La G@zette Nucléaire sur le Net! 
N°119/120

COURRIER DES LECTEURS

      Courriers variés, nombreux, prouvant votre intérêt. Je ne publie pas tout mais quelques extraits particulièrement significatifs ou renforçant nos propos.
     Je voudrais souligner les reproches que nous a adressés Fatrick Lagadec. Reproches d'autant plus justifiés à son avis que l'analyse de La Gazette prise sans précaution peut conduire à une dérive néfaste.
     Tout de suite j'assure qu'il y a erreur. Ce n'est pas une attaque du travail effectué sur les risques majeurs, car ce travail apporte une contribution importante à la prise en compte des problêmes des risques technologiques et surtout de leur prévention.
     Certains peuvent estimer qu'accepter de participer à des réunions avec des officiels ou écrire pour eux est une façon de perdre son âme.
     Je répondrai que chacun amène sa pierre à l'edifice. Participationistes ou refusniks sont deux aspects d'un même combat, ce qui compte c'est que nos idées soient reprises, exploitées.
     Mais il est avant tout nécessaire que chacun se prenne en main, que personne n'imagine que les crises se gêrent facilement ou que c'est aux "autres" de faire le travail. Patrick Lagadec n'a jamais écrit autre chose. Il cherche simplement (exercice difficile s'il en est) à alerter les officiels ET le commun des mortels.
     Je suis sûre et je lui en donne acte que jamais dans sa position critique face aux risques technologiques il n'a voulu employer le mot "maîtrise" dans le sens cité par La Gazette. Par contre, je serai moins sûre que nos officiels ne l'emploient pas ainsi.
     La Gazette a cependant voulu que chacun se sente concerné par ce combat. Lagadec se bagarre bien seul sur un terrain décrié mais qui peut le déclarer inutile ou nocif?
     N'oublions pas que la maîtrise ça se gagne et que nous devons tous y participer.


A PROPOS DES "RÉFLEXIONS" PARUES DANS LE NUMÉRO D'AOUT 1992
QUELQUES RÉFLEXIONS DE PATRICK LAGADEC
     Les enjeux humains colossaux qui vont de pair avec la question des risques majeurs, des catastrophes et des crises exigent de chacun la plus grande rigueur éthique et scientifique dans les analyses, les choix et les écrits - qu'il s'agisse notamment de responsables ou de scientifiques.
     Pour les observateurs critiques - dont je suis - c'est une question d'autant plus difficile qu'elle est toujours ambivalente. Donner un point de vue, fournir une réflexion peut apporter davantage de sérieux, de responsabilité, de sécurité. Mais, bien évidemment, toute intervention peut toujours être détournée, dénaturée. Je n'ai cessé de le souligner, depuis 1977: la naïveté n'est pas de mise sur un tel sujet. Améliorer les capacités de gestion post-catastrophe peut toujours avoir pour effet pervers de diminuer l'attention à la prévention; la prévention améliorée peut toujours conduire à des prises de risques injustifiables; mieux communiquer peut toujours amener à une société ne reposant que sur de la manipulation médiatique... Mais là encore, ambivalence: ne rien faire de peur de détournement peut conduire aussi, assez sûrement d'ailleurs, à de terribles bilans.
     Ou bien on accepte d'assumer cette contradiction, avec tous ses inconforts. Ou bien on se réfugie dans le simplisme: soit on fait du rafistolage à tous les étages (ce à quoi je me suis toujours refusé); soit on refuse toute intervention, au nom d'une pureté absolue - au risque de laisser se développer des océans d'incompétence et d'irresponsabilité, qui se traduiront par des drames sans bornes (je m'y refuse tout autant).
     J'ai vu, sur place, les résultats de la catastrophe de Mexico, en 1984. L'irresponsabilité, doublée d'une incapacité dans la gestion de l'urgence: c'est tout simplement monstrueux. J'ai vu, en simulation, 5.000 blessés devenir 5.000 morts faute de communication entre services. Cela m'a convaincu, depuis des années, de la nécessité absolue, pour les victimes potentielles au tout premier chef, d'une action résolue sur ces questions. Et notamment, comme je l'ai fait dans mon dernier ouvrage, avec les victimes elles-mêmes.
     C'est là que me vient une certaine surprise en lisant le texte de la page 17 de la dernière parution de la Gazette, revue de scientifiques soucieux d'Information.
     Je regrette que le sérieux, sur un sujet aussi grave, ait laissé la place à un simple jeu de mots. Un jeu qui dénature l'esprit de mon travail depuis 15 ans: comme si les valeurs au coeur de cette lutte pour la sécurité et la sauvegarde du plus grand nombre était animée par la volonté de soumission, d'asservissement, d'enchaînement! Un jeu malhonnête: comment passer à côté, dans ces lignes du petit Robert, de l'expression du dictionnaire: "Maîtriser un incendie, un fléau", qui correspond exactement à l'emploi du terme que j'ai fait dans l'article cité. Une dérive verbale qui étonne dans une revue écrite par des scientifique. Une dérive, de surcroît, non signée. Dénaturation, procès sur le mode sarcastique particulièrement déplacé.
     Question: quelle sera l'étape suivante? La démocratie s'accommode mal de telles pratiques, porteuses d'attaques dépassant le simple jeu verbal.
     Et si l'analyse est que l'on ne doit plus s'embarrasser ni de rigueur, ni de respect des personnes, alors que le scientifique non-signataire ait le courage d'aller droit au but: il prône le pire pour faire tout éclater, quel qu'en soit le coût social et humain. Supprimons les équipes de sécurité, supprimons les corps de sauveteurs... et attendons que ça saute (au besoin pourquoi d'ailleurs ne pas avancer le terme?) pour avoir raison. En toute rigueur scientifique? En toute rigueur morale?
 
