INTRODUCTION · Devant
l'escamotage du débat énergétique par les Pouvoirs
Publics, à l'époque des gouvernements de droite, mais également
en fin 1981 pour la consultation du Parlement.
I. LA POLITIQUE DE L'ENERGIE Depuis toujours, la possession et la maîtrise
de l'énergie ont préoccupé les hommes, puis lorsqu'ils
ont été organisés, leurs gouvernements.
1. Les prévisions de consommation énergétique
En réalité, la consommation totale d'énergie a été de:
b) Position: de la CFDT
1.2. CONSOMMATION D'ELECTRICITE
1982 295 TWh (suite)
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suite:
b) Prévisions de la CFDT En 1980, la CFDT chiffrait à 350 TWh la consommation d’électricité à l'horizon 1990. 1.3. RECAPITULATION: AJUSTAGE DES PREVISIONS
Ces prévisions ajustées par les raporteurs du 9ème Plan sont données dans le tableau ci-dessous:
Nous constatons que le chiffre de 220 Mtep
avancé par la CFDT pour la consommation totale d'énergie
en 1990 est très proche des prévisions officielles réajustées
et que le chiffre de 350 TWh pour la consommation d'électricité
est parfaitement encadré par la fourchette du tableau ci-dessus.
2. La couverture des besoins énergétiques.
2.1. L'HYDRAULIQUE
2.2. LE CHARBON
2.3.- LES HYDROCARBURES (pétrole-gaz)
2.4. L'ELECTRONUCLEAIRE.
2.4.2. Fin 1982, le parc électronucléaire français
présentait le panorama ci-dessous:
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2.4.3. Facteur de charge et puissance disponible du porc électronucléaire Pour avoir une rentabilité optimale, il faut que les centrales nucléaires fonctionnent 6.000 à 6.200 heures par an, soit un facteur de charge de 70% environ. Dans ces conditions, le parc électronucléaire de 56.000 MWe (EDF) est capable, à lui seul de fournir la totalité de l'électricité dont la France aura besoin en 1990 soit 350 TWh. Cette situation extrême est impossible car il est nécessaire de suivre les variations de puissance à l'aide de centrales au fuel ou au charbon et de toute façon, il faut également utiliser les 70 TWh fournis par l'hydraulique. Il est admis que la part du nucléaire, compte-tenu de la souplesse demandée au réseau, ne peut dépasser 70% de la puissance totale. Sur la base des 350 TWh prévus en 1990, le nucléaire ne pourra produire plus de 245 TWh, c'est-à-dire qu'il fonctionnera avec un facteur de charge de 50% environ, donc inférieur au seuil de rentabilité optimal. 2.4.4. Conséquences
a) Sous-utilisation du parc de P.W.R.
b) Non-recours au charbon
c) Pas d'utilité des RNR
d) Peu de développement des énergies
dites «nouvelles»
e) Peu d'incitation aux économies d'énergies
f) Quant à la vente d'électricité
aux pays étrangers
2.4.5. Une situation de crise
(suite)
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La récession économique explique en partie le phénomène par la stagnation de la demande d'électricité. Mais ceci n'explique pas tout et notamment pourquoi la part du nucléaire n'augmente pas dans tous les pays sauf en France. En effet, de nombreux pays ont jugé que le «pari nucléaire» ne valait pas la peine d'être tenté à si grande échelle et que le charbon était préférable pour la production d'électricité. - Potentiel de construction
des P.W.R. trop élevé.
- Peu de commandes étrangères.
2.5. PROPOSITIONS DE LA CFDT
Dans cette optique CFDT, on aurait construit
environ 2 centrales par an ce qui aurait permis à l'industrie électronucléaire
de fonctionner harmonieusement pour arriver au remplacement des centrales
en fin de vie, une part significative étant laissée au charbon
national pour éviter l'effondrement de l'industrie charbonnière:
production mais aussi port charbonniers, transports, etc.
