Présentation du problème
De quoi s'agit-il? Deux endroits a priori gérés par le CEA ont été laissés sans surveillance pendant une quinzaine d'années. Ces deux sites sont dans l'Essonne, assez proches de Saclay: - l'un est situé sur la commune d'Itteville et envoie ses émanations sur Ballancourt: c'est le Bouchet, centre où l'on a traité le minerai d'uranium nécessaire pour les réacteurs et les bombes de 1946 à 1971. Ce qui reste à traiter: le bassin de décantation et le parc à hydroxyde (10.000 m2), ce qui reste à vérifier: tout le site qui a été rendu à la SNPE (Société Nationale des Poudres et Explosifs, l'armée en un mot). - l'autre est situé sur la commune de Saint-Aubin. C'est le déversoir du centre de Saclay: on y a stocké des fûts contenant des produits radioactifs (faiblement disent les responsables CEA mais rien ne prouve cette affirmation) en provenance du CEN Saclay, CEN Fontenay, le Bouchet et autres lieux. On y a stocké des boues venant des mêmes endroits. Ces sites ont fait en leur temps (1972) l'objet de tracts. Mais rien n'avait fait ouvrir les dossiers. Tout juste les fûts de Saint-Aubin étaient-ils partis à la Hague. Toujours est-il que cette fois les associations qui se sont intéressées au problème ont été relayées par des journalistes accrocheurs et aidées par le labo indépendant créé en 86, la CRIIRAD. Allez savoir pourquoi ça a marché (oh, ne vous illusionnez pas, il y a encore du travail). Cependant: - le maire d'Itteville a dû tenir compte de l'avis de ses administrés, - le CEA a dû donner des informations sur Saint-Aubin. Vous allez constater à la lecture du dossier qui suit qu'on est encore loin d'avoir obtenu ce que l'on demandait: ouverture des archives pour faire un inventaire du contenu radioactif des sites. A défaut, quadrillage du site et prélèvements. A Itteville, pour le moment, on n'a rien obtenu sauf que grâce aux Verts le CEA ne peut pas toucher au site qui est sous contrôle judiciaire. On a juste pu avoir deux réunions d'une commission dite scientifique qui fut un monologue du président. Pire, il a pondu un rapport entièrement en accord avec les thèses CEA. La CRIIRAD et le GSIEN ont dénoncé cette pratique et maintenant on espère une véritable réunion (on va forcer un peu le destin). A Saint-Aubin, grâce aux mesures de la CRIIRAD et à celles du laboratoire de Brême, on a su qu'il y avait du plutonium sur le site ainsi que différents produits prouvant que le site avait reçu des boues induement radioactives. Pour les deux endroits, il y a carence évidente de l'administration (surveillance radioactive des sites ou installation classée. Chacune peut choisir mais chacune est un peu coupable). Il ya de surcroît déclaration «mensongère» (non, excusez, «on a joué à pas vu, pas pris et on a été pris») de la part de l'organisme en charge des sites, à savoir le CEA. (suite)
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Soyons tout à fait clairs: à l'heure présente, on ne sait pas encore ce que contiennent les sites. On sait seulement qu'ils contiennent plus que tout ce que l'on avait admis jusqu'à maintenant. Mais en tout état de cause, il est inadmissible que le CEA, qui érige la charte guidant le gouvernement, ne soit pas irréprochable. Que le site d'Itteville ne contienne que des produits «naturels» ou celui de Saint-Aubin que des «artificiels» ne change rien. L'un et l'autre ont été abandonnés avec juste une petite barrière. Nous avions déjà dénoncé, il y a quasiment dix ans, les problèmes des abandons de mines (Gazette N°54/55). Notre société ne sait pas gérer ses déchets: la France pas plus que les autres pays, mais en plus notre législation est trop faible. Nous accueillons, moyennant finance pour la société qui gère le lieu de stockage en surface (les eaux de ruissellement, la nappe phréatique, ce n'est pas son problème), toutes sortes de déchets: chimiques, résidus d'hôpitaux, etc. En cas de problème (et il y en a), c'est la commune, le département, qui doivent se débrouiller. Or, une fois le site saccagé et les produits partis dans l'environnement, on ne sait pas le réhabiliter, à la limite on sait tout juste l'assainir et ceci ne dispense pas de le surveiller. Quoiqu'il en soit, les dossiers fournis par le CEA sont totalement inexploitables. Comme il est difficile de penser que le CEA n'a pas fait un suivi, on est obligé de constater que la transparence n'est pas encore dans ses mœurs. Cependant, devant la difficulté à obtenir les archives, on peut aussi en arriver à penser qu'effectivement le CEA n'a pas fait son travail. On a une relative chance que ce dysfonctionnement se révèle pour deux petits sites. Mais du traitement réel des deux petits sites dépend toute la politique de stockage des déchets et pour le moment ce n'est pas brillant. Les documents qui suivent vous font vivre l'historique des sites du Bouchet et de Saint-Aubin: plusieurs dossiers émanant du CEA, des dossiers venant de la CRIIRAD, des courriers GSIEN-CRIIRAD. Les dossiers émanant des Verts, des
associations de Ballancourt Illeville sont aussi disponibles. La Gazette
ne publie pas tout mais vous pouvez contacter les personnes.
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INTERVENTIONS GSIEN
(Si vous voulez les dossiers critiques, demandez-les et la Gazette vous les enverra). Orsay, le 9.11.1990
Monique SENÉ
Présidente du GSIEN 2, rue François Villon 91400 ORSAY Monsieur le Maire 91760
Objet: Réhabilitation du site du Bouchet.
