L'Assemblée générale
a eu lieu le 24 janvier. Nous étions une trentaine; après
le rapport financier adopté à l'unanimité, il a été
passé en revue tous les sujets jugés importants:
Superphénix et l'utilisation du plutonium. Des textes sont publiés ci-après qui font le point de la discussion. SPX doit être stoppé ça c'est une certitude. Que dire de Phénix, il est dangereux, vieux et il a présenté de graves problèmes de sûreté. Donc, mieux vaudrait le stopper. De toute façon ni le grand frère, ni le petit frère n'apporteront la moindre réponse pour solutionner les déchets. Il faut se résigner, il y a des déchets et on devra trouver des solutions pour ne pas polluer irrémédiablement notre environnement. Transmuter, incinérer sont juste des idées de physicien, reprises par ceux qui veulent utiliser l'atome sans réfléchir. Les essais nucléaires et le gel
des programmes,
La Hague,
Fessenheim,
(suite)
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Civaux Couplé au réseau le 29 décembre (taxe d'apprentissage oblige), le réacteur est, depuis, toujours arrêté pour cause d'alternateur "rouillé". Bon, ça ne fait pas sérieux mais comme on n'en a pas besoin sauf pour exporter, cela ne porte pas à conséquence. Enfin, pas tout à fait, à combien la répercussion sur le coût du kWh ? Stop Nogent,
Les déchets et les labos,
Le programme énergétique.
Bonne lecture des textes venant directement des discussions. p.25
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En juin 1997 le gouvernement JOSPIN, pour
tenir ses engagements électoraux, a décidé l'arrêt
définitif du réacteur à neutrons rapides Superphénix.
Ce fut une décision politique. Et pourtant, dès 1992 le directeur de la DSIN (Direction de la Sûreté des Installations Nucléaires) Michel Lavérie avait émis un avis très mitigé sur le redémarrage de cette installation pour des raisons de sûreté [1]. "En conclusion, pour la direction de la sûreté d installations nucléaires, le redémarrage du réacteur peut être autorisé sous réserve de la mise en oeuvre de l'ensemhle des précautions et limitations supplémentaires décrites ci-dessus. Cette autoriscition ne peut couvrir que le fonctionnement à court terme du réacteur, dans l'attente de progrès significatifs sur les questions soulevées à plus long terme." De fait il mettait en avant une caractéristique de conception conduisant à une situation inacceptable sur le plan de la sûreté : la non inspectabilité. Il écrivait dans son rapport, et ce fut repris par son successeur: "... Les difficultés de contrôle et d'intervention, notamment à l' intérieur de la cuve (...). Contrairement aux réacteurs à eau pour lesquels il suffit de quelques jours pour examiner in situ tout composant sur lequel on aurait le moindre doute, une intervention souhaitable dans la cuve de Superphénix se chiffrerait en années d'arrêt (entre le déchargement du combustible et la vidange du sodium) De plus, la mise en air des structures pourrait engendrer des dégâts de corrosion irréversibles. Si ce dernier point peut à la rigueur être admis pour un prototype, il compromettrait vraisemblablement le développement industriel de réacteurs ainsi conçus : la sûreté d'un réacteur ne peut être raisonnablement assurée s'il n'est pas possible, en cas de doute, d'en contrôler toutes les structures, dans des conditions aisément envisageables. A ce titre, l'expérience de Superphénix et les difficultés rencontrées par l'autorité de sûreté pour imposer le développement et la mise en oeuvre de contrôles limités sur des structures aussi importantes que la cuve principale et les tubes de générateurs de vapeur illustrent ce problème. Ces différentes considérations conduisent à penser que le développement de futurs réacteurs rapides nécessiterait de réexaminer et vraisemblablement de modifier de manière assez importante la conception de ces réacteurs." Cet avis peu favorable, lui a valu d'être remplacé.Mais en 1994, le nouveau directeur André-Claude Lacoste a repris le rapport de 1992 avec ses réserves [2]. En fait ce constat cachait un défaut autrement plus important que nous n'avons découvert que récemment: il n'a jamais été prévu d'arrêter et de vider le réacteur de ses assemblages combustibles et de son sodium primaire. Le lobby nucléaaire mène actuellement une campagne acharnée, désespérée, dans le but de repousser la décision de démantèlement jusqu'à un changement de Ministre de l'environnement, voire de gouvernement, qui, on ne sait jamais, donnerait l'autorisation de réappuyer sur le bouton marche. Actuelle ment le réacteur est à l'arrêt, combustible en place, sodium maintenu liquide et circulant