Lentement mais sûrement, l'Europe
de l'électricité voit arriver la fin des combustibles fossiles.
Les réserves de gaz naturel en mer du Nord diminuent, celles des
Pays-Bas sont quasiment épuisées et le Royaume-Uni est devenu
un importateur net. Plus loin, le Moyen-Orient est politiquement instable
et des questions se posent sur la sécurité des gazoducs en
Russie.
Les décideurs politiques commencent à se demander s'il est raisonnable de consommer de si grandes quantités de gaz naturel pour produire de l'électricité. Les turbines à gaz à cycle combiné sont faciles à construire, rentables et peu émettrices de SO2 (dioxyde de soufre) ou de NOx (oxyde d'azote), mais vaut-il mieux utiliser du gaz naturel pour produire de l'électricité ou bien pour se chauffer et cuisiner? Last but not least, l'Union européenne, signataire du protocole de Kyoto, s'est engagée à réduire ses émissions de CO2 de 8% entre 2005 et 2012. A quoi ressemblera la nouvelle politique électrique européenne? L'hydroélectricité, source d'énergie renouvelable la plus importante en Europe, y est quasiment exploitée à son maximum. Les énergies renouvelables les plus prometteuses seraient alors la biomasse et l'énergie éolienne. Peuvent-elles remplacer les centrales thermiques ou nucléaires et répondre à l'augmentation de la consommation d'électricité? C'est fort peu probable. (?! souligné par le webmaistre...) L'augmentation de la demande est autant due à l'utilisation croissante de la climatisation qu'aux réfrigérateurs, chaînes stéréo, en passant par l'électrification des lieux de travail. Avec du vent ou des forêts en abondance, l'énergie éolienne et la biomasse peuvent jouer un rôle important, comme au Danemark. Mais de nombreuses études ont montré qu'elles ne pourront pas remplacer les combustibles fossiles. Par exemple, au Danemark, 70% de la consommation d'électricité est encore couverte par des centrales thermiques. Seules deux sources d'énergie à faibles émissions en gaz carbonique peuvent remplacer les énergies fossiles : les combustibles fossiles sans émissions de gaz carbonique (séquestration du CO2) et l'énergie nucléaire. Toutes deux comportent avantages et inconvénients. Le charbon avec séquestration du gaz carbonique (réinjecté dans des grottes souterraines) est coûteux et ses atouts commerciaux ne sont pas encore éprouvés. Vattenfall, en Suède, a investi dans cette technologie qui ne pourra être commercialisée à grande échelle avant 2020-2025, et encore, avec un impact de 50% sur le prix du KWh. |
Mais le charbon lui-même est bon marché,
abondant et disponible en Europe (Allemagne, Pologne et Royaume-Uni).Quant
au nucléaire, ses coûts d'investissement sont très
élevés, le traitement à long terme des déchets
nucléaires est encore en voie de résolution (comme on peut
le voir avec le débat qui se déroule actuellement en France)
et le public reste vigilant vis-à-vis des questions de sûreté,
ce qui placera toujours celle-ci en haut de l'échelle des priorités.
Mais les centrales nucléaires produisent une électricité
fiable, sans CO2, et elles utilisent de l'uranium, bon marché
et disponible dans des pays stables comme l'Australie et le Canada.
En second lieu, la Commission européenne devrait envisager de lancer des études sur les coûts et bénéfices des deux technologies sans émissions de gaz carbonique. La décision finlandaise de construire un cinquième réacteur nucléaire, financé par des capitaux privés, et la décision de Vattenfall de construire un site pilote en Allemagne de l'Est ont dissipé quelques incertitudes économiques sur le nucléaire et sur la séquestration du gaz carbonique. Mais aucune étude détaillée de ces deux sources d'énergie n'a été réalisée à ce jour, privant les décisionnaires des éclairages dont ils ont besoin. Enfin, les médias ont besoin d'être mieux informés. Pourquoi ne pas mettre en place des forums au sein desquels les journalistes puissent discuter, avec des spécialistes universitaires réputés, de l'avenir de la politique électrique en Europe? Reste la capacité des opérateurs à faire face : construire et entretenir de grandes centrales électriques tout en assurant la distribution d'électricité est une activité très capitalistique, et le sera encore plus demain pour respecter l'environnement et la sûreté. Les opérateurs sont ainsi amenés à ne plus se limiter à la production, au transport ou à la distribution d'électricité, mais au contraire à intégrer les différents maillons de la chaîne.omment faire avancer l'examen des alternatives? D'abord par un débat ouvert et transparent sur la politique électrique de l'Europe. Ce débat fait actuellement défaut. Décisionnaires, pouvoirs publics et parties prenantes de nombreux pays estiment encore que les énergies renouvelables et les économies d'énergie se substitueront aux combustibles fossiles. En résumé, la politique électrique de l'Europe subit de profonds changements : il nous faut un débat plus ouvert et transparent sur les sources d'électricité à faibles émissions, des études coûts/bénéfices bien étayées et des médias mieux informés. J'espère sincèrement que la France montrera l'exemple sur ces questions, grâce aux débats en cours sur les déchets nucléaires et la construction d'un prototype EPR. |