ITTEVILLE Référence: Lettre du 6 novembre 1990 Monsieur,
La Présidente
Copie: Monsieur le Premier Ministre
Monique SENÉ Monsieur le Ministre de l'Environnement Associations (suite)
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Orsay, le 11.11.1990
GSIEN
La Gazette Nucléaire 2, rue François Villon 91400 ORSAY Monsieur le Professeur J. TEILLAC
Monsieur,
Haut-Commissaire 31-33, rue de la Fédération 75015 PARIS Lors de la réunion du Conseil Supérieur de la Sûreté et de l'Information Nucléaire du 10 octobre, il nous a été remis une fiche d'information concernant le site de l'ancienne usine du Bouchet. Pour compléter mon information, j'ai consulté la note technique remise aux membres de la commission réunie autour de Monsieur le Maire d'Itteville. Cette «Note technique relative aux dépôts de résidus de l'ancienne usine CEA du Bouchet» (DCENS/SPR/ 90-329 JM/cj) datée du 2 octobre 1990 appelle de ma part de nombreuses remarques, mais dans un premier temps je me contenterai de vous citer ce qui me semble le plus inacceptable dans un rapport provenant d'un service du Commissariat chargé de la radioprotection. Le tableau 2, page 16, donne une récapitulation des prélèvements effectués dans les zones de dépôts entre 1970 et le mois de juillet 1990: - 87 échantillons sont dénombrés provenant de 75 points de prélèvement - 58 de ces points de prélèvement ne sont pas localisés, ni en position, ni en profondeur. Ceci pourrait donner à penser que, dans le passé, le suivi environnement des déchets n'était pas effectué par le CEA avec tout le sérieux scientifique auquel nous aurions pu nous attendre. Malheureusement, la lecture de cette récapitulation fait apparaître que ces errements datent des années 1970 à 1981. Il ne s'agit plus de l'époque héroïque des balbutiements de l'énergie nucléaire. Cet état de chose est inacceptable de la part d'un organisme qui se doit d'être irréprochable puisqu'il est le support technique des services édictant les réglementations. D'autre part, je m'étonne que les autorités de santé n'aient jamais relevé ces carences. Je vous joins une analyse détaillée de ce dossier effectué par le GSIEN et remise le 19 octobre 1990 au groupe de travail réuni autour de Monsieur le Maire d'Itteville. Je reste à votre disposition pour tous renseignements complémentaires. Je vous prie d'agréer, Monsieur le Haut-Commissaire, l'expression de mes sentiments les meilleurs. Raymond SENÉ
Dossier Irradiation des Aliments
à réclamer à l'ACRO, 18 rue Savorgnan de Brazza, 14000 Caen L'Acronique du nucléaire n°11 20 F + 3,80 F de frais d'envoi p.4
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Valence
le 12.11.1990 M. Sergolle a remis un rapport final sur le
site d'Itteville au nom de la Commission Scientifique mise en place par
le Maire. Ce rapport prétend refléter la position unanime
des différents membres de cette commission.
Michèle RIVASI
Présidente de la CRlI-RAD Valence, le 9.10.1990 Des déchets soit disant «faiblement radioactifs» et pourtant HORS NORMES du point de vue de la réglementation des centres de stockage La réglementation concernant les centres de stockage à long terme de déchets radioactifs stipule que l'activité moyenne des colis de stockage ne doit pas dépasser 370 MBq d'émetteurs a par tonne. (suite)
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Or, les activités massiques des «stériles de minerais» ainsi que les appelle improprement le CEA, sont de 413 MBq/t de radium 226, soit, étant donné la présence de 4 émetteurs a, descendants du radium 226 et en équilibre avec lui: 413 x 5 = 2.065 MBq/t de matière sèche soit 1.038,5 MBq d'émetteurs a par tonne de poids humide. Et ceci concerne 2.000 tonnes de déchets stockés dans le bassin de décantation. Dans le parc à hydroxydes, sont stockés 2.500 tonnes dont l'activité massique en radium 226 est de 156 MBq/t. On a donc, pour les mêmes raisons que précédemment: 156 MBq/t x 5 = 780 MBq/t d'émetteurs a par tonne de poids sec, soit 390 MBq d'émetteurs a par tonne de poids humide. Il faut ajouter, l'uranium 235 et ses descendants, ce qui donne: 56 MBq/t x 5 = 280 MBq/t de poids sec, soit 140 MBq d'émetteurs a par tonne de poids humide. On a donc, au total, pour le parc à hydroxydes: 1.060 MBq/t de poids sec d'émetteur a, soit 530 MBq/t en poids humide. La limite maximale est donc là aussi dépassée, alors qu'en outre, en ce qui concerne la chaîne de l'uranium 238, l'activité est sous estimée puisque le calcul ne concerne que le radium 226 et ses 4 descendants émetteurs a, les précurseurs du radium n'ayant pas été mesurés par le CEA. Une autre limite est fixée concernant l'activité maximale en émetteurs a: elle est de 3,7 CBq/t. Or un calcul identique au précédent indique pour l'échantillon n° 67 (cf. tableau 5 page 22) une activité massique en émetteurs a de 2,5 GBq/t. Ce qui donne: 2,5 x 5 = 12,5 GBq/t de poids sec, soit 6,5 GBq d'émetteurs a par tonne de poids humide. Le dépassement de la limite aurait dû entraîner une procédure exceptionnelle et obtenir l'agrément spécifique de l'exploitant du centre de stockage. On est donc loin des déchets annoncés «faiblement radioactifs» il y a 6 mois par le responsable de la décharge. Ce d'autant plus que cette réglementation correspond au stockage de colis de déchets, enrobés et conditionnés, entreposés dans des centres de stockage à long terme (cf. Règle Fondamentale de Sécurité 8 novembre 1982 révision 1: 19 juin 1984). Il est à noter que l'absence d'enrobage des déchets ne peut être envisagée que pour des «déchets de très faible activité» (cf. Art. 6.4), ce qui n'est évidemment pas le cas, puisque l'on est en dépassement des limites. L'absence de gestion de cette décharge est un bon révélateur de ce qu'il faut absolument éviter dans les futurs laboratoires souterrains - soumis aux contrôles des mêmes organismes de tutelle - et d'une manière plus générale dans tous ce qui concerne la gestion des déchets radioactifs. François MOSNIER
Responsable du Laboratoire p.5
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Valence, le 6.09.1990
A la demande de l'association «Les Amis
de la Terre» et des «Verts Ile-de-France», la CRII-RAD
a procédé à différentes analyses à proximité
du site de stockage d'Itteville dans l'Essonne.
