Le Parlement européen a
rejeté le dernier accord trouvé pour le financement d'ITER,
prototype de réacteur à fusion nucléaire. Les opposants
au projet –sur lequel pèsent de nombreuses incertitudes- marquent
des points.
Mécontent de ne pas avoir été
consulté lors des négociations entre les Etats membres de
l'UE et la Commission, le Parlement européen a rejeté le
compromis trouvé en juillet dernier pour financer le projet ITER,
le prototype de réacteur nucléaire à fusion.
Un gouffre financier
«L'énergie des étoiles»
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A l'inverse des réactions de fission utilisées aujourd'hui qui fonctionnent par «cassage» d'un atome lourd en atomes plus petits, la fusion consiste à faire se rencontrer deux atomes légers (deux isotopes de l'hydrogène, le deutérium et le tritium dans le cas d'ITER) pour former un atome lourd (l'hélium). Pour réussir à vaincre la répulsion naturelle entre deux atomes, il faut d'abord séparer les noyaux de leurs électrons, ce qui n'est possible qu'à une température dépassant plusieurs dizaines de millions de degrés. La soupe atomique (on parle de «plasma») ainsi obtenue doit alors être confinée par piégeage magnétique. Les arguments en faveur du projet ne manquent pas. Source d'énergie considérable, la fusion produit des déchets qui ne sont pas ou peu radioactifs et le danger en cas d'accident nucléaire est moindre car le risque de réaction en chaîne n'existe pas. De plus le deutérium utilisé comme combustible est présent en quantité presque infinie dans l'eau de mer. Des défis techniques à relever
Nouvelles discussions en vue
Hadrien Kurkjian
Sciences et Avenir.fr |
Par Jacques Foos
Le prix Nobel Georges Charpak a surpris en mettant en cause la pertinence du projet international ITER, qui cherche à maîtriser la fusion nucléaire. Retour sur quelques uns des "avantages" contestés de ce projet scientifiquement fascinant. De nombreux physiciens s'interrogent sur la pertinence du projet de fusion contrôlée - projet ITER- mené à Cadarache par des équipes internationales de chercheurs. Certains dont le Prix Nobel Georges Charpak demandent même l'arrêt du projet. Il est vrai que certains des avantages présumés de la fusion n'apparaissent plus aussi évidents tandis que les difficultés techniques rendent le coût très lourd et les délais de réalisation considérables. Radioactivité, appétit en lithium, coût et délais
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Un défi pour les scientifiques Mais bien sûr, la maîtrise de la fusion est un formidable défi pour les sientifiques. L'histoire de la fusion est vieille comme l'Univers puisque les premières réactions nucléaires démarrent un millionième de seconde après le Big Bang! Aujourd'hui encore 90% des étoiles de l'Univers brillent par des réactions de fusion. C'est le cas de notre soleil qui consomme à chaque seconde 460 millions de tonnes d'hydrogène pour une puissance dissipée de 4 milliards de milliards de milliards de kW! En effet, les réactions de fusion sont celles qui produisent le plus d'énergie (7 fois plus que les réactions de fission utilisées dans nos réacteurs nucléaires). Toutefois, pour que des noyaux atomiques puissent fusionner, il faut les faire se toucher, ce qui nécessite, même pour les plus petits d'entre eux, des températures considérables, proches du milliard de degrés! On trouve naturellement ces températures au sein des étoiles. C'est une autre affaire si l'Homme désire re-créer de telles conditions, surtout s'il veut contrôler la réaction. Ceci explique pourquoi la première utilisation de ces réactions de fusion a été militaire, sous forme d'une bombe. Dans ce cas, il n'y a pas à contrôler la réaction; de plus, on utilise une «bombe A» classique à fission pour obtenir la température nécessaire! Le travail est beaucoup plus compliqué si on veut contrôler la réaction: il faut trouver un moyen de produire cette énergie gigantesque au départ dans des matériaux qui ne supportent pas, à l'état solide, des températures dépassant quelques milliers de