pour évacuer la puissance résiduelle. Il ne manque qu'une autorisation administrative précédée d'un nouveau décret (le précédent a été cassé en Conseil d'Etat en février 1997), petites broutilles qu'un pouvoir politique sans scrupules, aiguillonné par le très puissant lobby nucléaire, peut signer dans des délais très brefs. Deux arguments sont avancés pour justifier une décision de redémarrer Superphénix: 1 - "Il faut des résultats en 2006" sur l'incinération des actinides pour "satisfaire" à la loi de 1991,et c'est la seule source de neutrons rapides dont nous disposons pour mener à bien ces recherches, 2 - on ne sait pas vider le réacteur de son combustible, donc pendant l'étude de la méthode de vidange et la fabrication d'assemblages fictifs, ou peut très bien continuer à le faire fonctionner, cela fera quelques kilowatts-heures produits. Commençons par le second point. La mise à l'arrêt définitif de Superphénix passe par deux opérations incontournables, sauf si on Tchernobylise: - retirer la totalité des assemblages du coeur, combustible, couverture fertile, couverture neutronique, - vider le sodium primaire (environ 3.500 tonnes soit 3.500m3). Jusqu'à présent, ce qui était prévu, avec puis sans barillet, c'était l'échange d'un assemblage usé par un neuf. Mais il n'avait jamais été envisagé de retirer, sans les remplacer, un grand nombre d'assemblages. (suite)
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Ces assemblages sont plantés dans une plaque en dessous de laquelle arrive le sodium liquide destiné à évacuer la chaleur. De ce fait le sodium ne peut circuler qu'en passant par les trous situés sur les pieds d'assemblage puis par l'intérieur des assemblages. Si on retire un paquet d'assemblages, le sodium passera préférentiellement par les trous laissés vacants dans la plaque de base et non au travers des assemblages restants qui ne seront plus refroidis correctement, d'où un risque sérieux de détérioration, puis de fusion des assemblages (on a attendu 1997 pour s'en apercevoir !). C'est ce qui est pudiquement décrit dans les textes officiels par ''une dégradation importante de la thermohydraulique du ceour". De plus lorsqu'un nombre important d'assemblages aura été retiré la tenue mécanique du "fagot" ne serait plus conforme aux normes sismiques. Mais ce n'est plus qu'un détail! Il y aurait bien une solution, remplacer au coup par coup un assemblage combustible par un assemblage inerte en acier. Le seul problème c'est qu'on n'en a pas, et qu'il faudrait les fabriquer. C'est long et cher mais inéluctable, il faudra donc les fabriquer. Le plus extraordinaire est que ce scénario a été "oublié" dans le rapport de sûreté de Superpénix. L'arrêt avec vidange n'a pas été prévu. Ceci éclaire d'un jour nouveau l'argument des autorités de sûreté quant à la "non-inspectabilité". Effectivement il n'a jamais été prévu qu'on puisse aller inspecter de près une structure essentielle pour la sûreté de l'installation si elle est située à l'intérieur de la cuve, pire il n'a jamais été prévu l'arrêt définitif du réacteur. Quand les autorités dites compétentes nous parlent du facteur humain, des erreurs humain, jamais ils n'avaient osé placer l'erreur à ce niveau de la conception. Le chef du projet, monsieur Vendryes, n'a d'ailleurs pas évoqué ce problème dans son livre à la gloire de cette mirifique machine, paru en décembre l 997. (le titre aurait du être "SUPERPHENIX / POURQUOI... ON NE PEUT L'ARRÊTER") Le lobby nucléaire clame à tous les vents qu'il n'y a qu'à continuer de brûler le combustible en place dans le réacteur peudant que se font les études. Or le réacteur a jusqu'ici peu fonctionné. Il est à l'arrêt pour plus d'un an. La puissance résiduelle a décru, il est donc peu radioactif. Malgré cela, il est impossible de sortir sans précautions les assemblages. Il serait donc stupide de faire remonter le niveau de puissance par un redémarrage intempestif et inutile. En tout état de choses, en l'absence du barillet qui permettrait un entreposage avec refroidissement intermédiaire, l'extraction du combustible et sa mise en container de transport peut se faire au rythme de 3 par jour. Ce qui représente pour vider l'ensemble du circuit environ un an. Il y a bien l'atelier pour l'évacuation du combustible (APEC) qui aiderait à la manoeuvrte. Mais cette installation n'ayant encore jamais servi. nos têtes pensantes se disent que s'il était possible de ne pas la contaminer, cela serait toujours cela de pris sur le volume des déchets TEA (Très Faiblement Actifs) à gérer. De plus nul ne sait si l'APEC fonctionne correctement et ce n 'est pas le moment