NANCY - Les déchets radioactifs les plus dangereux
doivent être stockés en profondeur à partir de 2025
en France, mais de manière réversible: une décision
qui ne facilite pas la vie des experts, réunis avec des élus
de mercredi à vendredi pour un colloque sur ce thème à
Nancy.
Les modalités concrètes du stockage géologique profond de plus de 50.000 m3 de déchets dits de haute ou moyenne activité à vie longue (HA-VL et MA-VL), qui contiennent la quasi-totalité de la radioactivité, devront être précisées dans une loi. L'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), organisatrice du colloque sur la notion de réversibilité, précisera, d'ici 2015, les possibilités techniques de récupérer les colis, notamment les "verres" contenant les radionucléïdes issus des barres de combustible plongés au coeur des réacteurs. "La réversibilité ne doit pas compromettre la sûreté, en exploitation et après la fermeture du stockage" qui devrait durer au moins un demi-siècle, a souligné François-Michel Gonnot, président du Conseil d'administration de l'Andra. Sur la commune de Saudron, dans la Haute-Marne, près du site expérimental de stockage à grande profondeur de Bure (Meuse), l'Andra achève actuellement un Espace technologique pour montrer au public les techniques de confinement et de stockage qui seront mises en oeuvre pour les déchets radioactifs HA-VL et MA-VL. Sont notamment exposés les confinements de béton et les machines servant à pousser les fûts HA-VL depuis les galeries jusqu'au fond des alvéoles. La couche d'argile dans laquelle les galeries doivent être creusées est très imperméable et possède des propriétés ralentissant considérablement la diffusion des éléments radioactifs. (suite)
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Pour qu'ils soient récupérables, il faut que les colis stockés et la roche dans laquelle ils sont enserrés ne se déforment pas. Il faut également surveiller en permanence la radioactivité dans les alvéoles et les galeries. Plus large que celle de récupérabilité, la notion de réversibilité suppose que les générations futures puissent revenir sur les choix engagés aujourd'hui, si par exemple de nouvelles technologies de retraitement étaient inventées à l'avenir. "La réversibilité est une demande sociale que nous devons satisfaire: mais elle suppose des moyens supplémentaires", déclare Marie-Claude Dupuis, directrice générale de l'Andra. "En France, la réversibilité est imposée par la loi (pour 100 ans), ce qui n'est pas du tout le cas en Suède, où on demande un stockage profond et définitif qui n'a pas besoin du contrôle et de la surveillance de la société", souligne Saida Laârouchi-Engström, directice de l'information du public de SKB, la société suédoise en charge du combustible et de la gestion des déchets nucléaires. Elle précise néanmoins que sur le site de Forsmark, 200 km au nord de Stockholm, "nous avons voulu assurer la récupérabilité pendant la période de remplissage. On va travailler 50 ou 60 ans à mettre les colis en place, et nous ne sommes pas arrogants au point de penser que nous ferons toujours tout parfaitement". "La réversibilité pendant 100 ans pour des déchets qui sont là pour des milliers d'années, c'est quand même un peu léger", tempête pour sa part Michel Marie, animateur du Collectif contre l'enfouissement des déchets radioactifs (Cedra). "L'Andra s'est rendue compte dans les années 1995-1997 que ça coinçait localement. Quelqu'un a dit: +si on disait que ça serait réversible, ça serait beaucoup plus rassurant pour les populations locales+", suppute l'opposant. |