(suite)
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Le point le plus important nous semble donc l'évaluation des quantités exactes de radioéléments stockées dans la décharge et notamment les quantités de radium 226. En effet, ce corps radioactif très radiotoxique (plus que le plutonium) est très soluble dans l'eau. Tout stockage est donc susceptible de donner lieu à des phénomènes de lessivage du radium qui va ainsi se trouver dans les eaux de ruissellement ou de nappe et contaminer l'environnement. Deux mesures ont été effectuées dans l'eau, à promixité du site (cf. fiche de résultats d'analyses). Elles ne montrent pas de présence de radium 226. Cependant, deux autres analyses effectuées sur des sédiments et des mousses montrent qu'à certaines occasions, il y a bien contamination en radium 226 par lessivage ou par phénomène éolien (cf. fiche de résultats d'analyses). Il est donc nécessaire de faire un bilan plus global, et plus systématique dans le temps, de la contamination en radium 226 de l'environnement. En effet, lorsqu'il est ingéré, ce corps radioactif très radiotoxique se fixe à la surface des os, provoquant ainsi leucémie et cancer des os. Lorsqu'il est inhalé (par exemple après mise en suspension éolienne), il provoque le cancer du poumon. A titre indicatif, l'absorption d'une eau qui serait contaminée à 1 Bq/l de radium 226 consommée régulièrement entraînerait une dose annuelle de: - 66,4 mRem chez un enfant de 1 an - 26,4 mRem chez un enfant de 10 ans - 21,7 mRem chez un adulte (Ref. ISH 1985) En conclusion, les niveaux mesurés en radon 222 par le laboratoire de la CRII-RAD sont en contradiction avec les valeurs données dans la publication du CEA de mai 1990. Le CEA n'a donc pas fait un contrôle rigoureux et précis de la décharge d'Itteville, qui est pourtant sous sa responsabilité. Il nous paraît donc urgent de procéder à une contre-expertise pour déterminer tous les radioéléments présents et leur quantité. Seule une étude plus poussées permettrait de voir s'il existe des points d'accumulation plus importants et d'apprécier l'impact de la décharge sur la chaîne alimentaire et l'environnement. Michèle RIVASI
Présidente de la CRII-RAD p.6
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Pour éviter tout commentaire sur
le dossier d'Itteville destiné à acréditer l'idée
que les associations ont grossi leurs problèmes d'accès au
dossier, voici la présentation des dossiers CEA successifs. Bien
sûr, le dernier en date d'octobre 90 n'est pas présenté
parce que trop épais (80 pages), mais il y a un commentaire à
son sujet (la note remise au Conseil Supérieur tenait sur un ticket
de métro d'où la nécessité de consulter d'autres
notes). Mais de notes en notes, on constate une constance remarquable du
CEA dans la non présentation des archives du site.
Il y a également un problème
d'interprétation de la loi à propos des dépôts
et décharges.
Et il y a un problème de suivi du
site. 58 points sont non localisés, ce qui exclut de faire une véritable
étude de la radioactivité.
Les deux derniers points sont:
- on ne peut pas faire de travaux si on
ne connaît pas la cartographie du site. D'une part, on risque d'irradier
et contaminer le personnel, d'autre part que va-t-il se passer pour l'environnement?
- on ne peut pas rendre un site avec des
restrictions du genre «ne pas faire de construction nécessitant
des fouilles de plus de 50 cm». On a vu le résultat à
Gif-sur- Yvette où on a dû décontaminer des pavillons
construits dans le coin de la route du radium.
Quant au planning des travaux, il était
déjà tout prêt.
L'inconvénient est que les mesures
de la radioactivité fournies jusqu'à ce jour sont inexploitables
et ne permettent aucun suivi. On ne voit pas pourquoi les mesures qui seraient
fournies maintenant seraient mieux. Sans la CRI/-RAD, le dossier serait
resté vide. Il nous faut continuer à exiger un véritable
assainissement du site.
