Août 2011 Près de cinq mois après la catastrophe nucléaire de Fukushima, le Japon lance «la plus ambitieuse étude épidémiologique jamais réalisée» sur les effets de faibles doses de radioactivité sur le corps humain, ont annoncé des chercheurs la semaine dernière. Fin juin, un questionnaire a ainsi été distribué aux habitants de la région afin d’établir le profil d’exposition aux radiations de chacun, rapporte Libération ce matin. Mais l’étude ne se limitera pas à la collecte de données, selon le quotidien. Ainsi les quelque 360.000 jeunes de moins de 18 ans de la région devront faire surveiller régulièrement leur thyroïde. Les bébés et les femmes enceintes – elles sont 20.000 – seront également suivis médicalement. Enfin, les 200.000 personnes évacuées de la région de Fukushima au lendemain de la catastrophe nucléaire subiront un check-up annuel. Impact de la radioactivité sur la santé La première phase de cette étude
devrait durer au moins trente ans. «Cette étude ambitionne
de confirmer, ou pas, si les faibles doses de radioactivité ont
un impact significatif sur la santé», précise un
épidémiologiste dans les colonnes de Libération.
Le quotidien rappelle que pendant longtemps, on pensait que seules les
fortes doses avaient un impact sur la santé. Un postulat que l’on
sait désormais faux: d’après la Commission internationale
de recherche en protection radiologique, il n’existe
pas de seuil en dessous duquel la radioactivité n’a pas d’impact.
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entre deux réacteurs à Fukushima (AFP) – 1er août 2011 TOKYO — Un niveau record de radiations a été mesuré
entre les bâtiments des deux réacteurs accidentés de
la centrale nucléaire de Fukushima, a indiqué lundi la compagnie
Tokyo Electric Power (Tepco), exploitante du site mis à mal par
le séisme du 11 mars.
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Le 11 juillet 2011 Le séisme et le tsunami qui ont frappé
le Japon ont entraîné la production d’environ 25 millions
de tonnes de déchets post-catastrophe. L’accident nucléaire
de Fukushima ajoute un problème de taille: une partie des déchets
produits est désormais radioactive, ce qui change totalement la
donne quant à leur élimination.
Les Gouvernements locaux sont préoccupés par les cendres nucléaires Yomiuri Shimbun (12, Août 2011) À Matsudo, préfecture de Chiba, il a été trouvé, en juillet, plus de 47.000 becquerel/kg en césium dans les cendres venant de deux usines d’incinération d’ordures ménagères. (voir comparaison inédite Paris / Tokyo - pdf) Ces chiffres sont 6 fois plus élevés que la limite provisoire instaurée par le gouvernement pour les accepter dans les stockages. Mais le gouvernement Matsudo n’a pas communiqué cette information à la ville de Kosakamachi, préfecture d’Akita qui a accepté et brûlé, puis stocké les cendres. Et c’est donc 39,5 tonnes de cendres douteuses qui ont été incinérées dans l’installation de Kosakamachi. Le gouvernement de la ville de Kosakamachi a en conséquence envoyé une lettre de protestation au maire de Matsudo. Par cette lettre, Kosakamachi refuse maintenant d’accepter les cendres en provenance de Matsudo, annulant un accord du 1er mars 2011. La lettre critique durement le gouvernement de la ville de Matsudo: «Les cendres ont été envoyées (à nous) avant que les résultats des mesures de radioactivité soient connus. (Matsudo) a oublié ses responsabilités en tant que producteur des cendres. Nous estimons que cette situation est extrêmement regrettable.» Les habitants de Kasakamachi expriment, aussi, leurs craintes sur cette affaire? «Je crains que la pluie puisse atteindre les cendres et les entraîne à la rivière, polluant notre eau de boissons», a dit Yuko Asari employé depuis 55 ans dans l’installation et vivant à côté. Six conteneurs transportant environ 60 tonnes de cendres et autres ordures ont été arrêtés près de la station ferroviaire JR dans la préfecture d’Akita et renvoyés à Matsudo ce lundi. Des cendres, contaminées par du césium au-dessus des normes ont aussi été détectées dans d’autres villes au nord-ouest de la préfecture de Chiba, où les niveaux de radioactivité sont plus élevés comparés à ceux des zones voisines. Il a été détecté plus de 9 fois la limite à Kashiva et plus de 3,5 fois à Nagareyama. À Matsudo, environ 30 tonnes de cendres radioactives ont été stockées temporairement sur un parking et sur d’autres endroits. Mais le gouvernement de la ville a indiqué que le stockage serait plein à la fin de ce mois. De même, 140 tonnes de cendres sont stockées à Nagaremaya. Le gouvernement de la ville a annoncé que le stockage serait rempli mi-septembre. The Yomiuri Shimbun (Aug. 12, 2011) Le ministre de l’Environnement a préparé
un projet pour enterrer les cendres des débris radioactifs incinérés
et des boues contaminées au-dessus de 8.000 becquerels par kg en
césium. Ce projet réalisé avec soin devrait éviter
les fuites des sites de stockage.
