Courriers variés,
nombreux, prouvant votre intérêt. Je ne publie pas tout mais
quelques extraits particulièrement significatifs ou renforçant
nos propos.
Je voudrais souligner les
reproches que nous a adressés Fatrick Lagadec. Reproches d'autant
plus justifiés à son avis que l'analyse de La Gazette
prise sans précaution peut conduire à une dérive néfaste.
Tout de suite j'assure qu'il
y a erreur. Ce n'est pas une attaque du travail effectué sur les
risques majeurs, car ce travail apporte une contribution importante à
la prise en compte des problêmes des risques technologiques et surtout
de leur prévention.
Certains peuvent estimer
qu'accepter de participer à des réunions avec des officiels
ou écrire pour eux est une façon de perdre son âme.
Je répondrai que chacun
amène sa pierre à l'edifice. Participationistes ou refusniks
sont deux aspects d'un même combat, ce qui compte c'est que nos idées
soient reprises, exploitées.
Mais il est avant tout nécessaire
que chacun se prenne en main, que personne n'imagine que les crises se
gêrent facilement ou que c'est aux "autres" de faire le travail.
Patrick Lagadec n'a jamais écrit autre chose. Il cherche simplement
(exercice difficile s'il en est) à alerter les officiels ET le commun
des mortels.
Je suis sûre et je
lui en donne acte que jamais dans sa position critique face aux risques
technologiques il n'a voulu employer le mot "maîtrise" dans le sens
cité par La Gazette. Par contre, je serai moins sûre
que nos officiels ne l'emploient pas ainsi.
La Gazette a cependant
voulu que chacun se sente concerné par ce combat. Lagadec se bagarre
bien seul sur un terrain décrié mais qui peut le déclarer
inutile ou nocif?
N'oublions pas que la maîtrise
ça se gagne et que nous devons tous y participer.
Les enjeux humains colossaux qui
vont de pair avec la question des risques majeurs, des catastrophes et
des crises exigent de chacun la plus grande rigueur éthique et scientifique
dans les analyses, les choix et les écrits - qu'il s'agisse notamment
de responsables ou de scientifiques.
Pour les observateurs critiques - dont je suis - c'est une question d'autant plus difficile qu'elle est toujours ambivalente. Donner un point de vue, fournir une réflexion peut apporter davantage de sérieux, de responsabilité, de sécurité. Mais, bien évidemment, toute intervention peut toujours être détournée, dénaturée. Je n'ai cessé de le souligner, depuis 1977: la naïveté n'est pas de mise sur un tel sujet. Améliorer les capacités de gestion post-catastrophe peut toujours avoir pour effet pervers de diminuer l'attention à la prévention; la prévention améliorée peut toujours conduire à des prises de risques injustifiables; mieux communiquer peut toujours amener à une société ne reposant que sur de la manipulation médiatique... Mais là encore, ambivalence: ne rien faire de peur de détournement peut conduire aussi, assez sûrement d'ailleurs, à de terribles bilans. Ou bien on accepte d'assumer cette contradiction, avec tous ses inconforts. Ou bien on se réfugie dans le simplisme: soit on fait du rafistolage à tous les étages (ce à quoi je me suis toujours refusé); soit on refuse toute intervention, au nom d'une pureté absolue - au risque de laisser se développer des océans d'incompétence et d'irresponsabilité, qui se traduiront par des drames sans bornes (je m'y refuse tout autant). J'ai vu, sur place, les résultats de la catastrophe de Mexico, en 1984. L'irresponsabilité, doublée d'une incapacité dans la gestion de l'urgence: c'est tout simplement monstrueux. J'ai vu, en simulation, 5.000 blessés devenir 5.000 morts faute de communication entre services. Cela m'a convaincu, depuis des années, de la nécessité absolue, pour les victimes potentielles au tout premier chef, d'une action résolue sur ces questions. Et notamment, comme je l'ai fait dans mon dernier ouvrage, avec les victimes elles-mêmes. |
C'est là que me vient une certaine
surprise en lisant le texte de la page
17 de la dernière parution de la Gazette, revue de
scientifiques soucieux d'Information.
