prône une information "indépendante sur la radioactivité", estime que la présentation du rejet d'uranium en quantité - 12 grammes - est trompeuse, car selon ses calculs la fuite conduit "à un rejet dans l'environnement plus de 100 fois supérieur à la limite annuelle" fixée pour la société. La Criirad a donc demandé la "communication immédiate du résultat des analyses détaillées".