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20 août 2011 Un niveau annuel de radiation de 508,1 millisieverts
a été estimé dans des zones des 20 km autour de la
centrale de Fukushima n°1, selon des données rendues publiques
le 19 août par le gouvernement.
FUKUSHIMA -- Les officiels sont très inquiets de la nouvelle
mise en évidence de bœuf
contaminé en provenance de fermes de la préfecture de
Fukushima. Cette découverte a obligé le gouvernement central
à retarder la levée des interdictions sur les expéditions
de bétail.
L’opérateur
de la centrale de Fukushima Daiichi a annoncé que toutes les mesures
de température effectuées sur le réacteur n°1
était autour de 100°C, ce vendredi 19 août.
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Le Japon apparaît résigné à une lutte de longue haleine - plusieurs semaines - pour essayer d'enrayer ce qui risque de devenir la plus grave catastrophe nucléaire en un demi-siècle. Des voix se font néanmoins entendre pour appeler à se tourner vers l'avenir. "Paradoxalement, écrit Naoaki Okabe, éditorialiste du Nihon Keizai (quotidien des milieux d'affaires), cette catastrophe pourrait être le point final aux décennies perdues", celles du Japon en récession enlisé dans une langueur dont il avait du mal à se dégager depuis l'éclatement de la bulle spéculative au début des années 1990, puis du choc financier. "Le Japon ne peut assister ainsi à son propre déclin, ajoute M. Okabe. La catastrophe doit être le seuil d'un nouveau départ." Mais il ne s'agit pas seulement de reconstruire les régions dévastées. Il faut aussi repenser les grandes orientations de l'expansion. La tâche de reconstruction est énorme (de 16.000 à 25.000 milliards de yens, soit entre 140 et 217 milliards €). Il ne fait guère de doute qu'en dépit du choc ressenti, du coût humain le plus dramatique depuis la guerre, la troisième puissance économique du monde dispose des moyens financiers et technologiques pour se redresser. Elle a surtout la force d'une population qui sait faire preuve de retenue et d'austérité quand il le faut: une retenue dans la consommation individuelle d'électricité, par exemple, ou une consommation ralentie qui se veulent une expression de solidarité envers les sinistrés. Cette puissance économique conjuguée à la force morale de la société permettra au pays de sortir de l'ornière plus vite qu'on ne le pense. Mais sur quelle base, cette renaissance va-t-elle s'opérer? La responsabilité de l'Etat et celle des opérateurs nucléaires, les carences d'un monde politique incapable d'exiger un peu de transparence dans la gestion d'une énergie aussi dangereuse devront être posées. Plus profondément, le Japon est appelé à repenser ce qui est à la base d'une économie moderne: sa politique énergétique, mais en ne laissant pas aux seuls experts le soin de la décider. Ce qui suppose ne pas traiter avec une arrogance hautaine les opposants, parfois des poignées de paysans et de pêcheurs se battant avec leurs moyens et leurs arguments - qui ne font guère le poids face à la morgue des certitudes technocratiques - contre la construction de centrales nucléaires dans leur région. "L'usage du nucléaire doit être l'objet d'une réflexion qui dépasse les experts", fait valoir l'économiste Matsuto Uchihashi. (suite)
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A partir des années 1960, le Japon de l'expansion s'est lancé tête baissée dans une croissance exponentielle en prenant des risques énormes pour sa population, dont l'une des conséquences fut les maladies de la pollution comme celle de Minamata (intoxication par le mercure déversé en mer): des milliers de morts et des "enfants-larves". Après des décennies de lutte, les mouvements de citoyens ont réussi à faire condamner les pollueurs bien que des malades n'aient pas encore été indemnisés. Le contexte historique et économique comme le risque sont différents. Assurément. Mais l'état d'esprit des pollueurs d'hier et des opérateurs nucléaires d'aujourd'hui est-il si éloigné par leur non-respect du principe de précaution et de primauté de la santé des populations? Délibéré et cynique