L'Europe de l'ouest touchée par une gigantesque
panne d'électricité, proche du black out
http://www.lemonde.fr
avec AFP et Reuters | 05.11.06 | 08h08
Quelque cinq millions de Français ont
été privés d'électricité samedi soir
4 novembre, lors d'une gigantesque panne qui a affecté toute l'Europe
de l'ouest à la suite d'une importante défaillance en Allemagne,
faisant passer le continent à deux doigts d'un 'black out' total.
Il s'agirait de l'incident le plus grave sur le réseau français
depuis les années 1970, selon Maurice Marion, secrétaire
général de la fédération mines-énergie
de la CGT. Le Réseau de transport d'électricité français
RTE, filiale d'EDF, a indiqué qu'environ 10% de la population française
a été plongée dans le noir pendant près d'une
heure, et a été "progressivement réalimentée
entre 22 h 30 et 23 heures".
La panne a débuté vers 22 heures
dans le centre et l'est de Paris avant de s'étendre à l'ouest
de la capitale. Les standards téléphoniques des services
de secours ont été pris d'assaut au point que les pompiers
de Paris ont dû lancer un appel à la population en demandant
de ne plus les appeler. De nombreux foyers du Rhône, de la Loire,
de l'Ain, de la Saône-et-Loire et de l'Isère étaient
sans électricité. Selon les services de secours, 14 départements
aux alentours de Lyon étaient concernés. Des habitants ont
aussi fait état de coupures dans le nord de la France, en Normandie
- notamment dans l'agglomération de Caen - ainsi qu'en Bretagne,
Rennes compris. La Bourgogne et la Franche Comté ont aussi été
touchées un temps. "Une dizaine de TGV ont été
affectés dans le nord et le centre de la France et ont pris entre
30 minutes et une heure de retard", a indiqué la SNCF, tandis
qu'Aéroports de Paris indiquait que le trafic aérien n'était
pas affecté. Selon la direction générale de la police
nationale , "aucun incident majeur n'a été signalé".
"Des coupures similaires ont eu lieu dans
tous les pays d'Europe de l'ouest", à cause d'un phénomène
de "château de cartes" a expliqué un membre du directoire
de RTE, Pierre Bornard. "Le 4 novembre à 22 h 13 des incidents
particulièrement importants ont affectés le réseau
de transport d'électricité allemand", a déclaré
le Réseau, évoquant un "déficit brutal d'énergie
électrique", alors que l'Allemagne traverse une période
de froid intense.
DÉSÉQUILIBRE GÉNÉRAL DE PRODUCTION EN
EUROPE
Un des grands groupe privés de fourniture
d'énergie en Allemagne, RWE, a confirmé: c'est la brutale
chute de température - le thermomètre est descendu à
0 degrés, voire moins - qui a entraîné "une surchauffe"
du réseau allemand. D'après M. Bornard, deux lignes à
très haute tension (400.000 volts) auraient connu des problèmes.
En Allemagne, plusieurs centaines de milliers d'habitants de Rhénanie-du-Nord-Westphalie,
notamment dans la région de Cologne (ouest), ont été
touchés. En Italie, des pannes d'électricité de grande
ampleur ont affecté plusieurs régions, a indiqué l'agence
italienne Ansa.
"On est passé pas très loin
d'un 'black out' européen", a déclaré M. Bornard.
La défaillance allemande a provoqué un déséquilibre
général de production en Europe. Pour rétablir l'équilibre
et afin d'éviter un 'black out' complet, "des systèmes
de sécurité automatiques coupent brutalement" une partie
de la consommation, car "c'est le seul moyen pour éviter un effondrement
complet". "Tout s'est déroulé en quelques secondes",
a-t-il ajouté: 5.200 Mégawatts sur les 56.000 consommés
à cet instant ont ainsi été "immédiatement
interrompus". Maurice Marion précisait que ce système
de "délestage" est prévu pour épargner les
coupures dans les lieux jugés prioritaires, tels que les hôpitaux
et les industries.
La sécurité électrique
en Europe s'est dégradée depuis plusieurs années à
mesure que la consommation augmentait et que les investissements de production
d'électricité ne suivaient pas. Régulièrement,
pendant les périodes de froid intense ou de grosse chaleur, l'approvisionnement
en électricité est menacé dans différents pays
européens, forçant les fournisseurs à prendre des
mesures exceptionnelles. Samedi soir, "il y avait suffisamment de capacité
de production en Europe", selon M. Bornard, et la France exportait
de l'électricité. Mais dans le système européen
interconnecté, "tout le monde est solidaire, c'est une seule
machine", a-t-il expliqué.
