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Déchets nucléaires, vers une catastrophe durable?
«Les peurs font partie
des choses que le monde du nucléaire n'a pas assez entendues. Manque
de transparence historique et surtout manque de compréhension. Les
gens ont le droit de savoir et on doit pouvoir en débattre. Il n'y
a pas de tabous, pas de sujets cachés. Parlons-en!».
Qui a dit ça? Un militant du réseau
Sortir du Nucléaire, de Greenpeace, des Verts? Non. C'est Anne Lauvergeon,
la patronne d'Areva. Elle fait cette déclaration au début
de Déchets, le cauchemar du nucléaire, documentaire de Laure
Noualhat et d'Eric Guéret diffusé sur Arte mardi 13
octobre 2009 à 20h45. Ce dernier est aujourd'hui l'invité
des RDV de l'Agora.
"Depuis qu'elle existe, l'industrie
nucléaire donne le sentiment de nager en eau trouble. Militaires
ou civiles, les usines nucléaire ont toutes un point commun: elles
produisent obligatoirement des déchets radioactifs qu'elles rejettent
en partie dans l'environnement", tel est l'axe de cette passionnante
enquête dont Anne Lauvergeon est, au même titre qu'Hubert Reeves,
l'un des nombreux intervenants. Mais ce film en cache un autre. Il est
non seulement consacré au retraitement ou recyclage des déchets
radioactifs, mais s'intéresse aussi à une question plus vaste
encore: qui décide pour nous? Pourquoi le nucléaire est-elle
une énergie si peu démocratique?
Certes, cela ne date pas d'aujourd'hui, mais
de l'implantation d'usines militaires, à Hanford (Etat de Washington,
USA), dès 1943, ou à Maïak (ex-Union Soviétique),
dès 1945. Peut-être que les opposants au nucléaire
sont-ils dans une posture idéologique. Sans doute ses défenseurs
n'ont pas forcément torts. Mais ces derniers admettront que la population
a le droit d'être informée. Le manque d'information tue la
démocratie et nourrit les fantasmes, rumeurs, théories du
complot.
Sur Agoravox le journaliste scientifique Vincent
Crousier écrivait justement: "tout, absolument tout porte à
croire que l'industrie nucléaire est, du point de vue scientifique,
une «grande muette». Discours auquel les scientifiques opposent
évidemment des propos qui se veulent rassurants. Mais ces experts
se voient, à leur tour, accusés soit de vouloir éviter
les paniques, soit d'être tout bonnement «à la botte
du lobby nucléaire»".
"Le président français qui
replacera l'homme au centre du nucléaire et qui considérera
vraiment les enjeux pour sa propre population sera le président
français le plus important de l'histoire" soulignait Alain de
Halleux, auteur du documentaire RAS: nucléaire rien à
signaler.
Selon un sondage européen cité
dans le film d'Eric Guéret et de Laure Noualhat, les ¾ des
européens ne croient pas ce que lui raconte l'industrie nucléaire.
Et ce sont les déchets radioactifs qui sont au centre de cette crise.
«Les déchets sont dans la nature souligne Greenpeace.
Ça pollue la mer, ça arrive dans la chaîne alimentaire
et ça risque de finir dans votre assiette».
Le film souligne qu'en moins de 50 ans les
pays nucléaires ont immergé plus de 100.000 tonnes de déchets
dans les différents océans.
Catastrophisme? Les pro-nucléaires
peuvent arguer que les accidents liés au nucléaire sont moindre,
du point de vue environnemental, que ceux liés au charbon ou au
pétrole. Ils sont surtout, pour l'heure, moins visibles. Attendons
un peu. Mais même si la recherche avance (le film n'en fait hélas
pas état), nous ignorons comment se comporteront les déchets
radioactifs dans un avenir plus ou moins lointain, quel que soit leur mode
de stockage. Qui, dans les siècles à venir, s'en occupera?
Cela ne vaut-il pas d'être débattu?
En Italie, en Grande-Bretagne, en Allemagne oui, mais pas en France. Pourquoi?
Parce qu'en France «les politiques ne connaissent pas le dossier.