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1. Caractéristiques de cette filière 1.1. L'ARGUMENTATION OFFICIELLE Ces caractéristiques sont d'ordre énergétique et politique et ont été très largement diffusées par le Commissariat à l'Energie Atomique (C.E.A.), mais toujours de façon qualitative et incomplète. Ce sont: a) Augmentation très importante de nos réserves d'uranium par transmutation de l'uranium 238 très abondant en plutonium 239 utilisable. Multiplication par 50 à 70 de nos réserves faisant de la France un pays aussi riche que l'Arabie Saoudite! b) Amélioration de le sûreté de la production nucléaire d'énergie et diminution du taux d'irradiation globale des travailleurs, basée sur les résultats d'exploitation très encourageants du réacteur PHENIX de Marcoule et sur la faible quantité d'uranium à extraire des mines. c) Francisation de notre production d'énergie électrique aussi bien du point de vue de la technologie (Les R.N.R. sont spécifiquement français) que sur notre approvisionnement en uranium. (valorisation de l'U238). d) Possibilité d'utiliser les R.N.R. en incinérateur de plutonium et autres éléments radioactifs à vie longue. 1.2. LES ANALYSES DE LA C.F.D.T.
a) Oui les R.N.R. permettent d'économiser de
l'uranium naturel. Mais le facteur de 50 à 70 de multiplication
de nos réserves ne sera pas atteint avant plusieurs siècles,
voire un millénaire et au prix d'une industrie très complexe,
très coûteuse et nécessitant la manipulation de masses
énormes de plutonium se chiffrant en dizaines de milliers de tonnes.
b) Oui, le taux d'irradiation du personnel
exploitant la Centrale Phénix est plus faible que celui des travailleurs
de l'E.D.F. exploitant les Centrales PWR.
(suite)
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La voie du non-retraitement commence à être prise très au sérieux dans de nombreux pays qui la considèrent comme beaucoup plus simple, donc beaucoup moins coûteuse, moins irradiante et moins polluante, car: • non génératrice de déchets technologiques dont certains contaminés par des émetteurs aà longue durée de vie (actuellement une tonne de combustible PWR retraitée à La Hague génère 21 mètres cubes de déchets à UP 2. Pour UP 3 la quantité espérée est plus faible). • confinement peut-être plus sûr à long terme des émetteurs a tels que le plutonium, le neptunium et l'américium dans la matrice d'UO2 du combustible irradié en PWR qui est vraisemblablement très peu soluble, en tout cas moins que les verress en sites géologiques profonds. • moins proliférante car le plutonium n'étant pas extrait des barreaux de combustibles, il n'est pas utilisable directement pour confectionner des engins nucléaires à des fins militaires. C'est en s'appuyant sur certains de ces arguments, par exemple, que la Suède vient de retirer des combustibles qui devaient être retraités à La Hague, pour les stocker dans leur intégralité en site géologique sur son propre territoire. De même l'Allemagne de l'Ouest commence à s'inquiéter très sérieusement du devenir de ses déchets de retraitement qui lui sont retournés par la Cogéma de l'Usine de La Hague. - En ce qui concerne l'irradiation collective des travailleurs due à l'extraction de l'uranium, le gain de dose due aux RNR sera du même ordre de grandeur que celui de l'économie d'U naturel à savoir de 25 à 30% pour les 80 ans à venir. Cette diminution relativement faible sera à comparer à l'augmentation des doses due à la fin du cycle des RNR: fabrication et retraitement des combustibles irradiés contenant de fortes proportions de plutonium et de produit de fission. c) Oui, la filière RNR est de conception et
de réalisation essentiellement française, contrairement
à la filière PWR.
