CONTROVERSES NUCLEAIRES !
VEILLE NUCLEAIRE INTERNATIONALE
2009

Le centre nucléaire de Cadarache
ADIT, novembre 2009
Le centre nucléaire de Cadarache, quels dangers? Quelles sont les mesures de sécurité existantes? suite de la réunion publique du 20.11.2009 à La Tour d'Aigues
de: MEDIANE <a-mediane@orange.fr>

     C'était le thème de la réunion publique, à l'initiative de Médiane, qui se tenait vendredi 20 novembre à La Tour d'Aigues, avec Michèle Rivasi, scientifique et députée européenne et Luc Siméon, médecin. La salle Philibert était bien remplie, environ 150 personnes venues écouter et poser des questions aux deux intervenants présents. Un sujet de première importance et de pleine actualité avec les récents problèmes survenus à Cadarache:  30kg de plutonium en trop dans une installation, 10kg d'uranium enrichi supérieur à la limite autorisée dans une autre...
     Cadarache n'est certes pas une centrale nucléaire telle Tricastin ou bien Marcoule pour ne parler que du sud-est, mais c'est également un site nucléaire dangereux et préoccupant.
     Cadarache est un centre nucléaire  de 1600 hectares qui compte 19 Installations Nucléaires de Base (INB) dont 1 Installation Nucléaire de Base Secrète-Propulsion Nucléaire (INBS-PN).  Il y a des réacteurs de recherche, des installations d'étude de combustibles, de conditionnement des déchets, il y a des sites d'entreposage de matières fissiles, de déchets radioactifs, il y a l'ensemble des moyens d'essais pour la propulsion nucléaire (sous-marins et porte-avions) et d'autres projets nucléaires en cours (réacteur RJH, ITER,...)
     Cadarache, c'est à ce jour  36.000 m3  de déchets radioactifs, dont des centaines de tonnes de déchets hautement radioactifs (contenant thorium, plutonium,...) très mal conditionnés et stockés dans des tranchées depuis de nombreuses années qui sont en train de contaminer sols et nappe phréatique.

     «Cadarache, quels dangers?»,  une question importante qu'il faut se poser, et mieux se la poser avant qu'un grave accident ne survienne.
     Il y a le risque radiologique:  des matières radioactives sont présentes dans les réacteurs, ateliers et laboratoires. Leurs rayonnements peuvent atteindre l'organisme humain par irradiation externe ( exposition à des rayonnements radioactifs) ou interne ( inhalation d'air contaminé ou ingestion d'aliments contaminés )
     Il y a le risque chimique et toxicologique: le centre de Cadarache utilise des produits chimiques (acides, solvants, alcools,...) et peut rejeter, en situation accidentelle, des substances toxiques (acide fluorhydrique, aérosols de sodium,...)
     Il y a le risque incendie et explosion: des matières inflammables (sodium, solvants, gaz divers) sont utilisées dans les différentes installations.
     Et il y a le risque sismique: le centre nucléaire de Cadarache est situé  sur la faille  d'Aix-en-Provence - Durance, la plus active de France, et à proximité d'une autre, celle de la Trévaresse, qui a généré le plus grave séisme jamais enregistré en France, il y a un siècle exactement (1909, intensité IX)
     Face à tous ces risques bien réels, le centre de Cadarache est soumis à un Plan Particulier d'Intervention( P.P.I). Ce plan ne concerne que les 7 communes se trouvant dans un rayon de 5 kilomètres autour de Cadarache, c'est à dire la totalité  de Saint-Paul-lez-Durance ( 13) ainsi qu'une partie des territoires communaux de Beaumont de Pertuis (84), Vinon-sur-Verdon ( 04), Ginasservis (83), Rians (83) Jouques (13) et Corbières (04), Une brochure d'information doit être à la disposition des habitants dans ces mairies.
     En cas d'accident le nuage radioactif, ou bien l'eau contaminée, ne pourra pas sortir de ce périmètre? Probablement de la même manière que le nuage radioactif de Tchernobyl s'était arrêté net aux frontières françaises en 1986!
     Et donc, que faire en cas d'alerte de grave accident nucléaire? Il semblerait que la meilleure chose à faire soit de se calfeutrer dans sa maison, de la rendre la plus étanche possible en bouchant toutes les aérations, et d'écouter la radio... en priant pour que cet enfermement ne dure pas trop longtemps et que notre proche environnement n'ait pas été trop gravement contaminé.