CENTRE DU BOUCHET
Aménagement de l'aire de stockage de résidus
résultant de la fabrication de combustible
1. Généralités
- Date de création du Centre: 1946 - Mission: fournir l'oxyde d'uranium destiné à la préparation du combustible de ZOE (premier réacteur expérimentaI français), traitement des concentrés uranifères et mise au point des procédés de fabrication des combustibles des centrales uranium naturel - graphite gaz. - Fermeture du Centre: 1er octobre 1971. Les terrains et bâtiments constituant le Centre ont fait l'objet d'un bail passé en 1948 entre la Direction Administrative du Commissariat à l'Energie Atomique (CEA) et la Direction des Poudres au Sous-Secrétariat d'Etat à la Défense Nationale. 2. Assainissement radioactif du Centre Après quelques travaux effectués par la Direction des Productions en 1971, l'assainissement est entrepris à partir du 1.1.1972 sous la responsabilité du Directeur du CEA-CEN/SACLAY*; il s'achèvera en mai 1979, par la remise des locaux et terrains à la Société Nationale des Poudres et Explosifs (SNPE). Cette remise à disposition effectuée après contrôle du Service Central de Protection contre les Rayonnements lonisants (SCPRI) est assortie d'une convention qui prévoit en particulier l'intervention du Service de Protection contre les Rayonnements (SPR) du CEA-CEN/SACLAY en cas de travaux d'affouillement; cette clause a été mise en application à plusieurs reprises (avril 77, juin 78, juin 79, juillet 83). Bilan général d'assainissement: Décontamination de 10.400 m2 de surfaces verticales ou horizontales de bâtiments et de 28.000 m2 de terrains ou de surfaces aménagées. 3. Dépôt de résidus extérieur au Centre, pour lequel la consultation du SCPRI est en cours Si les travaux d'assainissement du Centre sont terminés, il subsiste à proximité un dépôt annexe constitué par le bassin de décantation et le parc à hydroxydes. 3.1. Bassin de décantation · Surface du terrain: 10.500 m2 (appartenant à la SNPE) · Surface utile: 5.000 m2 · Contenu: 15.000 tonnes environ de boues et terres (activité totale en Ra226**: 15 curies). (suite)
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3.2. Parc à hydroxydes · Surface: 3.500 m2 (appartenant à la SNPE) · Sont entreposés environ 2.000 tonnes d'hydroxydes et 2.500 tonnes de terres (activité totale en 226 Ra: 5 curies). 4. Surveillance de l'environnement 4.1. Surveillance des eaux - 226 Ra Les eaux de surface font l'objet de prélèvements et de mesures tous les 3 mois depuis 1982. Points de prélèvements: 122/amont et 125/aval (Juine) et P5 (Ruisseau Centre de Recherche du Bouchet). Les 3 points de prélèvements sont indiqués sur la figure 1: la valeur moyenne se situe au niveau du 2/1.000 de la valeur admise pour le public (limite dérivée de la concentration dans l'eau pour le public) et la valeur maximale est de l'ordre de 1% de cette même limite. Ces valeurs correspondent à l'activité moyenne des eaux de surface en France. 4.2. Mesures de rayonnements Les valeurs indiquées sur le schéma joint (figure 2) montrent que l'irradiation en limite de site est toujours sensiblement inférieure à la limite d'exposition pour une personne du public qui y séjournerait en permanence. 4.3. Mesures du radon Des mesures récentes faites par l'Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire (IPSN) ont montré que pour le point le plus exposé, c'est-à-dire le poste de garde du Centre de Recherche du Bouchet, la valeur atteinte correspond à l'activité moyenne du radon dans les habitations françaises. Elle sera encore réduite après les aménagements projetés. Commentaire Gazette: L'activité de 1 millicurie par tonne classe ce dépôt dans la catégorie installation soumise à autorisation, d'autant plus que la quantité totale «stockée» sur le site est de l'ordre de 50 Curies. p.7
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L'assainissement de l'ancienne usine CEA du
Bouchet s'est terminé en 1979 par la remise à disposition
de la SNPE de différents terrains et bâtiments situés
au nord de l'Avenue de la Gare, reliant Itteville à Ballancourt.
1. L'ensemble des résultats de ces contrôles peuvent être obtenus sur demande auprès du CEA/UDIN/FAR. NDLR: N'hésitez pas à les demander, cela vous permettra de constater que les relevés ne sont pas faits sur le site des bassins. (suite)
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Le site et son environnement
Qu'est-ce que le RADON?
p.8
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· Plusieurs
centaines à un millier de becquerels par m3 d'air en
moyenne à la clôture.
· L'activité sur les voies de passage aux abords du terrain (avenue de la Gare et Chemin rural n°10) avoisine la limite imposée par la réglementation pour le public qui y séjournerait de façon permanente. Cette activité est comparable à celle que l'on trouve, à l'intérieur de maisons de régions granitiques telles le Limousin ou la Bretagne. · L'activité décroît ensuite très rapidement à quelques centaines de mètres pour rejoindre la valeur de la région parisienne (15 à 20 Bq/m3 d'air). Quant au radium et à ses descendants solides, les contrôles réguliers n'ont pas mis en évidence plus que des traces d'un passage dans les eaux de surface (Juine, bras de l'Essonne, étang des hirondelles) ou dans les eaux souterraines (stations de pompage et puits de jardin). Il faut souligner qu'il se trouve dans le terrain mélangé à la terre, sous forme quasiment insoluble. La radioactivité du radium mesurée dans les eaux de surface et les eaux souterraines autour du site est inférieure ou proche du seuil détectable (0,22 becquerel par litre). La limite de concentration pour le public est de 7,4 Bq/l. Certaines eaux minérales présentent une concentration supérieure à 1 Bq/l. Notons, enfin, pour être complet, que les produits radioactifs émettent un rayonnement mesurable sur le terrain lui-même. Mais il devient très faible dès les abords immédiats et il ne pose pas de problème pour l'environnement. Une campagne de mesures de concentration en radon à l'intérieur des habitations qui durera plusieurs mois vient de s'engager en concertation avec les mairies concernées à Itteville et à Ballancourt. Les résultats des surveillances effectuées par le CEA sont communiqués au Préfet, aux mairies et aux administrations. Le réaménagement du terrain
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2. Travaux préliminaires (durée 8 semaines) · Aménagement du chantier · Evacuation des ferrailles · Débroussaillage du terrain. Une cartographie des émissions de radon et de rayonnement sera réalisée à la fin de ces travaux préliminaires. 3. Mise en place de la couche d'argile La durée prévue pour les travaux de terrassement (non compris le temps nécessaire pour la stabilisation des sols) est de 4 mois si les conditions météorologiques sont favorables. · Transfert des hydroxydes dans le bassin de décantation. · Mise en place de la couche de 30 cm d'argile. A l'issue de cette phase, des mesures de radon et de rayonnement seront effectuées par le Service de Protection contre les Rayonnements du Centre de Saclay et l'Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire. D'autres laboratoires qui seraient intéressés pourront y être associés. Si les résultats sont insuffisants, une couche d'argile supplémentaire sera mise en place. 5. Mise en place des matériaux de recouvrement Les matériaux de recouvrement sont constitués d'une couche drainante puis de terre végétale (épaisseur 30cm). · Engazonnement · Rectification du carrefour. Des échantillons, notamment de flore et de terre prélevés pour conservation à chacune de ces étapes pour conserver une mémoire du terrain. Les travaux sont réalisés sous la responsabilité du Directeur du Centre de Saclay par une unité spécialisée du CEA. Ils sont effectués en concertation avec l'Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire sous l'autorité du Préfet et sous le contrôle de la Direction Régionale de l'Industrie et de la Recherche (DRIR) p.9
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Les mesures finales de radon et
de rayonnement seront effectuées sous le contrôle du Service
Central de Protection contre les Rayonnements lonisants du Ministère
de la Santé (SCPRI).