de jouer au jeu des sept erreurs... Dans l'inventaire des énormités il y a la problématique du sodium. Une fois tous les assemblages de tous types retirés de la cuve, il faudra vider les 3.500 m3 de sodium. Celui-ci est un peu activé (pour les 37 t de Rapsodie, le petit frère de 70 MW construit à Cadarache, il a fallu attendre 10 ans pour que la radioactivité soit suffisamment faible pour traiter le sodium sans risque radiologique pour les travailleurs) et un peu contaminé par fuite directe des assemblages. Il faudra le transférer sous forme liquide dans des grands réservoirs qui n'existent pas. Il faut donc les construire en n'oubliant pas qu' ils devront être chauffés pour que le sodium reste liquide et qu'il s'agira d'installations contenant des produits radioactifs. Ensuite il faudra neutraliser ce sodium en faisant de la soude par projection sous forme d'un fin jet dans de l'eau, en évitant que l'hydrogène produit s'enflamme. En France notre expérience porte sur un appareillage ayant une capacité de 10l/heure. Les Anglais pour le démantèlement du réacteur à neutrons rapides de Dounray ont construit un appareil ayant une capacité de 100 l/heure avec l'aide de Framatome. Avec cette capacité, la neutralisation, au rythme de 24 heures sur 24, 365 jours par an, demanderait la broutille de 4 années. Bien sûr on petit envisager plusieurs installations fonctionnant en parallèle, mais de toute façon ces installations n'existent pas. Il faudra aussi les construire. p.26
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A ce sodium primaire, on doit rajouter les
1.500 tonnes secondaires et les 700 tonnes du barillet défunt, pour
lesquelles les réservoirs de stockage existent mais qu'il faudra
neutraliser aussi, ce qui ajoute 3 ans environ au calcul précédent.
Calcul fort optimiste puisqu'il suppose que tout fonctionnera sans panne
et sans problème.
A ce sujet, n'oublions pas l'expérience de la fin désastreuse de l'opération sur Rapsodie [3]. Pour la neutralisation des derniers litres "boueux" de sodium, il a fallu mettre en oeuvre une autre technique. Ceci a conduit à une explosion avec mort d'homme. Que ce soit en raison d'un mauvais protocole opératoire, d'un non respect du protocole ou dû à la fatalité, le C.E.A. a un mort sur la conscience et une instruction judiciaire sur le dos. De fait les opérations de vidange totale de la cuve du réacteur demandent la construction de nombreuses installations techniques, suivie de plusieurs années de travait. L'arrêt puis le démantèlement représentent la mise en oeuvre d'un grand chantier qui donnera dans la région pour près d'un demi-siècle beaucoup plus d'heures de travail que les simples opérations de maintenance. Revenons maintenant à l'argument concernant le programme de recherche pour satisfaire à la loi de 1991. Cette loi dit dit dans son article 4: "A l' issue d'une période qui ne pourra excéder quinze à compter de la promulgation de 1a présente loi, le Gouvernement adressera au Parlement un rapport global d'évaluation de ces recherches accompagné d'un projet de 1oi autorisant, le cas échéant, la création d'un centre de stockage de déchets radioactifs à haute activité et à vie longue...". S'il y a obligation de recherche, il n'y a pas d'obligation de résultat et encore moins de moyen pour les obtenir. Il y a en permanence de "l'intox" à ce sujet. Certes le décret de 1994 (cassé par le conseil d'Etat) a changé la vocation de Superphénix, le faisant passer du stade de machine de présérie industrielle destinée à produire de l'électricité, à celui d'un outil de recherche dont le programme a été établi en 3 points par un consortium NERSA-CEA-EDF. Ce changement, s'appuyant sur le rapport Curien du 17 décembre l992 [4], aété contesté. Une nouvelle commission, la commission Castaing [5], a été chargée de statuer si SPX pouvait satisfaire aux demandes formulées dans les trois programmes d'acquisition de connaissance (PAC 1: faisabilité de la production d'électricité au niveau industriel, PAC 2 : réduction des stocks de plutonium, PAC 3 destruction des actinides mineurs). Nous avions montré à quel point la situation était biaisée, à quel point cette nouvelle mission donnée à cette machine n'était destinée qu'à lui fournir une pseudo-justification pennettant de dédouaner l'industrie nucléaire de 2 de ses tares majeures, l'accumulation du Pu et les déchets de longue durée de vie. En effet dans le rapport Curien, nous pouvons lire des évidences oubliées depuis. Les axes de recherche sur le plutonium et les déchets nécessitent avant toute expérimentation entre 20 et 30 ans de recherche et développement. Les choix entre les diverses options doivent être le résultat d'expérimentations sur une machine adaptée à cet usage, Phénix à l'époque, un réacteur dédié depuis. (suite)
