EN GUISE DE CONCLUSION
(Original p. 86 à 88)
«Cherchez le pétrole»
est devenu la clé des comédies et tragédies internationales,
comme «cherchez la femme» est la clé des tragédies
et comédies humaines». (Un député à
la tribune de la Chambre 1928).
«Cherchez le gaspi»
est devenu la clé... Nous avons ratissé l'économie
française, secteur par secteur, pour recenser toutes les variétés
de «gaspi» qui se nourrissent de notre pétrole. Cette
battue nous a permis d'évaluer non seulement les réserves
présentes mais, connaissant le rythme de prolifération de
cette espèce parasite, également d'en estimer l'effectif
futur dans l'hypothèse où on les laisse se développer
sans agir.
Si l'on ne fait rien, en 1990,
ils seront 60 millions, plus d'un par Français. Comme on le sait,
de par sa définition administrative, le gaspi se nourrit d'une tonne
de pétrole ou d'équivalent par an. Pour peu que celui-ci
coûte, d'ici-là, deux fois plus cher qu'aujourd'hui, cela
fera entre 2.000 et 4.000 F par an et par Français... presque un
treizième mois. Ce n'est pas catastrophique, mais cela mérite
réflexion; et il faut être conscient qu'en cas de pénurie,
les gaspis seront toujours là pour ronger nos stocks: ce n'est certainement
pas eux qui réduiront leur consommation!... et il sera trop tard
pour ouvrir la chasse.
60 MTep, c'est l'ordre de grandeur
du programme nucléaire. Si l'on ne s'attaque pas aux gaspillages,
on peut considérer que l'on aura fait le nucléaire pour rien
et les pêcheurs bretons auront le plaisir de voir passer quelques
centaines de «Torrey Canyon» de plus. |
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Ce serait d'autant plus absurde
que la chasse aux gaspis est une opération rentable. Rentable, cela
veut dire remboursable en cinq ans pour les entreprises, en huit-neuf ans
pour les ménages et pour l'Etat.
Mais rentable ne signifie pas
gratuit et l'éradication des gaspis risque de coûter quelque
450 à 500 milliards de francs. Etalée sur dix ans, cette
somme très importante est en fait très vite remboursée
par les économies qu'elle procure. De plus, elle représente,
pour une large part, des salaires qui seront versés à l'armée
des chasseurs de gaspis, lesquels - les futurs chasseurs, pas les gaspis,
hélas! - sont actuellement bien désoeuvrés. Le seul
point noir de l'opération est qu'il faille aller à l'étranger
acheter une grande partie de leurs fusils. Sauf cette ombre au tableau,
le bilan de l'opération est vraiment très positif.
Mais la lutte antigaspi est
une opération trop sérieuse pour être laissée
aux seuls chasseurs. Ne vont-ils pas se mettre à nous espionner,
à nous soupçonner, au moindre geste, d'intelligence avec
l'ennemi?
Il est certain qu'un gaspi sommeille
en chacun de nous et qu'il serait bon de l'en faire sortir. Mais n'hésitons
pas à dire que l'opération de chasse au gaspi ne peut réussir
que si les chasseurs sont, dans la population, comme des poissons dans
l'eau. En la matière, seules l'information, la formation, la persuasion
sont payantes.
Quant à notre cadre de
vie, quant à nos conditions de travail, sauf de rares exceptions,
l'élimination des gaspis ne fait que les améliorer.
Alors qu'attendons-nous pour
chasser le gaspi?
Une telle impertinence est en
effet tout à fait inadmissible!... Aussi n'a-t-elle pas été
admise dans le rapport publié. |
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