COMMUNIQUE DE PRESSE
du Réseau "Sortir du nucléaire"
Sortie du nucléaire en Allemagne: un verre à moitié vide ou à moitié plein ?
     Le Réseau "Sortir du Nucléaire", fédération de 487 associations, se félicite du signal donné par l'Allemagne qui rejoint les nombreux pays ayant décidé d'accorder à l'énergie nucléaire sa juste place : celle d'une énergie dépassée, en fin de course. 
     Bien sûr, nombre de clauses de ce plan de sortie du nucléaire sont trop favorables au lobby nucléaire et le résultat est loin des promesses électorales, y compris celles du SPD (qui prônait une «sortie du nucléaire aussi rapide que possible»). 
     Alors, oui, l'Allemagne renonce au nucléaire, mais ceci ressemble bien plus à un simple non renouvellement du parc nucléaire, c'est à dire un fonctionnement limité des réacteurs existants avec toutes les conséquences liées aux risques d'accidents majeurs pendant encore des dizaines d'années. Hormis des pays profondément antidémocratiques comme la Russie et la Chine, quel autre pays veut encore de cette énergie trop chère et trop risquée qui, de surcroît, produit des déchets dont personne ne sait que faire? Au moins, peut-on en Allemagne connaître la mesure du problème, la production totale de déchets étant maintenant définie. 
     Enfin est reconnue officiellement par les entreprises du secteur énergétique la primauté du politique sur l'économique. Dans notre pays où EDF se prend pour État De France, une telle prise de position pour la sortie du nucléaire serait un événement considérable: nos responsables politiques feraient bien de s'en inspirer, eux qui ont délaissé la question énergétique depuis 1946. 
     Saluons aussi l'arrêt programmé du «retraitement» des combustibles nucléaires allemands. Cependant, le Réseau "Sortir du nucléaire" regrette vivement que la COGEMA anticipe l'interdiction de l'exportation des déchets allemands en stockant, dès à présent, des combustibles usés allemands qu'elle ne retraitera que beaucoup plus tard. Rappelons que la loi française interdit ce genre de pratique. 
     Alors?  Alors, la lutte antinucléaire se poursuit plus que jamais en Allemagne: les personnes s'engageant à bloquer le prochain transport de matières radioactives sont déjà nettement plus nombreuses que celles qui avaient fait face aux 30 000 policiers chargés de «protéger» le dernier transport en 1998! 
     De son côté, le Réseau "Sortir du nucléaire", qui marque le renouveau d'un mouvement antinucléaire en France, continuera à rassembler très largement toutes les forces vives pour que notre pays sorte le plus rapidement possible de l'impasse du nucléaire. 
Contact presse : 00 49 721 84 10 96 ou 00 49 172 81 56 198 (Allemagne) ou 04 78 28 29 22 (France)
CONCERTATION POUR UN DÉBAT PUBLIC
GSIEN
mai 2000
     Le Groupement de Scientifiques pour l'Information sur l'Énergie Nucléaire (GSIEN) déplore que des manifestants pacifiques opposés au maintien en fonctionnement de la centrale nucléaire du Blayais aient été accueillis par des grenades lacrymogènes.
     Et pourtant ce sont les concepteurs de la centrale du Blayais qui devraient être à l'index pour ne pas avoir réalisé les travaux de protection contre le risque inondation demandés par l'Autorité de Sûreté. 
suite:
Si la seule réponse aux interrogations légitimes d'une population inquiète est la violence, cela n'est guère en accord avec les affirmations de transparence affichées aussi bien chez l'exploitant qu'au niveau gouvernemental.
     En ces jours où la mission GRANITE tente d'établir un dialogue, le pouvoir public montre sa conception de la concertation à base de matraques et de grenades lacrymogènes
     Si c'est cela la concertation et le débat public proposés par le pouvoir politique alors les citoyens ont raison de refuser de dialoguer avec la mission GRANITE
     Le GSIEN élève une vive protestation face à des pratiques indignes d'une démocratie.
Paris le 13 juin 2000
A propos de Tchernobyl: lettre de Bella Belbeoch, secrétaire du GSIEN à Mr le directeur de l'IPSN

Objet : Mise au point concernant le dossier IPSN :Tchernobyl douze ans après
     J'aimerais par ce courrier faire une mise au point au sujet du différend qui m'oppose à vos services concernant le dossier IPSN de 1998 Tchernobyl douze ans après.
     Dans votre lettre du 23 août 1999 vous m'indiquiez avoir pris note que ce dossier comportait des inexactitudes et qu'en particulier les valeurs mentionnées dans le texte comme se référant à une loi de 1986 se référaient en fait à une loi de 1991 ce qui me donne raison sur ce point.
     Par ailleurs vous indiquiez, et je suis d'accord avec vous, que le 12 mai 1986 une dose annuelle admissible de 100 mSv a été fixée pour le relogement des populations. 
     Par contre vous ajoutiez: Le 22 Août 1986, deux nouveaux textes se réfèrent à la valeur de 15 Ci/km2: l'un fixe ce niveau d'intervention pour le relogement des populations et l'obtention d'"avantages sociaux", l'autre fixe ce niveau d'intervention dans le cadre de la réglementation des pratiques agricoles. Ces deux décrets ont été renforcés par la réglementation du 24 octobre 1986 associant une dose annuelle de 5 mSv au niveau de 15 Ci/km2, c'est à dire que le relogement et les avantages sociaux étaient attribués dans les territoires où la contamination en césium 137 était supérieure à 15 Ci/km2 et où les doses délivrées aux populations étaient supérieures à 5 mSv." 
     En fait cette description par l'intermédiaire des trois documents que vous citez du 22 août 1986 et du 24 octobre 1986 revient à avaliser que le contenu de la loi de 1991 était déjà mentionné en 1986 en ce qui concerne le relogement des populations vivant dans des zones contaminées en césium 137 à plus de 15 Ci/km2 et susceptibles de recevoir 5 mSv par an. 
     Dans votre lettre vous citiez des références et par lettre du 10 octobre je vous demandais communication des 3 premières (deux décrets du 22 août 1986, un document du 24 octobre 1986).
     Suite aux courriers et conversations téléphoniques échangés avec vos collaborateurs, Mme Annie Sugier et M. Daniel Robeau, les décrets 1005-285 et 1006-286 du 22 août 1986 m'ont été obligeamment fournis par M. Robeau et tout dernièrement Mme Annie Sugier m'a transmis le premier tome d'un recueil de documents réglementaires couvrant toute la période 1986-1990 d'où étaient extraits les deux décrets d'août 1986. 

