En effet, on peut dire qu'on manque
de tout sauf d'énergie puisque la Terre est un système ouvert
qui reçoit son énergie du soleil et bien plus qu'il ne nous
en faut. Ce n'est donc pas l'énergie qui manque, c'est juste le
pétrole qui va être de plus en plus cher. Comment le regretter
alors qu'un prix trop bas incitait au gaspillage et qu'il est la cause
principale de l'aggravation de l'effet de serre? Ivan Illich avait bien
prédit que trop d'énergie pouvait faire exploser la société.
Il se pourrait même qu'on arrive à faire exploser la planète
avec un réchauffement trop rapide. Les scientifiques sont très
inquiets devant le dégel inattendu du permafrost (terre gelée)
en Sibérie, ce qui se traduit par un risque important de libération
du méthane qu'il contient, accélérant dramatiquement
l'effet de serre (Le Monde 11/08). A une échelle bien supérieure
c'est ce qui s'était produit lors de plusieurs extinctions de masse,
la libération de méthane augmentant considérablement
l'effet de serre (20 fois plus que le CO2) tout en appauvrissant
l'atmosphère en oxygène (ce sont les mammifères et
les dinosaures qui s'en étaient le mieux sortis au permien). On
n'en est pas là mais voilà notre horizon et ce qu'il faudrait
absolument éviter!
Au regard de cet enjeu majeur de survie la crise du pétrole constituerait plutôt une véritable opportunité, accélérant le passage de l'ère de l'énergie à l'ère de l'information (voir encadré), si on ne risquait pas le développement d'énergies encore plus polluantes, comme le charbon, et si les réserves n'étaient pas encore assez considérables pour continuer à courir à la catastrophe, sans rien changer. Pas de quoi se réjouir non plus des conséquences économiques et sociales d'une augmentation des prix du pétrole avec tous les effets de manque d'une véritable toxicomanie de nos sociétés à cette énergie trop bon marché. On pourrait en attendre au moins la confrontation avec les limites de notre mode de développement et des ressources de la planète si la France ne se particularisait par une croyance quasi religieuse dans le nucléaire, symbole de la science triomphante, malgré les risques insensés qu'on fait courir aux populations à l'ère du terrorisme technologique. Le plus probable reste que tout continue comme avant, avec simplement des carburants plus chers, privilégiant le court terme! En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'on ne peut absolument pas compter sur la sobriété individuelle, sur le changement de comportement des populations, c'est le système qu'il faut changer. Il faut proposer des énergies alternatives et opérer des changements dans l'organisation économique et sociale jusque dans l'urbanisme et l'habitation. (suite)
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suite:
La seule alternative pour absorber les surcoûts énergétiques dans l'immédiat, ce sont les "négaWatts", gisements d'économies d'énergie avec toute une gamme de mesures plus ou moins politiques. Le plus immédiat ce sont des comportements de sobriété, en premier lieu l'isolation des bâtiments. La généralisation des nouveaux éclairages par diode divisant par 10 la consommation de l'éclairage devrait commencer dans les années qui viennent. L'amélioration de l'efficacité énergétique concerne tous les appareils électriques, en particulier leur mode veille. L'énergie intelligente vise à optimiser la dépense énergétique par rapport aux besoins grâce à un pilotage informatique très fin. La construction de nouvelles maisons devrait dès maintenant répondre à de nouvelles normes écologiques, se rapprochant de ce qu'on appelle les "maisons passives" utilisant au mieux l'énergie solaire. A plus long terme une politique d'urbanisme, de transports collectifs et de ferroutage peut réduire considérablement la dépense énergétique mais le plus décisif et le plus difficile sans doute, ce serait une indispensable relocalisation de l'économie privilégiant les circuits courts, à contre-courant d'une mondialisation déchaînée qui multiplie absurdement les trajets de marchandises. Les transports et l'habitat (dans une moindre mesure) sont les deux plus