Voici la Gazette de vos vacances. Elle est peu technique mais très polémique. On repart sur les multiples démarches associatives et leurs difticultés. MELOX, Vert Saint Denis et son stockage de sources, le Limousin et ses tas de déchets, les barrages, le militaire sous ses multiples formes. Il est vrai que la tâche est rude et les efforts peu payants. Si on fait le bilan, on n'est pas toujours très satisfait. Par exemple on espère que la commission Hague va repartir sur de bonnes bases. En effet, il ne faut pas que les commissions subissent les aléas des élections car les sites, eux existent quelque soit l'élu. En ce qui concerne Superphénix la pétition a marchoté mais plus grave, je ne sais pas si on a vraiment lancé l'idée d'un changement de politique énergétique. Et pourtant il ne sert à rien de dire non et de rester sans rien faire car les choses se font sans l'accord des intéressés mais se font quand même (il est vrai que même quand on intervient ça se fait aussi mais parfois ça change le scénario). De même pour l'arrêt des essais il y avait bien peu de monde pour exiger qu'ils ne reprennent pas. Il faut se persuader que poser inlassablement des questions, exiger des réponses est la seule manière d'arriver à changer les choses. La Gazette persiste dans son analyse: un pays doit faire un pas vers la Paix et ce doit être la France. Qu'importe les tergiversations des USA et de la CEI (ex URSS) il faut une volonté d'appliquer le Traité de Non Prolifération et il faut que la France y adhère (ce qui n'est pas encore le cas). Ce traité doit être reconduit en 1995, il faut absolument ajouter dans les clauses l'arrêt total de tous les essais. Agissons tous en ce sens et forçons la prise de conscience. (suite)
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Un autre type d'information sur Tchernobyl et ses conséquences: 3617 TASS «Le centre de psychiatrie Serbski de Moscou a élaboré un plan d'implantation en Ukraine et au Bélarus de centres de réhabilitation psychologique des personnes touchées par la catastrophe de Tchernobyl. La population locale pourra obtenir de ces centres les renseignements exhaustifs sur leur état de santé, les consultations des médecins peuvent les aider à sortir de l'apathie. Des juristes les renseigneront sur leurs droits et leurs privilèges. Plus de la moitié des habitants du territoire pollué souffre de névroses et de dérangements psychosomatiques! De nombreuses plaintes contre les maux de tête, la somnolence, le goût métallique ne sont que des conséquences du stress et n'ont rien à voir avec les radiations, estime Galina Roumiantséva chef du bureau chargé d'étudier les conséquences psychologiques de la catastrophe de Tchernobyl. Le "déménagement" de la zone contaminée n'a rien changé dans la peur "emportée dans les bagages"» Que les évacués de Tchernobyl vivent mal leur exil est une évidence. Que leurs maux soient seulement dus à ce mal vécu est moins sûr. Il y a des affirmations contradictoires sur ce sujet: les survivants d'Hiroshima se sont plaint de ce mal. Alice Stewart a montré l'affaiblissement qu'une irradiation pouvait induire dans les défenses d'un individu. Progressivement il semble admis que cet effet existe même s'il est difficile à mettre en évidence et à analyser. Alors pourquoi cette affirmation russe? Pour ne plus avoir de responsabilité, pour minimiser les effets de Tchernobyl, toutes ces raisons et d'autres mènent les autorités à affirmer n'importe quoi pour se dédouaner. p.1
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Pourtant en France il y avait un effort et cette fois dans le sens d'une
prise en compte plus réaliste des dangers. Il est vrai qu'avec 56
réacteurs, des mines, une usine de retraitement, des sites de stockage
et autres joyeusetés, il vaut mieux se montrer réaliste.
Il y a un effort mais il y a du pain sur la planche car on part de loin.
Quant à ceux qui essaient d'obliger à être vigilants
ils fatiguent mais ils continuent quand même.
