Les réacteurs de Fessenheim
sont les premiers du programme français. Le n°1 vient de
subir sa révision décennale. Pour l'occasion, le conseil
général avait décidé de «se payer»
des experts indépendants (Réélection oblige et vert
décide). Bon, n'épiloguons pas. Toujours est-il qu'une commission
s'est réunie et a pondu un rapport. On peut, certes, chipoter. Cependant
c'est la première fois qu'on arrive à faire une commission
avec des experts étrangers (allemands et belges), on avait eu la
commission Castaing mais elle était entre experts français
du système et hors système. Cette fois, c'est sûrement
hors système puisque les étrangers sont présents.
Ce ne fut pas facile tous les jours. D'une part cette commission n'a été vraiment formée que début juin et pour un redémarrage prévu en août, cela faisait peu de temps. D'autre part, la documentation n'a pas été très facilement accessible. EDF ne voulait pas la fournir et il a fallu fortement insister pour avoir un accès. Si on analyse le travail de la commissiün indépendante, il faut se rendre compte que le refus d'EDF d'ouvrir les dossiers ne simplifiait pas la tâche. En fait, c'était la façon d'empêcher la mission d'être efficace. En si peu de temps on ne peut déjà pas improviser, mais si en plus on n'a pas le libre accès aux documents, la tâche devient vite quasiment impossible. Finalement, la commission s'est bien défendue et a relevé pas mal de points faibles. Fessenheim est un premier pas, il en faut plein d'autres pour que le nucléaire soit vraiment sous surveillance. Bien sôr, il faut aussi mesurer les limites d'une telle expertise. Comme l'ont signalé les experts indépendants: «Nous mettons un clignotant orange, nous ne donnons ni un avis contre le redémarrage ni un avis pour. Notre tâche est loin d'être finie et sur la base du travail fait nous ne donnons pas un blanc seing». Par contre, les associations qui avaient bien compris leur rôle ont, quant à elles, réclamé le non-redémarrage du réacteur. Et c'est normal. D'ailleurs, finalement, le réacteur n'a pas redémarré le 18 septembre comme c'était initialement programmé, mais à la date du 11 octobre il était encore en révision. Ce clignotant orange a eu de l'effet. Ce n'est pas la peine de faire de l'autosatisfaction ni de battre sa coulpe. La commission a eu un énorme travail mais elle a réussi, au moins, à obliger tout le monde (Service Central, Direction de la Centrale) à accepter des réunions, des analyses de documents. Ce ne fut pas sans mal: il a fallu revenir à la charge plusieurs fois, réclamer les dossiers encore et encore. Un dernier point pour faire toucher du doigt les difficultés: le Service Central a accepté le dialogue au niveau national comme au niveau régional et a aussi accepté de répondre aux questions et même de donner un accès à la documentation. Cependant, à la réunion du 3 octobre du CSSIN, il n'a pas été signalé que Fessenheim n'était pas reparti comme prévu le 18 septembre. C'est un signe, on obtient l'information mais il faut la réclamer encore et encore. Ce n'est pas spontané. Ne soyons pas amer, même si EDF n'a pas été coopérative (et c'est un euphémisme), les autres services ont fait des efforts. (suite)
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Pour vous montrer combien EDF a traîné les pieds, voici quelques précisions: - il a été impossible d'obtenir le cahier de charge de la visite décennale directement du directeur, - il a été impossible d'obtenir le bilan des rejets élément par élément pour les 10 ans de fonctionnement. Avec un argumentaire vérolé du genre: «la loi ne s'applique pas à titre rétroactif, nous ne vous fournirons que les années 88-89 (!)». L'autre argument était que tout est envoyé au Service Central de Protection contre les Rayonnements lonisants (SCPRI) que l'on peut vraiment rebaptiser «Service Central de Protection et Rétention de l'Information» - car dans l'affaire il sert d'utile parapluie. Bon, ne tirons pas davantage sur le pianiste, mais tout de même! Tout ceci pour vous expliquer que Fessenheim c'est un pas, mais il faut continuer. Il faudrait participer à toutes les visites décennales, pour cela il faut des associations qui réclament la constitution d'une commission. Il faut de l'argent pour payer les experts. Il faut des experts (et ce n'est pas évident de trouver des experts indépendants). Enfin, voici le dossier Fessenheim, bonne lecture. RAPPORT DU GROUPE D'EXPERTS 1. Historique de la «mission d'expertise indépendante»
à l'occasion du premier arrêt décennal du réacteur
de Fessenheim 1
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Ce choix visait à assurer
une grande diversité des experts, quant à leur nationalité,
leurs relations avec l'industrie nucléaire ou leur point de vue
général sur le problème. Elles faisaient appel à
des personnes ayant déjà participé à ce type
d'expertise, à la demande d'autorités politiques et administratives,
ou d'associations, personnes indépendantes des organismes responsables
de la mise en œuvre du programme nucléaire français (EDF,
CEA, Ministère de l'Industrie). Michèle Rivasi et Patrick
Petitjean ont été désignés dans cette mission
comme «consultants associés» pour assurer la liaison
avec l'étude engagée sur l'environnement autour de Fessenheim
(Michèle Rivasi) et avec les scientifiques strasbourgeois ayant
suivi l'histoire du réacteur depuis sa mise en route (Patrick
Petitjean).