gros consommateurs de pétrole. Les transports devront se recycler vers le méthanol sans doute, plutôt que l'hydrogène, et l'habitat vers le solaire mais la priorité doit rester de réduire les transports et d'isoler les habitations. L'hydrogène qu'on nous vante tant n'est qu'un moyen de stockage de l'énergie, particulièrement encombrant et difficile à manipuler, ce n'est en rien une solution même s'il sera utile pour le stockage de l'énergie renouvelable et pour des moteurs non polluants. Le méthanol est loin d'être satisfaisant, ce n'est pas la formule magique qui nous dispenserait de réduire les transports mais c'est un bon compromis qui a de nombreux avantages. La seule énergie désirable pour remplacer le pétrole, c'est le solaire dont le développement est très prometteur avec une baisse des coûts et un meilleur rendement. Avec le solaire on quitte définitivement l'ère de l'énergie pour l'ère de l'information mais cela prendra du temps et, il faut le répéter, dans l'immédiat le plus probable c'est le charbon (et d'autres hydrocarbures comme les huiles de schiste), ce qui serait vraiment catastrophique! L'avenir se joue maintenant mais la question du réalisme se pose avec de plus en plus d'acuité entre rapports de force à court terme et des enjeux vitaux à plus long terme. Qu'est-ce que le réalisme aujourd'hui? Est-ce la concurrence internationale contre laquelle on ne pourrait rien, le libéralisme qui nous dominerait pour toujours ? Est-ce la fin catastrophique du pétrole? ou bien est-ce la prise de conscience que ce monde n'est pas durable, constater la catastrophe d'un monde qui va inexorablement vers un réchauffement aux conséquences incalculables? Ce n'est pas dire que c'était tellement mieux avant, mais la maison brûle, ce n'est pas qu'un slogan, et nous devrons trouver rapidement des alternatives vivables, en premier lieu au pétrole dont les prix ont déjà commencé à flamber. |
Jean-Marc Jancovici:
> L'homme
et l'énergie, des amants terribles
> Environnement
: Faits, chiffres, calculs de coin de table et tentatives de prospective
> Qu'est-ce
qu'une réserve de pétrole?
> Articles
et autres écrits
Benjamin Dessus et Hélène Gassin:
> So
Watt? L'énergie : une affaire de citoyens
Le pic pétrolier désigne
le maximum prévisible (ou historique) de production pétrolière,
aussi bien pour un gisement, une zone ou un pays, que pour le monde. Après
ce maximum, les conditions d'exploitation font que, bien que les réserves
soient abondantes, la production ne fera que décroître.
Le terme désigne également
la crise prévisible découlant de l'épuisement des
ressources pétrolières mondiales. On entend fréquemment
le terme anglophone peak-oil, mais il s'agit en fait d'une application
particulière de la loi plus générale dite du pic de
Hubbert.
Les plus optimistes (les économistes,
les gouvernements états-unien et des pays de l'OPEP, les compagnies
pétrolières) évaluent publiquement qu'il surviendrait
vers 2030 ou après, quand les experts de l'ASPO donnent la date
de 2010, voire 2008 (bulletin officiel de l'ASPO, traduit en français).
La croissance économique rapide
de la Chine et de l'Inde incite à avancer cette date. Certains des
plus grands gisements pétroliers auraient déjà dépassé
leur pic.
Les appels de plus en plus pressants
de scientifiques à préparer nos infrastructures et notre
mode de vie à l'après pic pétrolier sont pour l'instant
peu entendus. Les solutions essentiellement pressenties sont le recours
accru aux énergies renouvelables et aux économies d'énergie,
ce qui rejoint les préoccupations liées à l'effet
de serre. Une autre piste explorée, l'usage des hydrates de méthane,
présenterait des problèmes très importants en matière
d'effet de serre.
Certains experts estiment qu'après
le pic pétrolier, la production agricole baissera en raison de la
pénurie d'engrais, dont la production est liée à la
pétrochimie, ce qui provoquerait des famines de grande échelle.
D'autres prédisent que la pénurie de carburant provoquera
une diminution de la vitesse des moyens de transport et des distances parcourues
selon le slogan : «moins vite, moins loin, moins souvent!»