On se posait des questions sur la DSIN. L'incident de Cadarache rassure un peu sur son mordant. Libération du 30 juin 1993 publie un article de G. Benhamou assez explicite dont voici la conclusion: «Sans doute le CEA maîtrise mieux la rétention de l'information que celle de ses eaux contaminées.» Alors de quoi s'agit-il? Eh bien le week-end du 18 au 21 juin un débordement de cuve de stockage d'eau contaminée s'est finalement soldé par au moins 2 alarmes qui n'ont pas fonctionné, pour finir sur une pompe mal connectée. Alors la maintenance ça sert à quoi et depuis quand rebranche-t-on les systèmes de sécurité sans vérifier leur fonctionnement? Bravo pour un organisme chargé d'établir les règles et chargé d'analyser pourquoi un système de sécurité ne fonctionne pas. Tous les espoirs sont permis sur la non efficacité et la non pertinence des études. Quant à affirmer que c'est sans incidence, c'est facile et classique. On aimerait quand même avoir les résultats de la contamination de ce site et de tous les autres de la vallée du Rhône avant de conclure. Cadarache sait nous donner les courbes autour de Tchernobyl et partout sur ces territoires. Alors pourquoi pas autour de Cadarache lui-même? Enfin la DSIN a classé cet incident au niveau 2, ce qui est normal parce qu'il y a des manquements graves au règles et rejets à l'extérieur du site mais le CEA n'a pas dû apprécier. Nous apprécions nous à sa juste valeur. On voudrait bien aussi avoir quelques nouvelles de l'Office Parlementaire. A-t-il disparu? Que fait-il? (suite)
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Un petit tour vers les déchets et vers les accidents. Forbach a montré les limites d'un système qui repose sur la confiance. La Gazette persiste à penser que ce n'est pas suffisant et qu'il faut parvenir à ce que les Comités Hygiène et Sécurité soient vraiment obligatoires et puissent jouer un rôle plus dissuasif. Il y a le chômage, la peur du lendemain mais ça n'oblige pas à l'inconscience aussi bien patronale qu'ouvrière. Il faut que chacun fasse son bilan et cherche à faire fonctionner le système. Le jugement de Forbach condamne la hiérarchie mais les motifs invoqués sont inconsistants. Que vient faire le caractère du responsable? On se moque de savoir qu'il est "insolent, hâbleur...", ce qu'on veut savoir c'est où se situent les dysfonctionnements? Puisqu'il y a un arsenal de lois, de formulaires. C'est que comme d'habitude, on fait remplir des papiers mais personne ne lit, personne ne vérifie. Voyons, l'ouvrier moyen devra montrer patte blanche mais le patron... pas question!!! Le comité anti-MELOX essaie de maintenir la pression. La lecture des documents pour l'obtention des autorisations rejets gazeux et liquides est sans surprise: c'est nul. On continue à se moquer du monde! Des nouvelles en provenance de Belgique sont assez mauvaises. On s'oriente vers l'utilisation de combustible MOX dans les réacteurs. Le prétexte est toujours le même, le plutonium est gratuit. Comme les Japonais, comme tous ceux qui font retraiter à la Hague, l'argumentaire s'impose: «On a déjà payé, on va rentrer dans nos sous grâce au Pu». Et qu'importe le stockage des déchets, la prolifération, l'accident possible. C'est carrément pareil avec le Limousin. Qu'importe qu'il y ait eu des études montrant l'inadéquation d'un site de mine pour un stockage de longue durée, ce terrain appartient à une firme qui se l'approprie à vie et sans tenir compte du fait qu'il y ait des populations autour. D'abord ce qui est bon pour COGEMA..., vous connaissez bien la fin. C'est aussi une Gazette où nous
avons donné la parole à nos lecteurs. Nous espérons
que cela aidera chacun.
p.2
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Bella et Roger Belbeoch 224 p., 125 FF. Mise en vente le 26 avril 1993. Distribution Harmonia
Mundi.
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Sept ans après Tchernobyl, un point sur la situation, un point critique aussi bien sur le rôle des experts que sur les conséquences à long terme de cet accident. Vous ne regretterez pas la lecture de ce bilan et de ce réquisitoire: le nucléaire n'est pas gérable. |