Histoires de coriums...
QUESTION
Une question sur un phénomène
que je ne comprends pas.
Dans la dernière G@zette
Nucléaire, Raymond Sené fait état
de bouffées de neutrons qui seraient émises lors de réarrangements
critiques aléatoires, plus ou moins cycliques. de la masse métallique
du "corium"... un site parle de "13
bouffées", un autre de "23
bouffées"; ces réarrangements répétés
semblent signer une masse plus ou moins mobile, donc encore en fusion...
sinon, comment pourrait elle changer de configuration?
Or, comment peut on avoir un "corium" encore
en fusion, s'il est recouvert d'eau? Cela me semble impossible
ou alors le corium serait il "ailleurs", "au sec"? Difficile encore
à imaginer!
Peut être est il maintenant "en Chine"?
Ou, dans ce cas plutôt en route vers la Maison Blanche, ou
alors est ce quelque "réflecteur de neutrons" qui changerait de
géométrie ou de nature?
Des images en noir et blanc prises par une
caméra de mauvaise qualité montrent une nouvelle "explosion"
le 14 juin, vers 0 h 40; outre les dégagements de fumées
(?) ou de vapeur (?) impressionnants, une vidéo montre 3 "flashes"
très brefs se succédant dans moins d'une seconde; mais l'image
étant très mauvaise, difficile d'être affirmatif. (il
serait utile de mettre un lien sur cette info!)
Est ce encore une "excursion critique", ou
quoi d'autre? A part quelques sites, personne n'en parle; la situation
n'a pas l'air de s'arranger est ce que cette dernière "anecdote"
peut être en lien avec l'arrêt
de l'installation de décontamination des eaux de AREVA? Est
ce que les "bouffées de neutrons" sont de nature à dissuader
les "liquidateurs" les plus téméraires de s'approcher
du monstre?
REPONSE
Corium: il s'agit d'une masse de quelque 60
tonnes donc il se forme une croute en surface et comme ce corium s'écoule
par les trous de la cuve il peut y avoir localement masse critique: c'est
juste à cause des neutrons
qui ont été mesurés jusqu'à la périphérie
du site que l'on émet cette hypothèse. C'est possible mais
normalement compte tenu des modèles utilisés on a une certaine
périodicité qui ne semble pas respectée d'où
la possibilité d'une hypothèses qui peut ne pas être
juste. Le réacteur étant non visitable on ne le saura que
dans quelques années (6 ans à TMI).
La fusion de l'oxyde d'uranium intervient vers
2.800 °C et à cause des produits de fission, cette température
décroit lentement; le corium n'est pas visqueux autour de 2.800°C,
c'est un fluide.
A Tchernobyl le corium a dégouliné
sous des formes de pattes d'éléphant et autres coulures:
il est encore chaud (dans tous les sens du terme, thermique et radioactif!).
Ce fut pareil à TMI, mais le corium est resté dans la cuve
(qui s'est craquelée mais a tenu) et je ne suis pas sûre que
32 ans après on ait trouvé le moyen de l'évacuer.
En ce qui concerne le syndrome
"chinois" c'était une image américaine! Au Japon c'est
le syndrome américain...
Le corium qui tombe sur un radier: d'abord
s'il y a de l'eau il peut y avoir explosion vapeur et de toute façon
le béton étant plein d'eau il est rongé par le corium.
Le corium est constitué du combustible
plus tous les internes (réflecteur y compris) car l'acier fond à
plus basse température que l'oxyde d'uranium.
Les "liquidateurs ont intérêt
à éviter les neutrons qui sont beaucoup plus méchants
que les gamma (le facteur de qualité biologique oscille entre 10
et 20 selon l'énergie des neutrons...