Définition d'un pic pétrolier
Pour un gisement
La production de pétrole au cours du temps peut être représentée par une courbe. Cette courbe commence à zéro quand l'exploitation du gisement commence, et finit également à zéro lorsque le gisement est totalement épuisé. Entre ces deux moments, la production passe nécessairement par un maximum qui coïncide à peu près au moment où la moitié du pétrole a été extrait. Une fois le pic passé, la production ne peut que décroître. En outre, le pétrole restant est considérablement plus difficile à extraire et est donc plus cher. Il faut également noter que la production de pétrole n'est pas uniquement une question d'argent mais aussi d'énergie. En effet, le pompage et les diverses opérations mécaniques effectuées consomment de l'énergie. Quand le gisement s'épuise, il faut en dépenser de plus en plus pour extraire des quantités toujours décroissantes de pétrole. À la fin, on peut atteindre un point où l'énergie nécessaire pour extraire un litre de pétrole dépasse celle contenue dans ce même litre. Le gisement n'est alors plus une source mais un puits d'énergie et son exploitation pour le pétrole-énergie n'est plus rentable. On peut cependant encore l'exploiter comme matière première (pour les plastiques par exemple). En d'autres termes, un gisement peut être considéré comme épuisé même s'il contient encore une quantité appréciable de brut. Pour les principales régions de production
(suite)
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Calcul des réserves mondiales Il existe différentes façons de calculer les réserves de pétrole mondiales. Différents types de réserves L'estimation des réserves disponibles dans un gisement est faite lors de sa découverte : il s'agit au départ de paris de géologues et d'ingénieurs. Ces réserves sont les réserves initiales, celles sur lesquelles on se base pour calculer le prix de vente du gisement, l'investissement fait pour son exploitation, la valeur d'une entreprise. Ce premier type d'estimation est assez peu fiable, non en raison de l'avancement de la science, mais en raison des enjeux financiers : ainsi, en 1988, lors de la découverte du champ pétrolifère de Cusiana, en Colombie, la compagnie états-unienne Triton (aujourd'hui Amerada Hess) a estimé son potentiel à 3 milliards de barils, une quantité importante qui a fait remonter le cours de son action. Mais BP a fait une nouvelle estimation du gisement après avoir commencé d'extraire le brut à Cusiana: 1,5 milliard de barils. Des experts de l'ASPO pensent que ce gisement ne dépasse pas 800 millions de barils. En partant des gisements découverts, on extrapole différentes valeurs sur les réserves restantes à découvrir: * la première, appelée réserves prouvées ou F95, est la quantité de pétrole qui sera exploitée avec les moyens actuels avec une probabilité de 95%; * la deuxième, appelée réserves probables ou F50, est la quantité de pétrole qui sera produite, mais avec une probabilité de 50%; * la troisième, appelée réserves possibles F5, est la quantité de pétrole très hypothétiquement produite, si le prix de vente augmente de façon à absorber les coûts d'extraction qui seront très élevés, avec une probabilité de 5%. Ainsi, pour l'Algérie, on a F95 égal à 1,7 milliards de barils, F50 évalué à 6,9 milliards de barils et F5 estimé à 16,3 milliards de barils (données publiées par l'United States Geology Survey, dont la mission est d'informer le ministère de l'Intérieur états-unien). Ces probabilités de découverte servent à juger de l'assise financière d'un pays; mais les gouvernements comme les banques utilisent en général une valeur médiane des trois, soit 7,7 milliards de barils, qui a moins d'une chance sur deux d'être finalement découverte. Le sujet est extrêmement sensible pour les pays pétroliers: ainsi en 2002, la Douma russe a voté une loi d'après laquelle révéler les réserves de gaz et de pétrole russe est un crime passible de 7 ans de prison. Pour justifier les différentes estimations, les rapports s'appuient sur le fait qu'il existe plusieurs types de pétrole: * le pétrole conventionnel (95% de ce qui a été exploité jusqu'ici); * et le pétrole non-conventionnel: o schistes bitumeux; o sables pétrolifères; o et le pétrole inexploitable avec la technologie actuelle. Des experts estiment cependant que les quantités de pétrole non-conventionnel produites seront toujours secondaires, car l'exploitation, même possible, de ces gisements, restera toujours difficile, lente et coûteuse. Elle présente aussi le handicap fondamental d'avoir une production nette d'énergie limitée ; l'extraction et la transformation de ces pétroles non conventionnels consomment une part significative de leur énergie (30% dans le cas des sables bitumeux de l'Alberta). Cela augmente significativement la pollution générée par unité d'énergie finale. Remise en cause des estimations officielles
