Paris, le 14 octobre 200
ASN
Communiqué de presse
Incident sur l'installation nucléaire ATPu
(site CEA de Cadarache):
l'ASN classe au niveau 2, dresse procès-verbal
et suspend les opérations de démantèlement
L'ASN a classé le 12 octobre 2009, au
niveau 2 de l'échelle internationale de gravité des événements
nucléaires (échelle INES) qui en comporte 7, l'incident déclaré
par le CEA le 6 octobre 2009, sur l'installation nucléaire ATPu
(Atelier de Technologie du Plutonium), du site CEA de Cadarache.
L'ATPu est une installation dont le titulaire de l'autorisation est le
CEA et qui est exploitée par AREVA.
Le CEA Cadarache a informé l'ASN de
la sous-évaluation des dépôts de plutonium dans les
boîtes à gants* de l'installation. Evalués
à environ 8kg pendant la période d'exploitation de l'installation,
les dépôts récupérés à ce jour
sont, selon le CEA, de l'ordre de 22kg et le CEA estime que la quantité
totale pourrait s'élever à près de 39kg.
La division de Marseille de l'ASN a procédé
à une inspection sur l'ATPu le vendredi 9 octobre afin d'analyser
cet incident. Cette inspection a permis de confirmer que le CEA avait connaissance
de l'incident depuis le mois de juin 2009.
L'ASN a demandé une expertise de la
situation à l'IRSN, son appui technique qui lui a rendu son avis
ce jour.
L'ASN par décision du collège
n°2009-160 prise ce jour a suspendu les opérations de démantèlement
dans l'installation et a soumis leur reprise à son accord préalable.
L'incident n'a eu aucune conséquence.
Toutefois, la sous-estimation de la quantité de plutonium a conduit
à réduire fortement les marges de sécurité
prévues à la conception pour prévenir un accident
de criticité**, dont les conséquences
potentielles pour les travailleurs peuvent être importantes.
L'ASN considère que l'absence de détection
de cette sous-estimation pendant la période d'exploitation de l'installation,
ainsi que la déclaration tardive de cet événement
à l'ASN, révèlent une lacune dans la culture de sûreté
de l'exploitant et de l'opérateur industriel de l'installation.
En conséquence, l'ASN a classé cet événement
au niveau 2 de l'échelle INES, qui en compte 7.
L'ASN a dressé un procès-verbal
à l'exploitant pour non respect des modalités de déclaration
prévues par la réglementation.
L'ATPu est une installation actuellement en
démantèlement. Elle a eu pour activité principale
pendant 40 ans la production de combustible MOX pour des réacteurs
nucléaires. Le décret du 6 mars 2009 a autorisé la
mise à l'arrêt définitif et le démantèlement
de l'ATPu et l'exploitant a, depuis cette date, démarré les
opérations correspondantes en vue d'aboutir au déclassement
de l'installation. Le démantèlement avait été
précédé d'une évacuation des rebuts de fabrication
issus des activités passées de l'installation. Cette évacuation
s'est achevée en juin 2008, conformément à une décision
de l'ASN. |
Commentaire GSIEN
Le suivi de cette installation
a été insuffisant (même sous estimé). Or il
s'agit du risque de criticité . Depuis des années et lors
de toutes nos visites sur site le GSIEN a demandé des précisions
sur cette problématique "criticité"
A ATPu, le contenu des boites
à gant et surtout les dépôts dans ces boites et dans
les canalisations a été mal estimé. De fait le contenu
Pu résulte d'un calcul avec une erreur: il est donc facile de sous
estimer ou sur estimer
Si on se contente d'explications
à base de calcul et qu'on ne vérifie pas effectivement les
canalisations et les boites à gant on arrive à l'incident.
Au moment du démantèlement,
il était nécessaire non pas de faire seulement des calculs
mais de vérifier leur fiabilité. Cet important niveau a apparemment
été négligé
Ceci signifie que comme l'incident
(devenu accident de l'usine le la Hague) où 2 travailleurs ont été
contaminés parce qu'une canalisation n'avait pas été
purgée, le démantèlement est une opération
industrielle à haut risque.
Il est impératif de recommander
la prise en charge d'une analyse complète des installations (en
oubliant leur fonctionnement normal) et en se concentrant sur l'ensemble
des réseaux pour vérifier les dépôts et autres
possibilités d'incidents.
Comment a-t-on pu laisser l'installation
avec des boites à gants et des canalisations aussi polluées?
Dans quelles conditions a-t-on fait travailler le personnel?
Je pense qu'on ne sait pas former
des équipes au démantèlement.
Cette question mainte fois évoquée
est cruciale pour les années à venir et les nombreux démantèlement
à venir
* Une boîte à gants permet d'accéder
de façon sécurisée à une enceinte de confinement
dans laquelle est mise en œuvre de la matière nucléaire.
** Le risque de criticité est défini comme
le risque de démarrage d'une réaction nucléaire en
chaîne lorsqu'une masse de matière fissile trop importante
est rassemblée au même endroit.
Avis de l'IRSN sur cet événement:1,
2
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