Les précédentes grandes pannes d'électricité
en France et en Europe
http://www.lemonde.fr
avec AFP | 05.11.06 | 08h09
En France, le 19 décembre 1978
au matin, une grande partie du pays est brutalement privée de courant:
la défaillance d'un câble électrique à très
haute tension (400.000 volts) reliant Nancy à Troyes a entraîné
la chute en cascade de l'ensemble du réseau reliant Paris à
l'est du pays. A l'origine de cette panne, un excès de la demande
à une heure de pointe et dans une période sensible, en raison
du froid et des fêtes de fin d'année.
Fin décembre 1999, quelque 3,6
millions de foyers sont dans le noir après que le pays ait été
balayé par deux tempêtes sans précédent. Les
équipes d'EDF, aidées par de nombreuses entreprises étrangères,
mettront plusieurs jours à rétablir le courant pour l'ensemble
des foyers.
En mars 2005, plus de 200.000 personnes
sont privées d'électricité en Corse en raison d'un
hiver rigoureux et de la vétusté de ses centrales thermiques.L'île
avait subi pendant trois semaines des coupures sans précédent.
En Italie, le 24 août 1994, tout
le sud du pays est plongé dans l'obscurité durant plusieurs
heures.
Le 28 septembre 2003, c'est une panne
géante qui touche toute l'Italie (sauf la Sardaigne) et une partie
de la ville de Genève. La quasi totalité des 57 millions
d'habitants de la Péninsule est privée de courant, durant
une vingtaine d'heures dans certaines régions.
Au Luxembourg, le 2 septembre 2004,
une coupure de courant touche près d'un million de personnes pendant
plus de 30 minutes.
En Grèce, le 5 novembre 1993,
Athènes et sa région sont totalement privées d'électricité.
Après six mois de sécheresse, de faibles pluies avaient transformé
en boue la poussière accumulée sur les pylônes électriques.
voir ici pour une autre présentation de précédents
=>
L'Europe plongée dans
le noir: retour sur une panne d'électricité record
http://www.futura-sciences.com/
Vous êtes-vous retrouvés samedi
soir, comme des millions de personnes, en train de rechercher vos bougies
à tâtons dans le noir? Si oui, c'est que vous avez été
victimes d'une des plus grandes pannes d'électricité généralisées
qu'ait connu l'Europe.
En France, de nombreux foyers du Rhône,
de la Loire, de l'Ain, de la Saône-et-Loire et de l'Isère
ont été privés d'électricité dès
22h13, avant que la panne s'étende vers le Nord de la France, la
Normandie, l'agglomération de Caen, la Bretagne (dont Rennes). La
Bourgogne et la Franche-Comté ont été aussi concernées,
ainsi que 14 départements autour de Lyon. En Belgique, la totalité
du pays a été touchée par endroits, excepté
Bruxelles, complètement épargnée.
Mais cette panne a eu des répercussions
dans toute l'Europe de l'Ouest, se propageant sous l'effet "château
de cartes", déclare Pierre Bornard, un des membres du directoire
de RTE (Réseau de transport d'électricité), filiale
d'EDF. Au total, on estime qu'environ 10 millions d'Européens ont
été concernés par l'absence d'électricité.
Si les raisons précises de la panne
ne sont pas encore certifiées, l'origine, elle, est bien établie:
l'Allemagne. RWE, un des plus grands groupes de fourniture d'énergie
du pays, confirme cette hypothèse. Selon M. Bornard, porte-parole
du groupe, une défaillance a entraîné un déséquilibre
brutal de production en Europe. Afin de rétablir celui-ci, des systèmes
de sécurité entièrement automatisés ont interrompu
une partie de la distribution en vue d'éviter un effondrement complet.
"Tout s'est déroulé en une poignée de secondes"
ajoute-t-il, précisant que 5.200 Mégawatts sur les 56.000
injectés à ce moment sur le réseau avaient été
coupés.
Le château de cartes
Pourquoi une défaillance en Allemagne
peut-elle entraîner des répercussions sur les réseaux
européens? La réponse est simple: C'est la faute à
"l'internationale électrique européenne", c'est-à-dire
l'interdépendance des réseaux de distribution depuis le Maghreb
jusqu'à la Pologne.
Ce système a été conçu
à l'origine pour permettre à un pays d'acheter de l'électricité
à un voisin pour faire face à une consommation inattendue.
