Le devenir des combustibles usés
déchargés des centrales nucléaires est toujours aussi
préoccupant et la dimension du problème croît avec
la poursuite des programmes électro-nucléaires. Nous avons
déjà abordé cette question dans deux numéros
de la Gazette: le N°4 et
le N°12 et d'une façon
connexe dans le N°7 qui traite
de la prolifération nucléaire mais il nous faut une nouvelle
fois revenir sur ce sujet. En effet, le retraitement est un élément
central des diverses stratégies énergétiques basées
sur l'utilisation de l'énergie de fission mais force est de
constater qu'il est généralement excamoté dans les
discours officiels et ce de plusieurs façons:
- la méthode française, voire anglaise, consistant à n'affirmer que le retraitement est éjà industriellement opérationnel, - la méthode des autres pays européens et du Japon déclarant que la France sait faire, - la méthode américaine, voire suédoise, affirmant qu'il vaut mieux de ne pas retraiter. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'aucune de ces propositions n'est très sérieuse. En effet, ne pas retraiter, c'est simplement repousser le problème de la gestion des déchets (on ne pourra éternellement stocker en piscine) et faire peu de cas de l'approvisionnement en uranium dans les années qui viennent. Retraiter suppose que l'on sache le faire, ce qui est loin d'être le cas et ne résoud en rien la question du devenir des déchets. Ces incohérences, pour ne pas dire ces absurdités, ne semblent pas troubler autre mesure les partisans du développement de l'énergie électro-nucléaire qui paraissent se réfugier dans la certitude indéfectible que les progrès scientifiques et techniques finiront bien par résoudre ce point «gênant». |
Si la France paraît, mieux que les autres,
posséder le problème, ce n'est pas seulement à cause
du travail des techniciens du CEA. C'est aussi grâce à cette
caractéristique de la technocratie jacobine et française
qui consiste à avoir la tête si loin des pieds qu'elle est
sans doute la plus adaptée pour pouvoir pratiquer simultanément
la fuite en avant et la politique de l'autruche.
Que l'on en juge: - La COGEMA pratique le bluff en affirmant qu elle peut retraiter et elle passe des contrats tous azimuts, elle espère ainsi résoudre la situation de panne actuelle en se procurant de l'argent pour consrtruire de nouvelles installations. - Les divers gouvernements des pays qui passent des commandes de retraitement ferment les yeux car vis-à-vis de leur opinion publique, ils prétendent ainsi avoir résolu la question des déchets. Avec ce jeu de prestidigitateur on peut ainsi poursuivre la construction de centrales à eau légère et même prétendre lancer un programme de surgénérateur. Cette situation ne peut pas durer et il faudra un jour payer tout l'arriéré de cette politique. Et ce n'est pas un des moindres paradoxes de la situation actuelle que de voir la difficulté que paraît éprouver la classe politique à se saisir d'un problème pourtant essentiellement de son ressort. Ignorance, peur devant l'énormité du problème, confiance dans la technocratie... Quelle qu'en soit la raison, cet état de fait doit disparaître Nous espérons y contribuer modestement par ce numéro de la Gazette. p.1
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