La G@zette Nucléaire sur le Net!
N°24, février 1979
numérisation assurée par A.Vérignon/GSIEN

LE RETRAITEMENT
EDITORIAL / SOMMAIRE
 
     Le devenir des combustibles usés déchargés des centrales nucléaires est toujours aussi préoccupant et la dimension du problème croît avec la poursuite des programmes électro-nucléaires. Nous avons déjà abordé cette question dans deux numéros de la Gazette: le N°4 et le N°12 et d'une façon connexe dans le N°7 qui traite de la prolifération nucléaire mais il nous faut une nouvelle fois revenir sur ce sujet. En effet, le retraitement est un élément central des diverses stratégies énergétiques basées sur l'utilisation de l'énergie de fission  mais force est de constater qu'il est généralement excamoté dans les discours officiels et ce de plusieurs façons:
     - la méthode française, voire anglaise, consistant à n'affirmer que le retraitement est éjà industriellement opérationnel,
     - la méthode des autres pays européens et du Japon déclarant que la France sait faire,
     - la méthode américaine, voire suédoise, affirmant qu'il vaut mieux de ne pas retraiter.
     Le moins que l'on puisse dire c'est qu'aucune de ces propositions n'est très sérieuse. En effet, ne pas retraiter, c'est simplement repousser le problème de la gestion des déchets (on ne pourra éternellement stocker en piscine) et faire peu de cas de l'approvisionnement en uranium dans les années qui viennent. Retraiter suppose que l'on sache le faire, ce qui est loin d'être le cas et ne résoud en rien la question du devenir des déchets.
     Ces incohérences, pour ne pas dire ces absurdités, ne semblent pas troubler autre mesure les partisans du développement de l'énergie électro-nucléaire qui paraissent se réfugier dans la certitude indéfectible que les progrès scientifiques et techniques finiront bien par résoudre ce point «gênant».
     Si la France paraît, mieux que les autres, posséder le problème, ce n'est pas seulement à cause du travail des techniciens du CEA. C'est aussi grâce à cette caractéristique de la technocratie jacobine et française qui consiste à avoir la tête si loin des pieds qu'elle est sans doute la plus adaptée pour pouvoir pratiquer simultanément la fuite en avant et la politique de l'autruche.
     Que l'on en juge:
     - La COGEMA pratique le bluff en affirmant qu elle peut retraiter et elle passe des contrats tous azimuts, elle espère ainsi résoudre la situation de panne actuelle en se procurant de l'argent pour consrtruire de nouvelles installations.
     - Les divers gouvernements des pays qui passent des commandes de retraitement ferment les yeux car vis-à-vis de leur opinion publique, ils prétendent ainsi avoir résolu la question des déchets.
     Avec ce jeu de prestidigitateur on peut ainsi poursuivre la construction de centrales à eau légère et même prétendre lancer un programme de surgénérateur. Cette situation ne peut pas durer et il faudra un jour payer tout l'arriéré de cette politique. Et ce n'est pas un des moindres paradoxes de la situation actuelle que de voir la difficulté que paraît éprouver la classe politique à se saisir d'un problème pourtant essentiellement de son ressort. Ignorance, peur devant l'énormité du problème, confiance dans la technocratie... Quelle qu'en soit la raison, cet état de fait doit disparaître Nous espérons y contribuer modestement par ce numéro de la Gazette.
p.1

SOMMAIRE
EDITO
1. Résumé introductif 2. Aspects techniques
3. Impact sur les personnels travaillant dans les usines de retraitement; Annexe: le CESE et les déchets radioactifs

Année 1979
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