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La valeur de l'uranium résiduel retiré des combustibles PWR étant quasiment nulle, le seul gain à attendre de la filière RNR par rapport à la filière PWR concerne le prix de l'uranium naturel et des unités de travail de séparation isotopique qui sont économisées, mais le coût de ce poste ne représente pas plus de 10 à 15% du prix du KWh PWR et il intervient très peu dans la balance. c.2) Financement de la filière UNR: Comme il vient d'être vu, une des caractéristiques principales de la filière RNR est qu'elle mobilise des masses considérables de capitaux pour des frais de fonctionnement relativement faibles. On retrouve cette tendance dans la filière PWR à un moindre degré. Cette mobilisation de capitaux est d'autant plus pénalisante qu'elle doit intervenir longtemps avant la mise en service des réacteurs (environ 10 ans). Lorsque l'on sait que l'endettement d'E.D.F. fin 1982 avoisinait les 150 milliards de francs pour environ 8 milliards de déficit annuel et que les emprunts de l'organisme public sont principalement effectués en dollars, on mesure combien serait dangereux vis à vis de l'indépendance de la France et de son équilibre budgétaire, le lancement d'un programme RNR d'envergure (80 milliards pour le projet «modeste» de Saint-Etienne des Sorts). En conclusion de ce chapitre économique, il convient de retenir que: • le coût de la filière RNR est très élevé en investissements: de 4 à 6 fois le coût de la filière PWR selon les hypothèses de base. • la nécessité du recours massif aux capitaux américains pour financer cette filière rend dérisoire l'argument: filière RNR = filière française. • le coût du KWh ainsi produit, à prix du plutonium nul est du même ordre de grandeur que celui du charbon (environ 33 centimes le KWh) • Si la stratégie du retraitement obligatoire ne s'avérait pas la bonne, le coût supplémentaire dû à l'extraction du plutonium multiplierait le prix du KWh par un facteur voisin de 2, plaçant la barre très au-dessus du KWh pétrole. (Voir tableau 2 en annexe). d) Quant au dernier point de notre argumentaire officiel
initial concernant la possibilité d'utiliser les RNR
en incinérateurs de plutonium et d'éléments radioactifs
à vie longue, il convient de faire les remarques suivantes:
1.3. LES ASPECTS MILITAIRES
2. Les R.N.R. dans le contexte énergétique
global
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En ce qui concerne les réserves auxquelles la France a accès - métropole et participations étrangères - elles permettent de couvrir nos besoins jusqu'en 2050 environ sur la base du parc de PWR installé en 1990 (53,6 MWe – 5.360 tonnes/an, facteur de charge 50%) ceci sans préjuger: • de nouvelles découvertes en métropole et à l'étranger. • de l'uranium extractible des phosphates importés comme engrais (600 tonnes/an équivalent à 2 Superphénix de 1.450 MWe) • de l'amélioration du fonctionnement des PWR. • de l'amélioration de l'enrichissement par procédé laser. • de la découverte et la mise au point d'autres filières (RNR à U enrichi, réacteurs à spaliation, fusion, etc.) 2.2. LA CONSOMMATION EN URANIUM NATUREL
La tendance actuelle est franchement à la baisse aussi bien au niveau national que mondial (moindre consommation énergétique due aux économies d'énergies et à la baisse de la croissance, coupes sombres dans les parcs électronucléaires de nombreux pays...) et ne laisse pas prévoir de violent changement de cap dans les décennies à venir. Si bien qu'il n'est pas raisonnable de parler de rareté de l'uranium avant le milieu du siècle prochain. 2.3. L'UTILISATION DU PLUTONIUM ISSU DES USINES
DE RETRAITEMENT EN FONCTIONNEMENT (UPI1Marcoule- UP2 La Hague) OU EN CONSTRUCTION
(UP3 La Hague)
2.4. LES AMELIORATIONS CONCERNANT LES REACTEURS
NUCLEAIRES
2.5. L'ENRICHISSEMENT DE L'URANIUM PAR LE PROCEDE
LASER