p.2
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Errata Gazette 179/180
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page 17 ligne 11, l'activité totale des 900 détecteurs est : 23 MBq (chacun contient environ 25900 Bq)
page 22-29 : Dans Bilan : Cancer de la thyroïde et rayonnements ionisants
1- chap 1.3 : 2 ème §, ligne 9 (page 25) 816.146 enfants biélorusses
2- chap 1.3 : 4 ème §, ligne 8 (page 25) 1957 : Plumbbod test series
3- chap 2.1 : tableau 6, titre (page 26) différences significatives à < 0,05
4- chap 2.2 : 1 er §, ligne 7 (page 26) oncogènes
4- chap 2.2 : 2 ème §, ligne 2 (page 26) oncogènes
6-Références bibliographiques (page 28-29) manque la numérotation de 1 à 49
7-En référence 9 : Holm L.E.
8-En référence 18: Thomson D.E., Mabuchi K., Ron E. et al.
9-En référence 20 :..,Williams E.D, Radiological and thyroid cancer, European Commission
10-En référence 21 .., Thomas G.A. et al., Radiation and thyroid cancer, European Commission
11. En référence 22: .., Shyllkassimova Zh.
12 En référence 26 : Cardis E. et al, Malalehova I.V. et al, Demidchik E.P., Astakhova L.N., Ivanov V.K. et al
Errata Gazette 181/182
page 16 2ème § ligne 14: jusqu'à Bordeaux (le Port Autonome de Bordeaux regroupe plusieurs sites portuaires le long de l'Estuaire Girondin -Verdun, Pouillac, Blayes, Ambes, Marquis, Bassens, Bordeaux-)

     Je suis obligée de conclure qu'aucun des textes réglementaires de l'année 1986 ne permet d'étayer votre version des faits: il n'y a pas eu en 1986 d'évacuation de population basée sur une contamination surfacique supérieure à 15 Ci/km2 en césium 137 associée à une dose annuelle susceptible d'être reçue supérieure à 5 mSv. 
     Je vous joins une chronologie des évacuations et relogements effectués en 1986 ainsi que les critères ayant conduit à ces décisions, d'après M. Savkin (Institut de biophysique, ministère de la santé de Russie, Moscou). Ce tableau est extrait d'un ouvrage édité par le CEPN dont j'ai fourni la référence à M. Robeau dans ma lettre du 18 janvier 2000 (CEPN, Report n°225, April 1994, Historical perspective of the counter measures taken following the Chernobyl accident).
     On y distingue les évacuations de la phase d'urgence de Pripyat puis de la zone des 30 km car les débits de dose étaient supérieurs à 20 mR/h et le maintien sur place pouvait conduire à des effets déterministes (les doses externes reçues, dans la fourchette 0,25-0,75 Sv correspondaient aux niveaux d'intervention soviétiques pour l'évacuation, édictés avant Tchernobyl). Suivies quelques jours plus tard du " relogement " des habitants des localités limitrophes de la zone des 30 km, là où le débit de dose au 10 mai était supérieur à 5 mR/h. Enfin le relogement tardif à l'automne des habitants des localités où les habitants étaient susceptibles en restant sur place de dépasser la dose admissible de 100 mSv par contamination interne et irradiation externe. Ces localités sont explicitement répertoriées dans le décret n°1005-285 du 22 août 1986. 
     Vous pourrez constater que cette chronologie correspond sensiblement à celle que je vous ai indiquée dans ma première lettre du 17 décembre 1998. 
     Il me paraît justifié, d'un point de vue scientifique, que vous fassiez un rectificatif dans votre prochain dossier sur Tchernobyl. 
     En effet, le dossier IPSN Tchernobyl douze ans après laisse croire que des habitants ont été évacués en 1986 quand la contamination en césium 137 dépassait 15 Ci/km2. Cette confusion entre les évacuations de l'année 1986 et la gestion du long terme avec des relogements qui seront décidés cinq ans plus tard en 1991 sur la base d'une contamination surfacique de 15 Ci/km2 et une dose annuelle de 5 mSv minimise singulièrement l'impact de la catastrophe de Tchernobyl en gommant la phase d'urgence. 
     D'autre part cette confusion permet des comparaisons inopportunes entre la zone d'exclusion autour de Tchernobyl et les points chauds relevés en France dans le massif alpin ce qui banalise considérablement l'impact des conséquences possibles d'une catastrophe nucléaire.
     En espérant que vous voudrez bien tenir compte de ma demande, je vous prie de croire, Monsieur le Directeur, à mes salutations distinguées. 