Une telle composition pluraliste était le moyen de déboucher sur des appréciations les plus objectives possibles, résultant d'un travail collectif dans la diversité et de la confrontation constructive avec les autres parties concernées (les responsables de la centrale et du Service Central de Sûreté des Installations Nucléaires (SCSIN) (Ministère de l'Industrie et Secrétariat d'Etat à l'Environnement). Dès le départ, cette mission était confrontée à certaines limitations, soulignées dans un texte remis par Michèle Rivasi et Patrick Petitjean lors de l'installation de la mission le 11 mai: «En raison du temps qui lui est imparti, des moyens qui lui sont alloués et de la spécificité française dans le domaine de la diffusion de l'information par les organismes publics, en raison également du fait que cet arrêt décennal est le premier à intervenir sur une tranche de 900 MWe, la mission ne pourra faire un travail exhaustif de contre-expertise. Son rôle sera de mettre en lumière les principaux problèmes de sûreté à Fessenheim (soit du fait de sa conception, soit du fait du vieillissement de certains composants), et d'en dégager des recommandations à l'intention du Conseil Général du Haut-Rhin.» 2. Déroulement de la mission
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3) Mercredi 21 juin. Séance à la centrale de Fessenheim. Avec une visite, le matin, de la centrale (hors enceinte) et, l'après-midi, la tenue d'une séance de la Commission de Surveillance de Fessenheim, sous la présidence de Monsieur Haby, avec les membres de la mission, Monsieur Bonnet et la DRIR Alsace. 4) Mardi 4 juillet. Réunion d'une partie des membres de la mission à Paris au Collège de France, pour un premier travail sur les documents obtenus. 5) Vendredi 21 juillet. Réunion de la mission à Paris au Collège de France pour étudier les documents obtenus et établir une quatrième liste de questions sur les principaux problèmes apparus, liste qui sera transmise au SCSIN et à EDF par le Conseil Général 6) Mercredi 9 août et matin du 10 août. Réunion de travail entre la mission et le SCSIN à la DRIR à Strasbourg en présence d'experts de l'IPSN. Réponses aux questions de la 4ème liste, communication de documents, et consultations dossiers afférents aux travaux de l'arrêt décennal. 7) Jeudi 10 août. Séance à Fessenheim entre la mission et les responsables de la centrale, en présence du SCSIN, de la DRIR Alsace et d'experts d'EDF et de l'IPSN. Etat des travaux de l'arrêt décennal, réponses d'EDF à la quatrième liste et discussions. Des documents complémentaires sont demandés oralement. 8) Mardi 29 août. Le matin, visite à l'intérieur de l'enceinte du réacteur. Observations diverses par les membres de la mission. Troisième séance à Fessenheim entre la mission et les responsables de la centrale, en présence de Monsieur Haby, du SCSIN, de la DRIR Alsace et d'experts d'EDF et de l'IPSN. Communication de documents complémentaires, bilan de l'arrêt décennal et discussions de différents problèmes. 9) Vendredi 1er septembre. Réunion de la mission à Paris, au Collège de France, pour l'examen d'une première rédaction du rapport final. 10) Jeudi 14 septembre. Réunion de travail entre la mission, le SCSIN, les responsables de la centrale, la DRIR Alsace et Monsieur Haby, pour une première présentation du rapport, communiqué quelques jours auparavant à toutes les parties concernées. 11) Lundi 18 septembre. Réunion de la Commission de Surveillance de la Centrale de Fessenheim dans les locaux du Département à Colmar. Communication du rapport de la mission d'expertise en présence de la presse. Conclusion de la mission. 2.A. Epreuves et contrôles importants effectués
lors de la révision décennale
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3. Vérification de l'état de la cuve
et du couvercle de celle-ci.
