INTRODUCTION Entre 1957/58 le gouvernement Britannique a effectué une série d'essais nucléaires sur les îles Christmas et Malden dans l'océan Pacifique. Cette série de d'explosions est connue sous le nom "d'Opération Grapple". Avant, ces îles faisaient partie de "Line Islands", mais sont maintenant connues sous le nom de Kiribati. Lors de "l'Opération Grapple" il y a eu 9 essais nucléaires, de Mai 1957 à Septembre 1958: une série de 3 tirs atomiques (fission) atmosphériques ont eu lieu en mer près de l'île Malden, 4 tirs atomiques (fission) ont eu lieu en mer à proximité de l'île Christmas et 2 tirs thermonucléaires (fusion) plus faibles, à terre sur l'île de Christmas. Plusieurs navires des forces navales britanniques et Néo-zélandaises ont participé à l'opération Grapple. Deux frégates Néo-zélandaises étaient sur zone lors des tirs: le HMNZS Pukaki et le HMNZS Rotoiti. Pendant ces essais 551 marins Néo Zélandais ont servi sur ces navires. Leurs fonctions étaient d'être témoins de ces essais nucléaires et de collecter des notes sur la météo. Pendant l'Opération Grapple les navires Néo- Zélandais étaient stationnés à des distances variables, entre 20 à 150 milles marins du point zéro à contre vent du point zéro des zones de tir. (Crawford, 1989). Le Pukaki était présent aux 9 essais, alors que le Rotoiti n'a été présent qu'aux 4 premiers essais. Le tableau 1 présente l'information des tirs ainsi que les distances pour chacun de ces navires. L'absence des données de films dosimétriques portés par les participants pendant ces essais rend difficile d'établir avec certitude si ces personnes ont reçu une dose de rayonnement et à quel degré. Néanmoins, depuis les essais, les vétérans ont déclaré, clairement ou non, que si leur qualité de vie a été affectée, c'est le résultat direct de leur participation à l'Opération Grapple. Les vétérans ont également signalé une plus grande prédominance de désordres génétiques chez eux et leur descendance (enfants, petits-enfants etc.). Il y aurait une plus grande fréquence de myélomes multiples chez les vétérans Britanniques qui ont participé aux essais, résultat basé sur l'analyse des enregistrements médicaux de plusieurs milliers de participants (Rabbitt Roff 1999). De nombreux vétérans ont déclaré des maladies telles que cataractes (Phelps-Phelps-Brown et al, 1997) et arthrite, ou sont morts en raison des maladies pouvant étre attribuées à l'exposition aux radiations, tels que désordres gastro-intestinaux ou respiratoires et quelques types de cancers (Rabbitt Roff, 1997). (suite)
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Bien que plusieurs études épidémiologiques aient été entreprises sur la santé des vétérans des essais nucléaires de Grande-Bretagne, des Etats-Unis, d'Australie et de Nouvelle Zélande, toutes ont donné des résultats peu concluants ou non significatifs (Pearce et al, 1990a, b; Rabbitt Roff, 1999; Dalager et al, 2000; Muirhead et al 2003). Des résultats similaires existent pour les études impliquant la santé de leurs enfants. (Reeves et al, 1999; McLeod et al, 2001a, b). Le faible nombre de participants Néo Zélandais (551) a rendu difficile les études épidémiologiques. Les cancers radio induits qui pourraient en résulter ne seraient pas facilement discernables sur le fond et le pourcentage prévu des différents cancers qui peuvent surgir spontanément (McEwan, 1988). Néanmoins, quelques études montrent des augmentations tout justes significatives des incidences des cancers hématologiques chez les vétérans de Nouvelle Zélande, comme la leucémie, qui peuvent étre causés par une exposition aux radiations lors de l'Opération Grapple (Pearce, 1990a). Cependant, une comparaison de la morbidité du groupe de contrôle par rapport aux statistiques nationales sur le cancer a montré que le groupe a eu des incidences anormalement basses du cancer, d'où un biais pour les résultats (McEwan, 1988). Jusqu'ici toutes les réclamations faites par les vétérans Néo Zélandais des essais nucléaires ont été basées sur les études épidémiologiques ou la présomption de présence. Il faut étayer davantage les réclamations. Pour cette raison, une étude génétique contrôlée a été entreprise pour déterminer si les personnels de la base navale de Nouvelle-Zélande témoins de l'Opération Grapple ont subi des dommages génétiques. Ce rapport est fait en parallèle d'une étude entreprise par ce laboratoire: une analyse sur l'échange des chromatides soeurs (SCE) sur 50 vétérans et 50 témoins (Rowland et al, 2005), ainsi qu'une thèse de MSc passée par Chad Johnson (2004) à l'université de Massey sur le même échantillon en utilisant le test COMéT. L'étude de SCE a détecté une légère mais néanmoins significative fréquence d'échange des chromatides soeurs plus élevée des vétérans des essais nucléaires comparée à un groupe de contrôle apparié d'ex-militaires de Nouvelle Zélande. Dans cette étude, trois analyses en plus ont été exécutées: test G2 (G2), test des Micronoyaux (MN), et mFISH (hybridation in situ fluorescente multicolore). p.9
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Tableau 1:
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Test G2 L'instabilité chromosomique et la perte ou le gain de chromosomes sont des symptômes caractéristiques de nombreuses tumeurs cancéreuses et de dysfonctionnement de l'organisme humain (Griffin 2002). Plusieurs études ont montré une relation entre la prédisposition au cancer et la radiosensibilité. La capacité de réparation de l'ADN est dans ce cas altérée et cela semble jouer un réle important quant à l'instabilité génétique et au développement du cancer (Sanford et al, 1989; Terzoudi et al, 2000; Smart et al, 2003). La capacité déficiente de l'ADN à se réparer peut être mesurée en notant l'augmentation de la sensibilité des chromosomes en phase G2 (Sanford et Parshad 1999; Bryant et al, 2002). Cela se fait en irradiant des cellules pendant environ 1H30 avant prélèvement pour rechercher dans les chromosomes c-métaphase, des ruptures de chromosome ou de chromatides. De telles cellules se seraient trouvées en phase G2 au moment de l'irradiation. L'analyse G2 a été exécutée dans cette étude pour établir des niveaux de la radiosensibilité chez les vétérans Néo-Zélandais des essais nucléaires. Test des Micronoyaux
mFISH
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Dans notre étude, nous avons utilisé le procédé de l'hybridation in situ par fluorescence multicolore (mFISH) où chaque chromosome dans le génome est peint d'une couleur différente. Ceci donne un plus grand degré d'efficacité en enregistrant tous les nombres et types d'événements de translocation, plutôt qu'une estimation projetée. En outre, nous avons considéré plus sage de choisir notre propre groupe de contrôle parce que les Néo Zélandais ont pu avoir été mis en danger dans le passé par plusieurs essais atomiques atmosphériques en Polynésie française. Et d'ailleurs à ce sujet en 1978 la Nouvelle Zélande a intenté un procès à la France devant la Cour de Justice Internationale à La Haye. C'est maintenant un principe établi que toute altération de l'ADN peut affecter l'état de santé et peut potentiellement avoir des conséquences héréditaires. Les études de suivi chez des individus exposés aux agents génotoxiques ont clairement montré la valeur prédictive de dommages chromosomiques élevés beaucoup plus tard (Hagmar et al, 1994, 1998a, b, 2001). Cependant nous souhaitons souligner que cette étude ne fait aucune réclamation sur l'état de santé des vétérans. Cette étude se concentre sur le statut