Je regrette que le sérieux, sur un sujet aussi grave, ait laissé la place à un simple jeu de mots. Un jeu qui dénature l'esprit de mon travail depuis 15 ans: comme si les valeurs au coeur de cette lutte pour la sécurité et la sauvegarde du plus grand nombre était animée par la volonté de soumission, d'asservissement, d'enchaînement! Un jeu malhonnête: comment passer à côté, dans ces lignes du petit Robert, de l'expression du dictionnaire: "Maîtriser un incendie, un fléau", qui correspond exactement à l'emploi du terme que j'ai fait dans l'article cité. Une dérive verbale qui étonne dans une revue écrite par des scientifique. Une dérive, de surcroît, non signée. Dénaturation, procès sur le mode sarcastique particulièrement déplacé. Question: quelle sera l'étape suivante? La démocratie s'accommode mal de telles pratiques, porteuses d'attaques dépassant le simple jeu verbal. Et si l'analyse est que l'on ne doit plus s'embarrasser ni de rigueur, ni de respect des personnes, alors que le scientifique non-signataire ait le courage d'aller droit au but: il prône le pire pour faire tout éclater, quel qu'en soit le coût social et humain. Supprimons les équipes de sécurité, supprimons les corps de sauveteurs... et attendons que ça saute (au besoin pourquoi d'ailleurs ne pas avancer le terme?) pour avoir raison. En toute rigueur scientifique? En toute rigueur morale? p.27
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1-IFA 2000
2 - Les Journaux médicaux
(suite)
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suite:
Actualités Psychiatriques a trouvé judicieux de faire un tour d'horizon sur le nucléaire avec EDF. Du coup on a droit "au grand programme français" "inévitable"; "La France n'a pas le choix" et l'incontournable couplet sur les coûts. Puis on envient à Tchernobyl, incontournable aussi mais ne-peut-pas-être-envisagé-en-France. Drôle mais sans plus. Détailler l'ensemble serait reprendre les bétisiers: je n'arrive pas à comprendre pourquoi il n'y a aucun changement dans ce discours stéréotypé. On met tout juste transparence partout. Rien ne parvient à faire que ces officiels ou semi-officiels prennent en compte la réalité. Curieux cet aveuglement Mon correspondant ajoute : "Tous ces articles sont tendancieux". Après Géofix, voilà un
Géorad à Cararache. Allez donc lire le dossier d'enquête
publique à St Paul lez Durance. Il s'agit de construire un "bâtiment
d'entreposage de résidus radifères". Ces aimables "résidus
d'extraction de terres rares", en français ça s'appelle des
déchets radioactifs, en cadarachien ce sont des déchets "très
faiblement radioactifs"...
Jean-François WEIL
p.28
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Dès qutil s'agit de la res publica,
de la vie politique , la plupart des raisonnements deviennent des
syllogismes, du genre très connu: "Un cheval bon marché est
rare; un cheval rare est cher; donc un cheval bon marché est cher!"
Et, la plupart du temps, les discours fondés sur de tels systèmes
semblent inattaquables, parce que cohérents et logiques... formellement.
L'erreur est ailleurs, l'erreur est antérieure, et c'est
donc à la base de l'édifice qu'il faut chercher la faille.
Et si...
