I-Voici une brève chronologie des premiers jours de juin 2008 à Civaux Un incident sur le transfo principal a conduit
à l'arrêt du réacteur lequel a encore été
accompagné de cafouillages.
Civaux Incidents juin 2008
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Il y a donc eu le 1er avril, une CLI restreinte.
EDF n'avait envoyé que son responsable environnement et sa communicante.
Et je ne parle pas du représentant syndical (CGC, je crois) qui
leur est tout acquis. Du côté des élus : 4 ou 5 personnes,
+ 1 toubib et un pharmacien et 3 associatifs.
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Nous souhaitons préalablement attirer l'attention de la Commission d'Enquête sur les faits suivants: - En dépit des limites inhérentes au site, la centrale n'a cessé, par aménagements successifs de monter discrètement en puissance - Le dossier initial d'EDF (demande de Déclaration d'Utilité Publique, janvier 1981) prévoyait la construction de 4 réacteurs à Civaux, sur une rivière, fait unique en son genre. Au regard des difficultés hydrologiques, le projet a été réduit à 2 tranches dès 1982 car le débit moyen annuel de la Vienne (74 m3/s) ne permettait pas d'assurer le fonctionnement de plus de deux réacteurs. Cet extrait d'une des réponses d'EDF à la Commission d'Enquête en date de mars 1995 est à cet égard un aveu éloquent: «Les conférences administratives préalables à l'enquête d'utilité publique ont mis en évidence l'importance des problèmes hydrologiques...» Il est à noter combien ceci contraste avec l'optimisme du présent dossier en ce qui concerne le choix du site. - Les deux réacteurs de 1.300MWé autorisés en 1984 se sont ensuite mués en un projet de 2 tranches N4 (1.400 MWé environ) sans que la hausse de puissance fasse l'objet d'une nouvelle enquête publique (1987).
Ceci aurait-il été possible si
le débit moyen de la Vienne présenté à 74 m3/s
lors de la première enquête n'était miraculeusement
passé à 82 puis 83 m3/s.
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Quant à l'enquête sur les rejets physico-chimiques menée simultanément, la Commission donnait aussi «un avis défavorable à la mise en fonctionnement de deux tranches de 1.400 MWe» en estimant «que les ressources en eau sont suffisantes pour... une tranche de 1.400 MWe» sous certaines réserves. Finalement deux tranches seront quand même mises en fonctionnement mais sous condition d'un soutien d'étiage assuré par EDF en amont de la centrale et d'autres mesures. - Aux alentours de 2002, les volumes moyens annuels d'eau prélevés et évaporés augmentent et dépassent souvent les limites autorisées: les explications fournies à ce sujet par EDF -Doc. 1, pièce B, chap 2, p.7/11- qui s'exonère en prétextant des arrêts de plus courte durée et d'une erreur de calcul du volume d'évaporation, sont-elles vraiment convaincantes? Ces limites sont reportées dans le tableau 2 (dépassement en gris) ce qui correspond à un fonctionnement avoisinant souvent une puissance de 1.600 MWé (Au fait, les arrêtés ne prévoyaient-ils pas des tranches de 1.400MWé?...).
On voit simultanément augmenter la production
de tritium, proportionnelle à la production électrique
qui bat des records en 2006 (tableau 3). (Sans compter les effluents
chimiques qui augmentent eux aussi avec la puissance.)