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Déclarations de réserves avec augmentations suspectes (en milliards de barils) d'après Colin Campbell, SunWorld, 1995
Année | Abou Dhabi | Doubaï | Iran | Irak | Koweit | Arabie Saoudite | Venezuela |
1980 | 28,00 | 1,40 | 58,00 | 31,00 | 65,40 | 163,35 | 17,87 |
1981 | 29,00 | 1,40 | 57,50 | 30,00 | 65,90 | 165,00 | 17,95 |
1982 | 30,60 | 1,27 | 57,00 | 29,70 | 64,48 | 164,60 | 20,30 |
1983 | 30,51 | 1,44 | 55,31 | 41 | 64,23 | 162,40 | 21,50 |
1984 | 30,40 | 1,44 | 51,00 | 43,00 | 63,90 | 166,00 | 24,85 |
1985 | 30,50 | 1,44 | 48,50 | 44,50 | 90,00 | 169,00 | 25,85 |
1986 | 31,00 | 1,40 | 47,88 | 44,11 | 89,77 | 168,80 | 25,59 |
1987 | 31,00 | 1,35 | 48,80 | 47,10 | 91,92 | 166,57 | 25,00 |
1988 | 92,21 | 4,00 | 92,85 | 100,00 | 91,92 | 166,98 | 56,30 |
1989 | 92,20 | 4,00 | 92,85 | 100,00 | 91,92 | 169,97 | 59,08 |
1990 | 92,20 | 4,00 | 93,00 | 100,00 | 95,00 | 258,00 | 59,00 |
1991 | 92,20 | 4,00 | 93,00 | 100,00 | 94,00 | 258,00 | 59,00 |
1992 | 92,20 | 4,00 | 93,00 | 100,00 | 94,00 | 258,00 | 62,70 |
2004 | 92,20 | 4,00 | 132,00 | 115,00 | 99,00 | 259,00 | 78,00 |
Ce tableau suggère trois choses:
1. tout d'abord, les pays producteurs affirment que les découvertes de nouveaux gisements, année après année, remplacent exactement ou presque exactement les quantités produites, puisque les réserves disponibles de ces pays ne varient quasiment pas d'une année sur l'autre. Par exemple, l'Arabie Saoudite extrait 3 milliards de barils par an, on devrait logiquement voir les réserves diminuer d'autant. De même, Abu Dhabi déclare exactement 92,2 milliards de barils depuis 1988, alors qu'en 16 ans, 14 milliards en ont été sortis de terre. Une explication avancée est que les pays du Golfe incluent le pétrole déjà produit dans les "réserves". 2. en l'absence de grandes découvertes les justifiant, les réserves annoncées par ces pays sont au moins à 45% fausses, sauf à supposer que les chiffres étaient délibérément sous-évalués jusqu'aux années 1980; cette hypothèse d'une sous-évaluation antérieure des réserves ne semble cependant pas avoir de justification. 3. on remarque clairement la surenchère entre pays: le Koweït s'étant attribué 90 milliards de barils de réserves, Abu Dhabi et l'Iran ont répondu avec des chiffres très légèrement supérieurs, afin de se garantir un quota de production similaire. Saddam Hussein, soucieux de ne pas être dépassé par des pays qu'il ne portait pas dans son cœur, a répliqué avec un chiffre arrondi à 100. D'autres exemples incitent à une extrême vigilance sur les chiffres officiels des réserves: * en janvier 2006, la revue Petroleum Intelligence Weekly a déclaré que les réserves du Koweït étaient en fait égales à seulement 48 milliards de barils, dont seulement 24 "pleinement prouvés", s'appuyant sur des "fuites" de documents confidentiels koweïtiens. Il s'agit d'une division par deux du chiffre officiel, ce qui va encore plus loin que les allégations de l'ASPO. Il n'y pas eu de démenti formel des autorités koweïtiennes. * la société Shell a annoncé le 9 janvier 2004 que 20% de ses réserves devaient passer de prouvées à possibles (c'est-à-dire incertaines). Cette annonce a fait chuter le cours de l'action et valut à la société un procès, la valeur de la société ayant ainsi été frauduleusement surévaluée. Depuis, elle a de nouveau révisé ses réserves trois fois, les faisant diminuer à 10.133 millions de barils (contre 14.500 millions). Son président, Phil Watts, a dû démissionner. |
* Comme on le remarque dans le tableau ci-dessus,
les réserves revendiquées par le Koweït avant et après
la guerre du Golfe sont les mêmes, 94 milliards de barils, bien que
les immenses incendies des puits déclenchés par les forces
iraquiennes avant de se retirer aient détruit environ 6 milliards
de barils.