     P. J. Chronology of the evacuation and relocation in 1986. The decision-making criteria. (History of zoning processes after the accident at the Chernobyl nuclear power plant, M. Savkin)


dimanche 14 mai 2000 -AFP-
La sécurité du centre nucléaire de Los Alamos en question 
LOS ALAMOS (États-Unis), 14 mai (A.F.P.) - 
     Les gigantesques feux de forêt qui ont détruit ces derniers jours plus de 1.600 hectares de garrigue au sein de l'immense complexe nucléaire de Los Alamos (sud-ouest), berceau de la première bombe atomique, ont fait resurgir la question de la sécurité du site.
suite:
     Le feu s'est approché à 300 mètres des installations sensibles, faisant craindre le pire aux organisations écologistes et antinucléaires.
     Selon le département de l'Énergie, le centre de recherches nucléaires de Los Alamos, construit en 1943, a été conçu "selon les normes les plus strictes", en prenant en compte tous les risques possibles, notamment ceux posés aux installations de stockage du plutonium et des déchets radioactifs.
     "Le plutonium est stocké dans des bunkers aux épaisses parois en béton, capables de résister aux tremblements de terre, à un crash d'avion et aux feux de forêt", a expliqué un porte-parole du centre, Jim Danneskiold.
     Le feu n'a causé aucun dommage conséquent. "Aucune structure n'a été endommagée, hormis deux petites baraques. Et aucun signe anormal de radioactivité n'a été détecté", affirme-t-il. 
     Selon lui, les deux zones les plus sensibles, l'enceinte de l'usine de traitement du plutonium (TA-55) et celle consacrée au stockage des déchets nucléaires (TA-54), ont été complètement épargnées. 
     Un photographe de l'AFP, autorisé à se rendre sur place samedi matin, a confirmé l'exactitude de ces dires.
     Mais ce n'est pas tant les stocks nucléaires bien protégés - en 1996, dernière date pour laquelle des chiffres existent, le centre renfermait 2,6 tonnes de plutonium - qui inquiètent les écologistes, que les déchets enterrés sous les pins et les genévriers dans les 110 km2 de forêts du complexe.
     Selon l'organisation Nuclear Watch New Mexico, basée a Santa Fé, le centre contient quelque 1.500 sites souterrains de déchets radioactifs et de produits explosifs dangereux, sans parler des essais nucléaires réalisés durant des décennies qui ont libéré dans l'environnement d'énormes quantités d'uranium dans le sol, dans les arbres et la végétation autour du laboratoire.
     Le feu est passé sur certains de ces sites, affirme Sasha Pyle, membre de cette organisation.
     Selon lui, "il est possible que les incendies aient contribué à disperser dans l'atmosphère des niveaux importants d'uranium, de béryllium, de métaux lourds et même de plutonium". 
     Les organisations écologistes critiquent aussi la rétention d'informations par les autorités locales et le département de l'Énergie.
     Le secrétaire à l'Environnement du Nouveau-Mexique, Pete Maggiore, a promis que les résultats des mesures d'analyse de l'air seraient publiés dès que possible, mais aucune donnée n'a encore été communiquée.
     "Ce dont nous avons besoin, c'est de faits et de chiffres, et pas de relations publiques", s'emporte Sasha Pyle. 
     Le pire, c'est que les risques sont connus, relève Keith Easthouse, expert au magazine Forest, en citant une étude réalisée en 1997 par le département de l'Énergie sur les conséquences éventuelles de gigantesques feux de forêt sur le complexe nucléaire, et notamment sur 14 bâtiments de stockage.
     Dans le pire scénario, elle concluait à une possible contamination des canyons où sont entreposés les déchets dangereux et à la libération dans l'atmosphère de cendres et de poussières radioactives de tritium et de plutonium.
     Sans attendre, certaines organisations écologistes ont décidé de réaliser leurs propres mesures indépendantes. 
     "Nous avons effectué des mesures de l'air, au sol et en altitude, à l'aide d'instruments peu sophistiques et nous n'avons rien trouvé. C'est déjà une indication", note Greg Mello, du Los Alamos Study Group, une organisation antinucléaire. 
p.3

Réseau "Sortir du nucléaire"
Fédération de 487 associations antinucléaires 9 rue Dumenge F-69004 LYON (France)
Email : rezo@sortirdunucleaire.org
http://www.sortirdunucleaire.org

1- Tchernobyl : la radioactivité contaminera longtemps la chaîne alimentaire (Commentaires rezo sur un article du Monde)
     Toujours intéressant de voir cela dans Le Monde. Néanmoins tout est mis sur le dos des russes, et quasiment pas la moindre allusion aux responsabilités occidentales. C'est sans doute le moment de relire "Responsabilités occidentales dans les conséquences sanitaires de la catastrophe de Tchernobyl, en Biélorussie, Ukraine et Russie." de B. et R. Belbeoch : adresse internet suivante,
http://altern.org/infonucleaire/consequences.html 
     Dans l'édito du Monde, il y a quand même un mot sur la position de l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) qui "ose" minimiser les dégâts de Tchernobyl.
     L'éditorialiste du Monde a l'air de trouver cette position honteuse. Pourtant, cette position est en parfaite cohérence avec l'accord signé en 1959 entre l'OMS et l'AIEA, accord dans lequel l'OMS s'engage à ne pas entreprendre de recherches ou à publier quoi que ce soit de gênant pour la promotion des centrales nucléaires (voir l'article "Interférences entre l'AIEA et l'OMS" de Michel Fernex, dans "Radioprotection et droit nucléaire. Entre les contraintes économiques et écologiques, politiques et éthiques", sous la direction de Ivo RENS et Joël JAKUBEC, Collection Stratégies énergétiques, Biosphère et Société (SEBES). Ed. Georg, Genève 1998, accès webmaistre)