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Or si théoriquement il n'est pas interdit à un industriel d'augmenter la rentabilité de ses installations, peut-on parler d'une «optimisation» des performances quand cela s'accompagne de risques supplémentaires pour la sûreté et d'un impact plus grand sur la santé et l'environnement? - En effet, une série d'incidents exemplaires montre clairement que les aménagements visant à maximiser la production sont sources de risques graves pour la sûreté et la santé. Trois exemples suffiront. Leur examen révèle que la recherche d'une toujours plus grande productivité met gravement en jeu la sûreté, c'est-à-dire augmente la probabilité d'un accident nucléaire. - En mai 1998, Civaux 1 fait l'expérience d'une fuite sur un circuit de refroidissement à l'arrêt. La cause admise est un défaut de conception: des circuits conçus pour des réacteurs de 1.300 MWé, ne présentent pas une distance de mélange eau chaude - eau froide suffisante pour des réacteurs du palier N4. Des chocs thermiques occasionnent des fissures qui ont pour conséquence une perte de liquide primaire, et une situation de crise grave qui dure plusieurs semaines, inédite sur un réacteur neuf. Une technologie poussée aux limites de sa résistance a failli. Les équipes de Civaux ont eu chaud. Nous avons eu de la chance. - Plus récemment, le même incident se répète sur trois années consécutives! Un des pôles d'un transformateur de sortie grille (août 2006, juin 2007 et juin 2008). L'explication donnée est la défaillance d'un isolant du transformateur. Il semble que le matériel ne soit plus adapté aux sollicitations qui lui sont aujourd'hui infligées. Par trois fois ce même matériel ayant atteint ses limites a connu des défaillances mettant en péril le fonctionnement de la centrale. Les équipes présentes sur le site ont eu chaud. Nous avons eu de la chance. - Enfin, depuis plusieurs années une hausse considérable des rejets d'iodes et de gaz radioactifs dans l'environnement résulte de défauts d'étanchéité des gaines du combustible, pourtant censées constituer la première barrière de sûreté! Les chiffres élevés sont dus à l'inétanchéité des gaines. (voir aussi les tableaux ci- joints des Rapports de l'ASN pour 2006 et 2007). Seule une partie du problème a été expliquée par un défaut de fabrication; pour d'autres gaines défectueuses aucune explication n'a encore été fournie par EDF.
* pannes de la balise IRSN de mesure de radioactivité dans l'air (cf Bulletin Stop-Cvaux n°81, pp.4-5) Est-il normal qu'un tel problème
dure depuis plusieurs années?
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Devons-nous conclure que les populations ont été exposées à une multiplication de l'activité des rejets gazeux et des iodes pour des raisons expérimentales ayant pour fin une plus grande productivité? Quelles preuves avons-nous aujourd'hui de la fiabilité de la première barrière en mode ALCADE? A l'heure actuelle, les gaines M5 ont-elles fait l'objet d'une validation? Certains crayons fuyards sont toujours dans le réacteur. Quel est le diagnostic et l'impact sur les rejets? Combien de temps est-ce que cela va durer? Nous demandons à la Commission : Comment la hausse des limites demandée par EDF pour lui permettre de mettre en œuvre sa gestion ALCADE (qui de fait est d'ailleurs déjà engagée), pourrait-elle être accordée alors que les gaines de combustible M5 n'ont toujours pas fait la preuve de leur fiabilité et que les pertes d'étanchéité n'ont toujours pas été expliquées? En conclusion: Comme le suggèrent ces dysfonctionnements graves d'équipements poussés à leurs limites, Civaux n'est plus la centrale pour laquelle ont été menées les premières enquêtes publiques. Avec le nouveau mode de gestion du combustible envisagé par EDF, elle s'en éloignera encore. C'est pourquoi nous demandons: 1 - qu'aucune relève des limites d'autorisation ne soit accordée au pétitionnaire car accorder cette hausse, c'est-à-dire permettre le fonctionnement en mode ALCADE, n'équivaudrait-il pas: - à faire fi des raisonnements sur lesquels étaient fondées les décisions de la première enquête publique; - à donner, sans preuve d'innocuité, un feu vert à la fois à un impact accru à l'environnement et à la santé, ce qui est contraire au principe d'optimisation; - à accroître le risque d'accident? 2 - que la Commission insiste pour que la rédaction des nouveaux arrêtés, dont il faut se souvenir, qu'ils seront définitifs; - soit faite en des termes non équivoques (une moyenne annuelle n'est pas la même chose qu'une moyenne interannuelle par exemple): - et ne fasse pas état de moyennes vagues, mais de limites à ne pas dépasser. 3 - que la Commission insiste pour une plus grande fiabilité des mesures et des contrôles.
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