* En 1970, l'Algérie, probablement sous l'influence russe, a augmenté ses «réserves prouvées», qui jusque-là se situaient aux alentours de 7-8 milliards de barils, pour les porter à 30 milliards. Deux ans plus tard, ce chiffre passe à 45 milliards. Puis les volontés politiques changent et, après 1974, le pays retourne à des chiffres inférieurs à 10 milliards de barils (fait rapporté par Jean Laherrère). * La Pemex (compagnie d'État du Mexique, qui a le monopole de l'extraction du pétrole dans le pays) a, en septembre 2002, revu ses réserves à la baisse de 53%, passant de 26,8 à 12,6 milliards de barils. Peu après, elle les a relevés sensiblement, à 15,7. * Bien sûr, il existe aussi des exemples où les réserves sont sous-estimées. En 1993, les réserves de la Guinée équatoriale se limitaient à quelques gisements insignifiants; l'Oil And Gas Journal les estimait à 12 millions de barils. Deux gisements géants et plusieurs de taille moindre ont été découverts par la suite, mais la valeur annoncée resta inchangée jusqu'en 2003. En 2002, le pays avait toujours 12 millions de barils de réserves d'après le journal, alors qu'il produisit 85 millions de barils dans l'année! De même, les réserves de l'Angola sont restées à 5,421 milliards de barils (trois chiffres significatifs, ce qui donne l'impression d'une très grande précision) de 1994 à 2003, malgré la découverte de 38 nouveaux gisements de plus de 100 millions de barils chacun. Notons enfin que la définition des réserves prouvées change selon les pays. Ainsi, aux États-Unis, la règle est de ne classer comme prouvées que les réserves qui sont en communication avec un puits en production. C'est donc une définition prudente, mais elle a pour effet que l'on peut accroître les réserves en forant un nouveau puits dans un gisement connu depuis des décennies. À l'inverse, l'Arabie Saoudite classe en réserves prouvées les gisements encore inexploités. Quant au Venezuela, il semble qu'il inclut dans ses réserves une partie des pétroles non conventionnels (bitumes) de l'Orinoco. |
L'ASPO
L'ASPO
est l'Association pour l'étude du pic pétrolier et gazier
(Association for the Study of Peak Oil and gas).