mercredi 17 mai 2000, 21h38
     Nouvel incident à Tchernobyl; des feux de forêts font augmenter le niveau de radiations à Kiev
WASHINGTON (AP) -- Nouvel incident à Tchernobyl. Une défaillance d'une conduite de vapeur a provoqué l'arrêt du turbo-générateur de l'unique réacteur encore en état de marche dans la centrale nucléaire, a annoncé mercredi à l'Associated Press un responsable américain qui a requis l'anonymat.
     Dans le même temps, des feux de forêts autour de la centrale ukrainienne achevaient de disperser dans l'atmosphère la radioactivité présente dans le sol et les plantes de la zone depuis la catastrophe de 1986.
     Du coup, selon ce responsable, le niveau de radiation enregistré à Kiev a légèrement augmenté.
     De même source, on précisait cependant qu'aucun signe de radiations résultant directement de l'incident à la centrale n'a été décelé. Les responsables de Tchernobyl ont en revanche dû diminuer la production électrique de 50% suite à cette panne. Les réparations devraient durer jusqu'à samedi.
     Il ne s'agit pas d'une crise grave, a assuré ce responsable américain. 
     Le président américain Bill Clinton doit se rendre à Kiev le 6 juin pour un sommet avec le président russe Vladimir Poutine.

vendredi 19 mai 2000, 0h30
     Ukraine: des feux de forets touchent la région de Tchernobyl 
KIEV (AP) -- Les hélicoptères des services d'urgence ukrainiens surveillaient jeudi les feux de forêts qui touchent une région proche de Tchernobyl, afin de s'assurer qu'ils n'atteignent pas la zone à forte radioactivité qui entoure la centrale. 
     Aucun incendie n'a été signalé dans la zone interdite de 30 km qui entoure le site de la plus grave catastrophe du nucléaire civil. Le niveau de radiation autour de la centrale était normal jeudi, selon des responsables ukrainiens.
     Le niveau de radioactivité à Kiev et dans la capitale bélarusse, Minsk, était également normal.
     Des rumeurs avaient fait état récemment de feux de forêts à proximité de la centrale de Tchernobyl, faisant craindre que les flammes n'achèvent de disperser dans l'atmosphère la radioactivité présente dans le sol et les plantes de la zone depuis la catastrophe de 1986. 
     Selon le ministère ukrainien des Situations d'urgence, quatre incendies ont bien été signalés, et éteints, dans les régions de Polisskyi et Ivankivskyi, entre Kiev et Tchernobyl. Mais aucun ne se trouvait à l'intérieur de la zone dangereuse. 

suite:
vendredi 19 mai 2000, 15h55
     L'écologiste Nikitine de retour à Mourmansk, "poubelle nucléaire" russe
MOURMANSK (Russie), 19 mai (AFP) - Des dizaines de sous-marins supplémentaires offerts à la rouille, une centrale menaçant d'exploser: la situation s'est encore aggravée dans la région de Mourmansk, véritable "poubelle nucléaire" russe où l'ex-officier Alexandre Nikitine a repris cette semaine son combat écologique. 
     "C'est encore pire qu'il y a cinq ans", assure M. Nikitine à l'AFP dans un entretien accordé à l'occasion de sa première visite dans la péninsule de Kola depuis 1995, date à laquelle il avait divulgué des informations sur l'état alarmant de la flotte nucléaire. 
     Soulagé par la récente décision de la Cour suprême de le laver des accusations de haute trahison et d'espionnage lancées par le FSB (ex-KGB), M. Nikitine, lui-même ancien commandant d'un submersible, s'inquiète en revanche de la détérioration avancée des sous-marins nucléaires déclassés.
     Des incendies, des collisions et des explosions ont déjà endommagé plusieurs d'entre eux, et l'un de ces vaisseaux a même été le théâtre d'une crise de démence d'un marin armé.
     "Autant que je le sache, il n'y a pas eu de fuite radioactive pour l'instant mais il se pourrait très bien que l'un de ces bâtiments finisse par couler si rien n'est fait très rapidement", explique-t-il. 
     En 1995, 52 de ces vestiges de la grandeur soviétique s'entassaient autour de Mourmansk, dans des cimetières improvisés. Ils sont aujourd'hui une centaine, encore remplis de produits radioactifs, a pourrir lentement dans la région, et leur nombre devrait bientôt dépasser 120.
     "Plusieurs gouvernements se sont succédés mais aucun n'a pris le problème à bras-le-corps", poursuit M. Nikitine, tout en soulignant que le désastre écologique ne se limite pas aux seuls sous-marins. 
     D'autres navires à propulsion nucléaire, des phares alimentés par des sources radionucléaires et l'une des centrales atomiques les plus dangereuses au monde se concentrent dans la péninsule, en faisant la région la plus nucléarisée du globe. Au total, plus de 330 réacteurs de conception ancienne y vieillissent.
     Si la communauté internationale négocie avec Moscou des traités ouvrant la voie à un "grand nettoyage", leur finalisation se heurte encore au refus des autorités russes de modifier le cadre législatif. 
     Les équipements de dépollution donnés à la Russie par les Occidentaux sont, à leur grand dam, encore soumis à des taxes douanières lorsqu'ils passent la frontière, par exemple. 
     "Pour le dire d'une façon peu diplomatique, il y a des problèmes d'ordre bureaucratique, administratif et peut-être politique qui doivent impérativement être réglés à Moscou", a déclaré Thorbjoern Jagland, ministre norvégien des Affaires étrangères, en visite à Mourmansk cette semaine.
     En attendant un déblocage de la situation et pour ne pas rester immobiles, des projets de moindre ampleur sont lancés, tels ces deux unités de traitement des eaux radioactives. 
     "On essaye de s'activer dès maintenant. Il est très difficile d'agir aussi rapidement que le rythme auquel l'état des sous-marins se détériore", confie un conseiller de M. Jagland. 
     Dans ce tableau noir, un peu à l'image du paysage local, s'élève cependant une lueur d'espoir. Les observateurs relèvent en effet un changement de mentalité de la part des autorités russes, qui coïncide avec une prise de conscience accélérée chez les Occidentaux. 
     "La situation est pire qu'elle ne l'était il y a cinq ans mais la possibilité d'y remédier est plus grande aujourd'hui", résume un responsable de Bellona, l'organisation environnementale norvégienne avec laquelle M. Nikitine collabore.