La restitution du terrain à la SNPE, propriétaire, se fera après l'achèvement complet des travaux de réaménagement. Le dossier formalisant la demande de travaux synthétisée dans ce document a été déposé en Préfecture (Bureau de l'Environnement) et fait l'objet d'une instruction dans le cadre de la réglementation relative aux Installations Classées pour la Protection de l'Environnement. Les travaux ne pourront être engagés qu'après qu'ils auront été autorisés par un arrêté préfectoral après avis du Conseil Départemental d'Hygiène. Différence entre dépôt et décharge
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A. Un peu d'histoire
b )Le conditionnement des déchets dans les blocs de béton
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Les premiers blocs furent réalisés à Saclay en 1960 et la phase industrielle pour leur production en série débuta en 1962 à raison de 2.000 à 3.000 par an jusqu'en 1968. Après cette date, la production diminua, entre 1.000 et 500 blocs par an. En 1972, le stock de ces blocs s'élevait à environ 18.000. Rien ne semblait avoir été prévu pour les transporter à La Hague et ils furent entreposés sur le site de Saclay. Environ 500 d'entre eux durent être stockés sur une aire de l'Orme des Merisiers dépendant du CEA. C'est cette aire qu'on appelle actuellement la «décharge de Saint-Aubin» et que les responsables du CEA préfèrent nommer pudiquement la «déposante de SaintAubin». Quand les fissures furent signalées, une recherche systématique des blocs fêlés fut entreprise. 193 purent être identifiés et le nombre de blocs endommagés fut estimé à 250 par la direction de Saclay (243 est le nombre final). Apparemment, les blocs stockés sans protection supportèrent mal les variations de température. On peut se demander si la décision de lancer une production industrielle a été précédée d'une étude sérieuse de la fiabilité du confinement. Le CEA colmata les blocs fêlés et commença à les évacuer sur La Hague mais cela prit plusieurs années. Le coût du transport en 1972 était de 3.000 francs par bloc. Quelques problèmes importants ne furent pas évoqués: 1. Le colmatage des fêlures pouvait-il garantir un confinement correct pendant des centaines d'années? 2. Pouvait-on garantir que les blocs non fissurés ne se dégraderaient pas au cours du stockage? 3. Pouvait-on garantir la fiabilité du confinement pour des blocs dépourvus de fissures apparentes? Porosité et micro fissures dans le béton pourraient réduire notablement l'efficacité du confinement. L'évacuation des blocs à La Hague permettait d'éluder le problème de l'efficacité de ce mode de confinement pour un stockage prolongé de déchets radioactifs. Dans une brochure de février 1975 intitulée «La sécurité du travail au Centre d'Etudes Nucléaires de Saclay», éditée par le Groupe Information Travail de Saclay, nous avons relevé ceci: «Rappelons l'affaire des fûts fissurés concernant des déchets radioactifs et qui laissaient s'écouler des liquides radioactifs sur l'aire de stockage. La presse en a parlé mais aucun journaliste n'a eu la curiosité de poursuivre l'enquête pour savoir ce qu'ils étaient devenus... Les fûts ont discrètement disparu de Saclay. Mais si des journalistes avaient suivi les convois, ils auraient peut-être assisté au dérapage d'un des camions qui renversa sa cargaison dans un champ, et à l'arrivée des engins qui enlevèrent la terre contaminée. Peut-être auraient-ils pu savoir où cette terre a été jetée». p.11
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c) Les «fûts» font à nouveau
scandale en 1978
En 1978, l'évacuation des blocs n'était pas encore terminée et les fûts firent à nouveau scandale. La direction de Saclay avait évacué en priorité vers La Hague dès 1972 les blocs de l'aire de Saint-Aubin et les blocs identifiés comme fissurés stockés sur le site de Saclay. En principe, il ne restait donc sur le site de Saclay que des blocs considérés comme «corrects». En avril 1978, une tache de contamination provenant des blocs encore présents sur le site, fut découverte... par hasard! Des laboratoires destinés à effectuer des mesures de faible radioactivité devaient être construits sur une zone libérée de l'aire de stockage. Le bruit de fond radioactif était beaucoup trop important et incompatible avec les expériences prévues. Des délégués du personnel alertés menèrent une enquête: la contamination provenait de boues entraînées par les eaux qui ruisselèrent sur l'aire de stockage. La contamination mesurée était considérable, il s'agissait de césium 137: 0,1 Curie par mètre cube dans l'eau de la boue, 2 Curies par mètre cube de la terre située en dessous. A cette époque, on n'utilisait pas le Becquerel comme unité de radioactivité. En Bq cela aurait donné: 3,7 millions de Bq par litre d'eau et 37 millions de Bq par kg de terre! Les camions ayant roulé sur cette boue avaient dispersé la contamination sur les routes du centre, le personnel avait pu y patauger en toute tranquillité. Cette affaire fit scandale sur le site et les syndicalistes (CFDT et CGT) interpelèrent durement la direction du Centre: «Les responsables de cette situation sont ceux qui ont décidé un stockage sur terrain nu sans protection contre les intempéries: les anciens administrateurs généraux et directeurs qui ont duré moins longtemps que la radioactivité» (extrait d'un tract du 24.4.1978 de la CGT-STCENS). La direction du Centre n'inspirait pas confiance: «Nous demandons que toutes les analyses des radionucléides dans les échantillons prélevés sur cette aire de stockage et sur ses abords soient effectuées en double par deux laboratoires différents» (extrait d'un texte des délégués CFDT en Comité Hygiène et Sécurité au cahier de mise en demeure de l'administration, le 3.4.1978). La tache de contamination fut nettoyée, la terre enlevée et évacuée. Au fait, ne l'aurait-on pas évacuée sur l'aire de Saint-Aubin? Les transports vers La Hague coûtaient chers et Saint-Aubin si près et si tranquille! C'est juste une hypothèse. Nous n'avons trouvé aucun texte mentionnant la destination de ces déchets. Une dernière nouvelle: les bâtiments qui furent construits sur l'aire de stockage ont été récemment démolis. On y a trouvé du césium! d) Les enseignements de ces événements