Liste des pays qui ont déjà atteint
le pic
Notes
Pétrole classique (léger, lourd, profond, polaire) | Autres réserves d'hydrocarbures | Notes | ||||||
Pays | Pic des découvertes de pétrole | Pic de la production pétrolière | Mi-point de l'épuisement de pétrole | Pic du gaz naturel | Pic du charbon | Pic des sables bitumeux, shale | ||
Amérique du Nord | ||||||||
Canada | 1958 | 1973 | 1988 | 2002 | Importance du pétrole extra-lourd | |||
Etats-Unis | 1930 | 1971 | 2003 | 1974 | Cas d'école du peak oil, King Hubbert | |||
Mexique | 1977 | 2003 | 1999 | En phase de plateau | ||||
Amérique du Sud | ||||||||
Argentine | 1960 | 1998 | 1994 | |||||
Colombie | 1992 | 1999 | 1999 | |||||
Venezuela (1) | 1941 | 1970 | 2003 | Importance du pétrole extra-lourd | ||||
Chili | 1960 | 1982 | 1979 | ~1980 | ||||
Equateur (2) | 1969 | 2004 | 2007 | |||||
Perou | 1861 | 1983 | 1988 | |||||
Trinidad | 1969 | 1978 | 1983 | |||||
Europe | ||||||||
Albanie | 1928 | 1983 | 1986 | |||||
Autriche | 1947 | 1955 | 1970 | |||||
Croatie | 1950 | 1988 | 1987 | |||||
Danemark | 1971 | 2002 | 2004 | |||||
France | 1958 | 1988 | 1987 | 1978 | ||||
Allemagne | 1952 | 1966 | 1977 | 1979 | ||||
Hongrie | 1964 | 1987 | 1987 | |||||
Italie | 1981 | 1997 | 2005 | 1994 | ||||
Pays-Bas | 1980 | 1987 | 1991 | 1976 | Production de gaz réglementée | |||
Norvège | 1979 | 2003 | 2003 | |||||
Roumanie | 1857 | 1976 | 1970 | 1982 | Fut le premier pays producteur | |||
Ukraine | 1962 | 1970 | 1984 | avt 1985 | ||||
Royaume-Uni | 1974 | 1999 | 1998 | 2000 | Offshore, déclin très rapide | |||
Afrique | ||||||||
Cameroun | 1977 | 1986 | 1994 | |||||
Rép. Congo | 1984 | 2001 | 2000 | 2e pic possible grâce à l'offshore lointain | ||||
Egypte | 1965 | 1995 | 2007 | |||||
Gabon | 1985 | 1996 | 1997 | |||||
Libye | 1961 | 1970 | 1998 | |||||
Tunisie | 1971 | 1981 | 1998 | |||||
Moyen-Orient | ||||||||
Bahrein | 1932 | 1970 | 1977 | |||||
Oman | 1962 | 2001 | 2003 | |||||
Qatar (1) | 1940 | 2004 | 1998 | Immenses réserves de gaz | ||||
Syrie | 1966 | 1995 | 1998 | |||||
Yemen | 1978 | 1999 | 2003 | |||||
Eurasie et Asie centrale | ||||||||
Turquie | 1969 | 1991 | 1992 | |||||
Ouzbekistan | 1992 | 1998 | 2008 | |||||
Reste de l'Asie | ||||||||
Brunei | 1929 | 1978 | 1989 | 2003? | ||||
Chine | 1953 | 2003 | 2003 | |||||
Inde | 1974 | 2004 | 2003 | |||||
Indonésie (1) | 1955 | 1977 | 1992 | Pic secondaire en 1996 | ||||
Malaisie | 1973 | 2004 | 2002 | En phase de plateau | ||||
Pakistan | 1983 | 1992 | 2001 | |||||
Thaïlande | 1981 | 2005? | 2008 | |||||
Océanie | ||||||||
PNG | 1987 | 1993 | 2007 | |||||
Australie | 1967 | 2000 | 2000 | Déclin très rapide | ||||
Nlle-Zélande | Pénurie de gaz, crise économique |
Conséquences sur l'économie
Le pétrole connaît quatre débouchés principaux. Les deux premiers utilisent son potentiel énergétique, il s'agit des transports et de l'énergie domestique: chauffage en grande partie, et électricité. Il fournit au total 40% de ressources énergétiques consommées annuellement sur la planète. Les deux autres utilisent une part significativement moins importante de la production pétrolière, mais l'un est essentiel dans nos sociétés, il s'agit de l'agriculture, et l'autre est devenu incontournable comme fournisseur de matières premières légères, il s'agit de la plasturgie. Le prix des énergies devrait beaucoup augmenter, compte tenu de la demande croissante. La conversion des infrastructures énergétiques est un processus long, de plusieurs dizaines d'années, les solutions technologiques de remplacement existent, mais il est probable que le retard qui est pris dans la mise en place de ces alternatives génère un choc d'autant plus violent que la prise de conscience de l'impact économique sera tardive. Transports
Énergie domestique
Les économies d'énergie possibles sont
à envisager. Il est possible de réduire de 50 à 80%
les dépenses d'énergie domestique, par exemple avec des habitations
ne nécessitant pas de chauffage, seule une ventilation mécanique
étant nécessaire (cette méthode est basée principalement
sur l'isolation et l'effet de serre des vitres).