(suite)
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Car tout le monde est d'accord sur un fait: toute installation, fût-ce une fabrique de chlore ou de dynamite, n'est pas dangereuse lorsque tout va bien. Mais le vrai problème, celui que nos doctes "experts" esquivent, c'est celui de la nature réelle et de l'étendue exacte des dégâts en cas d'incident ou d'accident. L'an dernier, une immense fabrique de produits chimiques a explosé puis complètement brûlé en Angleterre. Interrogé par la presse, le directeur de cette fabrique a eu une excuse absolument merveilleuse à invoquer; il a déclaré, très innocemment: "Nous avions pourtant pris plus de précautions que dans une centrale nucléaire !". Et tout le reste n'est que publicité clandestine ou parti pris inconscient. Michel MIREVAL
REGRETS À RIO 92 La grande Messe écologique de Rio est
finie mais si bien des choses ont avancées il a été
souligné au Forum par toutes les associations écologistes
et indigènes que des questions fondamentales ont été
soigneusement évitées au Sommet ainsi que d'autres importantes
qui laissent peser des menaces sur tous les projets écologistes:
p.29
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Toute la biosphère est
actuellement sauvagcment agressée; par exemple Il y a des menaces
incroyables sur les forêts tropicales et sur ses occupants. Un rapport
récent de la CNUED montre qu'il existe un lien direct entre la culture
et la transformation du coca, du cannabis ou du pavot et la destruction
massive de forêts tropicales. Cette industrie avec 400 milliards
de chiffre d'affaire annuel se situe juste derrière l'armement,
on voit mal comment elle sera maîtrisée. Notons qu'après
elle vient le commerce illicite des espèces animales dont le chiffre
d'affaires est estimé à 10 milliards de dollars. L'industrie
miii-taire reste cependant la pire des choses pour l'environnement avec
plus de 100000 substances toxiques expulsées dans les airs et les
eaux destinées à contaminer l'air et reaji et les forêts
vierges. Depuis 1945, il a été effectué plus de 1
900 essais d'armes atomiques d'un total supérieur à 40000
fois la bombe de référence d'Hiroshima par les cinq membres
du conseil de sécurité ~SA, URSS, Francç, Grande-Bretagne,
Chine et de plus les nouveaux venus comme l'Afrique du Sud, l'Inde, 15-ra~).
A la 4~ session des Nations Unies, un projet de déclaration fut
discuté à New York, il contenait un article 22 qui considérait
comme crime de guerre toute atteinte massive àl'environnement et
proposait de détruire toutes les armes de destruction massive, seules
la Chine et les Nations du groupe des 77 l'appuyèrent, les autres
Nations s'y sont opposées.
Depuis que l'homme s'est industrialisé, il a dévasté des régions entières toujours suivant le même processus : création de villes, déforestation, exploitations agricoles, drainage et irrigation, creusement de puits de plus en plus profonds et épuisement ou empoisonnement des nappes phréatiques ; épuisement des terres avec latérisation ou disparition de l'humus lessivé par l'eau et le vent et tous les déserts gardent la trace de ces agressiont en Afrique, en Asie, en Amérique latine. Aujourd'hui, ce cycle qui autrefois demandait des centaines d'années s'accomplit en quelques décennies. Le monde méritèrait une meilleure gestion, tout est dominé par des politiciens qui veuleùt faire carrière et des affairistes qui veulent investir l'argent des autres dans des projets fabuleux qu'ils savent pour la plupart voués à l'échec, l'histoire de ses dirigeants ne les prédisposent pas à avoir une autre conception de leurs rapports avec la biosphère, ce sont pour la plupart des prédateurs cupides sous un vernis policé de gens aimables, courtois et bien éduqués, venus à la conférence de Rio la bouche en coeur dire de forts jolies phrases sur l'écologie et l'éco-développement alors qu'aucune de leurs pratiques n'est en accord avec leurs belles paroles. G. FERONEDELA SELVA
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DÉCHARGE DE BAILLEAU ARMENOUVILLE COMITÉ DE DÉFENSE Madame Chaffin-Gaillardon Cette affaire de 1.730 tonnes de boues radioactives
déposées en 1989 sur la décharge de Bailleau Armenouville
n'est pas terminée. Notre Assemblée Générale
de décembre 1991 a demandé au Comité de poursuivre
l'enquête. En voici les éléments à ce jour:
Commentaire Gazette: L'Association de défense a fait un procès contre les boues radioactives en provenance de Saint-Aubin et a perdu, comme d' habitude. Par contre elle s'est alors aperçue à cette occasion que la chimie des boues était aussi un problême. Elle est repartie à l'attaque. Ces boues viennent du site de Saint-Aubin et, en l'absence de réglementation, n'auraient pas dû le quitter pour être transférées sur une décharge sans surveillance. Depuis 6 mois on a placé quelques détecteurs, tout en soutenant que la décharge était inoffensive. On aurait mieux fait de vérifier avant ce qu' on faisait!! p.30
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