Pour eux, si avec le nucléaire l'énergie coûte moins
cher, alors faisons du nucléaire. Du moment que les gens sont contents»,
précise le journaliste Eric Ouzounian dans les RDV de l'Agora.
Avec Tchernobyl les populations ont pris conscience
que nos «élites» nous mentaient sur le nucléaire.
Mais Tchernobyl n'est pas la première catastrophe du genre. En 1976,
Jaurès Medvedev révèle qu'il y a eu un grave accident
dans l'Oural, vingt ans auparavant. Quand il fait ses révélations,
les scientifiques occidentaux refusent de le croire «parce qu'à
cette époque ils se demandaient si oui ou non ils allaient développer
cette énergie»... Aujourd'hui le site de Maïak
est l'un des plus irradiés au monde. L'explosion d'une cuve de refroidissement
mal entretenue avait été comparable à celle d'une
charge de 75 tonnes de TNT, contaminant 15.000 km2 à
la ronde, tuant 200 personnes sur le coup en exposant 270.000.
L'accident
nucléaire le plus grave du monde avant Tchernobyl
a été gardé secret. A Muslimovo, le premier village
arrosé par la rivière contaminée, il y a encore des
habitants qui ingèrent quotidiennement des doses de plutonium. L'ingénieur
de la CRIIRAD filmé sur les lieux ne cache pas ses inquiétudes
face au taux de radiocativité. C'est l'un des moments forts du film
qui n'en manque pourtant pas. Tomsk7, en Sibérie, est une "ville
nucléaire" de 125.000 habitants fermée aux étrangers.
C'est ici que la France envoie par convois de trains ses déchets
radioactifs. Les députés de la Douma n'ont pas voix au
chapitre. Les déchets sont entreposés sur une espèce
de parking, sans véritable protection. Qui décide de la santé
des citoyens? A l'usine de retraitement de La Hague la population respire
en permanence de l'air radioactif. L'usine, en 1999, a rejeté dans
l'atmosphère plus de krypton 85 que toutes les explosions atomiques
faites pendant des décennies. Pour l'ingénieur, accompagné
du responsable de communication, de l'usine, il n'y a pas de contamination,
mais une «absence d'impact». Areva considère qu'elle
est en dessous des normes. Mais, interroge un intervenant, dans le film,
est-ce que ces normes basées sur le modèle Hiroshima sont
pertinentes? Là-bas les gens ont été exposés
à une irradiation intense mais externe et très courte. La
Commission Internationale de Protection Radiologique considère que
le modèle de risque sans seuil, celui qui estime que toute dose,
même très faible, augmente bien les risques de cancers, est
le plus réaliste. Le cheminement du film, on l'aura compris, nous
emmène de La Hague aux Etats-Unis en passant par la Russie. Il nous
emmène aussi au coeur du pouvoir. En France, le pouvoir nucléaire
est détenu par une «aristocratie républicaine»,
des ingénieurs brillants issus du corps des mines. «La
politique a complètement abandonnée l'ensemble du secteur
énergétique à ce groupe de technocrates. Ce n'est
pas ça, la démocratie», constate avec raison un
intervenant.
Aujourd'hui, cette industrie doit résoudre
trois questions: la sécurité, les déchets et la démocratie.
Il est indubitable que Déchets, le cauchemar du nucléaire
irritera les pros-nucléaires. Mais qu'attendent-ils
pour nous démontrer que ce contient ce film est faux?
Pour
les Rendez-vous de l'Agora Olivier Bailly reçoit Eric Guéret,
réalisateur de Déchets, le cauchemar du nucléaire.
Olivier Bailly: Votre film traite des déchets du nucléaire,
mais aussi de la perception que la population en a.
Erie Guéret: C'est un documentaire sur les déchets
nucléaires, c'est incontestable, mais, au-delà, c'est une
vaste réflexion et un vaste état des lieux sur les rapports
que le nucléaire entretient d'abord avec la transparence et ensuite
avec la démocratie. Au départ, quand j'écris le film,
il y a une partie technique sur les déchets et une autre partie
qui interroge des rapports à la transparence et à la démocratie.