Mais il a un revers: en cas de défaillance nationale importante,
toute la toile ainsi tissée en subit les conséquences. C'est
alors à chaque pays concerné de mettre en place son propre
plan d'urgence.
|
suite:
Les raisons de la panne
Reste à déterminer la cause
exacte de l'incident. Selon la RWE, les coupures en cascade auraient été
provoquées par l'arrêt d'une ligne à très haute
tension enjambant la rivière Ems, dans le nord-ouest de l'Allemagne,
afin de permettre le passage en toute sécurité d'un bateau
de croisière norvégien. Cette rupture a provoqué un
arrêt d'approvisionnement automatique afin d'éviter que les
réseaux voisins ne tentent de compenser inutilement un secteur déjà
isolé, mais dans le système européen interconnecté,
celui-ci a également stoppé l'approvisionnement en énergie
des pays voisins.
Afin d'éviter une surchauffe provoquée
par cet important déficit, ce qui aurait risqué d'entraîner
un effondrement complet des réseaux, les systèmes de sécurité
de plusieurs pays ont stoppé la distribution dans de nombreuses
régions, conformément aux plans d'urgence établis.
Rien qu'en France, le délestage a concerné un peu plus de
5.000 Mégawatts, soit l'équivalent de cinq tranches nucléaires.
Mais si cette cause est confirmée,
rien n'explique pourquoi cet arrêt d'une ligne à haute tension
a entraîné une telle défaillance générale,
alors qu'il avait été prévu et programmé et
planifié de longue date. Et là, c'est l'hypothèse
d'un faisceau de circonstances que nous devons soulever.
Trois facteurs ont joué, semble-t-il.
Selon certaines expertises, la coupure programmée de la ligne à
très haute tension, mais aussi l’importante demande liée
aux premiers froids et la production redoublée d’éoliennes
qui ont entraîné une surcharge sur une ligne de transport
d’électricité.
Le mécanisme de la panne
Pour cela, tournons-nous vers le réseau
d'Elia, gestionnaire du réseau à haute tension belge, qui
constitue aussi un maillon essentiel entre la France, le plus grand exportateur
d’électricité d’Europe, et les marchés nord-européens.
Selon un rapport publié le 6 novembre, les flux d'électricité
imprévus entraînés par l'arrêt d'approvisionnement
de l'Allemagne sur le réseau interconnecté européen
ont provoqué des surcharges en cascade entraînant la mise
hors service d'un grand nombre de lignes électriques. Ce réseau
s'est trouvé coupé en deux à 22h13, avec une ligne
de séparation allant de la Mer du Nord à l'Adriatique. Les
deux parties du réseau européen ont alors connu un brutal
déséquilibre entre production et consommation d’électricité.
La partie orientale (à savoir la majeure
partie de l’Allemagne, la Pologne, une partie de l’Autriche et les pays
d’Europe Centrale) s’est trouvée en situation de surplus de production,
tandis que la partie ouest, dont le Benelux, une partie de l’Allemagne,
la France, la Suisse, l’Italie, l’Espagne et le Portugal, se trouvait au
contraire confrontée à un important déficit de production,
la consommation étant très largement supérieure à
la production présente dans cette partie du réseau européen.
Or pour le bon fonctionnement du réseau
électrique, il faut en permanence un équilibre entre production
et consommation. Le déséquilibre apparu suite à la
scission du réseau européen devait dès lors être
corrigé dans les secondes suivant son apparition pour éviter
un effondrement complet du système électrique européen
(« black-out »). Celui-ci peut être rétabli par
les gestionnaires de réseau européens de deux façons
: en augmentant la production et/ou en réduisant la consommation.
Pour cela, le plan de délestage vise
à déterminer les zones et secteurs où l’on va prioritairement
couper le courant en cas de problème. En gros, on commence par la
clientèle industrielle et on poursuit par les zones rurales, ceci
afin d’épargner les villes qui renferment les hôpitaux, les
ministères, où il y a de nombreux feux de signalisation.
Les conséquences
Même si la panne a pu être corrigée
en moins d'une demi-heure, le courant, coupé vers 22h00 ayant été
rétabli partout entre 22h30 et 23h00, de nombreuses questions restent
posées quant à la fiabilité du système européen
interconnecté. Car force est de constater que si la France a été
particulièrement touchée par ces coupures en cascade, le
pays se trouvait pourtant en état de surproduction au moment de
l'incident, et exportait notamment en direction de la Belgique et du Royaume-Uni.
Dimanche matin, André Merlin, président
de la RTE, plaidait en faveur de la mise en place d'un "Centre européen
de coordination de transport d'électricité". Le chef
du gouvernement italien, Romano Prodi, estimait qu'il est absolument contradictoire
d'avoir de nombreuses connections européennes sans disposer d'une
autorité unique, et réclame une autorité commune européenne.