dans le cas des pollueurs. Insuffisamment pris en compte dans celui des opérateurs nucléaires. Peut-être. Mais, dans les deux cas, la rentabilité à court terme est passée avant les principes de sécurité à long terme. Tepco, opérateur de la centrale de Fukushima, n'est pas seul en cause : tous ses homologues à travers l'Archipel agissent de la même manière. On aurait tort, pour autant, de faire de la catastrophe de Fukushima un problème spécifique au Japon: les carences politiques, la collusion entre l'administration et les intérêts privés, ont accentué le trait. Quelle que soit l'option - nucléaire ou non -, la question est valable partout: doit-on laisser la gestion du nucléaire à des entreprises privées dont la logique est par définition la rentabilité? Si c'est le cas, de quels moyens l'Etat, supposé défendre les intérêts de la communauté, se dote-t-il pour les contraindre à respecter ladite "responsabilité sociale de l'entreprise". À cet impératif renforcement du contrôle par l'Etat s'ajoutent des choix: "Les Japonais sont placés devant un dilemme: continuer à suivre aveuglément l'élite au pouvoir, avec les risques qui sont devenus une réalité, ou bien opter pour un développement durable. Ils ne peuvent avoir les deux en même temps", fait valoir Andrew DeWitt, professeur d'économie politique à l'université Rikkyo à Tokyo ("The Earthquake in Japanese Energy Policy", The Asia-Pacific Journal, 28 mars). Cette catastrophe, qui est loin d'être terminée, a fait entrer le Japon dans une nouvelle ère. Et c'est de la prise de conscience par ses citoyens qu'il s'agit bien d'un tournant dans l'histoire nationale, et qu'il est temps pour eux de se faire entendre et de ne pas s'en remettre à leur élite actuelle, que dépendra leur avenir. p.26
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Préambule Koide Hiroaki a commencé une carrière d’ingénieur nucléaire, il y a 40 ans. Il avait été attiré par les promesses de l’énergie nucléaire. Cependant, rapidement il a perçu les points faibles du programme nucléaire japonais et a été reconnu comme le critique le mieux informé sur ce programme. Sa critique publique et non contestable lui a valu un purgatoire honorable comme «assistant professor» à l’Université de Kyoto soit sa carrière s’est arrêtée. Il a pu, cependant, continuer une recherche « gagne pain» sur les mesures des radioéléments à l’Institut de Recherche sur les réacteurs de l’Université de Kyoto. Et ce jusque mars de cette année. Depuis le séisme suivi d’un tsunami entraînant des fusions de cœurs à Fukushima n°1, il est apparu comme une voix puissante et une figure centrale, pour suite au désastre, relancer le Japon vers d’autres énergies. Les médias et les citoyens apprécient ses interventions: conférences, consultations et interviews. Il a publié 3 livres qui ont aidé à reconstruire une conscience publique et un débat officiel. En 1968, étudiant au département de techniques nucléaires de l’université TOHAMA (Sendai), il croyait en ce qui lui était enseigné: le nucléaire était une source d’énergie qui pouvait résoudre tous les problèmes énergétiques d’une nation pauvre en ressources locales. Mais apprenant qu’un site nucléaire allait être construit à Enagawa, région peu peuplée et située à environ 50 km de l’endroit où serait consommée l’électricité produite, il critiqua le fait d’imposer un tel fardeau à des communautés vulnérables. En effet, sa propre installation de recherche dépendant de l’université de Kyoto n’était pas dans cette ville, mais dans le sud de la préfecture d’Osaka, près de la préfecture rurale de Wakayama, en raison de dangers potentiels. Cette reconnaissance socio-géographique du danger de l’énergie nucléaire et le prix que devraient payer des communautés non concernées est au cœur de sa critique, car tout ce poids vient de décisions imposées par le gouvernement japonais et les puissants monopoles nucléaires. Avant le 11 mars, Koide était une voix prêchant dans le désert dans une nation engagée dans le nucléaire. Par conséquent les milliers de personnes qui viennent l’écouter, donnent un sens à cette célébrité. Dans un