Préambule Cette démarche «La gestion des situations accidentelles des réacteurs à eau sous pression en France» a fait l’objet de nombreux rapports: nous allons rappeler celui du 5 juillet 1988. Dans ce rapport, préparé à l’intention du Conseil Supérieur de la Sûreté et de l’Information Nucléaire, les autorités notent que la sûreté repose sur une démarche déterminisme «progressivement complétée en France dans deux voies: l’approche probabiliste et l’approche des accidents graves.» L’approche en accidents graves a conduit à définir un terme source (rejet typique associé à une classe d’accident). Cette approche a aussi conduit à la mise en place de PUI et PPI. Pour ces plans, il a été défini après «un examen attentif des possibilités raisonnables d’évacuation et de confinement des populations» (...) «la possibilité des mesures suivantes: dans un délai de 12 à 24 heures après le début de l’accident, il est possible de procéder au déplacement de la population jusqu’à 5 Km et au confinement des autres personnes jusqu’à 10 Km.» Il en découle que ces mesures sont seulement adaptées à un rejet de type S3 (c’est à dire le plus faible: enceinte de confinement intègre). Et de toute façon, dans ce rapport, S1 est éliminé (rupture de l’enceinte donc le rejet le plus important) car: «les accidents correspondant au terme source S1, sont de fait exclus pour des raisons physiques (impossibilité de décrire un enchaînement de phénomènes conduisant à une défaillance précoce du confinement sur des bases réalistes) Reste le cas S2, pour cela, toujours dans le but de gérer au mieux les situations accidentelles, une réflexion a été menée sur les dispositions permettant d’améliorer la dernière barrière de confinement d’où les procédures Ultimes» et on est ramené au cas S3. Ces procédures (U1 à U5) complètent les procédures dites Hors Dimensionnement (H1 à H5). Elles sont toujours en service en 2011. Démarche Etude Complémentaire de Sûreté
(ECS)
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SEISME:
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INONDATION
L’approche est très conventionnelle, tout juste nuancée par le retour d’expérience de la tempête de 1999 au Blayais. En ce qui concerne l’inondation, le chapitre est quasi identique quel que soit le site: il est tout juste mis entre parenthèses qu’un site fluvial n’est pas soumis aux mêmes aléas qu’un site de rivière ou de mer! Voici notre commentaire sur les réponses aux questions de l’ASN concernant la tenue des digues du grand Canal d’Alsace (Fessenheim), du Canal de Donzère (Tricastin) ou du canal de Provence. FESSENHEIM
TRICASTIN
AUTRES PHENOMENES: VENTS, PLUIES...
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Il est à remarquer que le fait d’avoir U5 (filtre et sable) non conforme est assez bizarre. Ajouter que les équipements des bâtiments ultimes secours doivent être renforcés pour qu’ils résistent aux vents, à l’inondation ou au séisme, est plutôt cocasse. Terminer par des bâches dont les supportages sont toujours à renforcer montre que l’ASN a encore beaucoup de travail pour ses inspecteurs. Par ailleurs, on a trop tendance à oublier le temps nécessaire pour remettre en état une installation agressée notamment par des vents violents, combinés à une inondation: Blayais 1 est restée stoppée pendant 18 mois. PERTE DES ALIMENTATIONS ELECTRIQUES - PERTES DES SYSTEMES DE REFROIDISSEMENT
ACCIDENTS GRAVES
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PROBLEMATIQUE HYDROGENE Bâtiment combustible: Si on se borne à la radiolyse, il est clair qu’avec une bonne ventilation c’est gagné. Tout de même EDF envisage l’arrêt plus ou moins prolongé de la ventilation et étudiera le problème pour le rendre vraiment négligeable TANT QU’IL Y A DE LA VENTILATION. EDF étudie aussi «les dispositions à prendre afin de rendre robuste en toutes situations (et sans découvrement du combustible), l’instrumentation en piscine (température et niveau) pour la gestion de l’appoint». Ce qui prouve que l’instrumentation est un point faible. Et tout en reconnaissant la production d’hydrogène importante en cas de découvrement, EDF l’écarte aussitôt : «Lors du phénomène physique d’oxydation des gaines, la réaction entre le zirconium des gaines et la vapeur d’eau produirait de l’hydrogène en quantité suffisamment importante pour dépasser le seuil d’inflammabilité.» Compte-tenu des moyens mis en œuvre pour éviter le découvrement des assemblages combustible, le risque de production d’hydrogène par oxydation des gaines de zirconium est écarté». Le retour d’expérience de Fukushima, montre qu’il est cependant possible qu’il y ait découvrement des assemblages dans les piscines d’entreposage. Bâtiment réacteur
Rupture de l’enceinte par traversée du radier par le corium
Comment gérer une telle possibilité?