Enfin, selon la fédération CGT de l'énergie, cet incident
"démontre la fragilité du système électrique
européen qui conduit à une dépendance de la France".
La solution à ce type de panne demeure
vraisemblablement dans une politique commune de la gestion d'énergie
faisant autorité entre les divers partenaires européens et
leurs institutions. Mais le risque zéro n'existe pas, et il faut
bien constater que cet incident n'est pas un cas isolé au niveau
européen, ni mondial.
Les précédents
En décembre 1999, 3,6 millions
de foyers français sont plongés dans le noir suite à
deux terribles tempêtes qui ravagent l'Hexagone. Plusieurs jours
seront nécessaires pour rétablir la situation.
Le 28 novembre 2003, une panne d'une
vingtaine d'heures affecte toute l'Italie.
Le 2 septembre 2004, le Grand-duché
de Luxembourg se retrouve sans électricité durant 30 minutes.
Le 22 juin 2005, la totalité
du réseau ferroviaire suisse est paralysé durant plusieurs
heures par une panne générale de courant.
Mais la panne la
plus spectaculaire a probablement eu lieu en août 2003
dans le nord des Etats-Unis et le sud du Canada, privant d'électricité
plus de 50 millions de personnes durant deux journées interminables.
A New York et Ottawa, la police fait alors
état de nombreuses scènes de pillage, enregistrant morts
et blessés. La panne provoque des mouvements de masse des gens quittant
leurs lieux de travail et ne trouvant ni métros ni trains en état
de fonctionner. Les télécommunications, les secteurs bancaires
et financiers sont au point mort et d'importants stocks alimentaires, notamment
laitiers, devront être détruits. Mais ce qui s'avèrera
plus tard être une véritable catastrophe économique
aura eu au moins un point positif: suite à l'arrêt des centrales,
le niveau de pollution avait fléchi pour ces deux journées
de -90% pour le dioxyde de soufre et -50% pour l'ozone.
Un tel scénario catastrophe est-il
possible chez nous? Suivant le réseau d'Elia, il n'y a évidemment
pas de risque zéro mais les événements de samedi dernier
ont démontré qu'au niveau européen, les mécanismes
correcteurs ont bien fonctionné. Mais, suivant un porte-parole,
"je ne suis pas sûr qu'il en aurait été de même
aux Etats-Unis où le réseau est vétuste".
Panne
du 4 novembre : ''Les éoliennes n'y sont pour rien !''
http://www.j3e.com
Dans un communiqué, le Syndicat des
énergies renouvelables précise que les éoliennes n'ont
aucune responsabilité dans la panne d'électricité
qu'a connue l'Europe de l'Ouest samedi 4 novembre.
Le rôle des éoliennes allemandes
a été évoqué dans la panne d’électricité
qui a touché l’Europe de l’ouest samedi soir dernier. La production
éolienne aurait congestionné le réseau allemand, faute
d’être capable de se moduler en fonction de la demande… Les professionnels
de la filière française regroupés au sein du SER (Syndicat
des énergies renouvelables) tiennent à expliquer en quoi
les éoliennes ne sont en rien responsables de cette panne…
Le ministère de l’Économie de
Rhénanie du Nord-Westphalie a expliqué, dès dimanche,
avant même une enquête préliminaire, que la part de
l’énergie en provenance des éoliennes avait été
augmentée samedi soir sans que celle des autres sources d’énergie
ne soit suffisamment réduite.
Or, le parc éolien allemand, dont la
puissance atteint, fin 2006, plus de 18.000 MW, fonctionnait samedi soir
à 30% de sa puissance maximale, compte tenu des conditions météorologiques,
et ne pouvait, en aucun cas, congestionner le réseau.
Les éoliennes ont été
également accusées d’être à l’origine d’une
erreur dans l’ajustement de l’alimentation en électricité
entre l’énergie éolienne et les autres sources de production
en Allemagne.
Après une première enquête,
les autorités allemandes constatent que la production du parc éolien
allemand était, à ce moment-là, conforme aux prévisions.
En effet, la production éolienne est parfaitement prévisible
à 24 heures et laisse aux gestionnaires de réseau les capacités
de gérer au mieux leur courbe de charge.
En outre, l’électricité de source
éolienne se gère de manière très souple, au
même titre qu’une centrale thermique. Une panne plus importante aurait
pu se produire si la production électrique de l’Allemagne n’avait
été réduite rapidement, grâce notamment au découplage
d’une partie de la production éolienne: un parc éolien peut,
en effet, être découplé instantanément du réseau.
Loin d’avoir concouru à la panne,
la production éolienne a contribué au rétablissement
d’une situation normale de production d’électricité. |