Le gouvernement français
s'est engagé dans une procédure de redémarrage de
la centrale nucléaire à neutrons rapides Superphénix,
le surgénérateur de Creys-Malville en Isère.
Cette installation nucléaire, unique de ce type et de cette puissance au monde, a été programmée à partir de 1975, autorisée en 1977 et mise en exploitation en 1986, sans débat, pas même au Parlement. Elle est maintenue à l'arrêt depuis juillet 1990 pour des raisons de sûreté. 1. L'expérience montre que les raisons avancées pour construire Superphénix et les prévisions de ses promoteurs étaient et sont encore erronées. 2. Le bilan de Superphénix est aujourd'hui globalement négatif, aux plans économique, écologique et de sûreté. 3. Le redémarrage de Superphénix constituerait une nouvelle fuite en avant... dans l'expérimentation, avec une installation qui n'est pas adaptée à cet usage. 4. Le redémarrage de Superphénix comporterait de nombreuses incertitudes quant à la sûreté. 5. La France doit arrêter l'extraction du plutonium dans son usine de retraitement de La Hague dont la destination était l'alimentation du surgénérateur Superphénix, qui contribue à l'accroissement de surplus de plutonium. 6. Le redémarrage de Superphénix constituerait une nouvelle mise en cause de la démocratie par un pouvoir politique qui accepte que le lobby nucléaire fasse passer ses intérêts avant ceux du pays et avant la sécurité des populations. |
Pour ces raisons[1]: nous demandons l'arrêt
de l'expérience Superphénix, la reconversion de l'intallation[2]
et du personnel[3]. Nous demandons un investissement scientifique, technologique
et industriel sérieux dans une politique prioritaire d'économies
d'énergie et de diversification des productions énergétiques.
Nous demandons publiquement au gouvernement français de s'engager
dans ces choix d'avenir garants de la sûreté, de la non-prolifération
et du désarmement, et de la sécurité des populations.
Comité Les Européens contre Superphénix:
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1. L'expérience montre
que les raisons avancées pour construire Superphénix et les
prévisions de ses promoteurs étaient et sont encore erronées.
Superphénix contient la plus grande
masse de plutonium (plus de 5 tonnes) et la plus grande masse de sodium
(5.000 tonnes) jamais rassemblée par l'homme dans une seule installation.
2. Le bilan de Superphénix est aujourd'hui globalement négatif,
aux plans économique, écologique, et de sûreté.
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- Superphénix ne dispose pas d'une installation de retraitement de ses assemblages combustibles[11] qui devront être stockés dans une piscine (APEC) que la NERSA a dû construire à cet effet sur le site. - Superphénix, avec le coeur actuel et le second coeur déjà fabriqué, produirait jusqu'au prochain siècle un surplus de plutonium de plusieurs centaines de kilos. - Superphénix a été le siège de plusieurs avaries graves dont deux étaient classées comme «hautement hypothétiques» et qui n'ont été identifiées qu'après plusieurs semaines[12]. - Superphénix n'est pas une «tête de filière industrielle» ses promoteurs ont abandonné l'idée de construire d'autres surgénérateurs sur le même modèle, l'exportation en est exclue, les Allemands ont abandonné le surgénérateur de Kalkar dont la construction était pourtant achevée, les Italiens ont voté l'arrêt de leur participation au programme surgénérateur, les Anglais arrêtent leur surgénérateur, les Américains ont arrêté leur programme surgénérateur et l'expérience japonaise de Monju fait l'objet d'une forte opposition de la population japonaise, d'une remise en question politique et subit des retards dûs à des erreurs de conception[13]. Les promoteurs de Superphénix après avoir abandonné les termes successifs de «tête de filière industrielle» puis de «prototype industriel» puis de «prototype de recherche»[14] parlent eux-mêmes aujourd'hui de Superphénix comme d'une «expérimentation». Redémarrer Superphénix conduirait inéluctablement à accroître le passif du bilan de la filière à neutrons rapides. 3. Le redémarrage de Superphénix constituerait une
nouvelle fuite en avant... dans l'expérimentation, avec une installation
qui n'est pas adaptée à cet usage.
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La fabrication du combustible
nucléaire de Superphénix entraîne, ne serait-ce que
dans le retraitement initial du plutonium, des «pertes» en
plutonium importantes. Le cycle du combustible au plutonium comporte en
outre de nombreux déchets nucléaires dont une plus grande
proportion d'actinides.