Cette vérification a été faite principalement avec le Robot MIS 5. Cette machine a également été utilisée pour la vérification des défauts sous revêtements (DSR microfissures). Une note séparée est jointe au sujet de cette vérification (annexe 1). Les autres vérifications de l'état de la cuve ont été satisfaisantes. 4. Vérification des grappes de contrôle et des dispositifs annexes. Il a été, à nouveau, procédé au changement de toutes les broches fixant les tubes guides sur la grille supérieure du réacteur. Un troisième changement s'avèrera sans doute nécessaire pour installer des broches d'une qualité satisfaisante en particulier en ce qui concerne leur durée de vie. Il a été procédé au changement de 6 grappes de contrôle. Cependant au prochain arrêt de tranche un nombre important de grappes de contrôle devront probablement être remplacées vu les nouveaux critères d'usure approuvés par le SCSIN. 5. Etat des générateurs de vapeur. Un rapport a été fourni sur les vérifications faites sur les générateurs de vapeur: 441 tubes ont été bouchés antérieurement et 13 tubes ont été bouchés à ('occasion de la révision décennale. Certains tubes n'ont pu être que partiellement contrôlés. Il y a lieu de constater que ce total de 454 tubes bouchés est encore nettement inférieur au nombre à partir duquel il faut songer au remplacement des G. V. qui comportent au total 10.050 tubes. Une attention particulière a été portée sur l'état des bouchons des tubes obturés. L'examen de 3 bouchons qui avaient été extraits, a été satisfaisant. 6. Etat du pressuriseur. Les soupapes du pressuriseur ont été changées (voir ci-dessous # 2.1). Lors de cette modification un défaut de continuité de soudure sur le chemisage inox a été constaté à proximité de l'endroit où les tubulures avaient été coupées. Ce défaut a fait l'objet d'une réparation. 7. Les pompes primaires ont été démontées et inspectées. Les moteurs ont été renvoyés hors site pour renforcement des paliers. Certaines soudures ont été vérifiées. B. Contrôles reportés ou non effectués
3. Modifications significatives apportées à
l'installation
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2. Inversion du sens de circulation de l'eau primaire dans la cuve du réacteur entre l'écran thermique et l'enveloppe du cœur. Cette modification évitera tout endommagement intempestif de certaines gaines combustibles à proximité de l'enveloppe du cœur. Elle augmente la sûreté et permettra à EDF, ultérieurement, d'obtenir un meilleur rendement de l'ensemble du cœur. 3. Installation d'un filtre à sable commun aux deux unités de Fessenheim et raccordement de l'enceinte de la tranche 1 à ce filtre à sable (à rendre opérationnel). Il y a lieu de remarquer qu'il serait probablement souhaitable d'installer devant les vannes de commande de ce dispositif un écran biologique permettant à l'opérateur d'intervenir par exemple pour fermer ces vannes même après une dépressurisation partielle de l'enceinte. Il y aurait lieu également d'améliorer la qualité du dispositif de blocage de ces vannes. 4. Renforcement du palier des moteurs des pompes primaires. Cette modification a été faite hors site. Elle a comporté également l'adjonction d'un segment intermédiaire sur l'axe de la pompe permettant ultérieurement le démontage de la pompe sans enlèvement du moteur. 5. Diversification de certaines alimentations électriques telles le remplacement de trois redresseurs courant continu par quatre unités nouvelles. 6. Protection de la turbine à gaz installée comme groupe de secours supplémentaire. Il est à remarquer que ce groupe de secours ne jouit d'aucune protection extérieure car il se trouve dans un simple conteneur métallique. Le conteneur en question pourrait être placé dans une enceinte en béton armé. 7. Renforcement de dispositifs anti-incendie, pose de portes coupe-feu, etc... Ces réalisations ne représentent qu'une partie des travaux d'amélioration anti-incendie qu'il y a lieu de faire. 8. Panneau de repli permettant l'arrêt du réacteur lorsque la salle de commande devient indisponible, par exemple en cas d'incendie ou de fumée. Il y a lieu de remarquer que l'installation de ce panneau de repli nous paraît quelque peu sommaire. Bien qu'on ait ajouté une porte coupe-feu entre les deux voies du panneau de repli, la doctrine française ne prévoit aucune séparation entre ce panneau et les locaux électriques adjacents. Une plus grande sécurité serait obtenue si le panneau de repli était installé dans un local séparé muni également d'un accès direct de l'extérieur. 9. Qualification des pénétrations dans l'enceinte du réacteur. Les traversées électriques ont été adaptées aux normes actuelles. 4. Modifications ou études de sûreté
non encore achevées
p.5
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2. Pose d'obturateur sous les bouchons obturant
certains tubes des G.V.