génétique du groupe expérimental (de vétérans). Une des réserves des chercheurs était de savoir si on pouvait détecter n'importe quelle preuve des dommages génétiques et pouvait attribuer ceci à un événement qui a eu lieu il y a longtemps. Cinquante ans ou plus, c'est long, peu d'études ont été réalisées. Néanmoins, la recherche conduite par plusieurs auteurs affine notre point de vue et confirme qu'il était utile de mener notre étude. Hande et al (2003), qui travaillaient dans le laboratoire de David Brenner à Columbia University, New York, ont montré d'une façon convaincante que l'exposition aux rayonnements ionisants importante dans le passé peut laisser une signature permanente tout à fait caractéristique dans le génome. Leur recherche a confirmé que les produits radioactifs peuvent rester dans le corps humain plusieurs dizaines d'années et provoquer des effets génétiques à long terme. Ils ont entrepris une étude sur des ex-ouvriers en bonne santé de l'industrie des armes nucléaires qui ont été professionnellement exposés depuis 1949 dans l'ancienne Union Soviétique. Ces ouvriers exposés à l'irradiation ont été employés soit dans des usines produisant du plutonium soit sur un réacteur nucléaire. Des niveaux élevés d'aberrations des chromosomes ont été observés chez ces ouvriers. De manière significative ils ont montré une rétention à long terme des traces de plutonium inhalé. Les résultats des autopsies étaient utilisés pour calculer la clairance du plutonium pulmonaire. Les études menées par le groupe Brenner sur les ouvriers du plutonium ont donné les résultats suivants sur la quantité de plutonium dans la moelle épinière: en moyenne 50% en 1983, 25% en 1993 et 8% en 1998. Cela signifie que pour quelques ouvriers qui ont été exposés en 1949, il a fallu presque 50 ans pour que le plutonium soit déposé dans un organe extra pulmonaire. Ainsi en outre, depuis des années on a découvert que quelques lymphocytes ont une très longue espérance de vie, plus de 20 ans. Cela signifie qu'on peut encore observer des aberrations induites par la radiation dans des cellules qui étaient présentes en tant que lymphocytes périphériques au moment de l'exposition (Awa et al, 1978; Buckton et al, 1983). Une recherche sur la littérature concernant cette étude a montré que les personnes qui avaient été exposées au rayonnement plusieurs années auparavant, présentent des dommages génétiques. Ces études incluent des cas simples, incorporation accidentelle d'eau tritiée et analyse 11 ans après (Lloyd et al, 1998), un accident Estonien en 1994 (Lindholm et Edwards, 2004), et des études sur des ouvriers du nucléaire avec 11 à 22 ans d'emploi (Bauchinger et al, 1997), des ouvriers de Tchernobyl examinés 8 ans après leur exposition (Lazutka et Dedonyte, 1995; Salissidis et al, 1994, 1995; Snigiryova et al, 1997) et les survivants du bombardement atomique (Hiroshima et Nagasaki) mesurés 50 ans après exposition (Lucas et al, 1992, 1996; Nakamura et al, 1998). p.10
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Toute les recherches ci-dessus nous ont encouragés à nous embarquer dans cette étude, de rechercher si oui ou non le personnel militaire Néo Zélandais qui a participé à l'Opération Grapple a subi des dommages génétiques à long terme. Cependant, malgré tout cela, nos vues ont été tempérées par d'autres études de ce type de victimes fortement exposées comme l'accident de Goiânia au Brésil en Septembre 1987 (Straume et al, 1991; Natarajan et al, 1998). Une diminution avec le temps des dommages est noté quand on observe quelques paramètres (la fréquence des dicentriques des lymphocytes diminue avec le temps) tandis que d'autres paramètres des dommages demeurent élevés (les translocations, la délétion, l'aneuploïdie et la fréquence des déficients en guanine dehypoxanthine phospho-ribosyl-transferase (HPRT - mutants). Les chercheurs étaient également conscients du fait qu'une recherche telle que celle conduite ici risque d'être fortement controversée. Ainsi il était très important qu'une attention considérable soit consacrée à la méthode de l'étude de se centrer sur une bonne variable, c'est à dire la participation à "l'opération Grapple". Pour cette raison, des chercheurs en psychologie ayant l'expérience des études humaines étaient des pivots dans cette recherche. Leur expertise était de réaliser un procédé de sélection pour les vétérans et le groupe témoin. La méthode par laquelle ces deux groupes ont été choisis est détaillée dans le chapitre "Matériaux et Méthodes". Des critères stricts ont été appliqués pour le choix des participants à l'étude, ainsi que pour la collecte d'informations personnelles étendue recouvrant l'histoire de leur vie, leur histoire professionnelle et les antécédents médicaux, ceci dans le but d'identifier le maximum de facteurs ayant un impact sur les résultats. L'échantillon portant sur l'île Nord de Nouvelle-Zélande a été défini en respectant une distribution géographique des vétérans et des contrôles qui ne puissent pas influencer les résultats au cas ou ce paramètre aurait été déterminant. MATERIELS ET METHODES
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Les personnels volants de l'armée de l'air, excepté les équipages non volants, furent aussi exclus pour risque d'exposition aux radiations cosmiques. Les vétérans du Viêt-Nam furent aussi exclus du groupe expérimental pour risque de contamination aux défoliants. Idem pour les travailleurs de l'industrie du bois, exposés au solvant ainsi que ceux qui ont subi des chimiothérapies ou radiothérapies. Aux participants choisis fut envoyée une lettre d'information (E=Expérimental, C=Contrôle), un formulaire d'acceptation et un questionnaire détaillé (Appendice II) qui rassemblaient les informations relatives aux événements de leur vie et à leur santé générale. Il était nécessaire aux chercheurs de prendre en compte tous les facteurs pouvant causer des dommages aux chromosomes, s'il apparaissait une participation autre qu'à l'Opération Grapple. Ceci pour être sûr que les enquêteurs puissent prendre en compte tout autre facteur susceptible de créer des lésions chromosomiques au cas où ces facteurs auraient pu être liés à la participation à l'opération Grapple. Chaque participant devait donner son accord par écrit, remplir le questionnaire détaillé et le retourner aux chercheurs de l'Université de Massey. A réception du questionnaire détaillé, une entrevue fut conduite par un psychologue habile à stimuler la remémoration des souvenirs. Ceci afin de clarifier si nécessaire tous les détails incomplets dans leurs réponses et de vérifier si des substances avaient pu affecter leur sang avant d'en prélever des échantillons. Il était important d'obtenir les réponses les plus précises pour valider nos résultats. Parallèlement à l'entrevue un échantillon sanguin fut prélevé, ou un rendez-vous pris pour un prélévement ultérieur à une date plus appropriée. L'intégralité de l'étude fut conduite en suivant l'éthique stricte spécifiée par W.M.A.D Helsinki... Chaque échantillon sanguin fut prélevé par un médecin indépendant, puis codé avec un numéro pour que les chercheurs puissent ensuite mettre un nom au code. Ce code sans nom fut écrit sur chaque échantillon et remis aux étudiants en médecine de l'Université Massey de Palmerston Nord. Les assistants recodèrent chaque prélévement avec un nouveau numéro et enregistrèrent les codes pour les révéler lors de la conclusion de l'étude. Ceci garantissait que les membres de l'équipe de recherche ne puissent identifier un échantillon lors de contrôle. Les échantillons de sang furent utilisés pour une analyse clinique génétique. L'étude fut conduite en aveugle. Les codes furent dévoilés après que toutes les analyses génétiques eurent été achevées. Le sang collecté ne fut utilisé que pour une analyse génétique. Toutes les informations génétiques obtenues restèrent strictement confidentielles. Inclusions/exclusions