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2- Pour les autres réacteurs - En cas de percée de la cuve, le corium par interaction thermique et chimique attaque le béton du radier et cette décomposition engendre des gaz d’où une montée de pression et l’utilisation de U5 (motivation des procédures qui prévoient le dégonflage de l’enceinte au bout de 24 à 48 heures) - En cas de percée du radier => un apport d’eau sur le corium peut ralentir le processus De toute façon les études sont toujours en cours et Fukushima sera un élément de la réflexion. Autres dangers: chimiques
Et pour terminer cette revue rapide et ciblée: les scenarii
d’accidents étudiés se déroulent en général
très vite de 4 à 7 jours grand maximum. Si on considère
les diverses expériences, ce n’est pas le cas dans la réalité.
Il faut aussi bien définir les dégâts
extérieurs: confiner des populations au-delà de 3 à
4 jours, sera mission impossible. Quant à les évacuer, il
faut prévoir les centres et les rendre vivables en un temps bref.
Ceci fait aussi partie des scenarii d’accidents, car l’accès au
site peut devenir quasi impossible d’où le problème de relève.
LES PRESTATAIRES
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À cet égard,
l’appel à la sous-traitance constitue un facteur de risque supplémentaire,
dans la mesure où il rend plus difficile l’appréciation de
l’ampleur des besoins de recrutement dans l’ensemble de la filière.
Qui plus est, des sous-traitants confrontés à des difficultés
de recrutement seront tentés d’y palier par la sous-traitance en
cascade, voire en déléguant des personnels insuffisamment
formés. Aussi, apparaît-il indispensable de mettre en place
des formations initiales et continues destinées spécifiquement
aux sous-traitants dans les bassins d’emploi.»
Cependant la politique EDF est ce recours à la sous-traitance. Ce fait implique, donc, qu’ils doivent être encadrés, formés, suivis par la médecine du travail. Il est présenté beaucoup d’améliorations pour faciliter leurs diverses tâches, tant mieux. À ce sujet, il conviendra de s’assurer qu’il ne s’agit pas de voeux pieux et que l’on suivra les recommandations de l’OPECST (page 110 du rapport du 30 juin 2011): «l’activité du sous-traitant, responsable du suivi qualité de ses prestations, doit faire l’objet d’un contrôle par le donneur d’ordre, ce qui ajoute un acteur, chargé du suivi du prestataire, dans l’organisation. Symétriquement, cette personne affectée au contrôle du prestataire, n’est, en principe, pas habilitée à s’adresser directement aux intervenants du sous-traitant, mais uniquement à leur chef d’équipe, chargé du pilotage du marché. Ce sont donc deux niveaux qui se rajoutent à l’organisation existante. Celle-ci s’avère donc tout à la fois plus lourde et plus sujette à erreurs, l’empilement des intermédiaires étant source d’incompréhensions.» Cette cascade ne doit pas aider les prestataires dans la réalisation de leurs tâches. Cependant il n’est pas question de gestion en cas d’accidents: - que deviennent les prestataires en phase accidentelle? - comment les utilise-t-on? - comment les former? En effet, il y a toujours des prestataires sur les sites car certains contrats prévoient que l’entreprise assume la responsabilité complète du chantier : mise en place, réalisation, vérification. Et d’autres contrats portent sur des maintenances périodiques. Ils peuvent être indispensables pour localiser les matériels: qu’en est-il de leur participation ? GESTION DE CRISE
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EDF conclut sa synthèse sur l’organisation de la crise en ces termes: «La gestion de crise est l'ensemble des modes d'organisation, des techniques et des moyens qui permettent à une organisation de se préparer et de faire face à la survenance d'une crise puis de tirer les enseignements de l'évènement pour améliorer les procédures et les structures dans une vision prospective. Pour faire face à ces types d’agressions et au titre de la législation, l’exploitant a mis en place une réponse organisationnelle pour gérer l’événement. L’organisation de crise est suffisamment robuste et «tout terrain» afin qu’en présence d’événement non prédictible, ne rentrant pas dans un schéma préétabli en termes d’aléa et de critères de déclenchement, le site puisse mettre en œuvre l’organisation PUI en l’adaptant autant que de besoin en fonction de l’agression potentielle ou réelle.» D’une part, la définition est un peu optimiste, mais la conclusion l’est encore plus: chaque exercice montre des failles (souvent répétitives), mais gérer une situation accidentelle nécessitera beaucoup d’adaptation à des conditions «non prévues». AREVA et CEA Analyse des rapports AREVA
REMARQUE
Et pour finir AREVA s’engage:
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REMARQUE sur Tricastin: L’analyse d’incendies interne et externe pouvant compliquer sérieusement la lutte contre les conséquences d’un accident est insuffisamment étudiée. Par ailleurs, en dehors des installations (COMURHEX II et Georges Besse II) qui sont déjà programmés et qui vont remplacer des installations non conformes, les calendriers pour toutes les autres améliorations sont très flous. Site LA HAGUE
REMARQUE 1:
REMARQUE 2:
REMARQUE 3:
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REMARQUE 4: Le retour d’expérience de Fukushima doit conduire à une révision des plans PUI et PPI. En effet, le PPI repose sur des études des années 1970 en ce qui concerne les zones d’évacuation et de confinement ainsi que de la zone de distribution d’iode stable. Il faudra inclure des réflexions sur le «post–accidentel». En général, il a été pris en compte un accident se déroulant sur un temps court (24h) permettant un retour à la normale assez rapide (dépendant d’un terme source «réaliste»). Or Fukushima, malgré des efforts énormes, n’est pas terminé en novembre 2011 soit 8 mois... Il convient de se rappeler que les inventaires radiologique (composés solides et liquides) et chimiques sont impressionnants. Protection SEISME
- Autres installations
Et pour conclure
p.10
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USINE MELOX REMARQUE 1 Moyens de crise. Notons qu’il s’agit de «valider les solutions identifiées et d’en proposer éventuellement d’autres ainsi qu’un planning de mise en œuvre.». Cet inventaire de dispositifs supplémentaires (organisation, moyens techniques,(...) n’est pas validé (!!) parce que jusqu’à maintenant les diverses installations s’appuyaient sur «ceux présents en interne sur l’établissement». Est-il raisonnable de les «mutualiser»? Le rapport indique que: «un moyen dont la mise en œuvre est nécessaire sous un délai de 48 heures serait préférentiellement localisé sur l’établissement et qu’à contrario, pour un besoin au-delà de ce délai de 48 heures, il pourrait être acheminé à partir d’un autre site.» Mais supputer qu’au-delà de 48h ils pourront être acheminés nous semble irréaliste. Les accidents ne se plient pas aux modélisations: ils sont imprévisibles, invraisemblables car sinon on pourrait les éviter. Et pour conclure
FBFC
ROMANS
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Et surtout, il est toujours signalé à propos de la gestion des crises en situation «post séisme»: «(...) Ce dernier point de l’analyse a montré une bonne adaptation de la gestion de crise prévue au niveau du PUI vis-à-vis des situations redoutées hors dimensionnement étudiées du fait que ces situations sont du même type que certains accidents envisagés dans le PUI. En revanche, les moyens humains, matériels et plus largement l’organisation, prévus pour la gestion des situations de crise, risquent d’être affectés par un séisme.» Dont acte. Mais il manque encore la décision. Analyse des rapports CEA Cette installation n’est pas conçue pour résister à un séisme et de plus sa conception date de 1959. Elle a été «conçue pour la production des éléments combustibles à base de plutonium. Le CEA a confié, depuis 1991, l’exploitation technique du CFCa à AREVA NC (à l’époque, COGEMA - Compagnie Générale des Matières Nucléaires). Les derniers crayons de combustibles ont été fabriqués en 2003.» L’installation est dans «la phase de Cessation Définitive d’Exploitation (CDE) et ce depuis 2003. Et actuellement: À fin juin 2011, 156 équipements ont été démantelés et 169 restent encore à démanteler, et ceci d’ici mi- 2013.» Il convient de finaliser au plus vite les opérations d’évacuation des matières radioactives et ce selon les engagements CEA, encore en évaluation: «La disposition essentielle confirmée par cette évaluation complémentaire de sûreté consiste, à défaut de pouvoir consolider les bâtiments de l’installation en démantèlement, à finaliser, dans les meilleurs délais, les opérations d’évacuation de matières radioactives présentes et le démantèlement de l’ATPu.» MASURCA
OSIRIS
p.11
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PHENIX
Phénix est arrêté, en Mise à l’Arrêt (MAD). Son dossier de Mise à l’Arrêt Définitif et de Démantèlement (MAD-Dem) est en cours d’instruction et les opérations devraient commencer fin 2013, si le décret de MAD-Dem est signé. Deux étapes importantes pour la réduction des risques radiologiques et toxiques sont programmées: «- 2017: fin du déchargement des éléments du cœur (évacuation de plus de 99% de la radioactivité contenue dans l’installation) - 2023: fin du traitement du sodium coulable (traitement de plus de 99% du sodium présent dans l’installation).» Le démantèlement a commencé dès 2009, pour réduire les risques: évacuation des substances dangereuses excédentaires, aménagements de locaux... Moyens de gestion des accidents graves:
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REACTEUR JULES HOROWITZ ou RJH
Le Commissariat à l’énergie atomique a été
autorisé à créer cette installation par décret
n° 2009-1219 du 12-10- 2009.
