La G@zette Nucléaire sur le Net!
N°155/156 janvier 1997

LES 20 ANS DE LA GAZETTE
ou NUCLÉAIRE QUAND TU NOUS TIENS...
Editorial / SOMMAIRE

TOUS LES VOEUX de la GAZETTE et des rédacteurs à NOS FIDELES LECTEURS.
    Je relisais des papiers sur le CARNET et je constate que d'enquête en déclarations la centrale vit toujours. La ministre de l'Environnement a, une fois de plus, perdu dans les arbitrages. EDF peut commencer ses travaux sans savoir ce qu'elle va implanter et surtout, sans tenir compte des pétitions, des rassemblements.
    Quant aux laboratoires, les voilà partis aussi. Du moins pour celui dans le granite (préfecture de la.Vienne et de la Charente) il a été lancé le 9 janvier1997 l'enquête qui débutera en février. Je n'ai pas vu ceux de la Meuse-Haute Marne et du Gard mais... A part le fait que les autres sites sont des sites argile, les enquêtes pourraient suivre. Mais le C.E.A. était compétent on granite, pas trop en argile. Tournemire (LEMI/IPSN) n'est pas très enthousiasmant, il y a encore du travail. Citons le rapport d'activité de l'IPSN, page 25:
    «Les premières études ont montré que les fissures constituent la seule possibilité pratique de transport. Leur contenu sera analysé en vue d'une interprétation par des modèles couplés chimie-transport. En effet, à part la reconnaissance directe par forage, aucune méthode ne peut garantir qu'une fissure conductrice ne passe pas à proximité d'un stockage. Même si un maillage suffisamment fin rendait la chose possible, de nouvelles fissurations conductrices pourraient en tout état de cause se former, soit sous l'effet de phénomènes naturels (tectoniques et séisme), soit sous l'effet du chauffage par les déchets.
    Les fissures dans les argiles profondes s'expliquent par la dureté et le caractère cassant de ces matériaux. Il semble bien que leur colmatage naturel soit suffisant pour que la circulation d'eau reste insignifiante mais des zones d'ombre subsistent dans ce domaine. Il convient donc de développer les moyens de compréhension et de prévision de la formation et du colmatage des fissures».
    Et page 26 nous apprenons que les études sur le réacteur naturel d'Oklo se terminent:
    «Deux périodes principales de migration de radionucléides ont été identifiées; celle correspondant au fonctionnement des réacteurs et celle pendant laquelle s'est produit un événement majeur du bassin - intrusion du dyke de dolérite (piton en lave qui se délite au cours des millénaires) - responsable d'une migration massive du plomb radiogénique et d'oxydes métalliques» et plus loin en conclusion:
    «Enfin, il est apparu que la zone de réaction profonde d'Okélobondo (400 m) présentait probablement, dans l'ensemble des zones étudiées, les conditions les plus proches d'un stockage de déchets en profondeur».
    Je persiste à affirmer qu'il est prématuré de se lancer dans les grands labos, futurs sites de stockage. Par contre il faut étudier les différents terrains et les différentes options à l'aide de la méthode IPSN : les Laboratoires d'Études Méthodologiques et Instrumentales ou LEMI. Cette méthode permet de faire des expériences qui permeffent de tester les modèles et d'avancer sur la connaissance des problèmes de stockage.
    ANDRA veut faire un forcing que rien et surtout pas la loi de 1991 impose.
    Le stockage des déchets comme la sûreté ne supportent pas l'à-peu-près et la précipitation. On doit être vigilant, toujours attentif mais les gros «coups» médiatiques pour faire «semblants» sont bien plus nocifs que l'on pense. De même le suivi des populations autour de tous les sites serait salutaire et permettrait de se faire une idée sur l'impact du nucléaire mais aussi sur celui des autres industries. Pourquoi cet effroi à faire les études?