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• possibilité de reprise des importants stocks d'uranium appauvri des usines à diffusion gazeuse pour en abaisser la teneur de 0,20 à 0,05%, permettant de remettre sur le marché des quantités considérables d'uranium enrichi, constituant ainsi un véritable stock stratégique disponible sur place. 2.6. LES RNR DANS LE PARC ELECTRONUCLEAIRE
FRANCAIS
3. Conclusions et propositions de la CFDT
b) Ni à moyen terme, en raison:
c) Ni à long terme, en raison:
3.2. IL FAUT ORIENTER NOTRE EFFORT DE RECHERCHE
DANS 4 DIRECTIONS
(suite)
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b) Amélioration du rondement de l'enrichissement * par l'abaissement si besoin est, du taux de rejet au niveau de l'enrichissement par diffusion gazeuse, EURODIF ne fonctionnant qu'au tiers de sa capacité. * par la mise au point du procédé d'enrichissement par laser qui permettra de mieux rentabiliser nos réserves naturelles et d'utiliser les masses importantes d'U appauvri comme réserve stratégique. c) Améliorotion de fonctionnement des réacteurs PWR
et du stockage en piscine des combustibles irradiés, avec comme
objectifs principaux:
d) Amélioration du rendement et étude de nouvelles
filières de réacteurs
3.3. NE PLUS CONSIDERER LE RETRAITEMENT COMME UN
MAL NECESSAIRE
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1. Pourquoi le retraitement 1.1.- DU POINT DE VUE CIVIL - Le retraitement a «officiellement» un double but: * d'une part, récupérer du plutonium en grande quantité pour alimenter la filière RNR * d'autre part, améliorer le conditionnement des déchets issus des centrales nucléaires. - Mais les incertitudes liées à ces deux objectifs, empêchent souvent de clarifier le débat: * lorsque l'on parle des RNR, il est souvent avancé que cette filière est concurrentielle économiquement, car le plutonium est un sous-produit du conditionnement des déchets et qu'à ce titre il est obtenu à prix très réduit. * lorsque l'on parle de la possibilité de ne pas retraiter les combustibles pour des raisons de coût ou de complexité des opérations, on en avance alors la nécessité au titre de la filière RNR - Pour la CFDT, il n 'est pas question de laisser tramer de telles ambiguïtés et d'entretenir une telle confusion: la filière RNR, comme nous l'avons démontré, n 'étant pas une filière d'avenir et se situant par ailleurs totalement en aval du retraitement des combustibles, elle ne doit en aucun cas influencer les décisions concernant cette opération. La seule question à laquelle il convient de répondre est alors la suivante: Le retraitement permet-il, oui ou non, d'améliorer le conditionnement des combustibles irradiés à moyen et long terme. Si oui, sous quelles conditions et à quel prix? Il est bien évident que la CFDT ne peut pas répondre à ces questions qui dépassent ses compétences. Par contre, nous considérons qu'elles sont du cadre de compétence du groupe CEA et qu'à ce titre il doit mettre en oeuvre les moyens nécessaires pour y répondre et proposer des solutions. Il serait entre autre urgent que le groupe CEA sorte de l'impasse dans laquelle il a enfermé le. retraitement, en le considérant ainsi qu'il l'a toujours fait, comme une opération urgente et inéluctable alors qu'il existe d'autres voies qui n'ont pratiquement pas encore été étudiées comme le retraitement différé après amélioration du procédé, ou de stockage en l'état des combustibles irradiés, qui peuvent procurer un meilleur conditionnement des déchets, et peut-être même coûter beaucoup moins cher. 1.2. DU POINT DE VUE
MILITAIRE (*)
REACTEURS PWR Þ RETRAITEMENT COMBUSTIBLES PWR Þ REACTEURS A NEUTRONS RAPIDES Þ RETRAITEMENT COMBUSTIBLE RNR Þ BOMBES NUCLEAIRES Avec la mise au point future de l'enrichissement par laser, cette chaîne sera simplifiée: REACTEURS PWR Þ RETRAITEMENT COMBUSTIBLES PWR Þ ENRICHISSEMENT LASER Þ BOMBES NUCLEAIRES Dans chacun des cas le retraitement
des combustibles issus des réacteurs nucléaires s'avère
un maillon nécessaire au développement
d'une force de frappe nucléaire, avec
toutefois des besoins en quantité beaucoup plus faible dans le deuxième
scénario.