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Contrôles Les personnes testées étaient si possibles d'un groupe d'âge comparable. Les participants sélectionnés par critère étaient en service dans l'armée de terre néo-zélandaise, dans l'armée de l'air pour les équipages non volants, les forces de police et ceux ayant effectué leur service militaire. Le but principal était de contrôler les effets sur la santé des militaires. Cela implique qu'étant donné la force physique et morale requises lors de leur sélection et ensuite leur mission dans l'armée et la police, ceux qui les auront accomplies seront généralement en meilleure forme que des civils. Ce choix implique des militaires ayant généralement une condition physique et mentale supérieure aux civils. Tous les critères d'exclusion pour le groupe expérimental furent sont aussi appliqués aux personnes testées. Les critères complémentaires d'exclusion étaient: 1) Service dans la marine nationale. (Possibilité de contamination du navire) 2) Impossibilité de trouver des témoins de même âge dans des zones géographiques particulières. 3) Niveau d'éducation trop élevé (un chirurgien a été exclu) 4) Immigration récente en NZ (faussant les contrôles à cause des doses de radiations variables reçues avant leur arrivée) 5) Service sans entraînement militaire obligatoire. * Ce qui inclut asbestose, bois tanisés, traitement des bois, huile, fumées de pétrole, radiations de micro-onde, transport routier, poussières et produits chimiques, et travail en radiographie) |
échantillon de la sélection Afin de contrôler toute variation dans l'exposition aux radiations on employa une procédure de test par strate. Les membres potentiels du groupe expérimental furent choisis d'après leur appartenance à l'une des 5 régions de l'île du Nord. Le tableau 2 montre comment 88 volontaires remplissant les critères d'acceptation pour le groupe expérimental furent répartis par région. Les 50 membres du groupe expérimental furent choisis au hasard parmi le groupe potentiel de volontaires, avec cette restriction que la proportion de membres sélectionnés dans chaque aire géographique reflète la distribution originale des 88 participants potentiels. Pour différentes raisons, 6 participants se retirèrent de l'étude. Ceux-là furent remplacés par 6 autres trouvés parmi les volontaires acceptables. Dans l'ensemble, 135 sujets témoins se portèrent volontaires, mais 83 d'entre eux ne furent pas retenus, laissant un groupe de 52 personnes à partir duquel fut faite la sélection. Comme le tableau 2 le montre, il ne fut pas possible d'obtenir le nombre idéal de personnes-échantillons dans les régions d'Auckland et Northland dans le temps imparti. Ce manque fut comblé par des recrues supplémentaires du centre de l'île Nord (qui étaient plus facilement joignables par l'équipe de recherche). p.12
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Que s'est-il passé à Reggane le 13 février 1960 (Les irradiés de la République, Les oubliés de l'atome, Bilan des essais nucléaires français en Algérie, indemnisation des victimes des essais nucléaires)? Il suffit de consulter un bon manuel d'histoire pour le savoir: ce jour-là, un grand champignon atomique s'est élevé dans le ciel du Sahara. C'était la première bombe atomique française. Mais ce que les manuels d'histoire ne nous disent pas, c'est ce qu'il s'est passé en dessous du nuage atomique formé par l'explosion. Car contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce n'était pas tout à fait le désert. Il y avait même beaucoup de monde sur les sites d'expérimentation: des soldats – souvent de simples appelés du contingent –, des civils du Commissariat à l'énergie atomique et de ses entreprises sous-traitantes, et même de la main d'oeuvre recrutée sur place, ceux que le jargon militaire avait baptisés en Algérie les PLOs (prononcez: "pélos"), autrement dit les "Populations Locales des Oasis". Lors de chaque explosion, c'est ainsi plusieurs milliers de personnes qui étaient présentes sur les lieux. Et d'après les chiffres fournis par le CEA et le ministère de la Défense, pas moins de 150.000 personnes au total auraient participé aux expérimentations nucléaires menées par la France au Sahara puis en Polynésie de 1960 à 1996. Ces personnes étaient-elles suffisamment protégées? Ont-elles subi des retombées radioactives? Les diverses pathologies dont souffrent aujourd'hui certaines d'entre elles ont-elles un lien avec leur participation aux expériences atomiques? L'accés à des archives encore couvertes par le "secret défense", notamment celles des services qui étaient en charge de la radioprotection et de la mesure des retombées radioactives, permettrait sans doute d'apporter des éléments de réponse à ces questions. C'est du moins ce que considèrent les associations de "vétérans" des essais nucléaires qui se sont créées depuis le début des années 2000. En 2006, lors d'une séance publique au Sénat, Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la Défense, avait indiqué qu' "en matière de défense, notamment dans le domaine des essais nucléaires, la France n'a rien à craindre de la transparence. Nous sommes suffisamment forts et fiers de nos actions pour pouvoir dire ce qui a été fait et, le cas échéant, pour en tirer les conséquences lorsque certaines personnes peuvent souffrir des conséquences d'une activitéé. Elle avait méme ajouté qu'il lui paraissait "indispensable de dépassionner le débat sur le sujet, contrairement à ce que certains essaient de faire en suscitant des peurs ou des rancoeurs qui n'ont pas lieu d'étre". Mais pas question pour autant de lever le "secret-défense"... La raison invoquée par le ministère des Armées est que les archives en question ne contiennent pas seulement des données environnementales sur les retombées radioactives, mais également des indications sur le fonctionnement et la puissance des armes nucléaires utilisées, autrement dit des données jugées très sensibles en raison du risque de prolifération nucléaire. Néanmoins, la ministre n'excluait pas que "des scientifiques dûment habilités et travaillant dans un cadre très précis puissent avoir accés à ces dossiers". (suite)