Cela devait constituer une partie spécifique. Au montage celle-ci
a complètement disparu dans la mesure où finalement cela
imprègne l'ensemble du film de la première à la dernière
phrase. On commence et on finit dans la transparence et au milieu il y
a l'inquiétude des gens qui ont envie de savoir.
OB: A partir de quand cette inquiétude se manifeste t-elle
dans la population?
EG: On peut classer les inquiétudes des populations par
rapport au nucléaire en trois phases. La première, qui vient
assez tôt, est illustrée par le mouvement pour la paix qui
luttait contre l'arme atomique. Le point d'orgue de ce mouvement c'est
la fondation de Greenpeace en 1970. C'est une première phase contre
l'arme. Il y a une deuxième phase dont le point culminant est l'accident
de Tchernobyl. Là c'était une peur du risque, d'accidents
qui étaient plus sur le nucléaire civil. Première
phase militaire, deuxième phase plus civile. Et puis, aujourd'hui,
nous sommes sur la troisième phase qui s'est déportée
sur les déchets. Maintenant l'inquiétude des populations
se porte sur leur gestion. Mais en fait ces inquiétudes sont présentes
depuis le début.
OB: Pensez-vous comme Anne Lauvergeon que les craintes à
propos du nucléaire naissent du manque d'information ?
EG: Je ne pense pas ça. Le film commence par une citation
de l'Eurobaromètre. C'est toujours très intéressant
de voir les sondages européens et pas les français parce
qu'en France nous sommes tellement manipulés que les sondages le
sont globalement aussi. Cela dépend comment on pose les questions.
Ce sondage dit que les ¾ des gens se sentent désinformés,
mais il dit aussi autre chose, qu'on n'a pas mentionné: pour avoir
de l'information les gens ont principalement confiance (à 80%) dans
les ONG. La confiance envers le gouvernement et l'industrie nucléaire
est très faible, de l'ordre de 10 à 20%. Cette inquiétude
est ancrée dans les populations.
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suite:
OB: Les politiques ne maîtrisent absolument pas le dossier
EG: Dans ce film nous avons fait la démonstration qu'il
y a de quoi avoir quelques inquiétudes. Il y a un manque d'information
réel. On n'a pas croisé une situation où l'on n'a
pas découvert de choses cachées. Une industrie qui planque
tout en permanence, cela ne rassure pas. Si les choses sont cachées
c'est que globalement il doit y avoir des problèmes, sinon on le
dirait. Mais c'est presque banal de dire ça, sauf que ce met en
perspective le film, c'est que dans les pays, qu'ils soient démocratiques
ou totalitaires, la problématique est la même.
OB: Ce qui est frappant, dans les cas de Hanford, aux Etats-Unis,
et de Maïak, en Russie, c'est la même absence d'information.
EG: C'est la même problématique. Sauf qu'à
Hanford il n'y a pas eu les mêmes problèmes qu'à Maïak,
pour des raisons techniques. Mais mais au niveau de la recherche de l'information,
on est confronté aux mêmes problèmes. On n'a pas plus
pu rentrer sur le site de Hanford ni sur celui de Maïak et on a fait
de la même manière des prélèvements autour du
site et fait appel aux associations locales pour avoir des infos.
OB: Vous interviewez le scientifique Jaurès Medvedev qui
avait alerté l'opinion en 1976 sur une catastrophe nucléaire,
équivalent à ce que sera plus tard Tchernobyl, à laquelle
que les Occidentaux ne croyaient pas...
EG: Ce que ne dit pas Medvedev dans le film c'est qu'il s'est
fait traîné dans la boue. En Angleterre il a été
traité de menteur. Les gens ont dit que ce qu'il avançait
était impossible. Ils l'ont nié en bloc. Ça l'a tellement
énervé d'ailleurs qu'il a écrit un livre. L'histoire
est la suivante: on demande à Medvedev d'écrire un article
dans The Scientist. Il cite cet accident, mais il en parle comme
d'un lieu commun, sans savoir que les gens ignoraient son existence. L'article
fait l'effet d'une bombe, on peut le dire, et il découvre qu'en
Occident, l'opinion n'est pas au courant. Effectivement il a révélé
au monde occidental l'existence de l'accident de Maïak. Mais il a
fallu pas mal de temps pour que les gens l'admettent.