Le fait même que les promoteurs de Superphénix envisagent de réduire le surplus de plutonium confirme les thèses opposées au retraitement et considérant le plutonium comme un déchet source de prolifération et de danger. L'utilisation éventuelle de Superphénix pour des expériences de transmutation des actinides[17] (appelée de manière caricaturale «incinération de déchets nucléaires») constitue un leurre. La transmutation d'actinides en déchets à vie plus courte dans un Réacteur à neutrons rapides (RNR) n'a fait l'objet que d'une seule expérience à l'échelle du gramme dans Phénix et sur un an (expérience Superfact). Cette expérience a révélé d'importants problèmes de sûreté: « [...] les pressions importantes qui se manifesteraient pour des irradiations prolongées affecteraient certainement par fluage thermique la tenue mécani que des gaines»[19]. Aucune analyse sérieuse et référencée de la faisabilité d'une expérience de ce type dans Superphénix n'est mentionnée dans le rapport Curien, dans le dossier d'enquête publique ou dans le rapport de sûreté. Au contraire, le rapport Bataille[20] cite de nombreux responsables nucléaires confirmant qu'une telle expérience nécessite un retraitement poussé dont les installations ne sont pas prévues, pose des problèmes non résolus de fabrication des assemblages-cibles et suppose plus de vingt ans de recherches. C'est néanmoins cet argument fallacieux qui est avancé par la NERSA sous le terme «incinérateur de déchets nucléaires». La NERSA voudrait ainsi faire une expérience dans l'expérience. 4. Le redémarrage de Superphénix comporterait de nombreuses
incertitudes quant à la sûreté.
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Ces questions sont particulièrement importantes du fait de la gravité potentielle des variations de réactivité dans Superphénix (avec «possibilité d'une excursion nucléaire» selon le CEA lui-même) alors que des recherches intensives pendant 4 ans n'ont fourni aucune explication aux phénomènes constatés. Les incertitudes persistent sur le nouveau fonctionnement envisagé (avec déchargement tous les 3 ans), sur le vieillissement de l'installation et des assemblages nucléaires (qui séjournent depuis 7 ans alors qu'ils ne devaient rester que moins de 3 ans): aucun rapport de sûreté actualisé n'est rendu public. Ces incertitudes ont d'ailleurs motivé l'annulation, le 27 mai 1991, par le Conseil d'Etat du décret de redémarrage de Superphénix du 12 janvier 1989, pour insuffisance des conditions de ce redémarrage. Cette annulation obtenue par les recours du gouvernement de Genève, des cantons et communes suisses, des associations françaises et suisses, reste applicable. 5. La France doit arrêter l'extraction du plutonium dans son
usine de retraitement de La Hague dont la destination était l'alimentation
du surgénérateur Superphénix
6. Le redémarrage de Superphénix constituerait une
nouvelle mise en cause de la démocratie par un pouvoir politique
qui accepte que le lobby nucléaire fasse passer ses intérêts
avant ceux du pays et avant la sécurité des populations.
Mai1993
p.28
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En novembre 1990, le Collectif
Stop Melox a déposé un recours devant le Conseil d'Etat pour
obtenir l'annulation de l'autorisation de la construction de l'usine Melox
qui doit fabriquer le nouveau combustible Mox à base de plutonium.
Le Premier Ministre, Michel Rocard, avait signé, en mai 1990, l'autorisation de la construction de cette usine nucléaire avec l'accord du Ministre de l'Industrie M. Fauroux et du Ministre de l'Environnement Brice Lalonde. Le Premier Ministre, en présence de la Cogema, vient de répondre devant le Conseil d'Etat, par le dépôt, début avril 1993, d'un mémoire en défense. Notre avocat, Maître Corinne Lapage a, alors, disposé d'un mois pour répliquer aux arguments de la Cogema. Elle vient, le 9 mai dernier, d'adresser, à la Haute Juridiction, le mémoire de réplique. Dans ce mémoire de réplique, nous avons retenu les trois principaux points concernant le contentieux qui nous oppose au Premier Ministre à propos de la création de cette usine nucléaire. Il s'agit en premier lieu, de la non-consultation des organismes compétents chargés de donner un avis, ensuite des insuffisances de l'enquête publique et enfin des droits des générations futures par rapport aux déchets radioactifs. I. De la consultation des organismes chargés
de donner un avis
II. De l'enquête publique
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incinération et leur conditionnement à Melox, ils seront transportés à La Hague, ce qui n'était pas indiqué dans l'enquête publique (Gazette Nucléaire no 121/122). 2. Sur le manque d'étude de danger
3. Sur l'étude d'impact: son insuffisance notoire
III. Des droits et libertés des générations
futures: par rapport aux déchets
Pour le Collectif Stop Melox, Marc FAIVET
p.30
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Paris, Grenoble le 19-03-1993
envoi à l'AFP et à Libération
dans le nucléaire Reprise en main de la sûreté nucléaire? Représentants d'associations au sein
de
Commissions d'Information auprès des Installations Nucléaires
telles que la Hague, Superphénix , etc ,nous avons eu à nous
battre (et nous avons toujours à nous battre):
Raymond AVRILLIER, Monique SENÉ,
Raymond SENÉ
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du Président du Collectif national Stop Melox Objet: nomination scandaleuse de Jean Syrota La nomination en Mars dernier de Jean Syrota
à la tête du Conseil Général des Mines est un
acte de provocation et d'atteinte à la démocratie. En effet
M. Syrota est l'actuel PDG de la Cogéma, donc le haut responsable
de la criminelle et honteuse dissémination, par la France, du plutonium
comme combustible nucléaire.
Jean Morichaud
26110 Aubrès Commentaire Ces papiers que je vous livre datent de Mars
1993. Sont-ils encore d'actualité ? OUI et je m'explique:
p.31
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