Suite à l'accident de North Anna (février 1989) une attention particulière a été portée aux bouchons des tubes obturés dans les G.V. pour éviter des possibilités d'accidents par projection de bouchons dans les tubes G.V. Il y aurait lieu à un prochain arrêt de poser des obturateurs en dessous des bouchons existants. 3. Comportement séismique. Il nous a été signalé que l'étude se poursuivrait dans les mois à venir. Cette requalification ne fait pas nécessairement partie de la révision décennale. Le pont roulant requiert une attention particulière. 4. Poursuite des améliorations anti-incendies: diverses mesures devraient encore être prises dans les prochains mois. 5. Amélioration de l'identification et(ou) de la séparation des appareillages propres à chacune des tranches de la centrale, de façon à ce qu'aucune confusion ne puisse se produire (erreur de tranche du 28.07.1989). 6. Réexamen du niveau de sûreté - Bilan des retours d'expériences - Cohérence de certaines adaptations. 5. Modifications ou compléments que le groupe
d'experts estime souhaitable par comparaison à des réalisations
dans des réacteurs REP semblable à ceux d'EDF
6. Considérations sur la protection des travailleurs
7. Considérations sur la surveillance du site
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Les informations fournies sont des synthèses peu détaillées à partir desquelles il est difficile de faire des recoupements. En particulier, le détail par radioélément n'a pu être donné que pour 1988 et le premier trimestre 1989. Considérant qu'il n'est toujours pas possible de confronter ces chiffres à ceux du SCPRI (Ministère de la Santé) puisque celui-ci se refuse toujours à les communiquer, considérant aussi que l'exploitant EDF s'est opposé à ce qu'un laboratoire extérieur effectue des prélèvements au point de rejet, nous tenons à souligner les limites des données dont nous disposons et la légitime suspicion avec laquelle nous les utilisons. 2. Laboratoire d'environnement. Le laboratoire d'environnement est équipé pour des mesures b total ne donnant aucune indication sur la nature des radioéléments présents dans les échantillons d'eaux, de végétaux et de laits analysés. Des mesures complémentaires en spectrométrie g permettraient d'identifier les radioéléments rejetés dans l'environnement après traitement des effluents et d'analyser plus finement l'impact des rejets sur l'environnement du site. 3. Réseaux de surveillance radiologique. Le réseau est équipé de six balises SBN 90 et SBN 100. Ces balises sont des radiamètres et ne donnent que des mesures de débit de dose. Il y a aussi des prélèvements journaliers. Dans le cadre d'une meilleure surveillance du site, l'équipement devrait comprendre des balises permettant de mesurer en continu la radioactivité des aérosols des iodes et des gaz. Ces installations devraient être reliées en permanence à la centrale. 4. Réseau de surveillance météorologique. Le site dispose d'une seule station météorologique complète (à quelques centaines de mètres au N/NW du bloc usine). Le matériel installé sur le toit de la salle des machines n'indique que la direction, la vitesse et la stabilité des vents. Une évaluation correcte de la situation en cas de relâchement de substances radioactives nécessite une meilleure couverture du site. Il serait souhaitable que l'acquisition des données météorologiques concerne l'ensemble de la zone de prélèvement et qu'à chaque station de mesure du rayonnement ambiant soit associé un équipement météorologique. 