    Il a fallu des années pour obtenir le registre du secteur Hague, il a seulement 2 ans et c'est dommage. En effet les officiels du nucléaire se livrent à une surenchère invraisemblable à propos du texte du Pr Viel. Je dis et répète avec conviction que les antinucléaires, ce sont ces gens irrationnels et soi-disant responsables qui ne lisent pas les textes mais diffusent leurs convictions sans ménagement.
    A ce propos dans le rapport TURPIN, dans un élan vengeur, il est demandé la mise en place de tels registres autour des sites et c'est même demandé pour la Hague. Ceci prouve que la commission n'a pas assez écouté la CSPI mais ce n'est pas grave car ceci prouve aussi son indépendance. Par contre je refais de la pub au registre du Cotentin, il existe et d'ici 10 ans ses données seront exploitables, dommage de ne pas avoir institué le registre en 1966 mais l'époque n'y était pas propice et il a fallu du temps et 2 accidents pour arriver à un petit résultat.
    Que la polémique actuelle soit l'occasion de démarrer de tels registres montrera qu'enfin, on comprend ce qu'est la prévention et une politique de santé. Car polluer n'est pas difficile, dépolluer est impossible. Quant à rendre la santé aux personnes touchées par une pollution chimique (usines ou pesticides) ou une pollution radioactive c'est quasi impossible et de toute façon coûte plus cher que de ne pas contaminer sur le long terme, évidemment!!
    Une toute dernière nouvelle de mon informateur préféré (J. Pignero): le MCX est en enquête. A partir du 14 février une enquête est lancée pour «introduire et utiliser du combustible enrichi en oxyde de plutonium dans les réacteurs des tranches B 1 à B4 du centre de production nucléaire d'Avoine». Comme quoi, quoi qu'on dise quoi qu'on fasse tout se continue et pourtant il y a une commission pour faire l'étude de ce MCX. Les conclusions sont donc déjà écrites?
    Quant au CARNET sera-t-il pourvu d'un thermique classique (charbon ou fuel) ou de ce fameux réacteur européen (2 000 MWé). Nous sommes et resterons la presqu'île nucléaire de l'Europe. Mais je le dis et le répète : tous les Européens ont intérêt à nous aider à avoir une sûreté à la hauteur et donc à nous aider à limiter et même abandonner le nucléaire plutôt qu'à ne penser qu'à eux. Les nuages ne respectent pas les frontières, qu'on se le dise!!!
    La DSIN, aidée par un physicien allemand, relance les feux de sodium. Monju fait peur à tout le monde. En effet les modélisations dont les équipes étaient si fières pour expliquer les feux ne s'appliquent pas à Monju. Il faut tout repenser, tout reprendre. Alors et si à SPX ça ne marchait pas non plus...
Il semble que les travaux à Saint Priest la Prugne ne vont finalement pas se faire à la vitesse que voulait Cogéma. Des assurances ont été données qu'une étude complémentaire serait menée et qu'on y regarderait à 2 fois avant de reprendre des déchets aussi peu faciles à manier. Il semble que la mobilisation argumentée paie parfois.
    On peut regretter que ce ne soit pas le cas pour les labos ou pour le Carnet. En effet pour les uns c'est plus que prématuré de les commencer et pour le Carnet cette centrale va juste servir à faire plus d'exportation mais ne va pas nous servir (on la paiera ça c'est sûr). Si on fait du nucléaire (Europeen Pressured Reactor -EPR- 2 000 MWé) ce sera pour satisfaire le consortium européen du nucléaire. Si on fait du classique ce sera pour qu'EdF ne perde pas un site où elle a croché ses dents comme un pitt-bull.

Voici la première Gazette de l'année, bonne lecture à tous

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BONNE ANNÉE 1997.


SOMMAIRE:
EDITO
DISPARITION DE VINCENT COUTROT, Ingénieur au CEA
Communiqué GSIEN sur l'étude du Pr. VIEL
En direct des sites:
Meuse, Poitou-Charentes, Nucléaire au Carnet: les alternatives, La Hague
Variétés-2 / Exemple de notice pour l'utilisation de comprimés d'iode
Dossier MOX:
Centre de stockage Manche / Résidus des mines (rapport Biraux commenté par INFO-Uranium)
Dossier Sûreté:
- Anomalies sur les grappes de commande, Dégradation des tirants de puits de cuve, Fissuration des protections thermiques des pompes primaires, Rupture de tube de GV à Tihange, procédure relative aux projets de la boratoires souterrains, Situation du réacteur Phénix, Commentaires du GSIEN

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