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Or cette promesse est restée lettre morte, en dépit de la demande formulée par des chercheurs de l'INSERM. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les choses ne risquent pas de s'arranger avec le projet de loi sur les archives actuellement en cours de discussion au Parlement (voir l'article de Sylvain Bourmeau dans Mediapart). L'article 3 de ce projet précise en effet que "ne peuvent être consultées les archives publiques dont la communication est susceptible d'entraîner la diffusion d'informations permettant de concevoir, fabriquer, utiliser ou localiser des armes nucléaires, biologiques, chimiques ou toutes autres armes ayant des effets directs ou indirects de destruction d'un niveau analogue." En d'autres termes, les archives des essais nucléaires sont désormais "incommunicables", sans limites de temps. Alors, adieu Reggane? Pas si sûr. En effet, ce qui à première vue peut apparaître comme un nouveau coup dur pour les associations de vétérans des essais nucléaires pourrait au contraire contribuer à renforcer leur cause. D'abord parce que l'invocation d'un risque de prolifération nucléaire à propos d'archives datant de plus de 40 ans et portant sur des retombées radioactives laisse tout de même un peu songeur, surtout lorsque l'on sait que les Etats-Unis, que l'on peut difficilement soupçonner de laxisme à l'égard de la prolifération, ont pour leur part autorisé en 1994 l'accés à 93% des archives concernant leurs essais nucléaires. Ce genre de comparaison pourrait bien transformer ce qui est présenté par la France comme un "secret stratégique" légitime au regard des impératifs de la sécurité nationale en un "secret inavouable" uniquement destiné à couvrir l'image que l'institution veut donner d'elle-méme – pour reprendre ici la distinction proposée par le sociologue Erving Goffman dans La mise en scène de la vie quotidienne (t. 1, p. 137-138). Ensuite parce que, comme nous l'a appris un autre sociologue, Georg Simmel, "le secret met une barrière entre les hommes, mais il éveille en même temps la tentation de la briser par le bavardage ou l'aveu" (Secret et sociétés secrètes, p. 45). Ou par l'enquête, pourrait-on ajouter. Si l'on en juge par le nombre de documentaires qui fleurissent sur l'héritage de la bombe, force est d'ailleurs de constater que le verrouillage des archives a plutôt encouragé plus qu'il n'a dissuadé le travail d'investigation et les révélations auquel il peut aboutir. Mais le plus important est peut-être ailleurs: le verrouillage des archives prive les historiens et les épidémiologistes du point d'appui qui leur permettrait de valider ou de réfuter, ou tout simplement de nuancer les témoignages apportés par les vétérans des essais nucléaires. Sans accès aux archives, au nom de quoi pourrait-on les mettre en doute? Bref, "l'incommunicabilité" des archives sur les essais nucléaires pourrait avoir pour effet de donner encore plus de poids aux témoignages des vétérans. Et par conséquent de les encourager. Alors, bonjour Reggane! p.13
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Votre courrier du 25 février dernier amène plusieurs remarques de ma part: 1- Je vous rappelle que dans son rapport de mai 2007 au ministre de la défense et au ministre chargé de la santé et au vu des expositions aux rayonnements ionisants auxquelles ont été soumis les personnels ayant participé aux essais, le CSSEN note qu'aucune évolution de l'état des connaissances scientifiques et médicales concernant l'apparition de maladies radioinduites ne justifie aujourd'hui une extension des régimes de réparations pour ces personnels. De plus, le CSSEN ne propose pas la modification du Code des pensions Militaires. En revanche, dans l'hypothèse où serait établi un projet de loi retenant le principe d'une extension de l'imputabilité par présomption d'origine du régime des pensions militaires d'invalidité, le CSSEN recommande que celui-ci "n'aille pas au-delà des conditions de reconnaissance prévues par le régime général de la sécurité sociale et ses systèmes complémentaires". 2- Le suivi médical des "vétérans" polynésiens répond, outre l'inquiétude suscitée chez eux sur leur état de santé, à une prise en compte de la différence de statut sanitaire entre la Polynésie et la métropole. Ce suivi concerne les anciens travailleurs civils et militaires des sites du Centre d'Expérimentations du Pacifique, les personnes justifiant avoir résidé habituellement dans les communes de Turcia, Reao, Pukarua et Gambier entre 1966 et 1974, ainsi que les personnes ayant leur résidence principale actuelle dans ces communes. 3-Il me semble utile de vous apporter plusieurs précisions sur le suivi médical que vous souhaitez voir organiser pour les "vétérans" métropolitains et leur famille. Le bilan médical et le suivi sanitaire proposé aux huit "vétérans" les plus particulièrement impliqués dans l'exposition aux rayonnements ionisants provoquée par l'accident "BERYL", se justifient du fait d'une exposition importante et parfaitement établie. Un suivi médical des "vétérans" métropolitains est possible, soit par le biais du suivi post professionnel établi par le code du travail, soit par l'accès des anciens militaires aux consultations dans les services médicaux de garnison. Un rappel a d'ailleurs été récemment fait en ce sens par la direction centrale de service de santé des armées. Vous suggérez que ce bilan comprenne une échographie thyroïdienne et une échocardiographie. Les connaissances aujourd'hui admises par la communauté scientifique internationale, rappelées entre autres dans le rapport UNSCEAR 2006 que vous citez, ne légitiment pas de tels examens. Enfin, j'insiste une nouvelle fois auprès de vous sur l'incapacité de mettre en place une dosimétrie biologique, d'évaluer une dose 45 ans après l'exposition supposée et de sélectionner un "stress" d'origine radiologique lié aux essais nucléaires, parmi tous les autres, y compris radiologiques, susceptibles de conduire à des anomalies chromosomiques. 4-L'étude de santé lancée par l'OSV concerne les personnels militaires porteurs de dosimètres en Polynésie. En effet, les porteurs de dosimètres en Polynésie sont enregistrés, dans la base de données "dosimétrique", avec tous les paramètres d'identification permettant d'accéder aux registres sanitaires (mortalité et causes de mortalité). Une telle étude est donc plus rapidement accessible qu'une étude prenant en compte la totalité des "vétérans" des essais. Elle sera bien évidemment publiée dans son intégralité, sans adaptation d'aucune sorte. Comme vous le savez, l'établissement d'une liste plus importante, qui ne pourra cependant pas prétendre à l'exhaustivité que vous souhaitez, est en cours d'élaboration. L'intérêt et la possibilité de réaliser alors une étude plus large que celle de l'OVS seront évalués. 5-S'agissant d'une mission d'information parlementaire sur les essais nucléaires, je vous rappelle que la commission "Affaires Etrangéres, Défense et Forces Armées" du Sénat a rejeté la mise en place d'une telle mission dans ses conclusions du 20 décembre 2006 relatives à une proposition de résolution de Madame Dominique Voynet. En restant à votre disposition pour apporter les compléments d'information que vous souhaiteriez... (suite)
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5 mai 2008 Madame, Mademoiselle, Monsieur,
- Bruno Barrillot, Expert - questions nucléaires (Polynésie
F. )
PARTICIPATION AU COMITE DE SOUTIEN
NOM
:
PRENOM
QUALITE
Date et
SIGNATURE
* Sites internet: site 1, site 2 et archives sur le Centre d'Expérimentation Nucléaires du Pacifique: Point-Zero-Canopus p.14
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Damien Girard Président de l'ADEPR A Monsieur le Président de la Communauté de Communes des Rives de la Suippe 51490 BETHENIVILLE Un article du bulletin d'information de la
Communauté de Communes des Rives de la Suippe a retenu toute mon
attention. Comme vous le savez, l'association que je préside s'inquiète
fortement des retombées radiologiques et chimiques dues à
l'activité du centre d'expérimentation nucléaire de
Pontfaverger-Moronvilliers géré par le Commissariat à
l'Energie Atomique. Je suis surpris que vous preniez la responsabilité
de l'édition de ce texte sans aucune réserve car comme vous
l'avez signalé lors de la réunion du 7 décembre 2007,
propos repris par FR 3 au journal du 12/13 le 8/12/08, vous n'avez
jamais été informé, même en tant qu'élu,
sur les rejets dans l'air et/ou dans le sol dus au demi-siècle d'exploitation
de ce site.