Agriculture
Plasturgie
(suite)
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suite:
Il est désormais possible de produire certaines matières plastiques en utilisant des végétaux ou des bactéries; mais pas dans la gamme de diversité obtenue par la pétrochimie traditionnelle. Ces produits ne sont pas encore non plus finalisés pour une utilisation industrielle: * les surfaces de production agricole ne peuvent pas être immédiatement concédées à ces cultures industrielles (si elles le sont, ce sera sans doute au détriment d'autres cultures, les jachères ne suffisant pas); * la filière industrielle reste à créer. Enfin, compte-tenu de l'impossibilité de consacrer une trop grande partie des terres agricoles à des productions non nutritives, la voie du recyclage des matériaux doit être privilégiée. Conséquences géopolitiques
Historique des guerres du pétrole
Importateurs principaux
Politique de prépositionnement: États-Unis d'Amérique,
Chine
|
Conclusion
Contrairement à leur promesse faite en mai
2004, les pays de l'OPEP ne sont pas parvenus à augmenter leur production,
et l'ensemble des infrastructures pétrolières (de la production
au raffinage) ont atteint un seuil maximal d'activité. Cela signifie
qu'il est impossible de produire et de transformer plus de pétrole
en 2005 qu'en 2004, d'autant plus que les investissements prévus
en 2005 sont nettement inférieurs à ceux faits en 2004, essentiellement
pour maintenir la production du brut. Cela semble confirmer que l'on a
bien atteint un plafond de la production de pétrole et confirmerait
l'imminence du pic pétrolier.
Le 11 octobre 2004, le baril de brut a de nouveau
franchi un plus haut historique au New York Mercantile Exchange
(NYMEX), en s'établissant à 53,42 $. Depuis le début
de l'année, la hausse se chiffre à 64%. Quant au baril de
Brent, il a pour la première fois franchi la barre symbolique des
50 $ le même jour. Depuis la mi-janvier 2005, le baril de brut se
situe au-dessus de 45 $. De même, depuis fin février 2005,
celui ci n'est jamais retombé en dessous de 50$, avec des pointes
à 57 $. En mars, lors d'une séance d'échange, une
transaction a atteint les 100 $ le baril.
Le prix du baril atteint un chiffre record de 70,47
$ le baril le 30 août 2005.
Le 11 février 2006, Kenneth Deffeyes, professeur
à l'Université de Princeton et expert pétrolier ayant
travaillé entre autres pour Shell, (en) annonce que pour lui le
pic pétrolier a été atteint le 16 décembre
2005 avec 1.006 milliards de barils produits depuis le début de
l'ère du pétrole.
Voir aussi articles connexes:
* American
way of life
* Choc
pétrolier
* Régions
pétrolières
* Pic
de Hubbert
* Pétrole
apocalypse d'Yves
Cochet
* La
Vie après le pétrole de Jean-Luc
Wingert
* Pic
gazier
Liens externes:
* Site dédié
à la fin de l'âge du pétrole
o Wiki
consacré aux pics pétrolier et gazier sous GFDL
* Introduction
au pic pétrolier
* Le «peak
oil», bombe à retardement du XXe siècle
* Dossier
sur l'impasse énergétique actuelle
* Peak
Oil: sommes-nous prêts?
* http://aprespetrole.online.fr/index.html
* http://www.hubbertpeak.com
* http://www.princeton.edu/hubbert/current-events.html
(en anglais)
* Le
croquemitaine de la pénurie pétrolière, par Corentin
de Salle, docteur en philosophie et licencié en droit.