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B. La contamination de la décharge de Saint-Aubin a ) Les premières mesures Au mois de septembre 90, deux journalistes du Parisien font rebondir cette affaire en révélant que la terre de cette décharge était contaminée. Certains points chauds détectés avec un radiamètre conduisaient à des débits de dose 20 fois supérieure au débit de dose hors des clôtures. L'analyse gammamétrique d'un échantillon de terre prélevé en surface, effectuée par le laboratoire de la CRIIRAD, révélait un cocktail de radioéléments: Pour 1 kg de terre: Cs137 (7.960 Bq), Ba133 (90 Bq), Co60 (3.175 Bq), Eu152 (1.720 Bq), Eu154 (150 Bq), Eu155 (635 Bq), Am141 (530 Bq), U235 (70 Bq). Remarques: 1. il s'agit d'un prélèvement en surface. Ces mesures sous-estiment donc la contamination originelle car il y a eu diffusion en profondeur dans le sol et lessivage par les eaux de ruissellement. 2. le césium 134 est absent, il s'agit donc de déchets de fission âgés de plus de 20 ans. La présomption est donc très forte pour que le césium provienne des fûts. 3. les europium sont peu courants dans les déchets nucléaires habituels. 4. L'américium 241 est un émetteur a La présence de ce radioélément laissait penser qu'il devait y avoir du plutonium (qui ne pouvait être détecté par une simple gammamétrie). 5. Si l'on suppose que la contamination de la terre a été faite il y a plus de 10 ans, il est nécessaire pour connaître la contamination initiale de tenir compte de la durée de vie des radioéléments. Nous avons retenu trois cas pour la date des rejets: 1970, 1975, 1980. Les résultats sont résumés dans le tableau suivant en Bq/kg de terre:
Les modèles du CEA à propos de la migration des produits radioactifs dans le sol permettent d'estimer que cette migration dans le sol d'un dépôt de surface conduit en 10 ans à une diminution de l'activité surfacique de 30 % bien évidemment indépendamment de la décroissance radioactive des éléments. Il est donc nécessaire de multiplier les résultats précédents par un facteur voisin de 3. Ainsi la contamination de la terre en surface (Bq/kg) suivant la date du dépôt est égale à:
On voit qu'il s'agit là d'une contamination assez sévère. (La réglementation considère qu'un déchet contaminé à 74.000 Bq/kg doit faire l'objet d'une évacuation contrôlée.) p.12
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b) Le plutonium
A la fin du mois d'octobre, les journalistes du Parisien publiaient les résultats d'analyses effectuées dans un laboratoire de l'Université de Brême en Allemagne. La terre prélevée dans la décharge de Saint-Aubin contenait du plutonium (2.250 Bq/kg) et la composition isotopique ne laissait aucun doute sur l'origine militaire du plutonium. S'il s'agit d'un dépôt, fait depuis plus de 10 ans, la contamination surfacique d'origine est environ 3 fois plus élevée soit environ 6.600 Bq/kg. Le CEA ne pouvait plus cacher l'existence du plutonium. Mais son origine demeurait mystérieuse. Provenait-il de ces fameux fûts ou avait-il une autre origine? Il est difficile, avec les informations rendues publiques, d'écrire le scénario du film des événements qui se sont déroulés dans la décharge. Il est vraisemblable que plusieurs affaires se superposent: 1) perte de confinement des blocs, 2) décharge de boues au plutonium, 3) utilisation de cette décharge pour se débarrasser de la terre contaminée provenant soit de Saclay soit des accidents de transport de déchets radioactifs, 4) l'origine des europium demeure mystérieuse, 5) on ne peut pas exclure le fait que des laboratoires mineurs sachant que cette décharge n'était guère surveillée et contrôlée, aient pu profiter de cette aubaine pour se débarrasser clandestinement de certains de leurs déchets, ce qui leur évitait des démarches administratives ennuyeuses. c) Les réactions officielles
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L'ANDRA, l'organisme chargé du stockage des déchets, interrogée par les journalistes, confirmait la présence d'émetteurs a dans les fûts, la quantité totale indiquée était de 250 Curies ce qui correspond à une moyenne de 500 millions de Bq par fût et bien sûr beaucoup plus si le plutonium n'a été confiné que dans quelques blocs. Ce mode de confinement pour les émetteurs a est-il conforme aux conceptions actuellement admises pour la gestion des déchets à longue vie? Si l'activité de «nettoyage» des matériaux contaminés au plutonium a continué à Saclay après 1972, les déchets qui résultaient de ce «nettoyage» (des boues) peuvent avoir été directement déversés dans la décharge de Saint-Aubin. 3. de 1972 à 1980, le SCPRI n'a contrôlé que les eaux de ruissellement provenant de la dalle support des blocs et recueillies dans un puisard. 4. en 1972, l'eau du puisard contenait 4.000 Bq/l de tritium. Cette contamination diminuait au cours des années après l'enlèvement des blocs. On peut en déduire: - le lessivage des fûts entraînait du tritium - le tritium n'a pu disparaître du puisard qu'en pénétrant plus profondément dans la terre jusqu'à atteindre la nappe phréatique. 5. de 1972 à 1980, aucun détail sur la composition des radioéléments recueillis dans le puisard. 6. aucun contrôle de la radioactivité a n'est mentionné pour la période antérieure au 18 janvier 1990. Au fait, pourquoi avoir effectué en 1990 une recherche des émetteurs a alors qu'avant cette date le SCPR1 supposait qu'il n'yen avait pas? aucun prélèvement de terre n'a été analysé. 7. en février 1974, le CEA fournissait au SCPR1 le niveau de contamination de la terre: 3.000 Bq/kg en césium (sans indication de la nature de l'isotope!). Comme on connaît l'habitude du SCPRI de ne publier que des moyennes, cette valeur est tout à fait compatible avec l'existence de points chauds tels qu'ils apparaissent actuellement. 8. pour 1974, le débit de dose mesuré sur la décharge par le CEA est égal à 3,5 fois le débit de dose à l'extérieur. Comme il est vraisemblable qu'il s'agit là encore d'une moyenne, cette valeur est compatible avec des points chauds produisant des débits de dose 20 fois supérieurs à l'ambiance à l'extérieur du site. 9. signalons enfin que le Professeur Pellerin affirme que le césium n'est pas un émetteur a. S'il exclut le césium 137 des émetteurs a il est assez facile de comprendre pourquoi il indique des niveaux si bas pour les émetteurs a! L'intervention de Monsieur le Professeur Pellerin a été tellement ridicule et stupide qu'il semble bien que les autorités sanitaires l'aient fourré dans un placard et décidé de ne plus l'en sortir avant sa mise à la retraite! p.13
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II. Le ministre de la Santé n'est pas intervenu
dans cette affaire. On a laissé le soin au CEA (le pollueur)
de convaincre la population qu'il n'y avait aucun danger pour la santé.