OB: Dans quel contexte arrive cette polémique?
EG: On est en plein choc pétrolier. L'industrie du nucléaire,
un peu comme aujourd'hui avec le développement climatique, a une
vraie possibilité de se développer. A l'époque la
question est le prix du pétrole. On attaquait alors le plan Messmer
qui est un développement en masse de l'énergie nucléaire
civile avec la construction de centrales partout. Donc révéler
cet accident tragique - il n'y avait pas encore eu Tchernobyl, on était
encore sur cette idée que le nucléaire était totalement
sûr -, c'était juste inadmissible par rapport à l'ambition
politique et industrielle. L'accident de Maïak, en 1957, caché
par les Russes et la CIA, et le nuage de Tchernobyl qui s'arrête
à la frontière française, c'est la même histoire.
OB: Vous avez rencontré de nombreux experts. Quel est
celui dont les propos vous on le plus étonné?
E G: On a rencontré pas mal d'experts, mais on a eu du mal à
avoir des gens de l'industrie... Parmi les experts indépendants
il y a les gens de la CRIIRAD qui nous accompagné tout le long du
film. Il y a deux choses. Cette région de Maïak où l'on
découvre finalement qu'il y a réellement du plutonium dans
la rivière. C'est une information tragique. Sur le terrain avec
Christian, l'ingénieur, on a passé une heure sur place. Au
bout d'une heure il a compris. Je le filmais quand il m'a dit: "on se tire,
maintenant, on a pris notre dose". Quand on est rentré en France
il m'a dit que quand il regardera le film il pensera à la dose qu'on
a pris tous les deux.
Maintenant, j'y ai passé une heure,
il y a des gens qui y vivent. Il faut être relatif par rapport à
ça. Ce qui était quand même choquant, c'est que déjà
sur le terrain on mesure une radioactivité. On a ramené un
prélèvement de boue qu'on a analysé et dans lequel
on trouve du plutonium 239. C'est la matière première
d'une bombe atomique. Ça veut dire que si on en retrouve dans la
boue, le site en a recraché massivement dans l'environnement. Cela
a une durée de vie de 16 millions d'années et le plutonium
est une matière fatale pour l'homme. Vous en ingérez et vous
avez un cancer, c'est sûr à 100%.
OB: A Hanford
aussi l'histoire est incroyable
EG: Oui, rappelons que les réacteurs nucléaires
possèdent deux circuits: un primaire et un secondaire. Dans le premier
l'eau est en contact avec les barres de combustibles qui chauffent. Et
le deuxième refroidit cette eau-là. Mais ces deux eaux ne
sont pas en contact. Dans les réacteurs du site de Hanford il n'y
avait pas de circuit primaire et secondaire, c'est l'eau de la rivière
qui passait directement dans le réacteur avant d'être rejetée
dans la rivière. Quand on a apporté cette information-là,
les conseillers techniques qu'on avait sur le film ne nous ont pas cru
et nous ont demandé de vérifier cette information. L'eau
sortait irradiée du réacteur, directement dans la rivière.
Ça a tournée plusieurs dizaines d'années comme ça.
OB: A la Hague vous filmez le tuyau qui rejette directement dans
la mer les déchets
EG: C'est un scandale environnemental permanent qui a malheureusement
toujours existé. Les usines de retraitement, même si on les
vend comme des usines de recyclages, produisent énormément
de déchets. En traitant les déchets elles en produisent énormément.
Et les déchets liquides, les plus embêtants, on les envoie
dans le courant et on le retrouve partout.