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- la Driire qui dépend du Ministère de l'Industrie a été dessaisie du dossier fin 2006. La pollution induite du site semble logique et indéniable quand on sait que tous les déchets produits pendant les trente premières années ont été enfouis à même la terre sans aucune précaution, au lieu dit la Fosse des Maréchaux, point culminant sur un rayon d'une dizaine de kilomètres et qu'il est le départ de plusieurs rivières souterraines tel que la Noue des Vins qui alimente Pontfaverger en eau potable. - certains des 200 tirs souterrains ont été réalisés à très grande profondeur, certains ont dû fuser, des matières radioactives doivent encore baigner dans l'eau au fond de ces forages. - le CEA a organisé des réunions avec l'Association Foncière de Beine pour demander à être raccordé sur le réseau d'eau potable de Berru via Beine! - le taux de radioactivité de l'eau de certains puits sur le site (source Ministère de la Défense) est 50 fois plus important que la normale! Si ce taux continue à augmenter (pour quelle raison se stabiliserait-il ou décroîtrait-il?) et est multiplié seulement par 1,5 alors adieu l'eau potable! Quelles seraient alors les conséquences sur la population, l'agriculture, la viticulture? L'autorité de Sûreté Nucléaire qui contrôle tous les sites nucléaires de France et qui communique ses rapports d'expertise sur Internet, n'a pas compétence pour le centre d'expérimentation nucléaire de Pontfaverger-Moronvilliers. Le CEA possède son propre organisme de contrôle, c'est-à-dire qu'il s'autocontrôle, on peut donc, à juste titre je crois, être très réservé sur la réalité des résultats qu'il communique, d'ailleurs, avec parcimonie. D'après mes recherches, seul ce centre en France n'a pas de Commission Locale d'Information. Ses retombées économiques sont nulles (il ne paye aucune taxe et ne travaille directement avec aucune entreprise de la Communauté de Communes), il n'apporte aucun soutien aux associations locales et ne participe aucunement au rayonnement des communes riveraines, c'est le moins que l'on puisse dire! Quelle différence par rapport aux millions € que reçoit la région de Bure!! De plus ce pôle hautement technologique unique en Europe présente la particularité et le défaut de porter le nom d'un village détruit il y a bientôt 100 ans ce qui entrave une réelle influence sur la renommée de la vallée et de la région malgré son haut degré de technicité. Par l'intermédiaire de votre bulletin d'information, vous avez pris position sur des faits qui inquiètent une grande partie de la population locale, cela demande, je pense, des éclaircissements de votre part car les éléments que je viens de vous (re)préciser ne sont pas de même nature que ceux véhiculés par le CEA que vous avez pris apparemment en compte pour vous déterminer. Les membres de mon association, par ma voix et afin d'obtenir des données objectives correspondant à la réalité de la pollution du site de Moronvilliers, vous demandent également d'intervenir efficacement auprès de la Préfecture et du CEA pour qu'une étude complète de la situation environnementale du site (air, terre, eau) soit financée et réalisée en toute indépendance par la CRIIRAD (Commission Indépendante d'Information sur la radioactivité) qui me semble la mieux placée pour opérer. Je suis convaincu et j'espère que vous le serez aussi que, seul un tel bilan peut donner une image fiable et intellectuellement honnête de la réalité. En espérant une réponse favorable de votre part, je vous prie d'agréer Monsieur le Président, mes salutations distinguées. PS: Les dernières explosions entendues de mon domicile: jeudi 7 février 2008 à midi, lundi 11 février 2008 (plusieurs en quelques minutes). COMMENTAIRE GAZETTE Nous voilà repartis des années en arrière: 25 ans environ. A l'époque nous avons reçu au Collège de France (Laboratoire de Physique Corpusculaire) un morceau d'uranium (c'était de l'uranium appauvri soit du U238) ayant été trouvé à l'extérieur du site après un essai quelque peu raté. Il nous avait été confié par le ministère de l'Environnement (ministre Huguette Bouchardeau et au cabinet Philippe Roqueplo). Je suis incapable de savoir si le CEA a pris des mesures pour éviter que cela se reproduise. Et d'après la lettre, j'ai de plus une impression de malaise car ce bout d'uranium, évacué comme déchet par le laboratoire, semble avoir causé des ennuis aux personnes qui l'avaient ramassé. A l'époque on avait parlé aussi dans Sciences et Vie (J. Denis-Lempereur), mais tout a été enseveli sous le "Secret-Défense" comme d'habitude!! Par contre ce que je sais, c'est que des expériences de lâchers de tritium ont eu lieu sur d'autres sites. Par exemple à Bruyères-le-Châtel (site B3 préparation aux essais à Moruroa) en novembre 86 puis en avril 87, le CEA a envoyé à chaque fois 1g de tritium(7.000 curies soit 259 TBq ou 259 mille milliards de becquerels). C'était pour tester le dépôt sur les aliments (salades par exemple): les habitants ont franchement mal vécu la situation. L'affaire est remontée jusqu'au Parlement Européen, parce qu'il y avait eu des visiteurs Allemands et Belges qui avaient raconté l'essai et cela avait déplu (on a publié cette chronique dans la Gazette N°78/79: bien sûr, il n'y eut aucun suivi des populations; et d'ailleurs le tritium est tout à fait bénéfique (!!), dixit les officiels). Les Commissions d'Information placées près des Installations Nucléaires de Base Secrètes (INBS) entre ouvrent l'histoire de ces sites militaires. p.15
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La problématique de la radioprotection suscite des articles pour le moins curieux. S'il est exact que subsistent des incertitudes et que des études restent nécessaires pour mieux cerner les effets des rayonnements, il n'en reste pas moins que des études sont en cours, que les cohortes de vétérans anglais sont analysées. En particulier l'ingestion chronique de faibles doses de produits radioactifs induit des phénomènes différents du flash radioactif: l'élimination se fait plus lentement et la toxicité est différente. Ceci est un résultat qui sort des études "ENVIRHOM" de l'IRSN. En particulier l'affirmation "Un phénomène d'hormesis (Effet d'un agent toxique à fortes doses, mais ayant un effet favorable protecteur à faible dose), par stimulation des mécanismes de défense contre l'apparition "naturelle" de cellules cancéreuses, est retrouvé dans 40% des études conduites chez l'animal, son existence chez l'homme est controversée" ne repose pas sur des bases autres que celles selon laquelle on peut se protéger d'un corps dangereux en s'habituant en absorbant de faibles doses: c'est la fameuse "mithridatisationé" décrite dans l'Antiquité (le roi Mithridate). Sauf que les études actuellement menées montrent qu'aussi bien en radioactivité qu'en chimie l'ingestion de faibles doses induit des phénomènes où la dose est moins prépondérante que le fait d'avaler sans arrêt de petites quantités. Il semble que les défenses des êtres vivants sont plus efficaces lorsque la dose est relativement forte. Par contre dans le cas où les doses sont faibles mais répétitives les effets semblent plus importants. Toutes les questions à propos des Rayonnements ionisants de A. Aurengo sont pertinentes: sont-ils dangereux quels que soient la dose et le débit de dose? Comment établir le rapport bénéfice-risque des procédures médicales qui les utilisent? Quel est le risque réel des rejets des sites nucléaires? Comment estimer l'impact sanitaire des déchets radioactifs? A partir de quelle concentration le radon est-il dangereux et nécessite-t-il des travaux de protection dans les habitations? Quel est l'impact sanitaire de retombées de Tchernobyl en métropole? Des retombées des essais nucléaires en Polynésie? Par contre ses démonstrations