Encore une fois, la preuve est faite que le ministre de la santé
est totalement indifférent aux problèmes sanitaires qui peuvent
résulter de l'industrie nucléaire. Rappelons qu'en 1986 quand
l'opinion publique était inquiète de l'effet des retombées
radioactives de Tchernobyl, c'est M. Madelin, le ministre de l'Industrie,
qui est seul intervenu pour rassurer la population.
A quoi sert le ministre de la Santé?
III. Le CEA: On a eu droit au début du scandale à
des déclarations assez étonnantes: pour le Haut-Commissaire,
Monsieur Teillac (un scientifique!), il s'agissait de bottes dans ces fûts.
En somme, il y avait eu près de 20.000 mètres cubes de bottes!
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Ce numéro de la RGN est spécialement consacré aux problèmes du plutonium dans l'industrie nucléaire. «Comme c'est étrange et quelle coïncidence!». Monsieur Grison a été un des hauts responsables du plutonium à Fontenay-aux-Roses avant d'être nommé chef de la Division de Métallurgie dont une des activités importantes concernait les combustibles nucléaires. Il fut enfin nommé chef du Centre de Saclay. Comment croire qu'un chef de centre dont toute la carrière antérieure fut consacrée au plutonium, ne se soit pas intéressé aux déchets des services où il a travaillé? Un autre haut responsable du CEA, Robert Lallement, inspecteur général du CEA, a montré lui aussi dans ses déclarations publiques une incompétence notoire en matière de radioprotection. D'après le Parisien du 24 octobre 1990, il aurait déclaré: «Attention les normes de 20 becquerels par an concernent des travailleurs dans des laboratoires fréquentés en permanence. Je ne crois pas que ce soit le cas à Saint-Aubin». On a rarement accumulé autant d'erreurs en si peu de lignes: 1) les 20 Bq par an sont la Limite Annuelle d'Incorporation pour la population et non pas pour les travailleurs qui, eux, "ont droit" à 10 fois plus, 2) comme il s'agit d'une incorporation totale sur l'année: cela n'a rien à voir avec un temps de séjour dans un endroit donné. M. l'Inspecteur général semble confondre une limite d'incorporation annuelle et une concentration maximale admissible dans l'air. Monsieur Robert Lallement a travaillé dans le passé à Fontenay-aux-Roses comme physicien responsable d'un laboratoire consacré aux propriétés du plutonium. Il a dû être un des producteurs de déchets qui ont fini à Saint-Aubin! Comment, avec les conceptions qu'il nous révèle aussi naïvement, a-t-il fait travailler les techniciens de son laboratoire? Serait-il indécent de demander une étude de mortalité sur ce personnel (et bien sûr sur l'ensemble du personnel de Fontenay-aux-Roses qui a été utilisé dans les divers laboratoires plutonium)? Ne serait-il pas normal qu'un «Inspecteur Général» du CEA s'intéresse à ce genre de question? Les responsables du CEA ne pouvaient plus cacher l'existence de cette contamination par du plutonium, mais pour eux il ne s'agissait que de «traces». Certains allèrent même jusqu'à parler de «traces de traces». En somme, nous ne verrions maintenant que des «traces» de ces «traces» déchargées clandestinement il y a quelques années. Nous verrons plus loin comment ces soit disant traces se placent par rapport aux normes. C. Les enseignements de Saint-Aubin
I. La culture de la sûreté
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Les révélations
qui émaillèrent cette histoire de «fûts fissurés»
proviennent d'une succession de hasards. Qu'apprendrait-on si tous les
événements de l'histoire de l'industrie nucléaire
étaient totalement dévoilés? Le bilan de cette industrie
est encore à faire.
Le CEA a été le moteur pour la promotion de l'industrie nucléaire et le Centre d'Etudes Nucléaires de Saclay était son plus beau fleuron. Nous voyons comment les responsables à tous niveaux ont envisagé notre sûreté. Si le personnel scientifique et technique avait eu le sens de ses responsabilités sociales, la situation aurait pu peutêtre se rééquilibrer. C'était le sens profond de l'intervention de Grottendieck et de ses amis de «Survivre et Vivre» en avril 1972. La situation s'est encore aggravée par suite de l 'indifférence de la population vis-à-vis des problèmes concernant sa santé et celle de sa descendance, jointe à l'indifférence des élus. Ceci relève du passé pourrait-on dire. Maintenant, on commence à prendre mieux conscience du danger. Mais la gravité de ces dangers a terriblement augmenté. Il suffit, pour s'en rendre compte, de se référer à quelqu'un qu'on ne peut pas taxer d'alarmiste professionnel, d'exhibitionniste catastrophiste, l'Inspecteur Général de la Sûreté à EDF (antérieurement au CEA), M. Pierre Tanguy. Dans son rapport annuel d'activité pour 1989, il déclare tout net que l'année 1989 a été une «année chaude» pour EDF (en clair cela veut dire que la population française «a eu chaud»), que le personnel administratif et technique à tous les niveaux hiérarchiques manque de «culture de la sûreté». Les révélations depuis un an concernant, à EDF, les malfaçons, les mauvaises conceptions, l'insuffisance des contrôles, etc., en sont la preuve. II. Les déchets de l'industrie nucléaire
a) La décharge de Saint-Aubin est-elle dangereuse?
