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La renaissance du nucléaire promet d'être
difficile, souligne un rapport présenté aujourd'hui devant
les parlementaires européens à Strasbourg et réalisé
pour le groupe des Verts (1). Premier constat: le nucléaire fait
pour l'instant du surplace. Sur la période 2004-2007, le nucléaire
a représenté à peine 1,5% des capacités électriques
supplémentaires installées dans le monde.
Dans cette conjoncture, les opérateurs
nucléaires ont-ils raison d'annoncer des jours meilleurs? En passant
en revue les diverses prospectives disponibles, Mycle Schneider et Antony
Frogatt, deux consultants connus pour leur défiance à l'égard
du nucléaire, constatent que les taux de croissance envisagés
vont de 415 gigawatts (GW) installés en 2030 pour le scénario
le plus pessimiste à 833 GW pour le plus optimiste.
Sachant qu'il faudrait remplacer 250 réacteurs
d'ici à 2050, sur la base d'une durée de vie de 40 ans par
réacteur, ils jugent ces scénarios optimistes. Pour atteindre
700 GW en 2030, l'industrie nucléaire devrait retrouver pendant
des décennies le rythme de croissance des années 1980. A
cette époque, un réacteur nucléaire était mis
en route tous les 17 jours dans le monde. Impossible aujourd'hui, soulignent
les auteurs en relevant les obstacles financiers, les problèmes
d'acceptation du public et surtout le manque de plus en plus grave de personnel
et de formation.
Et de citer Art Stall, en charge de la division
nucléaire de la société électrique Florida
Power & Light, dont 40% des effectifs dans les centrales nucléaires
vont arriver à la retraite et qu'il ne parvient pas à remplacer.
Chez EDF, en France, 40% des équipes des centrales seront à
la retraite d'ici à 2015. Depuis l'an passé, EDF comme Areva
font des efforts énormes pour embaucher des ingénieurs, mais
la tâche est ardue. Seuls 50 diplômés sortent chaque
année de l'Institut des sciences nucléaires et techniques!
Menace pour la sûreté
Aux Etats-Unis, 65 universités dispensaient
des programmes pour former des ingénieurs nucléaires dans
les années 1980. Aujourd'hui, elles ne sont plus que 29. En Europe,
au Royaume-Uni, il n'existe plus aucun cours nucléaire au niveau
de la licence, et en Allemagne, les sciences nucléaires ne sont
plus enseignées que dans 10 universités, contre 22 en 2000.
Le directeur de l'Institut de sûreté nucléaire allemand
parle d'ailleurs d'une réelle menace pour la sûreté
des installations nucléaires.
Dans l'industrie, le nombre de bureaux d'études
et de sous-traitants a lui aussi fondu depuis les années 1980. «En
conclusion, une relance du nucléaire sera tout sauf simple et donc,
d'ici à 2030, l'apport de l'industrie nucléaire dans la lutte
contre le réchauffement climatique sera négligeable»,
conclut Mycle Schneider. |
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Le nucléaire a le vent en poupe au sein
de l'Union européenne. Voilà une énergie dont la production,
en ces temps de réchauffement climatique, a l'avantage suprême
de ne pratiquement pas émettre de dioxyde de carbone dans l'atmosphère
(?!?).
De quoi la rendre attractive, malgré ses tonnes de déchets
radioactifs qui restent dangereux pendant des milliers d'années.
"Pour diminuer les émissions de
CO2, assurer la sécurité de l'approvisionnement
et fournir des prix compétitifs, il faut maintenir une contribution
significative du nucléaire dans le bouquet énergétique"
, estime ainsi l'eurodéputé conservateur espagnol Alejo Vidal-Quadras.
Avec la socialiste hongroise Edit Herczog,
le vice-président du Parlement porte une déclaration en ce
sens, signée par 53 eurodéputés (dont le Belge Philippe
Busquin) et soutenue par le patronat européen, le secteur électrique
et la fédération internationale des consommateurs industriels
d'énergie.
"Beaucoup sont convaincus qu'il faut relancer
l'énergie nucléaire, j'en suis ahurie" , soupire pour
sa part la verte allemande Rebecca Harms. D'autant que, dans les faits,
le nucléaire vit plus un déclin qu'une renaissance.Les
439 centrales en service sur Terre ne fournissent que "16%
de l'électricité, 6% de l'énergie primaire commerciale
et 2 à 3% de la demande finale d'énergie dans le monde"
, indique Mycle Schneider, auteur d'un rapport sur "l'état des
lieux 2007 de l'industrie nucléaire dans le monde", rendu public
mercredi à Bruxelles.
"La tendance mondiale est à la baisse
et le risque va en augmentant" , assène-t-il. L'un des problèmes
majeurs, selon lui, concerne "le manque cruel d'experts, pour la construction
de nouvelles centrales et surtout le déclassement des anciennes"
. Le manque en ingénieurs spécialisés se révèle
particulièrement "catastrophique" au Royaume-Uni. "Les jeunes
s'intéressent aux énergies renouvelables plus qu'au nucléaire"
, explique l'expert, proche des Verts européens
"Sans vision"
L'avenir ne se révèle pas propice
au nucléaire, poursuit-il.
Les Etats, qui composent aujourd'hui l'Union, comptent
146 réacteurs en exploitation en 2007, alors qu'ils en avaient 177
en 1989. Trois réacteurs sont pour le moment en construction dans
l'Union - deux en Bulgarie et un en Finlande - sur les 32 en cours d'élaboration
dans le monde, mais ces chiffres sont à relativiser: 10 sont en
construction depuis au moins 20 ans - la centrale iranienne de Bouchehr
attend par exemple sa mise en service depuis 1975.
"A moins que la durée de vie des
centrales dépasse les 40 ans - elle est en moyenne de 23 ans aujourd'hui
-, le nombre de réacteurs ne peut que décliner vu leur durée
de planification, de construction et de mise en service" , conclut
donc M. Schneider. "Une industrie sans vision pour le lendemain est
morte." Mais c'est sur elle que misent beaucoup d'Européens. |