Publié le mardi 10 juillet 2012 à 10h31
Les travaux ont juste commencé: d'abord
percer le mur de béton de 17 mètres d'épaisseur qui
ferme l'entrée de la galerie où s'entassent, à - 750
m, 4.300 fûts de déchets nucléaires, stockés
là entre1977 et 1978.
On a prévu des capteurs pour palper
à distance la chambre dans tous ses coins et recoins, des instruments
de mesure pour capter les gaz, tandis que des faisceaux de lumière
livreront les premières images de la fosse.
Car on ne sait pas ce qu'on trouvera derrière
le mur bouchon une fois ouvert. L'inconnu absolu dans cet espace cathédrale
plongé dans l'obscurité totale depuis cette date.
Le percement mené à bien, il
faudra retirer les fûts un à un, les remonter à la
surface par un nouveau puits vertical annexe à créer, opérations
confiées par mesure de sécurité à une armée
de robots et d'engins manipulés de loin.
Ruptures et glissements des parois
Ainsi l'Allemagne a-t-elle décidé
de s'atteler au problème posé par l'ancienne mine sel d'Asse,
qui menace ni plus ni moins de s'effondrer et remet gravement en question
le stockage de déchets tel que pratiqué à une époque.
Les spécialistes craignent fort, en
effet, qu'avec les déplacements du terrain, les fûts aient
roulé sens dessus dessous, renversés, brisés, laissant
s'écouler au sol leur méchant contenu, même s'il ne
s'agit que de déchets de faible et moyenne radioactivité.
Au fil des ans, depuis 1967, 126.000 tonneaux
ont été enfouis dans ce lieu sur l'arc de petites collines
en Basse Saxe. Provenant essentiellement de centrales nucléaires
et de centres de recherche. Mais on ne se doutait pas à l'époque,
ou l'on ne voulait pas se préoccuper, des dégradations que
le site pourrait poser, à terme.
Sous la pression de la surface, les assises
des parois intérieures ne cessent de manifester ruptures et glissements.
Douze mille litres de saumure percent chaque jour dans la mine. Le sel
solidifié se met à fondre, cette saumure peut s'infiltrer
jusque dans les galeries les plus profondes, provoquant leur effondrement
et, en conséquence, la dispersion des mixtures dans la nappe phréatique.
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On s'interroge surtout sur l'état des
fûts et leur contenu. Probablement des contenants métalliques,
habituellement utilisés pour le transport, leur corrosion dans un
milieu salin est évaluée à quelques décennies
au maximum.
Une fois extraits
et remontés à la surface, il faudra les stocker un temps
indéterminé dans une halle intermédiaire à
construire à l'air libre ex abrupto, protégée par
des murs de 15 m de haut, nécessaire à l'entreposage, puis
à la requalification et au traitement de 400.000 m3 de
matières toxiques. Enfin, toute dernière étape, les
exporter le moment venu vers un site d'enfouissement pérenne, éventuellement
Gorleben. Mais on en est loin.
L'ensemble de l'opération apparaît
à certains comme un scénario de science-fiction. Au Bureau
fédéral de la protection nucléaire (BFS), des doutes
se faisaient jour sur la faisabilité du méga-projet. Déjà
obtenir les autorisations pour creuser un nouveau puits de sortie des colis
contaminés pourrait prendre des années, vu les probables
recours d'initiatives citoyennes.
Nombre d'experts plaidaient pour l'abandon
de l'extraction, avec un premier coût évalué à
2,3 milliards € et la perspective de difficultés, qu'on n'a
peut-être pas perçus pour le moment. La population riveraine,
elle, s'inquiète déjà. Le seul nom d'Asse déclenche
de telles inquiétudes que la bataille de la communication sera dure
à gagner.
Le temps presse cependant. Après bien
des atermoiements quant aux solutions alternatives possibles, le nouveau
ministre fédéral de l'Environnement, Peter Altmaier, en place
depuis mai, s'est rendu sur place sans tarder. Et a tranché pour
le début immédiat des travaux. |