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Superphénix dans ce schéma, n'a d'autre rôle, en fin de chaîne, que de qualifier au niveau industriel les options choisies. On voit clairement que, dans ce contexte, SPX n'a pas d'utilisation pour ces recherches avant au moins un quart de siècle, dans le plus optimiste des scénarios. Le reproche fondamental que l'on peut faire à cette approche du problème des déchets est qu'une fois de plus les tenants du nucléaire essaient de nous engager sur une voie avec toujours plus de nucléaire. En réalité la transmutation ne concernerait qu'une partie infime des déchets, la partie certes très dangereuse des hautement radioactifs et à vie longue. Par contre tous les résidus des mines, du démantèlement et du fonctionnement du nucléaire ne peuvent pas bénéficier de cette approche or ces déchets sont les plus volumineux. Quant au volet "machine de production d'électricité" nous savons depuis longtemps que SPX n'est rigoureusement pas compétitif avec les réacteurs à eau pressurisée, eux même ne présentant déjà plus d'avantage économique sur les centrales à gaz ou à charbon. Il est également illusoire de parler d'expérience acquise en matière de réacteur à neutrons rapides utilisant le sodium comme caloporteur. Tant au niveau des rapports de la DSIN que des avis exprimés par les représentants d'EDF (commission Castaing) il n'y a qu'une certitude: c'est qu'un futur réacteur à neutrons rapides sera radicalement différent de ceux construits actuellement. Cet argument de l'acquisition d'expérience est donc sans fondement. Nous estimons, dans ces conditions que: 1 - le maintien à l'arrêt de SPX avant sa vidange et son démantèlement est impératif 2 - la deuxième charge de combustible en attente sur le site, doit être démanlelée sans délai. Il n'y a aucune raison de la conserver puisque la décision d'arrêt définitif de SPX a été prise. Elle n'a plus aucun usage en cet état. Cette opération de démantèlement ne pose pas de problèmes techniques, puisque ce combustible n'a jamais été irradié. La charge fissile fournira de la matière première à l'usine MELOX. 3 - l'analyse de la transmutation doit être menée en laboratoire pour estimer les possibilités réelles de cette voie. En l'état du dossier la transmutation n'est qu'un argument pour continuer le nucléaire. En effet faire croire que cette voie existe permet de minimiser l'importance des déchets. 4 - dans ce cadre et après une mise à plat des études de laboratoire, la remise en fonction de Phénix, avec toutes les précautions liées aux réserves de la DSIN et sachant que son arrêt doit être envisagé le plus rapidement possible, pourrait être envisagée et permettrait: - de continuer les programmes de recherche de la famille SUPERFACT qui devraient permettre de faire avancer la connaissance en matière de possibilité de réduction des déchets radioactifs à vie longue - d'engager les recherches sur la possibilité de mettre en oeuvre des combustibles non plutonigènes. p.27
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Aux Editions Dagomo, collection l'esprit frappeur,
112 pages, 10 FF, 3 passage Dagorno 75020 Paris.
"Inactifs aujourd'hui, radioactifs demain"
disions-nous hier...
"Tout électrique, tout nucléaire"
disait EDF hier. "Tchernobyl" lui répond-on aujourd'hui.
Et demain? C'est aujourd'hui même, à l'aube du XXIème
siècle que se décide notre futur énergétique.
Le choix est simple: répéter les erreurs passées ou
prendre conscience des limites de nos ressources, du déséquilibre
de répartition des richesses de la planète et de la destruction
générale que nous contribuons à amplifier. De toutes
façons nos enfants subiront le corollaire de nos conséquences:
pollutions et déchets radioactifs. Les antinucléaires ne
sont jamais que de lucides nucléoclastes.
Le "Vieux Phénix " comme titre
Libération
du 15 janvier 1998 va-t-il servir d'alibi à Superphénix,
le raté neuf?
Dénoncer une pression sur la DSIN et
prétendre que l'on revient à des pratiques de sujétion
de cet organisme est très louable. Mais qui a crié quand,
en 1994, son ex-directeur Lavérie s'est retrouvé sur la touche
pour avoir écrit un rapport défavorable au redémarrage
de Superphénix, rapport dont la brûlante actualité
a été démontrée en décembre 1997. Après
6 mois de silence les autorités de sûreté ont admis
publiquement que les ingénieurs-concepteurs ne savaient pas comment
arrêter monstre qui ressemble à un train fou sans frein.