 
p.27

EN DIRECT DE CONDETTE

1-IFA 2000
     C'est quoi direz-vous? La fameuse station de conversion sise à Bonningues les Calais qui devait assurer des échanges (vous avez bien lu) de courant (électrique) avec nos chers partenaires anglais.
     D'une part"... Depuis 6 ans le courant passe entre la France et l'Angleterre mais à sens unique. Et le renouvellement du contrat n'est pas assuré..."
     D'autre part "... cette liaison permet l'excédent d'électricité dû à la surcapacité du parc... Comme l'a reconnu M. Jean Zask, contrôleur général à EDF, une erreur d'estimation fut commise en 1975..." (extrait de la Voix du Nord).
     Vous pourriez imaginer que l'on en tire des enseignements:
"... Depuis 1983 les exportations d'électricité n'ont cessé de croitre pour atteindre 68.500 GWh soit 14 % de la production française... Si les capacités transfrontalières peuvent être augmentées, EDF pourra exporter 800.000 GWh à l'horizon 2000..."Et vers où?
     Les ex-pays du satellite soviétique ET l'Afrique du Nord.
     Malgré un programme de câbles sous-marins (liaison Tunisie-Egypte-Jordanie) etc... "L'avenir d'EDF se situe en France".
     Le parc nucléaire a été ralenti mais le programme est d'environ "une tranche par an ou deux tranches tous les trois ans."
     Le journaliste parle du rêve de M. Delaporte (président d'EDF). L'inconvénient c'est que ce "rêve" devient celui de la France.
     Mon correspondant précise: "Pendant des années on a dit et écrit que cette installation allait permettre des échanges d'électricité entre les 2 pays et maintenant non seulement c'est à sens unique mais on veut intensifier l'exportation."
     Et ajoute: "L'ambition des dirigeants français en matière de nucléaire est de plus en plus folle et sans limites (une fois les frontières supprimées on pourra construire en France de nombreux réacteurs que l'on ne pourra qualifier d'inutiles puisqu'ils seront EUROPEENS)".
     Mais les déchets et effluents seront pour l'hexagone rappelle La Gazette.