5. Simulations de dispersion. Il serait profitable d'achever l'étude de dispersion de nuages radioactifs de façon à établir des modèles de dispersion prenant en compte les caractéristiques du site (météorologie, topographie...). Cette étude permettrait d'acquérir des données susceptibles d'améliorer les temps de réaction et la qualité des réponses aux situations accidentelles. Le temps de réponse et la précision des données acquises au niveau local conditionnent en effet l'ensemble de la gestion ultérieure. 6. Méthodologie de traitement des accidents. Aux questions posées sur l'impact post-accidentel sur l'environnement, il a été répondu au niveau général: la situation de Fessenheim n'a pas été particularisée. Aussi est-on fondé à constater que cette méthode générale est basée sur une estimation de l'enveloppe du terme source et sur des prises de décision prévisionnelles. Cette méthode ne nous satisfait pas. p.6
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8. Considérations sur le déroulement
de la révision
1. Il nous paraît souhaitable qu'un inventaire et un contrôle précis soient faits sur tout dispositif temporaire ou provisoire, tels que bouchon ou by-pass installés lors de l'arrêt de tranche pour permettre des essais de certains circuits ou pour éviter l'introduction de saletés dans des tuyauteries. En particulier, il faudrait un constat d'enlèvement de ces éléments provisoires, afin de s'assurer qu'aucun de ces éléments n'est resté en place. 2. Certaines vérifications n'ont pas été faites pour limiter les doses d'irradiation au personnel: il y aurait lieu d'étudier la possibilité d'une décontamination partielle ou totale du circuit primaire avant des interventions dans ce circuit, en particulier dans les boîtes à eau des G.V. 3. Il nous paraît que dès la réouverture de la cuve du réacteur pour rechargement de celui-ci, il faudrait éviter des travaux polluants tels que des meulages à proximité de la piscine ouverte et que la propreté générale de l'ensemble du bâtiment réacteur devrait être renforcée. 4. Il est bien clair qu'avant la remise en route du réacteur les actions de déconsignation et de lignage ainsi que les procédures adéquates de vérification et de contrôles et d'assurance qualité doivent être faites en disposant pour cela d'un personnel et du temps suffisants, et qu'en particulier l'installation de nouveaux équipements tels les soupapes SEBIM demande des essais de qualification de ces dispositifs. 5. Il nous paraît qu'une supervision permanente, extérieure à EDF, durant les arrêts de tranches, pourrait s'exercer de facon utile et serait de nature à renforcer la sécurité des opérations réalisées. Conclusions
(suite)
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Défauts sous revêtements: D.S.R. La mission a étudié spécialement
le dossier relatif aux DSR: note EDF de décembre 1979, note EDF
de septembre 85, note du «groupe de liaison études décennales»
d'EDF du 12 janvier 1989 et note SCSIN relative à la question 13
du groupe d'experts.
Remarques sur le déroulement et les conclusions
de la «mission d'expertise»*
La collaboration entre la mission EDF et
le SCSIN
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La crédibilité de
la mission lui imposait aussi d'avoir accès aux documents originaux
établis par EDF ou le SCSIN indépendamment de la mission
et non pas de se contenter d'exposés oraux, ou de documents écrits,
spécifiquement à destination de la mission et dont nous aurions
été dans l'incapacité de juger de la conformité
avec la réalité des problèmes.
