La Gazette se porte
tout à fait bien. On manque un peu de rédacteurs mais on
a reçu plein de nouvelles de tous les côtés:
- à Auriat les écologistes "un peu vifs" ont été relaxés et les recherches-prospections se sont arrêtées. - à Uzès la mine qui devait s'ouvrir n'a pas été autorisée. Il aura fallu 3 ans mais l'association Vivre sans la mine d'uranium en Uzège a finalement obtenu gain de cause. Il faut dire que l'on ferme toutes les mines du Limousin, alors peurquoi en ouvrir ailleurs? - Le collectif d'Information et d'opposition à l'usine Melox, par contre, s'inquiète car l'usine se construit et rien ne se passe. Personne ne relaie leur combat. Et pourtant ce fameux combustible MOX pose toujours autant de problèmes. On continue une fuite en avant sans savoir ce qui va permettre de trouver des solutions. Le collectif est en procés mais la justice va si vite que, lorsque l'usine sera inaugurée, le dossier sera encore en gestation. Ce fameux combustible est loin d'être une simple récupération. C'est, comme toujours, une tentative pour obliger à plus de nucléaire sans avoir tenu compte des conséquences. - la CRII-Rad, quant à elle, continue à se bagarrer sur le front des déchets radioactifs avec une pétition à propos des seuils d'exemption, permettant de considérer qu'un déchet est ordinaire. Pour éviter que les décharges déjà malmenées avec la chimie ne soient, en plus, radioactives, rejoignez-les. Nous avons reçu quelques journaux fort intéressants: - Damoclès, tachez de le lire, si vous le trouvez, ils font d'excellentes analyses sur le militaire. - Info-uranium, un excellent dossier sur tous les sites de mines. Où en sont-ils? etc... à lire absolument. - Médecine et guerre nucléaire, journal de l'Association des Médecins Français pour la Prévention de la Guerre Nucléaire branche française de l'IPPNW, association de médecins "irrationnels" au sens du nouveau manifeste des scientifiques rationnels mais qui ont eu le prix Nobel de la Paix! |
- Stop-essais qui tente de faire
pression avec vous, nous, le maximum de personnes pour obtenir l'arrêt
des essais atomiques à Moruroa et une véritable discussion
sur la politique de Défense de la France.
- Finalement la contestation constructive se porte assez bien. Elle pourrait être mieux coordonnée, cela éviterait de faire des dossiers en double. On pourrait aussi avoir la mémoire de tout ce qui a conduit à des interrogations. Cela éviterait de se décourager et de baisser les bras. Mais tout compte fait il commence à être assez difficile de faire n'importe quoi. On prend plus de temps pour réfléchir et cela peut être bénéfique pour tout le monde. Un commentateur de Radio Luxembourg m'a fait bondir. Il parlait de l'écologie qui ne se soucie que des baleines et des éléphants. Il parlait du manifeste de Scientifiques et de Techniciens qui demandent que l'on permette le développement industriel des pays (je mets des majuscules pour les différencier des autres scientifiques qui, eex, simplement sont plus réalistes, mais irrationnels parce que se méfiant du cliché "La science est bonne"). Excellent mais a-t-on mesuré les effets pervers de cette industrialisation? Bhopal aux Indes, Golona au Brésil, les destructions au Mexique par des explosions de différentes natures, etc... Bien sûr les pays ont des problèmes d'eau, de famine et nous les exploitons sans vergogne. Mais qui fait croire que ce serait mieux s'ils avaient plus de voitures et plus d'usines? Les pays de l'Est ont fait ce développement sur un grand pied et maintenant, sur ce sixième des terres émergées, c'est la famine et la désolation. Alors? La mesure en tout est le plus sage et surtout n'imposons rien, essayons de discuter. C'est vrai que nous n'avons guère de conseil à donner car nous ne sommes pas des parangons de vertu. Mais que les pays qui ont soif de confort grattent la couche superficielle et ils verront les chômeurs, les ghettos noirs, tout cet univers de laissez-pour-compte qui accompagnent le développement des pays industrialisés. Il n'y a aucun altruisme dans les divers sommets sur le sort de la planète. Les grands trusts tiennent tout en main. Et, lorsque certaines de nos idées seront reprises avec trop d'enthousiasme par ces fameuses firmes, il nous faudra redoubler de vigilance, rester des "rouspéteurs impénitents" afin de pouvoir intervenir avant qu'il ne soit trop tard. p.1
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Une voix s'est tout de même
élevée pour tempérer ce grand élan de scientifiques
uniquement préoocupés par la Science, celle de Ségolène
Royal ministre de l'Environnement. Elle a dit "Evitons le piège
d'une polémique inutile. L'écologie n'a rien à gagner
à se priver de la science et la science de l'écologie. Il
faut renvoyer tous les intégrismes à leur chaumière"