2 - Les Journaux médicaux
     A force de vivre de pub pharmaceutiques et autres ingrédients de ce genre ces journaux acceptent tous les articles payants et, bien sûr EDF s'offre des pages. Si vous vous essayez, le prix vous en dissuadera aisément. Comme dit mon correspondant: "la "vérité" officielle est omniprésente dans les publications médicales (ne nous étonnons pas d'avoir un corps médical aussi silencieux sur les dangers du nucléaire en France)".
     Le Concours médical publie une étude sur le problème des faibles doses où beaucoup d'articles sont signés EDF. Il n'est pas sain de laisser la parole à un seul interlocuteur. Il n'est pas sain non plus de justifier la production d'énergie à partir des centrales nucléaires en affirmant: "... Faut-il rappeler que la filière nucléaire est, de toutes les sources d'énergie, celle qui a provoqué le moins d'accidents et de loin."
     Quant à"... l'information dépassionnée, claire, adaptée, seule susceptible d'éviter les réactions de panique injustifiées et génératrices d'affolement." Soyons clair la population ne peut être qu'inculte.
     Actualités psychiatriques reprend, sous la plume d'EDF la notion de rumeurs.
     Cette façon de traiter les "poseurs de questions" comme des empêcheurs de tourner en rond a été mise à la mode par E. Parker, ex-ingénieur CEA et parano comme il n'est pas possible, un Le Pen du nucléaire. On lit par exemple : "... Les mouvements écologiques proposent d'utiliser le bois, le soleil, le vent, l'énergie marée motrice, mais souvent leurs positions ne sont que la résultante d'une pensée magique déraisonnable...".

suite:
     Actualités Psychiatriques a trouvé judicieux de faire un tour d'horizon sur le nucléaire avec EDF. Du coup on a droit "au grand programme français" "inévitable"; "La France n'a pas le choix" et l'incontournable couplet sur les coûts. Puis on envient à Tchernobyl, incontournable aussi mais ne-peut-pas-être-envisagé-en-France. Drôle mais sans plus.
     Détailler l'ensemble serait reprendre les bétisiers: je n'arrive pas à comprendre pourquoi il n'y a aucun changement dans ce discours stéréotypé. On met tout juste transparence partout. Rien ne parvient à faire que ces officiels ou semi-officiels prennent en compte la réalité. Curieux cet aveuglement
     Mon correspondant ajoute : "Tous ces articles sont tendancieux".

APRES GÉOFIX, VOILÀ GÉORAD

     Après Géofix, voilà un Géorad à Cararache. Allez donc lire le dossier d'enquête publique à St Paul lez Durance. Il s'agit de construire un "bâtiment d'entreposage de résidus radifères". Ces aimables "résidus d'extraction de terres rares", en français ça s'appelle des déchets radioactifs, en cadarachien ce sont des déchets "très faiblement radioactifs"...
     Evidemment mille milliards de becquerels de radium, qu'est-ce donc? Pas de quoi s'en faire, puisque pour les habitants proches ça ne fera, nous dit-on, QUE 16 % de rayonnement gamma en prime. Merci pour ce "très faible" cadeau!
     En plus, le généreux industriel qui nous l'offre, par camions, promet qu'il viendra le reprendre, ce stock de déchets, d'ici 1999. Par camions encore.
     Les trente deux mille fûts de 250 kg doivent venir de La Rochelle, où l'usine Rhône-Poulenc oeuvre, nous dit le dossier, pour "le progrès, le confort des individus, et la protection de l'environnement", non sans produire tous les jours quelques dizaines de fûts de déchets radioactifs, pardon, de résidus d'extraction de terres rares. Jusqu'en avril 91, tout ça allait simplement à La Hague, dans la Manche, jusqu'à ce que là-bas ça déborde de partout. Le site de Soulaines dans l'Aube n'en veut pas. Mais Cadarache en veut bien!
     En veux-tu, en voilà: 8.000 tonnes de radium, d'uranium, de
thorium, de thallium, etc.
     Mais peut-être vous direz-vous que, puisqu'il y a enquête publique, notre avis de citoyens pourrait repousser ce projet, et que nous pourrions choisir les radis plutôt que le radium? C'est bien ça la démocratie, la consultation des citoyens...
     Et bien non, allez lire le dossier, dans lequel on nous demande notre avis. Vous y apprendrez que c'est déjà fait: les camions ont déjà commencé à livrer leurs lots de 80 fûts depuis un an et demi! Et maintenant on fait une enquête, les mains dans les poches, et les fûts dans le bois, pour ré-gu-la-ri-ser.
     Bien sûr, tout ça n'est pas dangereux, d'ailleurs on se demande bien pourquoi les chauffeurs des camions doivent être protégés par un écran spécial, puisque nous, le bon peuple, on n'en aura pas, d'écran... Et puis de toute façon il y a si peu de raisons de s'en faire: les Cadarachiens ont tout prévu: vous pouvez renverser les camions ou écraser les bâtiments complètement, vous pouvez éventrer les fûts, pas de problème. Il suffit de revenir avec d'autres fûts et de prendre une pelle, il paraît que c'est facile à pelleter...
     La suite de cette histoire est en mairie de St Paul-lez-Durance jusqu'au 3 octobre (de 14h30 à 17h30). Puisqu'on nous demande notre avis... Renseignements CRII-RAD 04, 04270 Le Poil (92.35.51.70).