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Qu'il soit fait mention de la perte financière
que représente la remise en état de Phénix (650 millions
au moins)serait "amusant" si on voulait bien rappeler que Superphénix
non démantelé coûte près de 1 milliard par an
pour assurer son simple refroidissement (et on ne parle pas du coût
de ses multiples réparations - améliorations (?). Quant à
son démantèlement mieux vaut ne pas trop le chiffrer car
le résultat risque d'être vertigineux. A ce sujet rappelons
que c'est NERSA, société de droit privé qui doit assumer
les frais (EDF n'émarge que pour 50% de la facture). Cela dit, Phénix
ne sera pas non plus si facile à démanteler (rappelons-nous
le tout petit Rapsodie et son explosion sodium à la fin de son démantèlement,
stoppé depuis cet accident en 1994) et ce ne sera pas gratuit!.
Maintenu sous haute surveillanec Phénix peut, peut-être, rendre encore quelques services. Par contre faire fonctionner Superphénix n'apportera rien et son démantèlement ittévitable serait encore repoussé à un futur incertain au plan financier et inquiétant au plan de la sûreté. La décision de fermeture de Superphénix (et, à terme rapproché, de Phénix) doit être appliquée et les mesures de redéploiement et d'accompagnement pour la région programmées sans attendre. A cet effet le démantèlement du deuxième coeur (qui ne présente aucun problème technique majeur) doit être engagé sans délais. Laisser la situation perdurer et se pourrir n'apporte rien de concret. Mieux vaut repartir d'un bon pied pour traiter les déchets, la transmutation n'étant peut-être plus un axe de recherche "pertinent", comme, à juste titre le fait remarquer Libération. Et de plus, en prenant enfin des vraies décisions on évitera le naufrage d'une région en l'attente d'une solution de remplacement viable. début p.28
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Superphénix repeint en vert!
Comment peut-on (ingénieur ou chercheur) lancer de tels slogans ? Parce qu'on a construit un monstre sans réfléchir, sans songer aux déchets, parce qu'on a extrait du plutonium sans retenue et sans plan d'utilisation. parce qu'on a mis en place un programme sans se soucier de son devenir à la fin de sa vie, on veut garder la pièce la plus ratée d'un puzzle mal fait. Superphénix fut la merveille technologique des années 70. Mais celles de 80 puis de 90 ont révélé l'incurie des bâtisseurs de ce réacteur. Superphénix, brûleur de plutonium, allons donc, les bilans les plus optimistes lui concède la centaine de kilos soit 2% de la production annuelle EDF. Alors cessons de plaider l'avenir d'une machine qui n'en a pas. Les directeurs de la DSIN (Lavérie puis Lacoste) ont écrit, à cause des problèmes de sûreté de Superphénix: "Ces différentes considérations conduisent à penser que le développement de futurs réacteurs rapides nécessiterait de réexaminer et vraisemblablement de modifier de manière assez importante la conception de ces réacteurs." Quant à utiliser le coeur actuel, puis le suivant, ce choix serait aberrant: - ces coeurs sont surgénérateurs, ils ne peuvent être modifiés. On ne fera pas d'expérimentation pour répondre aux demandes de la loi sur les déchets de 1991, |
- le réacteur est à l'arrêt
depuis 1 an, la radioactivité a décru. On peut envisager
la sortie (quand on aura les assemblages acier) des combustibles puis la
vidange du sodium primaire (quand on aura construit les réservoirs)
- le coût du démantèlement est inéluctable qu'on le paie aujourd'hui ou dans 10 ans. Pis, dans 10 ans il sera plus élevé car le démantèlement sera plus difficile à cause du vieillissement de l'installation. "N'entrons pas dans l'erreur et le gâchis" est la conclusion de l'article publié dans Libération (4 février), l'inconvénient est que nous sommes dans l'erreur et le gâchis. Superphénix aurait dû être arrêté dès les premiers incidents significatifs, il faut savoir arrêter les expériences ratées et en profiter pour repartir d'un bon pied. Tergiverser ne fera que rendre plus difficile le redéploiement d'une région trop dépendante du nucléaire et coûtera de toute façon plus cher globalement. Il n'y a pas d'opération blanche... Tout se paie. Le nucléaire un atout de l'écologie? Ce qui est sûrement un atout c'est un programme énergétique équilibré, ne privilégiant rien et utilisant toutes les voies en tenant compte de leurs avantages et de leurs inconvénients. Avoir trop privilégié le nucléaire nous a conduit dans l'impasse des déchets. Savoir le reconnaître peut nous aider à rebâtir une politique énergétique cohérente, l'arrêt de Superphénix est un pas sur cette voie, faisons-le. fin p.28
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