LE MONDE | 23.06.09 Cent mille ans. C'était la durée figurant au cahier des charges fixé par le gouvernement à l'Agence suédoise de gestion des déchets nucléaires (SKB) pour la recherche d'un site de stockage définitif de déchets nucléaires. Cent mille ans, parce qu'on estime qu'au bout de cette période, la radioactivité des combustibles usés sera redevenue celle de l'uranium à l'état naturel. Il aura fallu trente ans de recherches et d'études pour finalement désigner, début juin, la commune de Östhammar, à une centaine de kilomètres au nord de Stockholm, comme futur site. La population a reçu le message dans un calme relatif. Depuis 1980, Östhammar accueille la centrale nucléaire de Forsmark. Il faut encore déposer le permis de construire, qui doit être approuvé par le tribunal de l'environnement. Ce n'est qu'ensuite que le gouvernement donnera son accord définitif. Les travaux démarreraient en 2015 et les premiers dépôts seraient faits vers 2023. A 500 M DE PROFONDEUR
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"Nous faisons des analyses à une échéance de cent mille ans, explique-t-elle, ce qui ne veut pas dire que nous sommes capables de garantir la sécurité à aussi longue échéance. Mais nous avons choisi des matériaux qui sont connus pour leurs performances à long terme et qui ont une histoire de plus de cent mille ans." L'association Oss (Groupe d'opinion pour un stockage définitif sûr) estime que SKB a choisi trop rapidement le site définitif. Pour Kenneth Gunnarsson, son président, il reste trop d'incertitudes "liées au risque de corrosion du cuivre et au fait que la barrière de bentonite puisse perdre son effet protecteur dans certaines circonstances". "Ces incertitudes sont liées aux conditions de la nappe phréatique sur le site", dit-il. Dans un environnement sans oxygène, le risque de corrosion du cuivre est négligeable, selon SKB, qui, par principe, poursuit tout de même des études et a opté pour la prudence en choisissant des cuves de 5 cm d'épaisseur. Certains reprochent à SKB la relativement faible profondeur de l'enfouissement et préconisent de creuser jusqu'à 4.000 m. "Le problème est qu'à cette profondeur, le milieu est très abrasif, tout se dissout beaucoup plus vite, explique Saida Laarouchi Engström. Et si vous enfouissez des déchets à cette profondeur, vous aurez beaucoup plus de mal à les remonter en cas de problème. Si vous avez un container coincé à 2.000 m, c'est quasi insurmontable. Or, le maillon faible restera toujours l'humain. On doit conserver la possibilité de faire machine arrière, de remonter les containers de 500 m sans qu'il y ait de conséquences inacceptables." Olivier Truc
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04/06/2009
C'est un tournant dans la gestion des déchets nucléaires à vie longue. Alors que la France cherche encore un lieu de stockage, et que les Etats-Unis se sont donné 6 mois pour y voir plus clair, la Suède a déjà localisé son sanctuaire de matières radioactives. La Suède va enterrer ses déchets nucléaires L'annonce a été faite mercredi par le président de la Société suédoise de gestion de l'énergie et des déchets nucléaires (SKB), Claes Thegerström. Un des premiers sites de stockage permanents de déchets nucléaires au monde, destiné à abriter des déchets pendant plus de cent mille ans, va être construit dans l'est de la Suède, à Forsmark, près d'Östhammar, à 200 kilomètres au nord de Stockholm. Les déchets les plus radioactifs y reposeront sur 15 hectares, à 500 mètre sous la terre, dans des containers étanches durant cent mille ans, le temps que la radioactivité diminue suffisamment. Si cette dernière se réduit de 99% après plusieurs décennies, elle ne retrouve le niveau du minerai d'uranium brut qu'après cent mille ans, a fait savoir SKB. Le chantier devrait débuter en 2016 et être inauguré entre 2022 et 2024, selon le porte-parole de SKB. Au moment le plus fort de la construction, trente à quarante camions (20 tonnes chacun) vont transporter des roches issues de l'excavation chaque jour. Une réponse à trouver pour toutes les industries nucléaires
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La France quant à elle doit encore résoudre ce casse-tête. Pour les déchets hautement actifs et à vie longue, il est prévu de construire des centres de stockage à 500m de profondeur sous une couche d'argile datant de 150 millions d'années de 130 mètres d'épaisseur. Les autorisations pour construire ce type de sites seront délivrées dans le courant de l'année 2015 pour une mise en service en 2025. Des centres de stockage sont également à l'étude en Finlande pour des inaugurations avant 2030. La méthode est la même: enfouis à 500 mètres de profondeur dans un sol granitique, les déchets seront placés dans des coffres en cuivre et doivent, selon le cahier des charges, y être stockés au moins cent mille ans. Une solution risquée pour les générations futures
Ana Lutzky
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