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1. La procédure de décharge était-elle légale ou non? Cette question met à jour le vide juridique dans lequel on se trouve à ce sujet, vide d'ailleurs qui favorise et encourage les pratiques incriminées. On ne peut se référer qu'à des textes généraux qui ne définissent pas explicitement d'une façon claire les limites dérivées directement applicables concrètement. La réglementation adoptée par le NRPB (National Radiological Protection Board) fixe les limites de contamination de la terre à 900 Bq/kg pour le césium 137 et 1.000 Bq/kg pour le plutonium, celles-ci conduisant à une dose engagée de 0,1 rem par an (1 mSv). Quand la contamination dépasse de 25% ces valeurs, soit 225 Bq/kg pour le Cs 137 et 250 Bq/kg pour le plutonium 239, le NRPB doit engager une enquête (NRPB GS8, august 1987). On voit que si le NRPB avait eu à contrôler la décharge de Saint-Aubin, il aurait déclenché une enquête. 2. Il y a dans la terre de la décharge de Saint-Aubin des émetteurs a (plutonium et américium) qui ont été rejetés par le Centre de Saclay. D'après les arrêtés d'autorisation du rejet des effluents radioactifs des centrales électronucléaires, tout rejet d'émetteurs a dans l'environnement est interdit. Ce n'est certainement pas sans raison que cette contrainte a été imposée. Pourquoi ce qui ferait scandale près d'un réacteur nucléaire, devrait-il être considéré comme tout à fait normal auprès d'un centre du CEA? 3. Dans tout ce qui a été dit à propos de la contamination de la décharge de Saint-Aubin, on a omis d'expliciter les principes qui devraient être à la base des systèmes de radioprotections tels qu'ils sont présentés dans les recommandations de la CIPR (Commission Internationale de Protection Radiologique), c'est-à-dire en particulier par certains de ses membres: le Dr. Jammet, conseiller technique auprès de la direction du CEA (M. Rouvillois lui a-t-il demandé d'expliquer les conceptions de la CIPR en matière de radioprotection?) et aussi le Professeur P. Pellerin que le ministre de la Santé pourrait extraire temporairement du placard où il l'a enfermé, afin de lui faire expliciter les conceptions de la Commission Internationale dont il fait partie et commenter les textes dont il est un des signataires! Nous résumons succinctement ici quelques-uns des principes essentiels: 1. Toute pratique conduisant à une irradiation doit être justifiée. 2. Toute pratique conduisant à une irradiation (ou à une contamination) doit apporter aux individus ou à la société dans son ensemble un bénéfice qui compense les détriments que subiront les personnes irradiées. 3. Les limites de dose (et par conséquent les limites dérivées concernant les contaminations) doivent être considérées comme des limites d'inacceptabilité qu'il ne faut jamais atteindre. Cette notion d'inacceptabilité est développée dans toutes les publications de la CIPR concernant les normes. 4. Les limites de dose ne doivent pas servir pour déterminer les niveaux de protection de pratiques particulières. Ceux-ci doivent être déterminés à partir du deuxième principe dans le cadre d'une «analyse coût/bénéfice». p.15
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5. Il est erroné d'utiliser
les limites de dose comme une frontières entre le non dangereux
et le dangereux. Toute irradiation
comporte un risque pour la santé.
A partir de ces principes, nous pouvons poser quelques questions préalables: 1. Le CEA peut-il justifier ses pratiques clandestines à Saint-Aubin? Le SCPRI peut-il justifier l'absence de contrôle efficace sur le terrain de la décharge? 2. Quel bénéfice a retiré la population (en particulier les enfants curieux qui ont pu jouer sur la décharge) de cette pratique du CEA, qui compenserait le détriment causé par la radioactivité. Les intérêts du CEA coïncident-ils par principe et sans examen possible avec les intérêts de la population locale ou ceux de la société? 3. Avant de répondre à la question est-ce dangereux? il faut apporter une précision à la question: à partir de combien de morts, de combien de retards mentaux sévères, de combien de retards mentaux légers (ce sont les principaux détriments reconnus actuellement par la CIPR), dans une population donnée, jugez-vous la situation dangereuse? Enfin, rappelons un dernier point qui n'est guère mentionné. La législation française actuelle fixe la dose maximale admissible pour la population à 0,5 rem/an. Depuis 1985, la CIPR a fixé cette limite à 0,1 rem/an et depuis 1987 la Commission conçoit cette valeur comme une limite d'inacceptabilité qu'il ne faut jamais atteindre. Qu'attendent Messieurs Jammet et Pellerin pour faire modifier la réglementation française pour la rendre conforme aux conceptions qu'ils recommandent d'adopter en tant que membre de la CIPR? b) Le plutonium
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Le problème de la radiotoxicité du plutonium est loin d'être défïnitivement réglé et personne ne peut affirmer actuellement que le plutonium ne sera pas dans quelques années, considéré comme beaucoup plus dangereux que ce qui est admis aujourd'hui. Il y aurait lieu d'être extrêmement prudent pour des pratiques qui engagent l'avenir de la santé des populations. Il ne faudrait pas que le plutonium à Saint-Aubin escamote les problèmes posés par les autres radionucléides (le césium en particulier).
p.16
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