mardi 25 avril 2000, 21h39
     Tchernobyl: le pire pourrait encore être à venir, selon l'ONU 
Par Alexander Higgins
GENEVE (AP) -- Quatorze ans après la catastrophe de Tchernobyl, le pire en terme de santé humaine est peut-être encore à venir. C'est le bilan peu encourageant tiré mardi par les Nations unies dans une brochure publiée à l'occasion du 14e anniversaire de l'accident nucléaire de 1986.

p.4

     ''Cet accident a libéré au moins 100 fois plus de radiations que les deux bombes atomiques larguées sur Hiroshima et Nagasaki combinées'', peut-on ainsi lire dans cette brochure de 32 pages intitulée ''Tchernobyl: une catastrophe qui continue''. 
     Officiellement, le bilan de l'explosion, le 26 avril 1986, du réacteur numéro 4 de la centrale de Tchernobyl, en Ukraine, se monte à 31 morts: trois personnes tuées sur le coup, lors de la déflagration, et 28 ouvriers qui ont participé aux opérations d'urgence, morts dans les trois premiers mois qui ont suivi la catastrophe. 
     La brochure ne donne pas d'autre bilan, mais souligne que 106 autres ouvriers, parmi ceux qui avaient été les premiers à se rendre sur les lieux, ont montré des symptômes liés à une exposition importante aux radiations.
     Au total, ajoutent les auteurs, 600.000 ouvriers qui ont participé aux opérations de nettoyage ou de construction du sarcophage en béton qui recouvre le réacteur N°4 ''doivent être suivis en permanence pour surveiller les effets de l'exposition aux radiations''. 
     Selon ce document, publié par le Bureau des Nations unies pour la Coordination des affaires humanitaires, les trois pays les plus touchés par cet accident -la Bélarusse, l'Ukraine et la Russie- continuent à en payer le prix.
     " Tchernobyl est un mot que nous aimerions tous rayer de nos mémoires'', souligne le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan en avant-propos. Mais, ajoute-t-il, ''plus de 7 millions d'être humains n'ont pas le luxe de pouvoir oublier. Ils souffrent toujours, chaque jour''.
     Si le nombre exact de victimes ne sera peut-être jamais connu, 3 millions d'enfants ont besoin de soins et ''beaucoup mourront prématurément'', affirme Kofi Annan, pour qui ''nous ne saurons pas avant 2016, au plus tôt, le nombre total de ceux susceptibles de développer des complications médicales graves''. 

2- Accord sur l'abandon du nucléaire civil en Allemagne par Daniel Simpson
BERLIN (Reuters) - Le gouvernement et les industriels allemands ont conclu un accord historique d'abandon progressif du nucléaire civil, qui couvre encore un tiers des besoins énergétiques du pays. 
     L'Allemagne devient ainsi une des premières grandes puissances industrielles à renoncer à l'atome civil. 
     Cet abandon, soutenu par une majorité de l'opinion publique, était une des grandes promesses de la coalition rouge-verte arrivée au pouvoir en 1998. 
     Il a fallu 18 mois de négociations serrées pour aboutir mercredi à un "compromis raisonnable", selon les termes du chancelier social-démocrate Gerhard Schröder, "économiquement acceptable" selon l'industrie. 
     L'accord prévoit que chacune des 19 centrales nucléaires allemandes aura une durée de vie de 32 ans à compter de sa date de mise en service, a précisé Gerhard Schröder. Ce qui signifie que la dernière centrale nucléaire devrait fermer au début des années 2020. 
     Le compromis a été annoncé par Gerhard Schröder à l'issue d'une réunion de quatre heures et demie avec les patrons des quatre plus grandes compagnies d'électricité allemandes, RWE, Veba, Viag et Energie Baden-Württemberg. Le ministre Vert de l'Environnement Jürgen Trittin participait à la réunion. 
     Le gouvernement souhaitait 30 ans, l'industrie demandait encore 35 années d'exploitation.