2. Activités des usines de retraitement L'usine UP1 de Marcoule a
démarré en 1958 sur des objectifs uniquement militaires
et retraitait les réacteurs G1 puis G2 et G3. L'usine
UP2 de La Hague retraitait pendant ce temps les combustibles
issus des Centrales UNGG de l'EDF, appelées «nucléaire
ancien» dans le parc électronucléaire.
* Voir dossier "Armement" (suite)
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suite:
On voit donc bien le partage des taches se dessiner entre les sites de La Hague (retraitement des PWR) et de Marcoule (queue du nucléaire ancien, usage militaire, Phénix et Superphénix). Ces activités ne vont pas sans problèmes et constituent le talon d'Achille de la stratégie française. C'est ainsi, qu'à la suite du débat parlementaire d'octobre 1981, le ministre de l'industrie a constitué, auprès, du Conseil Supérieur de la Sûreté Nucléaire, une Commission scientifique chargée d'analyser les problèmes posés par la gestion des combustibles irradiés et des déchets radioactifs. Cette Commission, appelée Commission Castaing du nom de son Président, membre de l'Académie des Sciences, comprenait douze membres, dont le Haut-Commissaire du C.E.A. M. Jean Teillac. Une lettre de mission datée du 11 décembre 1981 précisait que son rôle consistait à examiner les projets des extensions de l'usine de La Hague UP2/800 et UP 3 A et à faire «toute propositions pour permettre à la France de maintenir les compétences technologiques nécessaires pour assurer dans les meilleures conditions la gestion des combustibles irradiés». La Commission Castaing n'avait donc pas à se prononcer sur le bien-fondé des constructions entreprises à La Hague, ni sur le choix de la stratégie PWR - RNR. La CFDT a pour sa part, regretté que la conception des nouvelles usines ait été définitivement arrêtée et les travaux entrepris sans attendre le rapport de la Commission. 3. Quelques conclusions de la Commission CASTAING * Le rapport de la Commission met en évidence
que des améliorations certaines ont été apportées
aux techniques utilisées dans les usines actuelles et note que les
conditions de travail se sont améliorées depuis 1980 â
l'usine de La Hague. La Commission précise «Ces améliorations
devront faire l'objet d'une vigilance constante, d'autant qu'un certain
nombre de situations difficiles subsistent encore. Les seules modifications
techniques ne suffisent pas. Il importe d'instaurer un autre type de relations
humaines..., une plus grande écoute et un meilleur dialogue s'imposent.