Jean-François WEIL
p.28

ON AVAIT PRIS TOUTES LES PRÉCAUTIONS

     Dès qutil s'agit de la res publica, de la vie politique , la plupart des raisonnements deviennent des syllogismes, du genre très connu: "Un cheval bon marché est rare; un cheval rare est cher; donc un cheval bon marché est cher!" Et, la plupart du temps, les discours fondés sur de tels systèmes semblent inattaquables, parce que cohérents et logiques... formellement. L'erreur est ailleurs, l'erreur est antérieure, et c'est donc à la base de l'édifice qu'il faut chercher la faille.
     L'Histoire le prouve, et il n'est que trop facile de le démontrer. Sans aller chercher jusqu'au slogan éculé de "liberté des peuples", peuples qui n'ont même pas le droit de quitter leur "paradis" natal, qui leur est devenu "asile" (psychiatrique!)... Prenons un dernier exemple, une petite phrase qui changea le cours des événements en France et en Algérie: "Je vous ai compris !". Oui, bien sûr. Mais de Gaulle possédait parfaitement sa langue maternelle, et comprendre ne signifie pas admettre. Là était l'erreur... des auditeurs!
     Il en est de même à l'échelle atomique: parlons un peu de l'installation, aux portes de nos cités, de centrales nucléaires, dont la nécessité reste à prouver. Mais chaque "expert" pontifie, et un chorus d'experts nous submerge de déclarations tranquillisantes, toutes très logiques en apparence, et probablement fort bien rémunérées.
     Mais QUI est expert en la matière? Personne, je vais le démontrer. Et les responsables, dont la période est heureusement inférieure à celle des métaux radioactifs (1.620 ans pour le radium sauf erreur), resteront vraiment responsables. Pour l'éternité.
     Car tous ces apprentis sorciers n'oublient qu'une chose: que même le plus grand expert en radiologie n'est pas un expert en béton, et c'est en béton que seront construites les enceintes des centrales; l'expert en béton n'est pas au courant de l'influence des radiations dures sur l'imperméabilité du béton; et même pris ensemble, ces deux experts ignorent les problèmes particuliers posés par le transport des matériaux ou résidus radioactifs; et l'expert en transport ignore tout des problèmès géologiques du stockage; et le géologue n'est pas un hydrologue; et l'hydrologue n'est pas un physicien; et le physicien n'est pas un expert encontre-terrorisme; et j'en passe...

Et si...
     Chacun de ces experts n'a donc qu'une vision fragmentaire des problèmes.
normal" des centrales. Mais l'important, c'est de savoir ce qui survient en cas de mauvais 
     Et si...

suite:
     Car tout le monde est d'accord sur un fait: toute installation, fût-ce une fabrique de chlore ou de dynamite, n'est pas dangereuse lorsque tout va bien. Mais le vrai problème, celui que nos doctes "experts" esquivent, c'est celui de la nature réelle et de l'étendue exacte des dégâts en cas d'incident ou d'accident. L'an dernier, une immense fabrique de produits chimiques a explosé puis complètement brûlé en Angleterre. Interrogé par la presse, le directeur de cette fabrique a eu une excuse absolument merveilleuse à invoquer; il a déclaré, très innocemment: "Nous avions pourtant pris plus de précautions que dans une centrale nucléaire !".
     Et tout le reste n'est que publicité clandestine ou parti pris inconscient.
Michel MIREVAL