Nous avons demandé beaucoup de documents et, globalement, avons obtenu ou avons pu consulter une grande partie d'entre eux. Du moins, ce que nous avons pu obtenir correspond à ce sur quoi nous avions le temps de travailler dans les délais impartis. Cependant, la question des délais était essentielle, et la mission n'a pu tourner à plein régime qu'au mois d'août. Nous n'avons eu de premières réponses écrites qu'au début juillet et l'essentiel des documents originaux n'a été accessible qu'à partir du 9 août. Ainsi, par exemple, sur le problème de la sélection des travaux à effectuer, le document demandé dès le 11 mai n'a été accessible que le 9 août. .Sur la base de refus explicites (de la part d'EDF), d'oublis, de manque de temps, ou parce qu'ils n'étaient pas considérés comme reliés à cet arrêt décennal, un nombre significatif de documents demandés n'ont pu être obtenus. Par exemple le rapport de sûreté spécifique à Fessenheim; le rapport sur le retour d'expérience; les mesures EDF de rejets radioactifs par élément; des rapports plus complets sur les DSR; l'évaluation des différences entre Fessenheim; et le réacteur de référence Chinon B4; etc... Vu les délais pour rendre notre rapport, nous n'avons pu insister pour en obtenir quand même certains d'entre eux. Le travail avec la SCSIN et la DRIR Alsace a été globalement positif: il s'agit là d'un type de collaboration qui devrait devenir normal et banal. Bien sûr il y a eu une certaine lenteur de mise en route, certaines réponses écrites ont été un peu lapidaires, et il était normal que le SCSIN évalue au début quels rapports il pourrait avoir avec la mission (rôle joué par la séance du 1er juin, qui est restée très à la surface des problèmes). La volonté de ne pas se substituer à EDF peut aussi expliquer le renvoi fait à cette dernière pour un certain nombre de problèmes. Mais nous pouvons remercier le SCSIN et la DRIR Alsace pour leur disponibilité et leur collaboration. En ce qui concerne EDF, la situation de blocage du départ a été en partie surmontée. Lors de la constitution de la commission le 11 mai, il y avait eu un refus de la reconnaître, Monsieur Bonnet ne voulant avoir affaire directement qu'à la Commission de Surveillance elle même. Il y avait eu refus de communication de tous les documents demandés, y compris en refusant de reconnaître leur existence (les retours d'expérience). Le «secret industriel», avec la présence d'experts étrangers, a été mis en avant pour refuser une collaboration. Sur le fond, EDF contestait l'opportunité d'une telle mission, expliquant qu'il n'y avait rien que de très banal et de très réglementaire dans cet arrêt décennal. Et qu'il était donc faux de parler de «révision décennale», ou de moment décisif pour la centrale. Pourtant, si l'on en croit Monsieur Bertron, chef du SPT d'EDF (Enerpress n°4778 du vendredi 3 mars 1989, où est présenté l'arrêt décennal), tout devait être «passé au peigne fin». Toujours selon ce numéro d'Enerpresse, la visite décennale devait comporter 3 volets: les actions de surveillance réglementaires; des modifications et améliorations pour rapporcher Fessenheim I du réacteur de référence Chinon B4; et une ré-évaluation du niveau de sûreté. Il ne s'agissait donc pas d'un arrêt «banal et réglementaire», même si la ré-évaluation de sûreté dépassait le cadre de cette visite décennale. (suite)
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La situation s'est un peu débloquée au mois d'août et, malgré la période, les responsables de la centrale ont su se rendre disponibles pour un dialogue plus constructif avec la mission, et nous les en remercions. Mais peu de documents originaux ont été effectivement fournis par EDF, et tout cela est resté loin d'une collaboration, aussi souhaitable et nécessaire pourtant qu'avec le SCSIN. Les limites de la mission
p.8
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Conclusions pour l'avenir