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1. LES ACTIVITES DU SITE DE MARCOULE Il existe deux Etablissements distincts sur le site de Marcoule: le Centre d'Etudes Nucléaires du C.E.A. de la Vallée du Rhône et l'Etablissement de Marcoule de la Cogéma. En mars 1983, le premier employait 1.002 travailleurs, le second 2.250 (son effectif autorisé est de 2.345) ce qui porte l'effectif global relevant du Groupe C.E.A. à environ 3.350 salariés. A cet effectif, il faut rajouter un certain nombre d'entreprises sous-traitantes qui opèrent en permanence sur le site et qui porte le nombre total à plus de 4.000 travailleurs. 1.1. LE CENTRE D'ETUDES NUCLEAIRES DE LA VALLEE
DU RHONE DU CEA (CEN-VALHRO)
1.2. L'ETABLISSEMENT COGEMA DE MARCOULE
(suite)
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2. LA SITUATION ACTUELLE DE MARCOULE 2.1. LE RETRAITEMENT DES U.N.G.G. (réacteurs à uranium naturel E.D.F. au graphite et refroidis au gaz carbonique) On a vu précédemment que UP1, usine de Marcoule avait pris le relais de l'usine UP2 de La Hague pour le retraitement de ces combustibles. Les problèmes liés aux taux de combustion des combustibles d'EDF qu'avait connus La Hague sont alors apparus à Marcoule et ont affecté l'ensemble de la chaîne: • le dégainage a connu des difficultés croissantes au fil des années et des incidents multiples, mécaniques ou physiques tels que des incendies de barreaux ou explosion, avec contamination des locaux, parfois des travailleurs, accompagnés d'irradiation. Le dernier en date survenu le 22 mars 1983 a consisté en un incendie des déchets de gaines de magnésium contaminés, suivi d'une violente explosion mettant prématurément fin au fonctionnement de cette installation avant que ne soit prête celle qui devait prendre le relais: MAR 400. Le déficit du tonnage retraité (245 tonnes prévues pour 1983) sera selon les affirmations de la Direction du Centre au minimum de 100 à 120 tonnes si le démarrage de l'atelier MAR 400 se passe bien. • l'usine UP1 fonctionnait dans des conditions acceptables pour le retraitement militaire à faible taux de combustion des réacteurs G1 - G2 et G3. Depuis le démarrage du retraitement des EDF, l'usine a connu également de gros problèmes d'irradiation compliquant énormément l'entretien des installations. Par ailleurs, cette usine a démarré en 1958 et certaines parties essentielles à son fonctionnement, et irremplaçables n'ont jamais connu le moindre contrôle depuis cette date. Il n'est pas évident qu'UP1 permette de terminer le retraitement du nucléaire ancien jusqu'en 1990-1995 ce qui lui ferait une durée de vie de 37 ans. Des études ont montré que personne n'était prêt à prendre le risque de lui faire retraiter Superphénix, dans quelques années, bien qu'actuellemnt elle retraite les couvertures de Phénix dans de très mauvaises conditions. • la station de retraitement des effluents depuis le retraitement des EDF cette station a été rapidement saturée et engorgée de boues radioactives que la chaîne d'enrobage dans le bitume n'arrivait plus à traiter du fait là aussi de l'augmentation du taux de combustion et par là même du volume des boues radioactives dans les effluents. Cette station fonctionne actuellement dans de très mauvaises conditions et comme elle et indispensable aussi bien pour les activités du CEN/VALRHO que pour celles de la Cogéma, il est urgent d'en construire une autre, mais encore faut-il qu'un investissement aussi important soit justifié par un avenir du centre plus lointain que 1995. Pour l'heure une nouvelle chaine d'enrobage des boues va être construite en urgence car sans cela, ce serait l'asphyxie du site de Marcoule. • l'atelier de vitrification depuis sa mise en service cet atelier n'a pas posé de problèmes majeurs. Sa capacité nominale de vitrification étant supérieure aux besoins de l'usine UP1, le temps alloué aux opérations d'entretien est suffisant pour assurer une marche satisfaisante des installations. Notons cependant l'accumulation croissante des déchets technologiques et le délicat problème du pont roulant qui n'a pas été étudié aux normes nucléaires et qui donne des signes de fatigue et devra être démantelé. • les autres unités elles ont suivi l'évolution générale du site dans le sens où leurs activités sont étroitement