Le RJH est en construction et l’exercice ECS a permis «d’identifier
que le dimensionnement tel que prévu comporte un ensemble de marges
intrinsèques permettant d’ores et déjà de supporter
des situations plus critiques que celles induites par les évènements
inclus dans le dimensionnement.»
Le bilan de l’exercice ECS sera positif puisqu’il aura permis de mettre
en évidence le besoin de points d’amélioration.
Le CEA en donne la liste. Elle devrait être prise en compte pour
le démarrage du réacteur prévu en 2016.
Ce réacteur est destiné à remplacer OSIRIS pour ma
production des radioéléments à usage médical,
machine qui date de 1966 et qui aurait dû être stoppé
en 2012.
CONCLUSION GÉNÉRALE
p.12
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Les fameux rapports d'évaluations complémentaires de sûreté ont été mis en ligne (en consultation uniquement...) par l'Autorité de Sûreté Nucléaire. Quelque 7.000 pages, mais on aurait pu épargner quelques arbres: toutes les parties généralistes (sur les règlements, les méthodologies, les modes de calcul, les probabilités, soit près de la moitié) ne sont que des copiés-collés d'un rapport à l'autre... Disons de suite qu'il s'agit d'une auto-évaluation, et on aura compris le but de l'exercice... Après une lecture rapide (394 pages pour le seul rapport de Fessenheim) la conclusion est claire: en fait de "stress-tests", il ne s'agit en rien de résultats de tests, et le seul stress est celui qu'ont dû éprouver les écrivains d'EDF pour rendre leur copie dans les temps... Ces fameux rapports ne sont qu'une compilation des "dossiers de sûreté" de chaque centrale, dossiers réactualisés à l'occasion des visites décennales de réacteurs, ou lors de modifications de règles de sûreté (à l'occasion de l'inondation du Blayais, par exemple). Tous éléments qui devraient déjà être connus de l'ASN, pour autant que cette "autorité" fasse son travail et suive l'histoire (et les évolutions...) de chaque centrale. Rien d'original, donc. Rien de rassurant non plus. À l’évidence, en 2010, la centrale de Fukushima aurait pu rendre ce genre de rapport et démontrer ainsi sa sûreté absolue. Et c'est bien normal: en quelques mois, il était impossible de conclure de nouvelles études, de nouvelles simulations, de simplement imaginer que l'improbable pouvait se produire... On a donc dû faire du neuf avec du vieux, reprendre les mêmes conclusions, avec une langue de bois pseudo-scientifique à la sauce 2011. Mais ces rapports, qui décrivent l'ensemble des procédures et les matériels destinés à répondre à des cas critiques, montrent que l'on a eu bien de la chance qu'il n'y ait eu "que" 5 fusions de coeur dans l'histoire (Three Mile Island, Tchernobyl et les 3 réacteurs de Fukushima). Rappelons que les études probabilistes faites en 1975 (et qui sont la base des études de sûreté des centrales nucléaires) prévoyaient une probabilité de fusion de cœur de 1/7.000 par réacteur et par an. Mais ce qui est bien plus grave est que ces rapports ne répondent même pas au cahier des charges de l'ASN: dans son cahier des charges, l'ASN est claire: "l'approche doit être essentiellement déterministe" autrement dit: quelle que soit la probabilité d'un évènement, cet évènement doit être pris en compte. Et pourtant, sur le point du séisme, l'approche probabiliste n'est pas remise en cause... On doit rester, pour cette partie, à la même question: si la centrale (du moins le réacteur 1) correspond bien aux normes de 2001 (la fameuse RFS 2001), rien ne permet de valider cette norme au regard de l'évolution de la sismologie et de la connaissance des terrains. Le réacteur 2, quant à lui, correspond encore aux normes de 1985, mais est en cours de remise aux normes... de 2001... (suite) |
suite:
Mais ce n'est pas tout: l'ASN a spécifiquement exigé d'étudier "les conséquences de la rupture des digues du Grand Canal d'Alsace à proximité de Fessenheim". Rien de tel dans le rapport rendu ce jour par EDF! Et c'est – presque – normal: pour un réacteur situé 13m en contrebas d'un canal avec un débit de près de 1.000 m3/sec, il n'est pas besoin de longues études pour deviner la suite... Quelques perles glanées dans ce rapport:
Commentaire Gazette:
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