Les conservateurs hostiles
     Trente-deux années correspondent à une production totale de 2.623,30 terawatts/heure. Une fois le quota assigné atteint, la centrale devra fermer.
     Les Verts, d'abord favorables à un abandon immédiat, s'étaient rangés à la "Realpolitik" gouvernementale en mars dernier. L'industrie menaçait en effet de réclamer des dommages et intérêts faramineux en cas de solution non négociée.
     Cependant, même si la compagnie RWE a accepté cette semaine de renoncer à réclamer des indemnités pour la fermeture de la centrale de Mülheim-Kärlich, désactivée à cause de risques sismiques, des recours judiciaires pourraient encore voir le jour.
     Le gouverneur du Land de Bavière, qui abrite de nombreuses centrales, a demandé il y a plusieurs semaines à l'Union européenne d'ouvrir une enquête pour déterminer si la fermeture des réacteurs enfreint ou non la loi européenne.
     Les conservateurs de l'opposition, qui contrôlent plusieurs Lander où se situent les centrales nucléaires, ont promis d'annuler la décision d'abandon s'ils sont réélus.

suite:
     Par ailleurs, aux termes de l'accord, le retraitement des déchets nucléaires sera interdit à partir du 1er juillet 2005. 
     Mercredi, la société britannique de retraitement BNFL a dit souhaiter que tous ses contrats soient honorés. Les déchets nucléaires allemands sont retraités à La Hague en France et à Sellafield en Grande-Bretagne. 
COGÉNÉRATION
Une augmentation sensible du parc
Dominique Liffard
Service des Énergies renouvelables et de l'utilisation rationnelle de l'énergie

     Contrairement à ce qui a pu être enregistré dans d'autres pays européens et aux États-Unis depuis 1980, la part de la cogénération a été relativement faible en France jusqu'à ces dernières années. Toutefois, l'intérêt de cette technique au plan de l'efficacité énergétique et les enjeux industriels qu'elle comporte ont amené les pouvoirs publics à engager une politique spécifique en faveur du développement de cette filière énergétique depuis la fin de l'année 1997 (voir la Lettre de la DGEMP "Énergies & matières premières" n°9 du troisième trimestre 1999).
     Les mesures adoptées par la France se sont révélées efficaces puisqu'elles se traduisent aujourd'hui par un nombre important de projets de cogénération. Toutefois, pour évaluer l'impact de la politique mise en oeuvre, les pouvoirs publics devaient disposer d'un état exhaustif des installations de cogénération existantes. La DGEMP a donc demandé au CEREN de lui fournir un état détaillé du parc existant et en cours de construction à la date du 31 décembre 1997.
     Les principaux résultats révélés par cette étude confirment l'amorce du décollage enregistré récemment dans notre pays :

État du parc

     Le parc existant des équipements de cogénération au 31 décembre 1997 est estimé à 940, soit une augmentation de 65% par rapport à sa situation au 31 décembre 1993. Sa puissance électrique totale est désormais de 3600 MW, en augmentation de 18% par rapport à 1993 et sa puissance thermique a progressé de 19%.
     La production d'électricité du parc affiche une progression de 28% par rapport à 1993 et celle de chaleur représente une augmentation de 30,6% sur la même période.
 
Parc existant
Parc en cours de construction
Total
Nombre équipements
31.12.1993
31.12/1997
570
944 (+65%)
74
90
644
1034 (+60,5%)
Puissance
électrique-MW
31.12.1993
31.12.1997
3064
3605 (+18%)
158
530
3222
4135(+28,3%)
Puissance thermique MW
31.12.1993
31.12.1997
11617
13856 (+19%)
256
655
11873
14520 (+22,3%)
Production électricité  GWh
31.12.1993
31.12.1997

 

9012
11585 (+28%)

   
Production de chaleur GWh
31.12.1993
31.12.1997
33822
44198 (+30.6%)
   

 
p.5

Structure du parc

     Jusqu'en 1993, le parc des équipements de cogénération était majoritairement composé de turbines à vapeur (57,7% du parc). Si elles génèrent toujours une part très importante de la production d'électricité (63,5%) et de chaleur (87,2%), elle ne représentent plus que 35% des équipements en 1997. Ce recul s'est opéré au profit des turbines à combustion et plus particulièrement des moteurs thermiques dont le parc a été multiplié par trois en 1997 par rapport à 1993.
     Le recours à ces différentes techniques peut être grossièrement résumée en fonction des gammes de puissance électrique suivantes :

- moteurs thermiques > 1 MW jusqu'à 2 MW
- turbines à vapeur > 2 MW
- turbines à combustion entre 500 kW et 50 MW.
     Le parc des équipements de cogénération est relativement jeune en France : 49% des équipements sont âgés de 4 ans ou moins.

 
Turbines

à vapeur

Turbines

à combustion

Moteurs

Thermiques

Nombre
31.12.1993
31.12.1997
329
330
75
105
166
505
Puissance électrique MW
31.12.1993
31.12.1997

 

2394
2303


 

470
706


 

183
596

Puissance thermique MW
31.12.1993
31.12.1997

 

10473
12027


 

971
1178


 

141
646

Production électricité GWh
31.12.1993
31.12.1997

 

6994
7365


 

1496
2920


 

422
1298

Production thermique GWh
31.12.1993
31.12.1997

 

30040
38545


 

3282
4312


 

300
1338

Les secteurs d'activité concernés.
 