dépendantes telles que l'atelier de décontamination qui a eu affaire à des radioactivités croissantes ou l'atelier de compactage des déchets solides inadaptés aux déchets a. On a par ailleurs assisté depuis 1958, à une aggravation de l'accumulation des déchets radioactifs de toute nature sur le site de Marcoule, conséquence du retraitement des combustibles irradiés de l'E.D.F.: - gaines des barreaux de combustible accumulées depuis l'origine - agrandissement des silos de fûts de boues bitumées. - déchets technologiques augmentés par la mise en service de l'atelier de vitrification des produits de fission. - produits de fission liquides, puis vitrifiés et stockés dans des puits. - solvants et huiles contaminés. - réacteur G2 arrêté, en attente de démantèlement. p.9
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- atelier 100, ancienne fin de chaîne Pu de UP1 arrêtée depuis de nombreuses années et contenant des quantités de plutonium non négligeables, auxquelles sont venus s'ajouter des appareillages démantelés de la fin de Pu actuelle, contaminés en plutonium panneaux de boîtes à gants, boîtes à gants, cuves, appareils divers, etc. - de nombreux fûts de déchets riches en plutonium et théoriquement incinérables et qui attendent que cette opération soit effectuée stockés ici ou là à l'intérieur de UP1. - cendres riches en plutonium provenant de l'incinération des déchets en attente de dissolution et de recyclage (opération peu évidente). - d'autres déchets émanant des laboratoires. - du béton contaminé par des fuites d'installations. - etc. 2.2. LE RETRAITEMENT DES COMBUSTIBLES PHENIX
AU SAP
3. Bilan - Propositions de la CFDT
(suite)
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Les deux installations dont la mise en service n'est pas prévue avant 1992, dépendent en fait de la politique en matière de retraitement et de filière RNR que la France mettra en oeuvre. Elles seront très liées à la façon dont seront prises en compte les conclusions de la Commission Castaing (sous la responsabilité du Conseil Supérieur de la Sûreté Nucléaire) et nous avons vu, qu'en la matière, la sagesse n'était pas à la précipitation. En ce qui concerne MAR 600, il risque de se poser rapidement le dilemme suivant: doit-on lancer la réalisation au plus vite de cette installation pour sauvegarder l'emploi sur Marcoule à tout prix, ou doit-on attendre que les procédés de retraitements actuels, mal adaptés à un stockage à long terme des déchets (nécessité de dépaver les émetteurs alpha, présentant en plus de grandes quantités dans les combustibles de la filière RNR) soit améliorés et mis au point industriellement? 3.2. LES PROPOSITIONS DE LA CFDT
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- Assurer la
fin du retraitement des UNGG: il peut être nécessaire
d'arrêter l'usine UP 1 soit pour faire «le ménage»
(une salle est condamnée depuis plusieurs années pour contamination
importante), soit pour rajeunir ou construire de nouveaux ateliers afin
d'éviter un arrêt définitif du type «22 mars
83 au dégainage».
- Assurer le traitement des effluents liquides: la station actuelle et constamment saturée et n'atteindra pas les années 90-95. Envisager, dans le même esprit que précédemment une opération «ménage» des déchets accumulés et surtout hâter la mise en chantier d'une nouvelle station. Parallèlement, envisager et réaliser tout ce qu'il est possible d'être fait pour recycler les effluents liquides dans les usines (UP1 ou le SAP) ou dans les laboratoires. - Au dégainage, après les conclusions de l'enquête en cours demandées par la CFDT, tout mettre en oeuvre pour que celui-ci soit un secours du nouveau MAR 400 qui n'a pas fait ses preuves. - Amélioration du procédé actuel: bien que des études soient menées dans d'autres centres, en particulier Fontenay-aux-Roses, certains travaux complémentaires peuvent être menés à Marcoule par la section Génie Chimique des Services de Production, les Bureaux d'Etude et les services CEA-SA P et SPI qui sont concernés. - Marcoule peut également apporter sa contribution à la caractérisation des déchets contaminés en émetteurs apour l'expérience acquise aux ateliers de la fin Plutonium de UP 1 et du SAP. - Etude du compactage des déchets: Marcoule pourrait mettre en oeuvre un pilote qui