Ils sont 22.000 à travailler
dans les 19 centrales nucléaires de France, 22.000 agents intérimaires
embauchés par les entreprises sous-traitantes d'EDF pour assurer
notamment la maintenance et l'entretien des installations. Ce sont eux
qui assurent les tâches qui comportent le plus de risques et les
travaux les plus exposés. Aujourd'hui, la colère monte parmi
ces employés qui dénoncent le déséquilibre
entre leur statut et celui des 20.000 autres agents statutaires, salariés
d'EDF.
On les appelle "les nomades du nucléaire", ils vont de ville en ville, pour décontaminer les centrales, au gré des "arrêts de tranche", les périodes durant lesquelles les réacteurs sont arrêtés pour changer le combustible et pour assurer les travaux de maintenance. Ils connaissent toutes les centrales de France: Golfech, dans le Tarn-et-Garonne, Gravelines dans le Nord, Cattenom en Moselle, Chinon en Indre-et-Loire ou encore Chooz dans les Ardennes. Souvent sur les routes, ces agents intérimaires parcourent 40.000 à 70.000 kilomètres par an. Ils jugent leurs indemnités de déplacement si faibles (en moyenne 60 € par jour pour l'hôtel et les trois repas) qu'ils séjournent le plus souvent dans des gîtes, dans des foyers Sonacotra ou bien au camping (tentes ou caravanes). Certains, pour économiser et rapporter de l'argent à leur famille, dorment dans leur voiture. Bien souvent, ces nomades du nucléaire sont donc obligés de se contenter du confort le plus sommaire. Conditions de travail difficiles
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Pour emporter le marché, ces entreprises de sous-traitance doivent présenter à EDF les coûts les plus bas possibles. Elles réembauchent donc les intérimaires au bas de l'échelle salariale et prennent rarement en compte dans le calcul de leur rémunération l'ancienneté des employés. Autre difficulté, la représentativité syndicale. Ce roulement fréquent des entreprises de la sous-traitance rend difficile la constitution de syndicats et d'instances représentatives du personnel. Pour les intérimaires, il est donc délicat de pointer les conditions de travail et de dénoncer les pressions dont ils s'estiment être les victimes. Enfin, le statut intérimaire de ces employés rend difficile la reconnaissance d'une maladie professionnelle, en cas d'apparition de cancers liés à leur exposition aux matières radioactives. Difficile en effet d'assurer une quelconque «traçabilité» du parcours de ces salariés qui vont de chantier en chantier, ballottés également d'une entreprise de sous-traitance à une autre. Surveillance
Mouvement de grève
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