La prudence des recommandations du rapport tient avant tout à toutes ces limites, à ce que nous n'avons pas pu faire. Mais elle tient aussi aux limites intrinsèques à tout travail d'expertise. A partir d'un angle d'attaque des problèmes qui n'est pas le même que celui de l'exploitant ou des autorités administratives de sûreté, nous débouchons sur des appréciations et des recommandations, qui sont autant d'éléments, aux côtés de ceux fournis par l'exploitant et par les autorités de sûreté, pour que les pouvoirs politiques fassent leurs choix. Des experts, même indépendants, ne peuvent se substituer aux pouvoirs politiques ni aux autorités de sûreté. Le choix du niveau de sûreté est aussi un choix politique et non pas un choix d'expert. Une expertise indépendante sur les problèmes de sûreté nucléaire (mais ce serait la même chose pour une autre industrie), et cette mission en particulier, a pour rôle de contribuer à une plus grande transparence, et surtout, à une amélioration du niveau de sûreté. Au-delà des appréciations les plus diverses sur la légitimité et les modalités de l'option «énergie nucléaire», l'amélioration de la sûreté, pour écarter autant que faire se peut les accidents graves, est l'intérêt commun de tous ceux qui sont concernés par la question. Aucune installation n'est jamais parfaitement sûre, et EDF raie de plus en plus de son vocabulaire le terme «impossible», en le remplaçant par «hautement improbable», pour parler de certains risques ou séquences accidentelles. Sauf cas limite (mais, en cas de risque grave apparent avant la remise en route, nous n'avons pas de raison de supposer qu'EDF ou le SCSIN auraient laissé faire une remise en route, avec ou sans la mission), nous ne pouvions donc ni nous opposer, ni donner un blanc-seing à cette remise en route, mais seulement donner des recommandations précises. Pour l'avenir, il nous semblerait positif que, sous des formes à déterminer par la Commission de Surveillance, un travail de suivi soit effectué à propos des recommandations faites dans ce rapport, ainsi que des études complémentaires dont certaines ont été aussi indiquées. En particulier, il nous a été annoncé lors de la réunion de travail du 9 août qu'un rapport sur les différences de sûreté entre Fessenheim 1 et Chinon B4 avait été demandé par la SCSIN à EDF pour octobre 1991: il y a matière à suivre cette ré-évaluation du niveau de sûreté. D'autres arrêts décennaux vont suivre régulièrement celui de Fessenheim l, partout en France, dont celui de Fessenheim II au printemps prochain. L'utilité de missions semblables à la nôtre serait grande avec des modalités qui tiennent compte de cette première expérience, notamment des suggestions faites plus haut sur les modalités de travail. Les commissions d'information sur les différents sites, le Conseil Supérieur de Sûreté Nucléaire et tout autre organisme concerné, devraient aller dans ce sens. La sûreté nucléaire, et donc la population, aurait grandement à gagner de l'émergence, à côté de l'exploitant EDF et de l'autorité administrative de contrôle, le SCSIN (dont le rôle est à renforcer), d'un troisième partenaire, «indépendant» (instituts, spécialistes, universitaires...) en relation avec les pouvoirs départementaux, à l'image de ce qui existe dans nombre d'autres pays. Au final les membres de la mission ne peuvent que se féliciter de l'initiative prise par Monsieur Haby, la Commission de Surveillance de Fessenheim et le Conseil Général du Haut-Rhin, et les remercier pour le soutien total dont ils ont bénéficié de leur part, pendant toute la durée de cette mission. (suite)
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Les associations: Non à la remise en route «Feu orange» ont conclu les experts réunis le 18 septembre par la commission de contrôle de la centrale nucléaire de Fessenheim. Ce signal de danger nous oblige à attirer l'attention de la population sur les points suivants. Les contrôles sont manifestement incomplets. Certaines soudures, par exemple, dans les générateurs de vapeur n'ont pas été vérifiées. Les recherches de fissure n'ont été effectuées que dans trois tubulures sur six. EDF est dans l'incapacité de prouver scientifiquement qu'aucune fissure ne s'est propagée dans le revêtement de la cuve et l'étude du comportement sismique est loin d'être terminée. Certaines modifications, par ailleurs, restent à réaliser. Ainsi la séparation des appareillages propres à chacun des réacteurs n'est pas satisfaisante, ce qui a provoqué l'incident de fonctionnement des vannes au mois d'août dernier. La piscine de stockage du combustible irradié est toujours recouverte d'une toiture précaire. En ce qui concerne l'information, il est particulièrement regrettable qu'EDF refuse de révéler aux experts le détail des produits radioactifs rejetés. Cela rend difficile la détection du dysfonctionnement du réacteur. Les experts précisent même: «Nous tenons à souligner les limites des données dont nous disposons et la légitime suspicion avec laquelle nous les utilisons.» (...) Dans les rapports annexes, plusieurs scientifiques soulignent le risque d'accident grave dû