degrés. D'où l'idée de confiner le plasma chaud avec des champs magnétiques. Les premières expériences ont eu lieu aux USA dès 1938 et les premiers modèles expérimentaux de réacteurs -les tokamaks- prennent leur essor dans la décennie 1958-1968. Plusieurs tokamaks fonctionnent en France, en Angleterre, au Japon, aux Etats-Unis. Le projet ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor) n'est pas encore un prototype. Il doit démontrer la faisabilité industrielle d'un réacteur de fusion. Pour cela, il faut qu'il parvienne à produire plus d'énergie qu'on ne lui en fournit pour réaliser le processus de fusion -c'est une évidence - et à contrôler ce processus pendant une durée de l'ordre de 5 minutes. Professeur au Conservatoire national des Arts et Métiers, Jacques Foos a tenu la chaire de "rayonnements, isotopes et applications", de 1983 à 2008, formant ainsi plusieurs centaines d'ingénieurs... Note:
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PARIS (AFP) - Georges
Charpak et d'autres scientifiques invitent à renoncer au réacteur
à fusion nucléaire Iter
Le prix Nobel de physique Georges Charpak et
d'autres scientifiques invitent à "renoncer" au projet
de réacteur expérimental international à fusion nucléaire
Iter, qui est "hors de prix et inutilisable", dans une tribune
publiée mardi dans le quotidien Libération.
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Contrôler la fusion nucléaire
est un "rêve ancien". La "méthode consiste
à chauffer un mélange d'hydrogène lourd (un plasma
de deutérium et de tritium) jusqu'à 100 millions de degrés",
pour que les noyaux d'atomes fusionnent, en dégageant une énergie
colossale, rappellent ces scientifiques.
Mais cela implique, écrivent-ils, de "surmonter trois difficultés majeures: maintenir le plasma à l'intérieur de l'enceinte, produire du tritium en quantités industrielles et inventer des matériaux pour enfermer ce plasma". Or, "c'est seulement à partir de 2019 qu'Iter doit commencer à étudier la première de ces difficultés", et la troisième semble "la plus redoutable". Pour ces scientifiques, on est donc "loin de la mise au point d'un prototype de centrale électrique" et de "l'avènement d'une nouvelle filière de production d'énergie". Ils estiment donc qu'au "lieu d'investir dans Iter, la communauté internationale et surtout l'Europe feraient mieux de reconstruire" une centrale nucléaire de quatrième génération, "afin d'améliorer ce que Superphénix nous a déjà appris". Les réacteurs nucléaires de quatrième génération, encore au stade de la recherche, pourraient transformer les déchets actuels en combustible et fournir "ainsi une énergie propre pour au moins cinq mille ans", assurent ces scientifiques. (NdW: !?!?) |
16/06/10 - Les Echos
L'Union européenne, principal
partenaire du programme de recherche sur la fusion thermonucléaire,
n'est pas prête à signer le document de base qui l'engage.
DE NOTRE CORRESPONDANT A MARSEILLE.
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«Nous sommes confiants», assure-t-on dans l'entourage de Máire Geoghegan-Quinn rappelant l'unanimité obtenue en faveur du projet. Ses deux autres piliers ne font en effet plus débat: les scientifiques sont d'accord pour considérer qu'un plasma d'énergie de plus de 400 secondes dans l'anneau magnétique prouvera la faisabilité industrielle de la fusion. Le planning a également été approuvé: premier plasma «à blanc» en 2019, puis premiers tests avec les combustibles (deutérium et tritium) en 2026. L'objectif sera de produire 10 fois plus d'énergie que celle nécessaire au démarrage. Une analogie de circonstance avec la situation actuelle. Une gabegie, selon les Verts
PEKIN (AFP) Le conseil d'Iter, réuni mercredi et
jeudi à Suzhou, dans l'est de la Chine, a avalisé la nomination
de son nouveau directeur, le physicien japonais Osamu Motojima, sans régler
la question des surcoûts du projet de réacteur à fusion
thermonucléaire, a-t-on appris auprès d'un délégué
européen.
Voir: Réacteur Iter: l'UE à la recherche de fonds européens pour financer le surcoût |