 
Indus-
trie
Ter-
tiaire
Chauff. Rés.
de chaleur
Éner-
gie
Agri-
culture
Total
Nombre équipements
31.12.1993
31.12/1997
374
576
74
146
61
185
61
37

 

35

570
944
Puissance
électrique MW
31.12.1993
31.12.1997

 

2114
2456


 

71
180


 

288
489


 

591
481


 
 

78


 

3064
3605

Puissance thermique MW)
31.12.1993
31.12.1997

 

8026
10736


 

66
256


 

918
1756


 

2607
1107


 
 

124


 

11617
13856

Production électricité GWh
31.12.1993
31.12.1997

 

5529
7344


 

214
524


 

1055
1812


 

2214
1905


 
 

308


 

9012
11585

Production de chaleur GWh
31.12.1993
31.12.1997

 

20553
31946


 

198
656


 

3168
7330


 

9903
4293


 
 

383


 

33822
44198

 (suite)
suite:
     Les secteurs de l'industrie et de l'énergie représentent une part prédominante dans la réduction totale d'électricité (61%) et de chaleur (71%) du parc existant de cogénération.
     Les équipements de cogénération de l'industrie sont majoritairement concentrés dans les sucreries, la chimie et les papeteries.
     Les équipements en construction au 31.12.1997 occupent toujours une place importante et se situent dans des gammes de puissance électrique relativement élevées (12 à et 13 MW).
     Il importe de noter que la part de la cogénération dans le secteur des chaufferies et des réseaux de chaleuraaugmenté par rapport à 1993 où il l'on recensait 61 équipements. En 1997, ils sont désormais au nombre de 185.
     Cette évolution sensible se vérifie également dans les installations en cours de construction. En effet sur les 90 équipements en construction répertoriés au 31.12.1997, 46 sont affectés aux chaufferies et aux réseaux de chaleur.

Consommation énergétique des équipements de cogénération et les combustibles utilisés

     De 5,1 Mtep en 1993, la consommation énergétique des installations de cogénération en France est passée à 6,1 Mtep en 1997, soit une augmentation de 19,6%. Elle représente en 1997 environ 2,5% de la consommation énergétique primaire totale (corrigée du climat) de notre pays.
     Le gaz naturel est le premier combustible employé dans les équipements de cogénération (32%) après les combustibles spéciaux utilisés dans les secteurs de la chimie et de la papeterie (18%) et les ordures ménagères (16%).
"Éole ou Pluton ?"
Où comment l'éolien éclipse le nucléaire
GREENPEACE
Communiqué de presse

     Paris, le 26 mai 2000 - Greenpeace publie aujourd'hui le rapport "Éole ou Pluton ?"[1] réalisé par l'association Détente[2]. Selon les conclusions de cette étude, pour des investissements identiques, l'éolien pourrait fournir d'ici 2020 une quantité d'énergie largement supérieure à celle produite par quatre nouveaux réacteurs nucléaires, tout en créant beaucoup plus d'emplois. L'éolien permet donc, pour une production d'électricité plus importante, d'éviter la production, le traitement et la surveillance de déchets nucléaires pendant des décennies.
     Quelque 103 milliards de francs seraient nécessaires pour construire quatre réacteurs de type EPR (European Pressurised Reactor) d'ici 2020, pour une puissance totale de 5800 MW et produire 40 TWh par an d'électricité en 2020. Mais 103 milliards de francs, c'est aussi un parc de plus de 17 000 MW éoliens, une production de 50 TWh par an d'électricité en 2020 sans impact majeur sur l'environnement3. La France qui possède le deuxième potentiel éolien européen - en sites terrestres et offshore - permettrait ainsi le développement d'une filière industrielle nouvelle et créatrice d'emplois plus nombreux et mieux répartis sur le territoire. L'éolien pourrait donc représenter plus de 10% de la consommation française d'électricité en 2020, cet objectif étant parfaitement réalisable sur la base des technologies actuelles.
     «Il ne s'agit évidemment pas de proposer le "tout éolien" comme substitut au "tout nucléaire" » précise Hélène Gassin, chargée des questions d'énergie à Greenpeace France. «Nous voulons simplement montrer ce que pourrait réaliser une volonté politique forte en terme de production d'énergie, de création d'emplois, en cas d'investissement massif dans l'éolien. Une volonté politique tout compte fait moins radicale que celle qui a fait basculer la France en moins de 20 ans du "tout pétrole" au "presque tout nucléaire".»
     Si le rapport "Éole ou Pluton?" ne peut-être considéré comme un scénario énergétique global, il permet au moins de fixer des ordres de grandeur utiles à une meilleure compréhension des enjeux d'un choix tel que celui de l'EPR. Avec "Éole ou Pluton ?", Greenpeace France et l'association Détente espèrent amener des éléments nouveaux à un débat déjà ancien mais plus que jamais d'actualité.

[1] "Éole ou Pluton?", Détente pour Greenpeace France, 40 pages, mai 2000
[2] Débat sur l'Énergie et les tensions Environnementales. 2b, rue Jules Ferry 93 100 Montreuil. Tel: 01 48 51 92 47 - Fax : 01 48 51 95 12
[3] Hypothèses retenues et principaux résultats en annexe de ce communiqué.