sont biaisées. En particulier il oublie un point très important: la biologie ne fait pas forcément bon ménage avec les mathématiques. Or, il part sur le raisonnement suivant: "Les mécanismes de défense de l'organisme étant de nature et d'efficacité différentes selon la dose, on devrait estimer le risque des faibles doses par une méthode qui ne postule pas a priori la forme de la relation dose-risque." et c'est exactement ce que font les personnes qui essaient de les étudier. Manifestement il ne lit pas les publications. Il a, aussi, été découvert des effets dit de mémoire: les cellules proches ou même lointaines de celles touchées peuvent présenter des lésions persistantes. A. Aurengo minimise aussi bien les effets d'Hiroshima-Nagasaki que ceux de Tchernobyl et dans la foulée ceux des essais nucléaires polynésiens (et sahariens bien sûr). Il affirme: "On doit s'attendre à quelques centaines de cancers en excès chez les liquidateurs ayant reçu des doses supérieures à 200 mSv. On ne trouve pas d'excès significatif de cancer dans les populations déplacées ou résidant en zones contaminées.". Or, ceci est en contradiction avec les déclarations des gouvernements biélorusses et ukrainiens qui sont confrontés à beaucoup plus de malades (cancers, mais aussi problèmes cardiovasculaires, glandulaires, neurologiques) que ce que les occidentaux (dont A. Aurengo) acceptent de parler. Les effets de Tchernobyl, vous affirment les officiels, sont dus au stress!! Et c'est la faute de ceux qui craignaient des suites dues à l'éparpillement de produits radioactifs si des futures mères se sont fait avorter. 700.000 affirme le Pr Tubiana: il a dû confondre avec le chiffre des liquidateurs. En ce qui concerne la Polynésie il réfute les travaux du Pr Parmentier et ceux du chercheur INSERM de Vathaire, mais c'est juste sa conviction personnelle. Le sujet mérite un traitement nettement plus sérieux. Il en est de même des "vétérans" du Sahara: trop facile de tout rejeter sans vérifier la cohorte et sans analyser les cas de cancers, mais aussi de maladies. Il est sans pitié pour toutes les études menées par l'InVS et l'IRSN et il n'admet que les déclarations péremptoires alors que justement ces chercheurs font part de leurs doutes. Il se permet une appréciation à propos des problèmes thyroïdiens: ""Bien que les auteurs précisent "qu'il est aussi possible que l'excès réel de risque de cancer thyroïdien, aux niveaux de dose considérés ici, soit nul", leurs résultats alarmistes n'ont pas apaisé, mais égaré les inquiétudes qui s'expriment dans les affaires judiciaires en cours."". (suite)
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Ceci particulièrement irrecevable, car une telle attitude est à l'origine des procès, les personnes ayant le sentiment d'être trompées et ne pardonnant pas l'arrogance et le mépris exprimés à leur égard. De plus il affirme que les calculs n'ont pas tenu compte des mesures du SCPRI (le fameux service du Pr Pellerin) prouvant qu'il y avait des aliments non contaminés à côté de ceux contaminés: cela signifie quoi? Bien évidemment les auteurs ont dû construire un régime alimentaire moyen, un régime alimentaire avec plus de produits contaminés (type lait) et donner des fourchettes. Il le sait et ce n'est pas la peine de laisser croire que ce ne sont pas les méthodes applicables pour faire des calculs. Certains veulent tout contaminer et d'autres prétendent que rien ne l'est: il faut a minima envisager les 2 hypothèses, car toutes les situations vont exister. Et par prudence, il faut admettre les situations extrêmes (0 contamination étant un rêve inexistant et forte contamination, dépendent de l'accident). Par ailleurs ce qui compte c'est la fraction ajoutée, puisque nous sommes soumis à la radioactivité naturelle; c'est justement cet ajout qui peut tout faire basculer pour certaines personnes plus sensibles que d'autres. Cet effet commence à être reconnu (Helsinki 2008): "La radiosensibilité individuelle est un enjeu essentiel de la radiothérapie (efficacité ou complications d'un traitement: hypo ou hypersensibilité). Il faut définir les différences de sensiblité au niveau collectif (homme, femme, enfant, bébé) pour parvenir à des critères d'évaluation de la radiosensibilité individuelle." A. Aurengo connaît parfaitement ce sujet puisqu'il traite des patients, justement malades de la thyroïde. Sa diatribe contre les enquêtes épidémiologiques n'a pas lieu d'être, sauf pour faire réapparaître le tabac. Il manque en plus l'alcool et le tableau clinique serait complet. Il est vrai qu'il faut essayer de faire du multifactoriel, mais cela repose sur des registres aussi complets que possibles. Or, il n'en existe que poignée en France, couvrant tout juste 17% de la population. Du coup cela devient difficile de mener des études complètes. Quant aux accusations de diminuer le nombre de mammographies, cela se discute: il faut toujours avoir le courage de relever les suites de telles méthodes de préventions aussi bien que les suites des divers traitements. Trop facile d'affirmer que tout va bien: la prudence et le suivi sont les seules façons d'appliquer des méthodes correctes, respectueuses de la santé des patients et de faire progresser les connaissances. Dénigrer les campagnes "radon" revient à s'imaginer que la radioactivité naturelle n'a aucun effet sur la santé, ce qui est parfaitement faux. De plus les habitudes ont changé depuis le 20ème siècle: l'isolation des maisons, un bien pour les économies d'énergies et un mal (si on ne pense pas à la ventilation) pour l'accumulation de radon. En conséquence les campagnes radon n'ont rien d'un "luxe". Sa conclusion est sûrement intéressante: "Une telle démarche (séparer risques avérés et hypothétiques) est nécessaire pour élaborer une politique de santé publique efficace, lisible, proportionnée aux risques et évaluable. Une labellisation des études épidémiologiques selon leur rigueur méthodologique et le degré de preuve qu'elles apportent à leurs conclusions devient nécessaire. Toutes les données des enquêtes devraient être accessibles, comme pour la plupart des publications scientifiques. Ces mesures permettraient de relativiser les résultats faussement alarmistes. Elles éviteraient de gaspiller, pour se prémunir contre certains risques hypothétiques, des ressources qui seraient mieux utilisées contre les risques avérés"é. Mais est-ce si simple? et n'est-ce pas de cette façon qu'on a continué à utiliser l'amiante? ou bien le benzène? A persister à soigner des malades avec des appareils défectueux? A nier les problèmes des vétérans et à refuser les suites de Tchernobyl? Se voiler la face et refuser la réalité n'a jamais protégé quelqu'un. Il y aura toujours des risques, le reconnaître est une évidence. Ne rien faire pour minimiser ceux que l'on connaît est proprement inqualifiable. p.16
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Chaque semaine, ou presque, paraît dans une revue scientifique une nouvelle étude "démontrant" la dangerosité de tel ou tel procédé industriel, agent chimique, biologique ou physique, dispositif à usage du grand public, lieu de résidence ou pratique médicale. Pour chaque agent suspect, on compte souvent de nombreuses études contradictoires; les études alarmistes sont souvent médiatisées mais celles qui rassurent intéressent peu les médias. Fin 2007 par exemple, une étude allemande rapporte un doublement des leucémies des enfants vivant à proximité des centrales nucléaires, résultat en contradiction avec ceux d'une étude française analogue qui montre au contraire un déficit significatif de leucémies de l'enfant autour de nos centrales. La médecine environnementale et l'épidémiologie, qui en est une des bases essentielles, ne se prétendent certes pas sciences exactes, mais on pourrait au moins en attendre une certaine cohérence statistique, indispensable pour éclairer les citoyens et les pouvoirs publics et fonder dans ce domaine une politique de santé. On doit donc se demander quelle est l'origine de telles discordances et quelles en sont les conséquences économiques, sociales et sanitaires. La sacralisation des risques hypothétiques
