1980, c'est l'année qui devrait marquer le début des mises en service industrielles des tranches nucléaires du programme «Messmer» au rythme d'une tous les deux mois. Mais, 1980 c'est aussi l'année qui verra s'instituer aux Etats-Unis un moratoire de fait sur l'électronucléaire, suite à la publication des rapports Kemeny et de la NRC (National Regulatory Commission). Il a en effet été décidé de suspendre la délivrance d'exploitation des centrales nucléaires en construction. Nous ne reprendrons ici qu'une phrase du rapport Kemeny citée d'ailleurs par la Revue Générale du Nucléaire: «La croyance en une sécurité suffisante des centrales nucléaires est devenue une conviction. Cette attitude doit être modifiée. Il faut savoir que la puissance nucléaire est potentiellement dangereuse de par sa nature même et qu'il faut continuellement se demander si les sauvegardes déjà en place suffiront à prévenir des accidents graves.» Quelle différence d'attitude avec la France où pouvoirs publics et Direction d'EDF semblent voduloir démarrer à tout prix les installations sans doute pour montrer qu'il n'y a pas de problèmes, alors que justement ceux-ci sont en train d'apparaître lors des essais. Les fissures découvertes en particulier dans l'acier des tubulures de cuves demeurent toujours aussi préoccupantes tant sur l'aspect de la connaissance de leur évolution que sur l'hypothèse de les réparer. Il semble bien à ce niveau, au vu des documents dont nous disposons, que les directions d'EDF et de Framatome, informées du problème, aient pris la décision de ne pas réparer, conscientes que cela ne sera pas possible et donc acceptent les risques écologiques et économiques. Au nom de qui, au fait, prennent-elles de telles décisions? A cette affaire des fissures s'ajoutent maintenant le fonctionnement incertain des vannes et soupapes du pressuriseur (mises en cause dans l'accident de TM.I.) et le grippage des soupapes du circuit de refroidissement du réacteur à l'arrêt (RRA, voir encart 1). Sans compter que l'on parle de démarrer les réacteurs alors que beaucoup de matériels n'ont toujours pas été qualifiés par des essais de simulation. Il faut dire que les installations d'essais ne sont pas encore finies... Nous sommes lus aussi, nous le savons, par les partisans du programme électronucléaire et c'est à eux que nous voudrions nous adresser. Il y a quelque chose de surprenant dans le «débat» nucléaire et particulièrement en France. Vous vous dites convaincus de la justesse de vos vues qui s'appuient sur un dossier solide, qui démontre de façon péremptoire que l'électronucléaire est une solution techniquement, économiquement, et écologiquement la meilleure pour la France. Vous admettrez que ces seules affirmations ne suffisent pas et qu'il est normal, nous allions écrire démocratique, de pouvoir en discuter et pour cela de disposer des dossiers sur lesquels vous vous appuyez. Quand nous disons dossiers, nous ne voulons pas dire les opuscules dits d'information que les Services des Relations publiques d'EDF, du CEA dispensent largement tous azimuts. Non. Nous voulons dire les études de base, celles qui sont faites réellement et auxquelles nous avons parfois «accès». Pourquoi ne pas les diffuser, autoriser leur accès, permettre leur discussion? (suite)
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suite:
Si vous n'avez aucune crainte, pourquoi ne pas développer le débat démocratique en «pliant la technologie aux décisions de la démocratie» comme le dit M. Giraud (voir partie I de la présente Gazette)? Pourquoi ne pas organiser des auditions publiques contradictoires du style des «hearings» anglo-saxons? Or, au lieu d'une telle pratique, intervient la décision de charger les réacteurs de Gravelines, Dampierre et Tricastin, au vu, nous dit-on, de rapports clairs des services de sûreté, mais que l'on ne rend pas publics. Tout cela n'est pas très «raisonnable» et ce n'est pas le rapport de l'Académie des Sciences (voir partie III) qui nous convaincra. Il nous paraît inquiétant au contraire qu'une telle chose puisse être faite. Avec ce trente et unième numéro, la Gazette entre dans sa quatrième année* et hélas, serions-nous tentés de dire, se porte bien. Hélas, car cela veut dire que le programme se poursuit sans inflexion, ni correction. Pour ses quatre bougies, le collectif de rédaction a décidé d'apporter quelques petites modifications qui seront, espérons-le, des améliorations. Tout d'abord, suite à la demande des militants qui nous lisent et trouvent le texte parfois difficile, nous nous efforcerons de donner les grandes lignes du numéro dans un résumé introductif. Ensuite nous nous efforcerons de publier quelques nouvelles brèves qui seront, pour la plupart, des extraits commentés d'articles de revues spécialisées françaises et étrangères. Nous espérons que tout cela rendra plus attrayante la lecture de la Gazette. Nous attendons remarques et observations. Mais n'oubliez pas que l'équipe est bénévole, fait cela «en plus» et que nous ne pouvons tout faire. Notre seule diffusion, c'est l'abonnement ou la vente militante; c'est aussi ce qui nous permet de couvrir les frais de composition, d'impression et d'envoi. Alors, si vous êtes convaincus que nous devons continuer à exister, n'oubliez pas de vous réabonner quand votre abonnement est expiré, nous avons hélas nombre de lecteurs que nous continuons à servir gratuitement et nous ne pouvons faire des relances suivies... faute de moyens. D'autre part, l'amélioration du service est liée à notre disponibilité financière, alors essayez de développer l'abonnement autour de vous, il nous sera peut-être possible d'engager un permanent à mi-temps ce qui nous serait très utile... RAPPEL La signature de la pétition nationale se poursuit; il est toujours et il est même portant que cela soit un succès. Alors signez, faites signer autour de vous. Reproduisez le modèle que nous avons publié dans le numéro 29 (recto-verso) et diffusez-le autour de vous. N'oubliez pas de renvoyer les exemplaires remplis au secrétariat de la pétition: 14 bis, rue de l'Arbalette, 75005 Paris. Dernière heure Le Ministère de l'industrie a annoncé que la divergence des réacteurs Gravelines I et Dampierre I était retardée sans plus fournir d'explications que pour autoriser le chargement. On croit savoir que certains services ne sont pas contents. p.1
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Pour un débat démocratique sur l'énergie (pétition signée par près d'un million de citoyens, dont le citoyen François Mitterrand...) · Je m'oppose au choix du «tout
nucléaire» fait par le gouvernement.
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