OB: Vous interviewez un expert de la Hague en présence
de son responsable de la communication. On a l'impression que ces gens
sont tiraillés, qu'ils ne savent pas où ils en sont
EG: Je ne voulais pas les charger. Une fois qu'on a vu ça
on a juste eu envie d'écrire «on est désolé
pour vous. On vous demande un truc impossible». On ne peut pas
défendre le fait de rejeter tout ce qu'on rejette dans l'environnement
sans avoir le droit de le dire. Ils sont complètement coincés
par leur stratégie de communication. On est dans le déni
total d'information. Ils arrivent à le défendre lorsqu'ils
mettent des supers experts en communication comme on risque d'en avoir
bientôt pour dire qu'on raconte n'importe quoi, mais quand on prend
les gens qui travaillent sur le site c'est ce qu'ils disent et ils ne peuvent
pas se défendre.
OB: Pour revenir à la déclaration liminaire d'Anne
Lauvergon, dans votre film, pensez-vous que cela augure d'une changement
de mentalité?
EG: Non. Je pense qu'ils sont obligés aujourd'hui de
prendre en compte le fait qu'il y a une inquiétude. Maintenant je
pense qu'ils dépensent plus de moyens sur la communication, pour
rassurer, que sur les moyens techniques pour changer ce qui pose problème.
De toute manière ils ne peuvent pas tellement changer ce qui pose
problème donc s'il y a une inquiétude c'est de la com' et
c'est ce que fait Anne Lauvergeon dans le film. Les vrais problèmes
on n'en parle pas plus.
OB: A quoi sert l'Autorité de Sûreté Nucléaire?
EG: C'est le gendarme du nucléaire. Cela sert à
quelque chose. Ce sont eux qui fixent les normes, les règles, c'est
eux qui contrôlent toutes les installations. Après, le problème,
c'est qu'ils ont une pensée qui est à fond pour l'industrie
nucléaire. Ce qu'on peut se demander c'est dans quelle mesure ils
sont indépendants et critiques.
OB: Vous évoquez le corps des mines, cette "aristocratie
républicaine" qui dirige le nucléaire. C'est spécifique
à la France, ce fonctionnement?
EG: Oui. Dans le cas du nucléaire, c'est flagrant, c'est
un pouvoir dans le pouvoir. C'est transversal. Ce qui est incroyable c'est
qu'ils sont partout, dans le domaine énergétique. Avec un
petit problème : ce sont des ingénieurs donc ils ont une
vision technique et scientifique, mais n'ont aucune représentativité
ni légitimité démocratique. Ce ne sont pas des politiques.
Ils accaparent le pouvoir, entre autres sur l'énergie, et c'est
un vrai souci.
Dans le film nous posons la question. On peut
changer les gouvernements, les ministres, à partir du moment où
celui qui décide la stratégie ne change pas, vous ne changez
rien. Ce qui explique que de droite ou de gauche, depuis le départ,
la politique nucléaire est la même. Ce n e sont pas les politiques
ni vous ni moi qui décidons. Quel pouvoir on veut avoir?
OB: Alors qu'ailleurs en Europe on commence à prendre
en compte l'avis de la population, en France cela ne change pas?
EG: Pas pour l'instant. Le rapport à la transparence
et à la démocratie est un peu en cascade. Si vous dites la
vérité les gens veulent donner leur avis et si vous leur
demandez leur avis une fois qu'ils sont informés ils refusent. Donc
c'est une industrie qui fonctionne si vous ne dites pas tout et si vous
ne posez pas de questions. C'est problématique.
OB: Comment l'industrie du nucléaire peut-elle regagner
la confiance de la populations?
EG: Dans cette impasse des déchets il n'y aura pas de
confiance tant qu'il n'y aura pas de solution apportée. Ce n'est
d'ailleurs pas forcément une réponse technique, mais peut-être
qu'informer les gens et leur demander ce qu'ils en pensent est une forme
de solution. Personnellement je pense, qu'on le fasse ou non, que l'on
développe ou non le nucléaire, que si on doit le faire il
faut que ça soit un choix collectif. C'est une industrie qui a tellement
d'impact, pour tellement de temps, c'est tellement lourd de conséquence
que si on décide qu'il faut du nucléaire pour mille raisons
décidons-le ensemble et assumons-le ensemble. Mais arrêtons
de nous le faire imposer contre notre volonté et surtout de manière
totalement occulte. |