ECOLOGIE ENERGIE SURVIE
REGRETS À RIO 92

     La grande Messe écologique de Rio est finie mais si bien des choses ont avancées il a été souligné au Forum par toutes les associations écologistes et indigènes que des questions fondamentales ont été soigneusement évitées au Sommet ainsi que d'autres importantes qui laissent peser des menaces sur tous les projets écologistes:
     - une réglementation internationale des pratiques des sociétés commerciales multinationales n'a pas été abordée!;
     - la corruption qui fait partie intégrante du jeu politique international et fausse l'application des lois et règlements internationaux et nationaux hypocritement ignorée!;
     - que les territoires "vierges peu exploités ou peuplés d'indigènes, de gens de couleur, de population autour du seuil de pauvreté reçoivent toutes les industries polluantes: usines chimiques, industries nucléaires, incinérateurs de déchets, dépôts d'ordures, les sous-bois des forêts peu protégés ainsi que les cours d'eau servent de décharges sauvages dans tous les pays du monde oubliés!;
     - du fait de l'inéquitabilité des ressources les paysans pauvres qui sont obligés de se chauffer ou d'utiliser pour la cuisson le bois sont en butte à de nombreuses difficultés lorsqu'une politique autoritaire leur défend cette utilisation sans apporter de solution alternative accessible à leurs faibles moyens, ce ne fut pas un sujet convenable!;
     - les changements climatiques ont une influence souvent néfaste sur la restauration des zones forestières provisoirement exploitées, sur la diffusion de maladies pour lesquelles des populations sont mal armées, à peine abordés et seulement par Madame Veil;
     - le problème fondamental de la dispersion des nucléides, causes d'importants bouleversements écologiques, a été entièrement écarté;
     - les modifications apportées au champ électromagnétique terrestre par l'industrie et la distribution énergétique, électrique et pétrolière ignorées;
     - enfin aucun procès n'a été fait pour que les règles du commerce international soient en accord avec la protection de l'environnement.
     - A ceci s'ajoute la position des Etats-Unis en matière de pollution atmosphérique, celle de la France en matière d'énergie nucléaire, celle des pays qui actuellement font un usage immodéré d'énergie, les politiques d'usage àoutrance des gisements fossiles.

p.29

     Toute la biosphère est actuellement sauvagcment agressée; par exemple Il y a des menaces incroyables sur les forêts tropicales et sur ses occupants. Un rapport récent de la CNUED montre qu'il existe un lien direct entre la culture et la transformation du coca, du cannabis ou du pavot et la destruction massive de forêts tropicales. Cette industrie avec 400 milliards de chiffre d'affaire annuel se situe juste derrière l'armement, on voit mal comment elle sera maîtrisée. Notons qu'après elle vient le commerce illicite des espèces animales dont le chiffre d'affaires est estimé à 10 milliards de dollars. L'industrie miii-taire reste cependant la pire des choses pour l'environnement avec plus de 100000 substances toxiques expulsées dans les airs et les eaux destinées à contaminer l'air et reaji et les forêts vierges. Depuis 1945, il a été effectué plus de 1 900 essais d'armes atomiques d'un total supérieur à 40000 fois la bombe de référence d'Hiroshima par les cinq membres du conseil de sécurité ~SA, URSS, Francç, Grande-Bretagne, Chine et de plus les nouveaux venus comme l'Afrique du Sud, l'Inde, 15-ra~). A la 4~ session des Nations Unies, un projet de déclaration fut discuté à New York, il contenait un article 22 qui considérait comme crime de guerre toute atteinte massive àl'environnement et proposait de détruire toutes les armes de destruction massive, seules la Chine et les Nations du groupe des 77 l'appuyèrent, les autres Nations s'y sont opposées.
     Depuis que l'homme s'est industrialisé, il a dévasté des régions entières toujours suivant le même processus : création de villes, déforestation, exploitations agricoles, drainage et irrigation, creusement de puits de plus en plus profonds et épuisement ou empoisonnement des nappes phréatiques ; épuisement des terres avec latérisation ou disparition de l'humus lessivé par l'eau et le vent et tous les déserts gardent la trace de ces agressiont en Afrique, en Asie, en Amérique latine. Aujourd'hui, ce cycle qui autrefois demandait des centaines d'années s'accomplit en quelques décennies.
Le monde méritèrait une meilleure gestion, tout est dominé par des politiciens qui veuleùt faire carrière et des affairistes qui veulent investir l'argent des autres dans des projets fabuleux qu'ils savent pour la plupart voués à l'échec, l'histoire de ses dirigeants ne les prédisposent pas à avoir une autre conception de leurs rapports avec la biosphère, ce sont pour la plupart des prédateurs cupides sous un vernis policé de gens aimables, courtois et bien éduqués, venus à la conférence de Rio la bouche en coeur dire de forts jolies phrases sur l'écologie et l'éco-développement alors qu'aucune de leurs pratiques n'est en accord avec leurs belles paroles.
G. FERONEDELA SELVA