Incertitudes et dérives de la
médecine environnementale
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En effet, les personnes exposées le sont en général à de faibles doses d'un agent dont la dangerosité n'a été prouvée que pour des fortes doses rencontrées par exemple en milieu professionnel ou à la suite d'accidents. Estimer directement le risque de faibles doses nécessite une rigueur méthodologique d'autant plus grande que les effets recherchés, s'ils existent, sont très faibles. En revanche, faire l'hypothèse d'une proportionnalité entre le risque et la dose et extrapoler les risques avérés des fortes doses pour estimer ceux des faibles doses conduit à surestimer le risque des faibles doses si l'organisme leur oppose des mécanismes de défense proportionnellement plus efficaces. Les rayonnements
ionisants
Pour quantifier la quantité de rayonnements ionisants reçue par un organisme, on utilise trois unités différentes. La dose absorbée, correspond à l'énergie (en joules) absorbée par unité de masse (en kilogrammes); elle s'exprime en gray (Gy). La dose équivalente, exprimée en sievert (Sv) ou millisievert (mSv est égale à la dose absorbée multipliée par un "facteur de pondération radiologique" qui tient compte de la nocivité relative des différents types de rayonnements. La dose efficace, également exprimée en sievert (ce qui est une source de confusion fréquente), est égale à la dose équivalente multipliée, pour chaque tissu, par un "facteur de pondération tissulaire" qui exprime sa sensibilité relative aux rayonnements pour l'induction de cancers. La dose efficace a été introduite pour les besoins de la radioprotection car elle permet d'additionner les doses reçues par différentes régions du corps. Le débit de dose (efficace) caractérise la vitesse à laquelle la dose est délivrée. A Paris, le débit de dose efficace résultant de l'irradiation naturelle est d'environ 2,5 mSv par an, soit 0,3 mSv/h. p.17
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Malgré l'évolution de nos connaissances sur les cancers radioinduits, certains estiment qu'il est possible de répondre à ces questions avec une précision acceptable en utilisant une hypothèse de proportionnalité entre la dose efficace de RI reçue et le risque de développer un cancer radioinduit. D'autres auteurs ont tenté d'estimer directement la réalité du risque de faibles doses de RI et de le quantifier. Les effets nocifs des RI ont été soupçonnés puis prouvés peu de temps après la découverte de la radioactivité et des rayons X. Ils dépendent fortement de la dose et du débit de dose. Pour des doses supérieures à 700 mSv, administrées à fort débit, on observe presque toujours des effets précoces dont la gravité augmente avec la dose, du simple érythème jusqu'à la mort en cas d'irradiation massive de l'ensemble du corps. A un niveau plus faible, les doses qui dépassent 100 à 200 mSv chez l'adulte et 50 à 100 mSv chez l'enfant augmentent le risque de tumeurs solides et de leucémies avec une probabilité qui croît avec la dose. Ces cancers peuvent survenir des dizaines d'années après l'irradiation. La relation linéaire sans seuil
Apports de la radiobiologie
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Ils permettent la survie cellulaire et préservent les fonctions des tissus, mais la réparation de l'ADN peut être imparfaite, avec des erreurs qui peuvent conduire à la cancérogenèse, risque d'autant plus grand que la dose est plus élevée. La cancérogenèse se heurte alors à une ligne de défense tissulaire: même quand une cellule est devenue précancéreuse et autonome, les cellules voisines contrôlent sa prolifération. Enfin, le système immunitaire peut éliminer des clones de cellules cancéreuses, d'où l'incidence élevée de certains cancers chez les sujets immunodéprimés. Ces lignes de défense peuvent être submergées si la dose est trop élevée. Un phénomène d'hormesis (Effet d'un agent, physique ou chimique, qui provoque un effet à forte dose et un effet inverse à faible dose. C'est le cas de nombreux agents, toxiques à fortes doses, mais qui ont un effet favorable protecteur à faible dose), par stimulation des mécanismes de défense contre l'apparition "naturelle" de cellules cancéreuses, est retrouvé dans 40% des études conduites chez l'animal; son existence chez l'homme est controversée. Apports et limites de l'épidémiologie
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1) Les incertitudes sur les expositions ne sont pas prises en compte dans l'analyse statistique, ce qui entraîne certes une atténuation du risque calculé, mais aussi une réduction artificielle de son intervalle de confiance, pouvant laisser croire qu'une étude est positive alors qu'elle ne l'est pas en réalité. 2) L'exposition à d'autres cancérigènes éventuellement associés est estimée de manière approximative ou totalement négligée. C'est surtout le cas du tabac, cancérigène beaucoup plus puissant que les RI, et qu'aucune étude ne prend correctement en compte (ce qui nécessite de connaître l'âge de début, la durée et l'intensité du tabagisme ainsi que la nature du tabac), même quand elle concerne des cancers provoqués par le tabac (poumons, ORL, vessie). Quand les données sur le tabagisme ne sont pas disponibles, les techniques permettant de prendre en compte cette incertitude (avec un élargissement des intervalles de confiance) ne sont jamais mises en oeuvre. Ce probléème obère les résultats des études sur le risque de cancer du poumon dû au radon, conduites sur les mineurs d'uranium ou en milieu résidentiel: aucune ne prend correctement en compte les paramètres pertinents du tabagisme (Cf rapport sur les causes du cancer en France http://www.iarc.fr). Un même problème affecte les conclusions de la récente étude internationale sur les travailleurs du nucléaire (Cardis E, Vrijheid M et al. The 15-Country Collaborative Study of Cancer Risk among Radiation Workers in the Nuclear Industry: estimates of radiation-related cancer risks. Radiat Res. 2007 Apr; 167(4): 396-416). 3) Certaines enquêtes rétrospectives "cas-témoins" fondent tout ou partie de la reconstitution de l'exposition sur les données d'un interrogatoire, portant par exemple sur les habitudes alimentaires plusieurs années auparavant. Il en résulte un grand risque de biais, impossible à corriger, les cas (les malades), plus motivés, ayant davantage tendance à se rappeler les expositions que les témoins. Un tel problème, entre autres, a conduit un groupe de travail des académies des sciences et de médecine à conclure que la responsabilité des essais nucléaires français en Polynésie ne pouvait pas être considérée comme établie, malgré les conclusions d'une étude épidémiologique (http://www.academie-medecine.fr). C'est pour éviter cette difficulté bien connue que les essais des médicaments se font en double aveugle. 4) Les enquêtes épidémiologiques comportent souvent de très nombreux tests statistiques sur le risque d'induction de tel ou tel cancer. Cela conduit à une certaine proportion de résultats positifs, simplement par hasard. Quand un tel résultat est inattendu, compte tenu des connaissances antérieures et de sa plausibilité biologique, il devrait être validé par une nouvelle enquête fondée sur d'autres cas. Cette confusion entre un résultat soulevant une hypothèse et un résultat établi est particulièrement fréquente quand le plan d'analyse statistique est modifié en fonction des données collectées. Les conséquences