p.6

Énergie, le pari de la sobriété 
- Benjamin Dessus.-

Résumé :Comment répondre au défi d'un développement équitable pour les dix milliards d'hommes qui peupleront notre planète en 2100, en leur fournissant les services énergétiques nécessaires, mais sans pour autant multiplier les risques globaux pour l'humanité ? Quelques pistes d'avenir du président du Conseil scientifique du Fonds français pour l'environnement mondial.
     Comment faire face simultanément aux risques d'épuisement ou de raréfaction des énergies fossiles (comme le pétrole ou le gaz naturel), de réchauffement du climat, aux risques du nucléaire, ou enfin de concurrence de l'usage des sols qu'entraînerait un usage trop intense des terres cultivables à des fins de production d'énergie ? 
     Ces risques, de nature globale pour l'humanité, ne sont pas indépendants les uns des autres : pour lutter contre le réchauffement du climat, on peut envisager de réduire le recours aux énergies fossiles. On repousse en même temps l'échéance de l'épuisement des ressources fossiles et les émissions de gaz à effet de serre. Mais si, pour le faire, on augmente considérablement le recours à l'énergie nucléaire ou aux énergies renouvelables, on renforce d'autant les risques associés au nucléaire et aux concurrences d'usage des sols.
     Quand on observe les scénarios prospectifs que les énergéticiens nous proposent, on s'aperçoit très vite qu'on peut les classer en deux grandes catégories. Les premiers proposent une vision productiviste de « développement par l'abondance énergétique » avec des options contrastées de participation des différentes sources primaires au bilan mondial. Ces scénarios admettent les risques comme inéluctables. 
     Les seconds proposent un « développement par la sobriété énergétique ». Caractérisés par une attention particulière à l'analyse détaillée de la demande d'énergie associée aux différentes activités des sociétés, ils proposent un rééquilibrage des politiques énergétiques en accordant une priorité forte à la maîtrise de l'évolution de la demande d'énergie, avec une volonté affirmée de repousser simultanément les principaux risques dans le temps tout en favorisant un développement accéléré des pays du Sud.

Le choix des risques
     Sur le long terme, c'est d'abord par le volume de la demande d'énergie que se distinguent les scénarios étudiés, bien plus que par les options d'offre retenues. Du point de vue des risques cités plus haut, seuls les scénarios « sobres » apparaissent comme susceptibles d'éviter des ruptures majeures pour l'humanité, dans la mesure où ils permettent de repousser les échéances de l'ensemble des risques d'une bonne trentaine d'années. De plus, du point de vue économique, ils se comparent favorablement aux scénarios d'abondance énergétique. 
     En fondant son développement économique sur une stratégie de sobriété énergétique, l'humanité peut éviter, sans pour autant se ruiner, le pari inacceptable de l'échange des risques les uns par les autres, ou celui, tout aussi dangereux, de l'attente d'un miracle technologique qui sauverait à bon marché la planète et ses habitants des risques évoqués. Mais quelles stratégies adopter pour réaliser ces scénarios de développement sobre ? 
 

 (suite)
suite:
     La négociation de Kyoto1, en décembre 1997, a marqué un premier pas important sur ces problèmes de risques globaux puisque les pays industrialisés se sont engagés à une réduction de 5,2 % de leurs émissions de gaz à effet de serre en 2010 par rapport à 1990.
     Force est de constater que rien ne vient équilibrer ces mesures sur la limitation des émissions de carbone avec des dispositions concernant les risques associés au nucléaire civil, ce qui pourrait bien, par un effet de vases communicants, provoquer un appel d'air du nucléaire, sans que les problèmes de l'avenir des déchets n'aient trouvé la moindre solution.
     Pourquoi ne pas s'inspirer des mesures adoptées pour contrôler l'augmentation des émissions de carbone et susciter un débat sur l'opportunité de contrôler et de limiter la croissance des flux, voire des stocks des déchets les plus problématiques au niveau mondial ? 

Responsabiliser tous les acteurs
     Il est bien évident que le poids des grandes entreprises multinationales liées très directement à l'énergie pèse extrêmement lourd dans le débat. La puissance et la gloire de ces entreprises se chiffrent plus en millions de barils produits qu'en services rendus aux clients finaux. Les « cultures d'entreprise » de ces groupes sont restées bien longtemps mal adaptées à la recherche des solutions décentralisées, personnalisées, discutées, qui caractérisent la recherche d'une meilleure efficacité énergétique.
     Quant aux équipementiers, producteurs de voitures, de chaudières, de réfrigérateurs, etc., le défi qu'ils ont à relever est de mettre à disposition des populations dans nos pays les matériels sobres et propres qui permettront de déconnecter durablement la croissance économique de nos sociétés industrielles de la croissance en matière de demande d'énergie et donc, très largement, des problèmes d'environnement.
     Il serait néanmoins dangereux de faire porter le chapeau aux seuls producteurs et d'oublier la responsabilité des décideurs publics. On sait bien en effet que les dépenses d'énergie du développement des sociétés dépendent au premier chef des décisions d'infrastructure (transports, urbanisme...) que nous prenons tous les jours : elles structurent, sur de très longues périodes et de façon irréversible, la nature et la quantité des dépenses énergétiques nécessaires à la satisfaction d'un service donné et relativisent d'autant l'influence du progrès technique.
     Dans leur rôle d'aménageurs de l'espace et d'organisateurs du débat démocratique, dans leur rôle de régulateurs, les pouvoirs publics restent au centre de cette problématique de choix d'aujourd'hui pour le long terme, que le marché ne sait pas prendre en compte.
     Sans ce triple exemple de nos sociétés riches - effort des pouvoirs publics, des compagnies énergétiques, des industriels producteurs de biens et de services -, comment imaginer que des continents en développement comme l'Asie, l'Amérique latine ou l'Afrique adopteront au XXIe siècle des modes de développement qui ne remettent pas en cause gravement l'avenir de l'homme sur la planète ?
     Le défi auquel nous sommes confrontés n'est donc pas d'abord technique, il est culturel, il est politique. Si l'horreur écologique n'est pas inéluctable, à nous, citoyens du monde, de réagir, et de développer les outils d'une solidarité planétaire au service d'un développement équilibré et durable de l'ensemble des sociétés humaines. 

p.7

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