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suite:
Suggestions - bassins de secours et salles
de contrôle
SUGGESTIONS
Au regard de ce qui s'est passé au Japon,
permettez-moi de vous soumettre deux suggestions:
- ayant compris qu'il ne fallait pas seulement
que les barres de contrôle tombent ou montent pour être à
l'abri, mais que la chaleur résiduelle de la réaction nucléaire
atteignait 6 à 7% de la puissance du réacteur durant
la première heure suivant la mise en place des barres de contrôle
et donc la nécessité impérieuse de continuer à
refroidir le réacteur, pourquoi (même si on souhaite une sortie
totale du nucléaire en France, ce qui prendra un certain temps)
ne pas envisager la construction de chateau d'eau ou l'eau pourrait s'écouler
par gravité pour refroidir le réacteur même sans pompe?
Le coût est faible et la moitié des centrales est en contrebas
de falaises ou collines qui les surplomblent. Si l'on doit recueillir cette
eau dans des bassins de rétentions et la décontaminer ensuite
ce sera plus facile que de laisser fondre le coeur!
- les salles de contrôle sont dans des
bâtiments standards à proximité des réacteurs
et on nous dit que le bâtiment réacteur est suffisemment solide
pour supporter la chute d'un avion gros porteur, mais si l'avion tombe
sur la salle de contrôle on perd la conduite du réacteur.
D'autre part en cas de gestion de problème
grave la proximité du réacteur et des salles de contrôle
sacrifie les "liquidateurs". Il semble urgent de doubler ces salles de
contrôle, en les éloignant de quelques kilomètres (les
mettre au moins à l'abri des retombées d'explosion du réacteur).
Qu'en pensez-vous?
REPONSES
Sur les REP il existe des possibilités
de thermosiphon
mais il pourrait en effet astucieux de prévoir des réservoirs
d'eau en altitude.
Sur les BWR il y avait un système qui
pouvait aussi fonctionner pour refroidir mais à condition de l'avoir
démarré par une source électrique.
Or comme les canalisations d'amenée
d'eau et de départ étaient endommagées par le séisme,
la pression et la température ont chuté trop vite. Or les
opérations avaient des indications erronées sur le niveau
d'eau ainsi d'ailleurs que sur d'autres indicateurs: ils ont donc coupé
le système de secours et après le tsunami comme tout était
détruit, ils n'ont pas pu redémarrer ce système d'ultime
secours.
Pour les salles de contrôle il est exact
qu'il existe normalement une salle de repli mais elle est toujours sur
le site: le gros problème va tout de même être le fait
qu'en cas de perte totale de l'alimentation, il n'y a plus aucun signal.
Et quand on a réussi à remettre l'électricité,
les capteurs ne marchaient plus et donnaient des indications fausses.
Par contre il aurait été judicieux
de ne pas mettre les diesels et leur cuve de carburants en sous-sol (ce
qui était fait sur les 5 et 6) et il eut été judicieux
aussi de les entretenir et le seul qui a démarré n'était
pas un diesel à fuel, mais une turbine.
En ce qui concerne les bassins de décantation
ou de rétention il en existe, mais là il s'est agit de plus
de 100.000 tonnes d'eau contaminée d'où les problèmes
et ce d'autant plus que les bâtiments était ébranlés
et que l'eau ruisselait de partout.
Ceci demande donc aussi bien pour les diesels,
les réservoirs, les capteurs, les bassins de revoir les diverses
stratégies et d'être redondant.
Il n'empêche si TEPCO avait suivi son
autorité les diesels auraient peut être été
mieux protégés, la digue aurait été plus haute,
mais le séisme avait beaucoup abimé les réacteurs
et les diverses structures.
On se serait retrouvé comme à
Three Miles Island où le combustible a fondu à 70%, s'est
rassemblé en fond de cuve qui a craquelé. Pour connaître
cet état du réacteur il a fallu attendre 6 ans avant de pénétrer
dans le bâtiment réacteur et ce par le biais d'un robot. Puis
il a fallu 6 autres années pour commencer des travaux et 32 ans
après on envisage de récupérer un GV pour le mettre
sur un autre
réacteur (?). A part cela 32 ans après je ne crois pas
qu'on sache encore quoi faire du "corium" ce magma d'uranium, de produits
de fission, d'actinides dont le plutonium, d'acier et d'oxyde de zirconium
Merci de vos remarques
Monique Sené
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