à l'explosion détonnante d'hydrogène, à l'explosion vapeur, à la surchauffe de l'enceinte par fusion du cœur à haute pression. N'oublions pas qu'en cas de défaillance du système de confinement, la quantité de produits de fusion rejetés peut être plus élevée qu'à Tchernobyl. Les nombreux problèmes et réserves cités par les scientifiques prouvent que l'industrie nucléaire fait encourir aux populations environnantes des risques inacceptables. (...) Avec les Bürgerinitiation allemands et suisses, nous demandons la non-remise en route du réacteur 1 de Fessenheim et nous nous déclarons prêts à poursuivre la lutte contre ce dernier bastion régional d'une industrie dangereuse et dépassée. Dernières Nouvelles d'Alsace, 24-9-89
Il serait bon de faire un recensement de tous ces incidents car les classer est fort intéressant mais ne donne pas de solution. p.9
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Mise au point Mettre en cause les participants allemands de la commission est donc un mauvais procès, et je suis entièrement solidaire de mes collègues allemands. Faut-il encore insister sur le fait que la «neutralité» d'une mission d'expertise est collective, qu'elle nécessite le pluralisme, entre ceux qui sont «pour» et ceux qui sont «contre», avec tous les intermédiaires? En France particulièrement, il n'y aura pas d'expertise neutre sans participation d'étrangers. Les réserves du Professeur Benecke sont d'autant plus justifiées que Monsieur Bonnet, directeur de la centrale de Fessenheim, semble bien parti pour ne tenir aucun compte des recommandations de la mission, d'après les comptes rendus de sa conférence de presse. Monsieur Bonnet ne retient que l'absence de «feu rouge» et oublie toutes les critiques. La politique de l'autruche d'EDF, et son absence de collaboration avec des experts indépendants, sont loin d'être une garantie quant à la manière de traiter les problèmes de sûreté. Si rien n'est fait d'ici un an ou deux pour tenir compte des résultats de l'expertise indépendante, nous seront fondés à demander l'arrêt immédiat du réacteur. Nous attendons d'ailleurs toujours des explications sérieuses et complètes sur les 5 semaines de retard pour le redémarrage, retard brusquement apparu à une semaine de la remise en route prévue mi-septembre. En ce qui concerne le «feu vert franc et massif» donné par Monsieur Auverlot au redémarrage du réacteur, faut-il remettre en mémoire le cas de Gravelines: son «feu vert franc et massif» avait laissé fonctionner le réacteur dans de très mauvaises conditions de sûreté pendant près d'un an, réacteur qui est toujours à l'arrêt depuis juillet dernier. En matière de sûreté, la prudence et la modestie s'imposent. J'ai participé à cette mission d'expertise en toute indépendance, sans chercher à «crédibiliser» quiconque, que ce soit EDF (ce que semble souhaiter Monsieur Haby), l'Etat, Monsieur Haby ou les associations écologistes. Mon seul souci est d'arriver à une coopération entre toutes les parties concernées pour améliorer la sûreté des réacteurs, parce que c'est l'intérêt de la population. Je peux témoigner que c'était le cas de TOUS les membres de la mission, allemands compris. (suite)
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Le Monde du 13/10/89, p.21 (Rhône-Alpes) La commission de surveillance des centrales nucléaires nomme trois experts indépendants Mr Pierre Schmitt, responsable du surgénérateur de Creys-Malville, a, de son côté, précisé les conditions de l'accident survenu le 1er octobre dans l'enceinte de sa centrale: un engin de levage, mis en place pour procéder à l'enlevement d'une passerelle, s'est décroché de ses attaches. Selon Mr Schmitt. l'engin d'une tonne, en chutant de 40 mètres, n'a qu'«éraflé le dôme de protection du réacteur, qui était à l'arrêt». La date prévisionnelle de redémarrage de Superphénix est toujours fixée pour le 3 février 1990 (Le Monde Rhône-Alpes du 29 septembre). Le nuage radioactif est hien passé Il a fallu attendre la réunion du comité de surveillance, le 10 octobre dernier, pour prendre connaissance de la radioactivité dans l'environnement de la centrale de Saint-Alban/Saint-Maurice. Le 5 mai 1986, les relevés effectués dans l'air, dans le lait et sur les vegétaux, montent en flèche, poussés par quelques doses supplémentaires de becquerel. Plus de doute aujourd'hui le nuage a bien remonté la vallée du Rhône. Plus de trois ans ont été nécessaires pour officialiser cette information... Commentaire:
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