Merci et bravo vous avez raison il y a suffisamment à faire. Oeuvrons chacun avec nos moyens et ne faisons de procès à personne. Finalement c'était la routine. Le nucléaire se faisait inspecter, les associations veillaient. On croyait que la raison avait enfin triomphé, sauf pour Melox et quelques autres points chauds. Au nom de la transparence et de la participation l'Office Parlementaire a alors organisé le 19 mai une audition sur le thème "redémarrage de Superphénix. Avenir de la filière rapide." Et tout a de nouveau basculé ou plus exactement tout est redevenu normal. Superphénix redevenait une merveille technologique, indispensable pour éviter le chômage des agents EDF, pour alimenter la région en subventions. Pourquoi ce battage, me direz-vous, sur un réacteur qui, en 6 ans, a été couplé au réseau tout au plus 308 jours et fourni environ 174 jours d'équivalent pleine puissance? Un record! Et on veut le redémarrer,sans que la sûreté soit assurée, uniquement parce qu'il a coûté cher (au bas mot 30 milliards) et que son maintien en arrêt provisoire, dans un état de sûreté suffisant coûte cher aussi (il lui faut l'équivalent de 10% de sa puissance nominale pour alimenter ses auxilialres et maintenir liquide, en le chauffant, le sodium). Alors, bien sûr il y a les partenaires étrangers qui veulent récupérer leur argent. Certes, mais qu'ils ne se leurrent pas, ils partageraient aussi les conséquences d'un accident. Et pourtant c'était bien cette séance, on faisait des risettes à tous les écolos qu'on voyait, enfin "plus écolo que moi tu meurs" fut le slogan de la journée. B. Thomas va encore rouspéter (avec humeur bien sûr) que les écolos ne sont jamais contents. Il est vrai que je n'arrive plus à faire confiance et ces éternelles parties de cache-tampon m'exaspèrent. On est toujours navré d'avoir plus que raison. On continue d'aller dans ces réunions, de peser les questions qu'en attend de nous, de faire notre prestation de clown, de contestataire officiel, institutionnel. Par parenthèse, comme les questions étaient par écrit, on ne risquait pas de surprendre. On pouvait juste être surpris du tri fait dans les questions et du raccourci saisissant des synthèses. (suite)
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suite:
Entin, pour en revenir à mon propos, Superphénix, vous avez intérêt à suivre le déroulement des choses, sinon il va repartir le 3 juillet et son (notre) avenir risque de ne pas aimer. Le nucléaire a sa propre logique qui échappe totalement au contrôle démocratique. Comme on nous reproche parfois de pas assez expliquer nos prises de position, on va refaire un peint bref sur la question. Superphénix et son petit frère Phénix sont les réacteurs qui, en France peuvent avoir en cas d'ébullition du sodium un coefficient de vide positif - prosaïquement ils peuvent exploser comme des bombes. D'accord, de mauvaises bombes, comme à Tchernobyl. Superphénix nous condamne au retraitement et pèse sur l'émergence d'une solution au problème des déchets. Superphénix est une erreur due à la mégalomanie de nos ingénieurs. Superphénix est, aujourd'hui le réacteur qui consomme plus qu'il ne fournit. Le mythe de la surgénération est toujours aussi vivace. Pourtant le seul bon sens devrait permettre de comprendre que ce réacteur est vraiment ce qu'on fait de mieux comme trompe l'oeil mais c'est comme tous les contes de fées, on y croit parce que ce serait tellement bien. Cette réunion était hallucinante. On nous a expliqué gravement que Superphénix était indispensable pour servir d'incinérateur du plutonium que l'on extrait à grand frais à la Hague. La simple logique est d'arrêter d'en extraire, donc de stocker en l'état les combustibles. On évitera les rejets et on se ménagera l'avenir. Bien sûr c'est trop simple parce que, ayant vendu la capacité de retraiter à des utilisateurs étrangers, on est obligé de continuer sinon il faut payer. Génial, c'est beau l'indépendance. On nous a surtout expliqué, dans une réunion où la première sentence des officiels était "La sûreté avant tout", que de toute facon on est bien obligé de continuer parce que la NERSA est un consortium qui a l'argent comme principale préoccupation. Normal. Cette Gazette est, aussi, consacrée aux problèmes des travailleurs. C'est pourquoi je vous signale que l'équivalent français du SCPRI, le NRPB vient de sortir une étude de mortalité menée sur 95.000 travailleurs. C'est la cohorte la plus importante jamais étudiée (travailleurs d'âge moyen 46 ans et ayant recu des doses faibles, en moyenne 33 milliSv au lieu des 100 admissibles). Les résultats sont crûment que le risque déduit des études Hiroshima-Nagasaki est sous-estimé. Le nombre de leucémies est significativement plus élevé (430%) que prévu. Le NRPB espère que d'autres études seront entreprises permettant de comparer et, surtout ils vont continuer l'analyse de la cohorte qui est jeune et où tous les cancers ne se sont pas exprimés. Nous en reparlerons dans une prochaine Gazette. Bonne lecture et continuez à nous écrire. p.2a
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