premier temps Koide est devenu une référence dans les média, incluant journaux et télévision. Son nouveau livre «Genpatsu no uso (le mensonge du nucléaire)» est un best seller. Son blog «Unofficial Koide Hiroaki Matome» est l’un des plus importants –et populaire- sites web sur Fukushima. Le 23 mai 2011 le gouvernement a invité 4 personnes: Koide, Ishibashi Katsuhiko (un sismologue qui a alerté en vain sur la vulnérabilité au séisme des réacteurs), Goto Masahi (un ingénieur de Toshiba qui maintenant tient tête à l’industrie) et Son Masayoshi (président du géant des télécommunications Softbank et ardent défenseur des énergies renouvelables). L’effort gouvernemental sans précédent de vouloir recueillir l’avis de Critiques avérés de l’énergie nucléaire est révélateur de graves problèmes. En effet, quand le gou vernement essaie de promouvoir un effort pour recourir aux énergies renouvelables en freinant le recours au nucléaire, les géants du nucléaire et leurs répondants bureaucrates bataillent fermement contre. (suite)
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Koide a un impact certain via son blog, via Twiter tant au Japon que dans les média internationaux. Rappelons que, en même temps une chaîne humaine a entouré le siège du ministère de l’Education, des Sports, de la Science et de la Technologie (Mext), chaîne formée par les parents de Fukushima et leurs soutiens pour protester contre la décision ministérielle d’augmenter les normes d’exposition pour les enfants (20mSv/an au lieu du 1mSv/an précédemment appliqué). Il est bon de rapprocher l’action de Koide et celle des parents très en colère devant ce relèvement des normes. Koide a présenté son avis sur le nucléaire japonais le 23 mai, en voici un résumé. Je suis ici pour donner mon avis au gouvernement japonais et aux gestionnaires de la politique nucléaire. Je vais considérer l’énergie nucléaire avec ses espoirs et ses rêves parce que je crois que le nucléaire est l’énergie du futur. Pétrole et charbon vont s’épuiser, mais le nucléaire est inépuisable..., donc c’est l’énergie du futur. Cependant j’ai des doutes, car je réalise que le nucléaire n’est pas une source d’énergie importante. L’uranium est rare, (80 ans au plus), le charbon est beaucoup plus abondant (800 ans environ) et il existe le gaz naturel et encore du pétrole. Et si on me rétorque que j’ai tort de dire que l’uranium est rare parce qu’on peut utiliser sa partie non fissile en le transformant en plutonium, je vais montrer que la filière à neutrons rapides est loin d’être au point. Explication sur le cycle du combustible: Pour produire de l’électricité, il faut partir du minerai d’uranium. Après enrichissement, façonnage des combustibles et pour finir mise en réacteur, on peut les traiter (extraire uranium et plutonium) et de cette façon déclarer le nucléaire recyclable. En utilisant des réacteurs spécifique appelés «Fast Breeder Reactor» (réacteur «couveuse» et en France ils sont maintenant appelés les Réacteurs à Neutrons Rapides), il est possible d’avoir un cycle du combustible utilisant le plutonium. Mais au final, le cycle nous laisse de très ennuyeux déchets de haute activité et il nous faudra trouver le moyen de les stocker pendant un temps certain dans le futur. Ceci est leur scénario, voici le mien; Le plutonium n’existe pas dans la nature, donc ils planifient l’utilisation du plutonium, produit dans les réacteurs existants (REP ou BWR), dans ces fameux FBR qui sont la clé de ce nouveau cycle. Et où en est-on? Je vais vous montrer que ce plan envisagé de FBR japonais est défaillant. Entre les années 1960 et 2010, il a été mis en place un plan long terme du développement et de l’utilisation de l’énergie atomique. Mais comme des difficultés sont vite apparues, ce plan a été revu en 1990 (année où les FBR auraient dû prendre le relais). Et en 1995, il a encore fallu le revisiter. Et les FBR ont été reprogrammés pour démarrer en 2000. Mais cela n’a toujours pas marché: la date a été repoussée en 2010. Toujours pas de FBR. Et maintenant les termes ont changé. L’objectif est non plus de «réaliser» mais «d’analyser méthodiquement les concepts» pour 2020. Mais ceci est toujours irréaliste: on a donc repoussé à 2030 «la simple analyse de faisabilité d’un FBR». p.27