Ecologie Energie Survie, BP 17, Bourré, 41400 Montrichard (EES dispose d'affiches, autocollants, livres... consultables ou photocopiables à Bourré).

suite:
SAINT-AUBIN (suite)
DÉCHARGE DE BAILLEAU ARMENOUVILLE
COMITÉ DE DÉFENSE
Madame Chaffin-Gaillardon

     Cette affaire de 1.730 tonnes de boues radioactives déposées en 1989 sur la décharge de Bailleau Armenouville n'est pas terminée. Notre Assemblée Générale de décembre 1991 a demandé au Comité de poursuivre l'enquête. En voici les éléments à ce jour:
     1. Il y a infraction à l'arrêté préfectoral du 21 avril 1976. Ces boues ne sont pas assimilables à des déchets de type banal. Tant du point de vue chimique que bactériologique, elle n'auraient pas dû être mises à Bailleau.
     2. Radioactivité: la radioactivité équivalente totale de 35 millions de becquerel, soit 0,95 millicuries à cause d'une erreur de calcul doit être multipliée par 3, ce qui donne 2,85 millicuries. Le chiffre réglementaire est une millicurie.
     3. D'un point de vue chimique, ces matières bien spécifiques sont des boues des ouvrages de traitement des eaux usées urbaines. Elles sont réglementées par le décret de 1980 et reprises dans la norme NF 44-041 de 1985. Elles contiennent des métaux lourds, de l'azote organique. Cet azote par minéralisation donne du nitrate soluble. 50 tonnes au total sur 2.000 m2. Pour mieux comprendre, il faut savoir qu'il est conseillé pour un épandage un maximum de 18 tonnes de boues pour 10.000 m2. Nous en avons 1.730 tonnes sur 2.000 m2, soit 500 fois plus.
     4. Bactériologie: l'arrêté de 1976 exclut tous déchets présentant un risque bactériologique. Aucune analyse n'a été faite.
     5. L'eau: personne ne parle de la nappe phréatique qui, d'après Mr l'hydrogéologue agréé par la préfecture, passe au droit (l'aplomb) de la décharge et dont l'eau alimente quatre communes. Quand tous ces produits descendrons dans la nappe, c'est inéluctable, la santé publique sera menacée et comment s'approvisionnera-t-on ? La rivière Voise polluée, plus de pêcheurs.
     Notre affaire touche un petit coin, en 1992 nous n'avons pas le droit de laisser polluer une nappe phréatique. Aussi, notre Comité prépare un recours devant le Tribunal Administratif aidé en cela par notre fédération France Nature Environnement et sa filiale Nature Centre à Orléans. Nous sommes déterminés à poursuivre tant que ces boues n'auront pas été enlevées.
     Contact: Madame Chaffin-Gaillardon.

Commentaire Gazette: L'Association de défense a fait un procès contre les boues radioactives en provenance de Saint-Aubin et a perdu, comme d' habitude. Par contre elle s'est alors aperçue à cette occasion que la chimie des boues était aussi un problême. Elle est repartie à l'attaque. Ces boues viennent du site de Saint-Aubin et, en l'absence de réglementation, n'auraient pas dû le quitter pour être transférées sur une décharge sans surveillance. Depuis 6 mois on a placé quelques détecteurs, tout en soutenant que la décharge était inoffensive. On aurait mieux fait de vérifier avant ce qu' on faisait!!

p.30

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