1. "Nous maîtrisons parfaitement
notre technologie nucléaire."
Tchernobyl n'est
malheureusement pas le seul accident nucléaire. Des incidents
de moindre gravité sont survenus dans les pays industrialisés,
aux Etats-Unis, au Japon ou en Grande-Bretagne. La France a heureusement
échappé à un accident grave, mais l'a frôlé
à plusieurs reprises, par exemple: le 12 mai 1998, à
peine mis en service, le réacteur de Civaux-1, situé dans
la Vienne, un des derniers réacteurs nucléaires construits
en France, a perdu son réfrigérant suite à une rupture
de canalisation. Nous sommes passés très près d'un
autre accident majeur: dans la nuit du 27 au 28 décembre 1999,
l'arrêt d'urgence du réacteur de la centrale nucléaire
de Blaye en Gironde a été imposé après que
tous les systèmes de sécurité aient été
inondés, les digues de protection n'ayant pas résisté
à la tempête. Lors de la canicule de 2003, c'est la
centrale de Golfech qui a pris chaud. Elle a dû être arrêtée
en urgence.
2. "Le nucléaire, c'est l'indépendance
énergétique de la France."
Pour faire tourner une centrale, il faut de
l'uranium naturel. Or la France n'en produit plus et dépend
à 100% des importations, notamment du Niger et du Canada.
Le nucléaire ne couvre en France que
16% de nos besoins énergétiques, ce qui relativise
sérieusement le poids du nucléaire. On a toujours tendance
à oublier que le nucléaire ne fournit que de l'électricité.
L'atome couvre 80% de notre production électrique, mais, en dépit
des promesses, il ne nous a pas fait économiser une seule goutte
de pétrole: un Français en consomme autant que ses voisins
européens. Pire, le choix du nucléaire a poussé la
promotion du tout électrique qui, dans bien des cas, correspond
à un gaspillage inconsidéré d'énergie. La politique
énergétique française conduit donc à une double
dépendance, nucléaire pour l'électricité (80%)
et pétrolière pour les transports (95%), au détriment
de la maîtrise et de l'efficacité énergétique.
3. "Le nucléaire est une énergie propre."
Le nucléaire produit des déchets
qui s'accumulent sans qu'aucun gouvernement ni aucune institution n'ait
identifié une solution fiable permettant de contenir ces déchets,
hautement toxiques, pendant des milliers voire des millions d'années.
Les électriciens européens et Areva exportent une partie
de leurs déchets en Russie, où ils sont prétendument
valorisés: seuls 10% d'entre eux reviennent. Le reste semble abandonné
définitivement dans des conditions très insalubres.
Toutes les installations nucléaires
rejettent de la radioactivité dans l'environnement. Ces pollutions
contaminent quotidiennement et durablement les fleuves, les nappes phréatiques,
l'air, les océans...
Les seules usines
de retraitement d'Areva à La Hague (Manche) et de Sellafield (sa
cousine anglaise) constituent le rejet radioactif le plus important au
monde résultant d'une activité humaine. Un rapport
réalisé en 2001 pour le compte du Parlement européen
conclut que ce rejet est équivalent à un accident nucléaire
à grande échelle chaque année.
4. "Les déchets nucléaires tiennent dans
une piscine olympique."
Pour les seuls déchets nucléaires
les plus radioactifs, le site d'enfouissement envisagé par l'Andra*,
représentera au minimum 1.500 ha, ce qui équivaut à
15.000
piscines olympiques. En dépit de trente ans de recherche
et d'investissements colossaux, il n'existe toujours aucune solution scientifique
qui permette de gérer en toute sécurité les déchets
nucléaires. Il faut préciser que l'industrie nucléaire
continue de considérer 96% des combustibles irradiés comme
des matières valorisables et non comme des déchets, même
si une très faible partie d'entre eux sont effectivement réutilisés.
* Agence nationale des déchets radioactifs
5. "Les problèmes du nucléaire seront
vite résolus grâce aux avancées scientifiques."
La technologie nucléaire n'a guère
évolué depuis la mise en service du premier réacteur
nucléaire dans les années 40. Selon les pro-nucléaires,
la séparation des radioéléments les plus dangereux
et leur transmutation en produits moins dangereux sont l'objectif ultime
de la gestion des déchets. Cette solution aurait juste la capacité
de réduire la durée de toxicité des déchets
de plusieurs millénaires à quelques siècles! Cependant,
selon les propres termes de la Commission nationale de l'énergie
(CNE), "la transmutation est un espoir qui repose
sur des machines qui n'existe pas à ce jour"... Il faut
donc se rendre à l'évidence nous avons les déchets
nucléaires sur les bras pour encore très très longtemps.
|
suite:
6. "Le nucléaire est la solution à l'effet
de serre."