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Nous citerons quelques exemples. 1) Chacun a été frappé par l'éventail considérable des estimations du nombre de morts secondaires à l'accident de Tchernobyl, qui vont de quelques centaines à quelques dizaines de milliers. Les estimations les plus pessimistes reposent sur l'application abusive d'une RLSS à des doses très faibles (quelques mSv) touchant des populations considérables, par exemple l'ensemble de l'Europe et de l'ex-URSS. Des experts internationaux, réunis sous l'égide de l'ONU (WHO: Health Effects of the Chernobyl Accident Report of the UN Chernobyl Forum Expert Group "Health" (EGH) 2005) ont conclu à un bilan de 4.000 morts survenues ou futures, en appliquant une RLSS à l'encontre des recommandations de la CIPR et en se fondant sur une espérance de vie des populations concernées supérieure à celle observée en réalité. En fait, même dans les zones les plus exposées d'Ukraine et de Bélarus, les seuls excès de cancers mis en évidence sont 4.000 cas de cancer de la thyroïde d'enfants dont 98% avaient moins de 10 ans ou étaient in utero lors de l'accident. Une dizaine en sont décédés. On doit s'attendre à quelques centaines de cancers en excès chez les liquidateurs ayant reçu des doses supérieures à 200 mSv. On ne trouve pas d'excès significatif de cancer dans les populations déplacées ou résidant en zones contaminées. 2) En France, les retombées de Tchernobyl sont souvent considérées comme principales responsables de l'augmentation de l'incidence du cancer de la thyroïde. En 2002, un travail de l'IPSN et de l'INVS avait estimé que le nombre de cancers thyroïdiens en France secondaires à Tchernobyl pouvait atteindre 55 cancers sur la période 1991-2015, contre 900 à 60 cancers spontanés, rendant illusoire une enquête épidémiologique. Cette estimation souffre de deux erreurs méthodologiques. L'exposition a été estimée à partir des mesures de contamination effectuées en 1986 par le SCPRI sur les denrées alimentaires, mais les données pour lesquelles aucune contamination n'était trouvée n'ont pas été prises en compte. D'autre part, une RLSS a été utilisée pour calculer le risque de doses à la thyroïde ne dépassant pas 16 mGy, alors que l'augmentation de l'incidence du cancer thyroïdien n'est pas significative pour moins de 100 mGy. Bien que les auteurs précisent "qu'il est aussi possible que l'excès réel de risque de cancer thyroïdien, aux niveaux de dose considérés ici, soit nul", leurs résultats alarmistes n'ont pas apaisé, mais égaré les inquiétudes qui s'expriment dans les affaires judiciaires en cours. On observe bien, depuis 1975 (donc plus de dix ans avant Tchernobyl), une augmentation du nombre de cancers thyroïdiens de l'adulte, dans les pays développés touchés ou non par les retombées de la catastrophe. La quasi-totalité des spécialistes s'accorde pour y voir la conséquence d'un meilleur dépistage échographique et cytologique de petits cancers "occultes", naturellement fréquents chez l'adulte, ce que confirme la surveillance épidémiologique de l'INVS (http://www.invs.sante.fr). 3) Des articles récents (Berrington de Gonzalez A, Darby S. Risk of cancer from diagnostic X-rays: estimates for the UK and 14 other countries. Lancet 2004; 363: 345-51. Brenner DJ, Hall EJ. Computed Tomography - An Increasing Source of Radiation Exposure. N Engl J Med 2007;357:2277-84), fondés sur l'utilisation d'une RLSS, font état de centaines de morts provoquées par les examens radiologiques classiques ou scanographiques. Il s'agit heureusement de morts virtuelles résultant de calculs sans justification scientifique, mais qui conduisent par exemple certains à conseiller une limitation des mammographies de dépistage du cancer du sein par crainte d'un cancer radioinduit. De tels conseils sont très dommageables pour la santé publique, le bénéfice de la mammographie étant largement supérieur à son risque (si tant est que ce dernier existe), même pour des femmes présentant un risque génétique élevé de cancer du sein, spontané ou radioinduit. p.19
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4) Une récente estimation (Catelinois O, Rogel A. Laurier D. et coll. 2006. Lung cancer attributable to indoor radon exposure in France: impact of the risk models and uncertainty analysis. Environ Health Perspect 114(9); 1361-66.) attribue au radon présent dans les habitations françaises un nombre de morts annuel par cancer du poumon compris entre 540 et 3.100, la plupart chez des fumeurs. Cette estimation est encore plus approximative que ce que laisse supposer la large fourchette de son incertitude, pour plusieurs raisons. L'habitat individuel est surreprésenté dans les mesures de concentration en radon. Une RLSS est utilisée même dans des gammes de concentration où les études ne montrent aucun effet significatif du radon. Les facteurs de risque retenus résultent d'études pour lesquelles le risque du tabagisme actif n'a pas été correctement quantifié et celui du tabagisme passif a été négligé. Il s'agit pourtant de cancérigènes pulmonaires majeurs, qui ne sont pas indépendants de la dose d'irradiation pulmonaire par le radon. Il ne s'agit pas d'un débat théorique, une surestimation pouvant conduire à des dépenses considérables en contrôles, mesures, travaux et perte de valeur pour des centaines de milliers d'habitations qui ne le justifient pas, alors que les efforts devraient se concentrer en priorité sur les lieux où la concentration en radon dépasse 400 Bq/m3 et surtout contre le tabagisme. Eradiquer le tabagisme éviterait 94% des cancers mortels du poumon soit environ 23.000 décès et une campagne qui persuaderait 0,5% des fumeurs d'arrêter ou dissuaderait 0,5% des adolescents de commencer, aurait autant d'impact sur la santé publique qu'une lutte victorieuse contre le radon. |
Evolutions Il est encourageant de constater que les positions évoluent vers une plus grande rigueur. Dans ses dernières publications, la CIPR, principale source des réglementations internationales, cite largement le rapport des académies françaises sur les risques des faibles doses et rappelle que, contrairement aux exemples ci-dessus, la dose collective (c'est-à-dire la dose efficace totale délivrée à une population) ne peut pas être utilisée pour calculer le nombre de morts par cancer quand un grand nombre de personnes est soumis à de faibles doses. La CIPR reste paradoxalement fidèle au dogme de la RLSS comme meilleure estimation du risque individuel quelle que soit la dose, alors que l'utilisation de RLSS et de la dose collective (qu'elle considére comme abusive) sont mathématiquement équivalentes... En septembre 2007, le Centre International de Recherche sur le Cancer (OMS), les Académies de Sciences et de Médecine et la Fédération Nationale des Centres de lutte contre le Cancer ont publié un rapport sur les causes du cancer en France lequel, pour la première fois, fait une nette distinction entre les agents dont la responsabilité est établie (qui appellent des démarches de prévention) et ceux qui doivent être considérés comme hypothétiques et relèvent de recherches, voire de mesures de précaution révisables avec l'avancée de nos connaissances. Une telle démarche est nécessaire pour élaborer une politique de santé publique efficace, lisible, proportionnée aux risques et évaluable. Une labellisation des études épidémiologiques selon leur rigueur méthodologique et le degré de preuve qu'elles apportent à leurs conclusions devient nécessaire. Toutes les données des enquêtes devraient être accessibles, comme pour la plupart des publications scientifiques. Ces mesures permettraient de relativiser les résultats faussement alarmistes. Elles éviteraient de gaspiller, pour se prémunir contre certains risques hypothétiques, des ressources qui seraient mieux utilisées contre les risques avérés. p.20
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