suite:
     Au fait, vous connaissez quel son émettra la sirène en cas d'alerte? Et vous avez une radio qui marche avec des piles ? Pour continuer à recevoir des nouvelles au cas ou l'accident entraîne une panne de courant.
     Mais c'est vrai, il y a les fameux comprimés d'iode que les pouvoirs publics sont sensés avoir distribué aux populations résidant dans ce petit périmètre. (Si vous habitez plus loin, vous pouvez tenter d'aller dans une pharmacie de ce secteur réclamer une boite) Il faut savoir que ce comprimé ne protége que de l'iode radioactif et n'a strictement aucun effet sur la contamination par les  nombreux autres éléments radioactifs rejetés (césiums, strontium, etc.,)  Et il faut le prendre tout de suite après l'accident. Si c'est comme à l'époque du nuage de Tchernobyl, que nous soyons informé de l'accident plusieurs jours après, cette pilule ne servira absolument à rien.
     Il est totalement insensé d'avoir placé sur une zone sismique aussi active un si grand nombre d'installations nucléaires et bâtiments d'entreposage de déchets radioactifs. En cas de séisme ou de grave accident, les retombées radioactives et la dissémination de plutonium dans l'atmosphère et les rivières, pourraient transformer pour des centaines, voire milliers d'années, la Provence en zone interdite, vidée de ses habitants.
     Il est indispensable que soit mis en place une balise atmosphérique dans les environs de Cadarache afin de mesurer la radio-activité ambiante et détecter toute anomalie en temps réel; une balise  qui soit gérée  par un laboratoire indépendant bien sûr, et non par le CEA. Michèle Rivasi a insisté sur ce point.
     Appel donc à tous les élus des quatre départements entourant Cadarache. Ces balises existent en Rhône-Alpes mais pas en région P.A.C.A.
     Toujours en ce qui concerne un contrôle indépendant, Médiane désire acheter un détecteur  gamma portatif  ou «scintillomètre»  (devis 5.318 €) afin de faire diverses mesures dans notre environnement proche. Nous avons obtenu 2.000 €  de subvention par le Conseil Régional. Il nous faut trouver le reste du financement. Nous faisons donc  appel à tous pour que ce projet puisse voir le jour (chèque à envoyer à l'ordre de Médiane)
     Il est urgent d'assainir et de dénucléariser le centre de Cadarache tout entier pour le transformer en centre de recherche sur les économies d'énergie et les énergies renouvelables, seules vraies solutions à la crise énergétique et climatique actuelle.
     Il est urgent que la France sorte du nucléaire avant qu'une catastrophe ne survienne. Les solutions ne manquent pas mais le lobby nucléaire bloque toute évolution vers des énergies plus propres et dilapide des milliards  de crédits de recherche.
     Le recours à l'énergie nucléaire est irresponsable et inacceptable: risques de catastrophe, production de déchets, rejets radioactifs dans l'environnement, prolifération à des fins militaires,  et condamnation des générations futures. 
     Le nucléaire dégage aussi du CO2* et ne couvre de toutes façons que 2% de la consommation mondiale d'énergie, une part si faible qu'elle a une influence quasi nulle sur le climat.
     Comment pouvons nous accepter de vivre ainsi, en terrain miné, avec une cette menace omniprésente? Rien ne justifie une telle prise de risques. Le nucléaire, fission et fusion, est une énergie du passé, une impasse dont il est de toute urgence de sortir.
Antoine Calandra, association Médiane Pertuis (84)


 
* Pour le ministre allemand de l'Environnement, Sigmard Gabriel: «Contrairement à ce qu'aiment affirmer ses partisans, l'atome produit aussi du CO2. Les mines d'uranium produisent des quantités considérables de gaz à effet de serre qui dépassent largement celles nécessaires pour mettre en place des énergies renouvelables, éolienne, hydraulique ou biogaz. Mais même une chaudière à cogénération utilisant le gaz terrestre a un bilan CO2 qui soutient facilement la comparaison avec l'énergie nucléaire».
     Cette étude fait le bilan des émissions totales de gaz à effet de serre des principales sources de production d'électricité. Il en ressort clairement que suivant l'origine de l'uranium, une centrale nucléaire allemande génère entre 31 et 61g de CO2 par KWh produit. En comparaison, les énergies renouvelables produisent des quantités moindres: seulement 23g/KWh pour l'éolien et 39 g/KWh pour l'énergie hydraulique. Seule l'électricité photovoltaïque dépasse l'électricité nucléaire avec 89g/KWh.
* Voir également: "Les émissions cachées du nucléaire"