C'est vrai, le nucléaire, contrairement
au pétrole ou au charbon, produit peu de gaz à effet de serre.
Seulement, le nucléaire ne représente
que 2 % de la consommation finale d'énergie au niveau mondial.
Les 440 réacteurs nucléaires en activité dans le monde
ne permettent d'économiser que 4 à 6% des émissions
de CO2. Dans le dernier livre de Jancovici et Grandjean, polytechniciens
spécialistes des questions énergétiques, pour être
à l'échelle du problème climatique, il
faudrait construire 8.000 réacteurs en cinquante ans!
Ces réacteurs devraient être
construits dans tous les pays du monde, même dans les plus instables.
Les exemples indiens, israéliens, pakistanais et l'actualité
en Corée du Nord et en Iran démontrent qu'à partir
du nucléaire civil, on peut toujours développer du nucléaire
militaire. Enfin, les réserves d'uranium naturel sont estimées
à 70 ans environ au rythme de consommation actuelle. L'adoption
par tous les pays industrialisés du soi-disant "modèle" français
épuiserait les réserves d'uranium en 10 ans.
7. "Le nucléaire crée des emplois."
L'affectation à l'éolien du
coût du futur réacteur nucléaire EPR pourrait générer
jusqu'à 2,3 fois plus d'électricité et 5 fois plus
d'emplois. Pour info, les énergies renouvelables représentent
déjà 150.000 emplois en Allemagne
contre 18.000 dans le nucléaire! Le secteur des énergies
renouvelables est en plein boum économique, affichant des taux de
croissance de plus de 30% en moyenne. La seule application des directives
européennes en matière d'énergies renouvelables créerait
75.000 emplois d'ici à 2010.
8 . "Le nucléaire n'est pas une énergie
chère pour le citoyen français."
EDF et le gouvernement ont toujours affirmé
que le coût de l'électricité nucléaire était
très bas. Ce mensonge est possible quand on oublie les énormes
subventions reçues par la production électronucléaire
depuis ses premières heures et quand on omet de comptabiliser le
coût de la sécurisation des transports de matières
nucléaires, la gestion des déchets pendant des milliers d'années,
le financement du démantèlement pendant des décennies...
Ce sont nos enfants qui devront payer et gérer un problème
que nous avons créé. La Cour des comptes, peu suspecte de
radicalisme écologiste, a pointé du doigt à plusieurs
reprises cette incohérence de la comptabilité de l'entreprise
publique EDF. On est donc moins surpris de constater que, dans un contexte
de privatisation rampante, on parle déjà d'une augmentation
du coût de l'électricité.
9. "Le nucléaire civil n'a rien à voir
avec le nucléaire militaire."
"Il existe toujours un lien entre les
deux (civil et militaire), car le combustible idéal pour faire des
bombes, c'est le plutonium. C'est-à-dire le résidu du fonctionnement
d'une centrale." Georges Charpak, pro-nucléaire, prix Nobel
de physique.
Le modèle nucléaire que promeut
Areva dans le monde entier (des centrales nucléaires de type EPR
chargées avec du combustible mélangeant uranium et plutonium)
produit chaque année sur le seul territoire français près
de 10 tonnes de plutonium, soit l'équivalent d'environ 1.400 bombes
atomiques de type Nagasaki! Dans l'actualité, le problème
du nucléaire iranien est omniprésent. Sachez que la France,
en 1974, ira jusqu'à faire entrer l'Iran du Shah à hauteur
de 10% dans le capital d'Eurodif, l'usine "civile" d'enrichissement d'uranium
en vallée du Rhône, en échange d'une garantie de disposer
de 10% de sa production pétrolière! Et l'on ose encore prétendre
que le nucléaire est une énergie propre...
10. "Sans le nucléaire, nous retournerons à
la bougie."
Tout est dit! Une grande majorité des
Français se dit contre le nucléaire, mais ne voit pas comment
on pourrait s'en passer. Aujourd'hui, économiser
notre électricité, sans que cela ait la moindre répercussion
sur notre qualité de vie et notre développement économique,
nous permettrait de diviser par deux notre consommation d'électricité
(éteindre les veilleuses des appareils électroniques notamment
audiovisuels, utiliser des ampoules basse consommation, opter pour l'électroménager
catégorie A, mieux isoler nos bâtiments...). C'est ce que
l'on appelle l'efficacité énergétique. Les énergies
renouvelables permettraient alors de répondre largement à
la demande. À l'horizon de 2010, la production d'électricité
d'origine renouvelable devra atteindre 21% en Europe selon la directive
européenne. Pour la France, le défi consiste à passer
de 15% à 21%.
Pour tout savoir sur l‘efficacité énergétique
et prendre connaissance des solutions pratiques à adopter: http://www.greenpeace.org/france/getinvolved |