pourrait étudier l'absorption par l'usine elle-même de ses propres déchets immédiatement conditionnés sans transport et manipulations dangereuses pour les travailleurs et l'environnement. Cette installation pourrait être appliquée industriellement à l'usine UP3 de La Hague. - Vitrification des produits de fission: améliorer la tenue à la lixiviation des verres actuels et se pencher sérieusement sur le devenir à long terme des transuraniens contenus dans les terres en cours de fabrication. - Conditionnement des coques et embouts, des boues de coprécipitation: accélérer les études d'industrialisation des procédés devant remplacer le bétonnage et le bitumage actuels (fusion en auto-creuset, céramisation... pour que ceux-ci soit adaptés dans les usines futures (UP 3, MAR 600). - Exploitation de l'usine: mettre en oeuvre rapidement un fichier des incidents, exploitable aussi bien par les unités COGEMA (Usine UP2, Service Maitre d'Ouvrage de UP 3...) que par les unités CEA, afin que toute l'expérience d'exploitation puisse être mise à profit. - Développer la robotique en milieu nucléaire par la création de hall d'essai du matériel télédémontable. - Activités non liées au retraitement des combustibles: Elles sont actuellement marginales de part les effectifs qu'elles mobilisent, mais pourraient se développer de façon plus importante, afin de diversifier las activités du site et le rendra moins fragile vis à vis de la conjoncture. En effet, les potentialités existent et les moyens à mettre en oeuvre ne sont pas très importants (moins d'investissements lourds que dans le retraitement). Les principales unités concernées sont: - L'ORIS, dont le développement du L.A.P.A.M. (Laboratoire des produits pour analyse médicale) devrait entraîner: * un renforcement du secteur radio-immunologique * de nouvelles activités mettant en oeuvre d'autres techniques non radioactives pour l'analyse médicale in vitro. * la conception et la fabrication d'appareillage automatique utilisant des produits bio-médicaux. L'avenir de ce service bien que prometteur au niveau de l'embauche parce que les besoins sociaux le justifient, risque de réserver quelques soucis au personnel, car considérée comme «rentable» cette activité se marginalise de plus en plus à l'intérieur du C.E.A. - ERIES, groupe d'intérêt économique entre le CEA et la société ROBATEL-SLPI, sera probablement transformée en filiale du CEA avec capitaux CEA, SGN, EPICEA, etc. Cette société a toujours fonctionné avec de petits moyens, essentiellement fournis par le Groupe de Génie Chimique (GGC) du SAP-CEA. (suite)
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Son domaine d'activité couvre: - l'extraction liquide-liquide et solide-liquide - la filtration - le cracking - la distillation Ses applications ont trouvé des débouchés dans: - la dépollution; déphénolage, récupération d'acides, etc. - l'industrie chimique: carbo et pétro-chimie, pharmacie industrielle, métaux précieux, hydrométallurgie du Cu, Ni, Cr, Uranium, etc. - l'industrie agroalimentaire: extraction et purification d'huiles, de protéines, décolorants, etc. - valorisation de la biomasse. Il est évident qu'un tel spectre d'activités pourrait déboucher sur des travaux importants. Mais pour cela il faudrait, en plus des moyens économiques nécessaires, une volonté politique de diversification et d'ouverture sur l'extérieur, une souplesse d'adaptation et d'organisation auxquelles le CEA et la COGEMA de Marcoule sont peu habitués. Des projets qui doivent être encouragés sont cependant à l'étude dans ce sens: - le traitement des nodules marins - la mise en chantier d'une plate-forme agroalimentaire. Conclusion: les propositions de la CFDT sans être exhaustives
ont le mérite d'exister; encore faudrait-il qu'elles soient discutées,
ce qui n'a jamais été sérieusement le cas. Certains
travaux coûteront cher, demanderont du temps; raison de plus pour
entreprendre dès maintenant les réalisations dont l'urgence
est évidente.
CONCLUSION Depuis plus de 10 ans le Syndicat National de l'Energie
Atomique C.F.D.T., la Confédération, à travers des
publications (tel que le «Dossier Electronucléaire en France»)
des films, des conférences, tentent de placer le débat publiquement.
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