La G@zette Nucléaire sur le Net!
N°90/91, novembre 1988
numérisation assurée par A. Vérignon (GSIEN)

SUPERPHENIX: LA FUITE EN AVANT
Editorial / SOMMAIRE
 
     En direct du CSSIN, nous vous offrons un rapport sur Superphénix, le dernier en date en notre possession. Mais ce n'est sûrement pas le dernier rapport sur le sujet. Car ce sujet est particulièrement brûlant: Superphénix va-t-il redémarrer oui ou non? Normalement, la décision devrait être prise pour fin novembre.
     Le moins que l'on puisse dire, compte tenu de la fuite inattendue en 87 (classée maintenant inévitable compte tenu de la nuance d'acier choisi!) est que la question ne devrait même pas être à l'étude. Il s'agit d'un "proto" qui a un problème; même en étant un défenseur de la filière, il est évident que la seule décision rationnelle serait de remettre le proto en état, et après seulement d'étudier son éventuel redémarrage.
     Nous jouons un peu trop au poker et qui plus est au poker menteur et nous risquons à chaque fois plus gros. Bien sûr, nous avons de la chance mais vous savez pourquoi? Non? Alors écoutez l'histoire de l'effet essuie-glace.
     Vous roulez sur l'autoroute, il pleut et vous avez des problèmes d'essuie-glaces, vous vous arrêtez, vous faites le tour de votre voiture machinalement et vous découvrez qu'une roue est en train de partir. Grâce à votre essuie-glace, vous resserrez les boulons et vous évitez l'accident.
     En quoi ceci se compare-t-il aux accidents nucléaires, direz-vous? Voilà la réponse:
     - Aux Etats-Unis, les essuie-glaces ne sont jamais en panne, donc ils ne vérifient jamais et ce fut T.M.I. (parce que, quand même, ils ne sont pas mauvais). En URSS, les essuie-glaces sont toujours en panne, donc ils ne vérifient jamais non plus, et ce fut Tchernobyl.
     - En France ça marchote, ça frise la panne, on s'arrête donc pour les changer, c'est pour cela que jusqu'à maintenant l'accident a toujours été évité.
    Trêve de plaisanterie!
     Il y a un manque de rigueur évident dans les analyses de sûreté des installations et par suite dans la prévention que l'on peut faire des accidents et surtout des conséquences sur les travailleurs et les populations.
     Ce n'est évidemment pas amusant de se tapisser de ouate pour éviter les bosses, c'est plus excitant d'éviter de recevoir un coup. Cependant, l'un n'empêche pas l'autre.
     Et on peut regretter, déplorer que cette prévention ne soit pas la base de toute l'action de nos ministères et services centraux. Cette prévention coûte cher mais face à un accident c'est une goutte d'eau. Cette prévention n'est pas valorisante mais si le nucléaire s'effondre faute d'elle, ce sera encore moins valorisant.
     On peut toujours détruire point par point les argumentaires et on peut le faire dans ce sens et dans l'autre. La Gazette avoue être de parti pris pour la prévention. Et si l'on analyse le programme nucléaire et ses problèmes depuis 15 ans, on constate a posteriori qu'un peu moins de presse, un peu plus de réflexion aurait permis d'éviter des défauts de construction, aurait permis d'éviter de surdimensionner le nombre de réacteurs. Finalement, l'ensemble aurait été bénéfique pour tout le monde et l'économie en général. Nous vous offrons donc le dossier Superphénix, un dossier sur la Hague, le bilan des rejets depuis 1966. En prime, les risques liés aux faibles doses de rayonnement et on particulier les mensonges de la CIPR, et nous avons repris quelques pages de l'enquête menée auprès des médecins. N'hésitez pas à joindre le CSFR pour avoir l'ensemble.

     Pour finir, quelques mots sur notre bilan financier. Nous pouvons tirer la Gazette de décembre, la dernière de l'abonnement 88. Nous avons environ une Gazette devant nous en 1989 et c'est tout. Donc si vous voulez que la Gazette vive, d'une part alimentez-nous avec vos réflexions, vos articles, et réabonnez-vous pour 89.
     Nous n'avons pas changé l'abonnement: c'est toujours 100 F mais vous pouvez nous soutenir avec 10, 20, 30 F de plus, si vous le pouvez.
     Merci à tous nos fidèles lecteurs et amis, bonne fin d'année 88. Et n'oubliez pas votre réabonnement pour 89.

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POURQUOI DEMANDER LA DEMISSION DE B. LALONDE?
     Simplement pour rappeler que s'il a le droit de parler en son nom, il n'a pas celui de parler pour tout le monde. Défendre Moruroa sous prétexte qu'on n'est pas capable de faire un bilan correct, c'est aller un peu loin.
     Nous continuons à penser, même après la lecture du rapport de la Mission Cousteau, que bien des inconnues subsistent quant à l'effet des explosions sur l'environnement. Pour le reste, étant partisan du désarmement et souhaitant que la France fasse dans ce sens des pas décisifs, il nous a toujours semblé que le gel de l'armement nucléaire français était le moins que nous puissions faire. Ça c'est pour Moruroa.
     Il est éqalement intervenu pour soutenir que scientifiquement le nucléaire est bien meilleur que les autres sources d'énergie. Cet argumentaire nous est servi depuis 15 ans: on pourrait varier un peu! Il est en effet bien facile de s'abriter derrière l'incurie de la chimie pour défendre le nucléaire. Que la chimie doive être réglementée est une évidence, que le nucléaire profite de cette absence de réglementation pour ne pas se cantonner dans une stricte observation de ses propres règlements en est une autre.
     Alors attention et c'est pour rappeler à B. Lalonde qu'il faut se battre sur tous les tableaux que nous avons réclamé sa démission.
     Souhaitons que maintenant il ne fasse plus de déclarations. L'environnement est mieux défendu par des actions en profondeur que par des déclarations destinées à assurer son maintien au gouvernement. N'est pas Bombard qui veut!
début p.2

SOMMAIRE
EDITO
Centrale nucléaire de Creys-Malville; Superphénix, la fuite en avant
Nouvelles en provenance de la commission spéciale et permanente d'information près l'établissement de La Hague
Le déclassement de la centrale de Brennilis
Centres stockage des déchets radioactifs
A propos des risques liés aux faibles doses d'irradiation
Information sur le questionnaire envoyé aux médecins suite à Tchernobyl

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