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Qu’y a-t-il dans cette nouvelle révision? Quand il a été décidé de revisiter le plan long terme en l’an 2000, il a été impossible de mettre en place un calendrier. Et finalement 5 ans plus tard le plan long terme a pris le nom de «Principes fondamentaux pour un programme d’énergie nucléaire». Dans cette révision, personne ne pense à construire un FBR avant 2050. Si on analyse tous les reports de 10 ans en 10 ans, on arrive à la conclusion qu’il n’y aura jamais de FBR. Mais, ni la Commission de l’Energie Atomique du Japon qui établit ces plans long terme, ni le gouvernement qui soutient cette commission, n’ont été tenus pour responsables; du moins à cette date. Le Japon a gaspillé plus un trillon de yen (soit en français 1milliard de milliard de yen) ou encore 12,6 milliards de dollars US pour le prototype FBR, Monju. Si on se réfère à notre système judiciaire où on est condamné à une année d’emprisonnement pour une fraude de 100 million de yen. Quelle serait la sentence pour une fraude de un trillion de yen? 10 milliers d’années. Je ne connais pas le nombre de personnes responsable de Monju dans ce gouvernement: la Commission d’Energie atomique, la commission de sûreté nucléaire, le ministère de l’Economie, du commerce et de l’Industrie, et enfin le ministère du Commerce et de l’industrie à l’international et ainsi de suite... Mais supposons que 100 personnes soient responsables, chacune devra subir 100 ans de prison. La fraude est énorme, mais personne n’est responsable. C’est cela la réalité. Il me semble que le monde des affaires nucléaires est extrêmement anormal. Revenons à Fukushima Je suppose que la plupart d’entre vous connaissent le sujet, l’énergie nucléaire est une technologie qui crée d’énormes quantité de radioactivité. Ceci est dû à la quantité d’uranium qui fissionne. Et rappelez-vous qu’à Hiroshima, seulement 800g d’uranium ont fissionné et ceci a suffi pour brûler, écraser et annihiler cette cité. Que contient un réacteur et que consomme-t-il en 1 an? Environ 1 tonne d’uranium et de plutonium sont nécessaires. Ceci vous donne donc une idée de la quantité de produits de fission (1.000 fois au moins, du kilogramme à la tonne). Un réacteur est une machine. Il faut s’attendre à ce qu’une machine se dérègle et cause un accident. Il ne faut pas oublier les humains qui conçoivent et utilisent la machine. Les humains ne sont pas Dieu. Il est également normal que les humains fassent des erreurs. De toute façon nous souhaitons que l’accident n’arrive pas, ceci n’empêche pas qu’il existe toujours la possibilité d’une catastrophe. Quelles sont donc les parades de nos promoteurs pour limiter la possibilité d’accidents? Ils assurent simplement qu’une catastrophe se produit très rarement. D’où ils décident d’ignorer cette possibilité en la déclarant «hypothèse inappropriée». Sur le site de la compagnie «Chubu Electric Power», j’ai trouvé leurs parades: les barrières multiples qui empêchent la radioactivité de sortir. La plus importante barrière de toutes pour eux est la 4ème soit la cuve. Ils assurent que cette cuve en acier contiendra toujours la radioactivité, quoi qu’il arrive. En accord avec les règles, ils assurent que s’il y a un accident tout est prévu. À cause de leur prétention, si un tel accident arrive, il n’y a aucune parade de prévue et la barrière qui devait contenir la radioactivité sera rompue. Mais ils restent persuadés que cet accident est impossible donc l’hypothèse est inappropriée. Mais une catastrophe vient de se produire produite et n’est pas terminée. Comme vous le savez, ces tragiques évènements se déroulent à Fukushima. Et les réponses gouvernementales, à cet accident en cours, sont de mon point de vue, totalement inappropriées. Le gouvernement dissimule l’information et repousse l’évacuation. (suite)
