LEMONDE| 02.07.10
Oskarshamn (Suède) Envoyé spécial
Course de lenteur
(suite)
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Les Etats-Unis vont devoir chercher un nouveau site après l'abandon de celui de Yucca Mountain, traversé par une fissure. Les Allemands ont sur les bras 43.000 m3 de déchets empilés sans précaution dans une mine de sel qui prend l'eau. En Belgique, un laboratoire souterrain va encore étudier pendant dix ans les réactions de l'argile à la chaleur des colis, avant que le pays ne prenne position. La Suède est donc une des nations les moins en retard : fin 2010, SKB demandera formellement l'autorisation de créer un stockage géologique destiné à accueillir à partir de 2025 les combustibles usés, actuellement entreposés dans des piscines souterraines, à Oskarshamn. La Finlande, qui travaille à une solution technique très proche, pourrait suivre rapidement. La France espère aussi mettre en exploitation un tel stockage à la même date, mais semble moins avancée dans le processus réglementaire: elle ne déposera pas de demande d'autorisation de création pour un stockage près du laboratoire souterrain de Bure, dans la Meuse, avant 2014. Le stockage suédois, s'il est autorisé, sera creusé près de la centrale nucléaire de Forsmark, plus au nord. "Un site moins humide, moins fracturé, plus homogène", explique le géologue Kaj Ahlbom, responsable du projet à SKB. Ayant essuyé un refus dans une localité du nord-ouest du pays, SKB s'est rabattu sur Forsmark, où l'agence gère depuis 1988 un stockage souterrain de déchets à vie courte, ce qui a facilité l'acceptation du projet par des populations largement acquises à l'énergie nucléaire. SKB n'a pas ménagé sa peine, organisant des réunions d'information chez les habitants et proposant des voyages jusqu'au laboratoire d'Oskarshamn, devenu une sorte de "must" du tourisme industriel. Fin 2010, l'instruction du dossier par SSM va donc débuter, mobilisant plusieurs dizaines d'experts sur plus de deux ans. "Il est quasi inévitable que nous ayons des demandes complémentaires à formuler auprès de SKB", prévient cependant M. Dverstorp. Les interrogations techniques sont plus aiguës que les questions financières: depuis 1982, une taxe est prélevée sur chaque kilowattheure vendu. Quelque 4 milliards € ont été mis de côté, sur les 10 milliards que doivent coûter au final la gestion des déchets et le démantèlement des centrales suédoises. Hervé Morin
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