La G@zette Nucléaire sur le Net!
N°30, octobre 1979

FICHES TECHNIQUES (2)
EDITORIAL / SOMMAIRE
 
     Avec  quatre  nouvelles  fiches techniques du GSIEN. la Gazette aborde une nouvelle fois le dossier difficile et controversé de l'effet des faibles doses de radiations ionisantes. Difficile car il y a peu de données sérieuses disponibles et il manque le recul dans le temps pour pouvoir juger des effets à long terme. Dans un prochain numéro nous aborderons la question de la règlementation relative aux doses «admissibles». Nous en verrons l'évolution au travers des recommandations de la Commission Internationale sur les Rayonnements Ionisants (CIPR). Ce sujet, au fur et à mesure de la mise en route du programme électronucléaire français, verra son importance croître, particulièrement pour les travailleurs du nucléaire. D'ores et déjà il apparaît que l'exploitation des installations ne sera pas sans poser des problèmes sérieux et qu'il est fort à craindre que les interventions en zone «chaude» se multiplieront, accroissant à la fois dose totale, dose maximum et dose moyenne reçues par le personnel. Il ne s'agit pas ici d'être pessimiste par nature, mais tout au  plus réaliste, voir la récente affaire des fissures et plus  récemment les inquiétudes relatives  au  fonctionnement des
soupapes du  pressuriseur et des soupapes du circuit de refroidissement du réacteur à l'arrêt (RRA), sans compter diverses interrogations sur le matériel électrique. Tout se passe comme si  plus la divergence des centrales approche, plus les inquiétudes se développent et plus les langues se délient. Alors s'agit-il d'une inquiétude, du trac en quelque sorte, avant de passer à l'irréversible, c'est-à-dire l'activation progressive des circuits?
     Il semble bien, malheureusement. que non et que la précipitation, le manque de données sur le fonctionnement des tranches P.W.R., la complexité des phénomènes donnent au total l'impression d'une improvisation de plus en plus hasardeuse. Face à cela, Direction d'EDF et Gouvernement jouent la carte de la fuite en avant en rejetant à plus tard l'étude et la résolution des problèmes qui se posent. A cela s'ajoute l'espèce de concurrence imbécile entre les sites pour être les premiers à démarrer au point de se réjouir des «incidents» pouvant survenir sur un autre site. Tout ceci se traduit par une fébrilité inquiétante, en particulier sur les trois premiers sites du Tricastin, de Gravelines et de Dampierre.
suite:
Le moins que l'on puisse dire c'est que cette attitude des «responsables» est proprement irresponsable et est jugée telle par une partie de plus en plus grande des personnels directement concernés. Le malaise grandit encore renforcé par la politique du secret, en particulier entre ceux qui construisent et ceux qui auront à exploiter. Ceci explique sans doute qu'aux dernières élections professionnelles à EDF, le 8 novembre, on ait pu voir que l'organisation syndicale la plus critique sur le programme nucléaire, c'est-à-dire la CFDT, était la seule à progresser et qu'en général elle était en tête dans les secteurs nucléaires et sur les chanticrs de construction. A noter également que c'est le plus fort déplacement de voix constaté depuis la fondation d'EDF. Tout ceci n'est pas sans signification et doit interroger la Direction d'EDF.
     Pour finir cet éditorial, nous reviendrons sur la pétition nationale «Pour une autre politique de l'énergie, pour un débat démocratique sur l'énergie»
     La campagne va démarrer vraiment courant décembre pour se poursuivre jusqu'à la fin février. Il est important, très important même, que le maximum de signatures soit recueilli. Or on peut constater actuellement  le peu de chaleur des militants pour faire signer autour d'eux. Sans doute l'impression que la méthode d'action est hors de proportion avec l'enjeu et qu'une pétition de plus ou de   moins... pour un objectif national... Bref, un sentiment d'impuissance accompagne la résignation devant l'inéluctable.
     Eh bien  nous  pensons qu'il faut surmonter cet état d'âme et bien comprendre l'intérêt de cette pétition et la puissance que représentera plus d'un million de signatures.
     Quel candidat  aux  présidentielles pourra ignorer le problème ainsi posé? Il est temps, plus que temps que le débat sorte de l'espèce de champ clos où il se trouve actuellement pour que chacun soit informé et que l'avenir puisse etre choisi par le plus grand nombre et non par une minorité discrète.
     Pour ceux qui auraient égaré le numéro précédent, nous joignons ci-dessous un exemplaire de la pétition.
p.1

Pour une autre politique de l'énergie
Pour un débat démocratique sur l'énergie
(pétition signée par près d'un million de citoyens, dont le citoyen François Mitterrand...)

· Je m'oppose au choix du «tout nucléaire» fait par le gouvernement.
· J'exige la levée du secret qui entoure toutes les décisions concernant l'énergie, la mise en place de moyens d'information décentralisés et indépendants et le renforcement des mesures de sécurité pour les travailleurs et la population.
· J'affirme que pour faire face à la crise il faut un nouveau type de développement fondé sur les besoins des travailleurs et des populations et sur des réalités régionales. Il s'agit d'imposer une politique qui économise les ressources non  renouvelables, utilise toutes les ressources non exploitées en France et s'appuie sur un vaste plan de développement des énergies nouvelles. Cette politique alternative est susceptible de créer, à terme, des centaines de milliers d'emplois nouveaux.
· Je demande l'organisation d'un large débat public et contradictoire sur la politique énergétique de notre pays, ce qui implique:
     - des consultations et des décisions démocratiques sur les grands choix énergétiques aux niveaux régional et national
     - la suspension du programme électro-nucléaire actuel tant que le débat démocratique n'aura pas été conduit à son terme.

Une fois n'est pas coutume; violant son habitude, la Gazette publie une annonce...

Nous faisons appel à nos lecteurs et plus précisément, à leurs finances, pour qu'ils aident à la réalisation d'un film. Nous ne doutons pas de la réponse lorsque nous leur aurons dit que l'équipe de «Condamnés à réussir» a décidé de récidiver et de réaliser un second film sur l'énergie. «Condamnés à réussir» c'est cette excellente réalisation sur les conditions de travail à la Hague, qui circule, non seulement en France, mais aussi en Italie, en Allemagne, en Suède, aux Etats-Unis...
Chacun comprendra l'intérêt et la force d'impact du cinéma pour expliquer, informer, sensibiliser. Mais il faut de l'argent, beaucoup d'argent et c'est la raison pour laquelle nous faisons appel à nos lecteurs: envoyez, si cela vous est possible, 100 F ou plus - ou moins (!) à

T. LERAY, 59, rue A. Pajeaud  92160 Antony
CCP Paris - 1488303 B

P.S. - Dans le cas où le film ne se ferait pas faute d'argent, votre contribution vous serait bien sur retournée.

SOMMAIRE
EDITO
Fiche technique N°34: effets des faibles doses de rayonnements
Fiche technique N°35: effets biologiques des faibles doses de rayonnement ionisant
Fiche technique N°36: les mines d'uranium, les effets de la contamination par le radon
Fiche technique N°37: sur quelques aspects peu scientifiques d'études récentes sur les effets radiologiques des faibles doses

Année 1979
G@zette précédente          G@zette suivante
REnews 1979: base de données environnementale internationale