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Le principe pour prévenir un désastre est de prendre des mesures préventives sur la base d’une surestimation raisonnable du risque dans le but de protéger la population. S’il arrive que la surestimation conduit à prendre des mesures non nécessaires, ce sera OK tout de même, parce la population ne sera pas touchée . Cependant, ce que le gouvernement a fait jusque maintenant produit l’effet inverse, il a sous-estimé les risques et travaillé avec des hypothèses optismistes. Premièrement il a dit qu’il s’agissait d’un incident de niveau 4 sur l’échelle INES et l’a prétendu pendant un long moment. Alors ils sont admis le niveau 5, et attendu le dernier moment pour annoncer qu’il s’agissait, en fait, d’un accident de niveau 7. Cette réaction est venue trop tard. Le gouvernement a aussi retardé l’envoi des directives d’évacuations. D’abord l’évacuation s’est faite dans un rayon de 3 km, en disant qu’il s’agissait d’une précaution au cas où le scénario serait pire. Puis très vite, je crois qu’ils ont évacué dans un rayon de 10 km, toujours en affirmant qu’il «s’agissait d’une mesure juste au cas où...». Et enfin, ils ont étendu l’évacuation à la zone des 20 km de rayon, toujours en disant qu’ils se préparaient au pire. En fait, ils étaient toujours en retard, prenant des mesures réactives, à la place de précautionneuses. Je crois que diffuser une information précise est la seule façon d’éviter la panique. Cette voie est la seule possible pour que le peuple reprenne confiance en l’administration et le gouvernement. Cependant le gouvernement japonais va exactement dans le sens inverse. Ils cachent toujours l’information, répétant que la situation n’est pas critique. Le gouvernement a dépensé plus de 10 billion de yen (en français mille milliards de yen), depuis 25 ans pour développer une simulation de contamination par des radioéléments SPEEDI (System for Prediction of Environnemental Emergengy Dose Information), mais ils ont caché les résultats de la simulation au public et n’ont pas permis aux riverain de connaître les risques. Le gouvernement a aussi contraint les travailleurs des sites et les riverains à se sacrifier sans clairement expliquer qui était responsable. Ils ont aussi augmenté les limites de doses pour les travailleurs de Fukushima Daiichi. Ils ont augmenté également les limites de doses pour les riverains de façon à limiter les évacuations. Ont-ils réellement permis de telles choses? J’ai du mal à y croire car il s’agit d’estimer correctement les dommages causés par l’accident de Fukushima. Si j’applique la loi japonaise, nous devrions abandonner une surface plus grande que toute la préfecture de Fukushima. C’est la seule issue pour ne pas changer la limite de doses des riverains et il semble qu’on fasse le contraire. Je pense que les industries locales vont souffrir terriblement. L’agriculture et la pêche vont connaître des difficultés pour vendre leurs produits et leurs prises. Les riverains vont devoir quitter leurs maisons et leurs vies vont être brisées. Par ailleurs TEPCO doit aussi dédommager les riverains. Mais il est peu probable qu’ils puissent payer, car ils vont vers la banqueroute. TEPCO ne pourra pas prendre en charge un tel accident. Les dégâts occasionnés sont tellement énormes que même le Japon tout entier risque une banqueroute. Et ceci s’il est déterminé à payer les dommages. Pour terminer Je voudrais citer les «Seven Social Sins ou Sept Sentences Sociales» qui sont inscrites sur la tombe du Mahatma Gandhi. Le premier est «Politic without Principle» et pour ceux qui rassemblés ici ce jour, j’aimerai que vous preniez vraiment à cœur ces mots. Les sentences suivantes sont: «Richesse sans travail», «Plaisir sans Conscience», «Connaissance sans compréhension», «Commerce sans moralité» s’appliquent tous aux compagnies d’électricité, incluant TEPCO. Et avec «Science sans Humanité», je veux provoquer l’académie et dénoncer son entière implication dans la politique d’énergie nucléaire de la nation, et ce en m’y incluant moi-même. Le dernier pêché est «Travail sans Sacrifice». Pour ceux qui me font confiance prenez ces mots à cœur. Merci. p.28
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