EDITORIAL / SOMMAIRE
L'été 1977 aura
été marqué, en France, par l'importance que les «mass-media»
auront dû accorder à la «question nucléaire»;
journaux, radio et même télévision ont plusieurs fois
mis le nucléaire à la une. Rappelons:
- le débat politique sur le nucléaire militaire et, en corollaire, sur le nucléaire civil; - le dégagement accidentel d'hexofluore d'uranium à Pierrelatte; - les diverses manifestations de l'été, les événements tragiques de Creys Malville et l'escalade de la violence contre les installations et locaux EDF; - les déclarations du ministre allemand de la Recherche sur la possibilité d'un moratoire en Allemagne; - les informations sur l'éventualité d'une explosion nucléaire «pacifique» en Afrique du Sud; etc. Il devient de plus en plus difficile de masquer que les interrogations ne sont pas uniquement techniques, mais qu'elles portent inévitablement aussi sur: - la politique énergétique: l'énergie, pour quoi faire, pour quelle croissance? - la forme de la société de demain par toutes les implications sociales industrielles, écologiques, etc. - l'économie internationale car l'industrie nucléaire est une industrie complexe et coûteuse pour laquelle les investissements ne peuvent être réalisés et amortis dans un seul pays. Eurodif et Superphénix sont construits par des consortiums internationaux, chaque pays essaie de vendre sa filière à l'étranger car le marché national est toujours trop petit. - l'imbrication obligatoire entre nucléaire civil et militaire (voir Gazette numéro 7). |
Toute tentative pour essayer d'écarter
ces points du débat ne pourra que conduire à l'enlisement
puis à l'affrontement. La dimension du problème et ses implications
à moyen et long termes sont essentiellement politiques et il ne
s'agit pas seulement d'échanger «vérités
scientifiques, contre-vérités scientifiques entre EDF et
écologistes autour des sites», mais bien au contraire
d'avoir une réflexion sur le possible et le souhaitable, l'acceptable
et l'inacceptable, le monde d'aujourd'hui et celui de demain. Ne doit-on
pas s'inquiéter de la constatation faite par M. Dragoljub Nalman,
sous-directeur de l'UNESCO(1):
«L'écrasante majorité des projets de recherche (95%) est encore exécutée actuellement dans les 25 pays économiquement les plus avancés, sans parler de ce que peut être leur politique scientifique. Lorsqu'on examine les domaines d'études auxquels ont été affectés dans les plus puissants de ces pays les plus gros crédits, on découvre en premier lieu des objectifs militaires* ou des programmes à vaste échelle associant des buts de prestige à la poursuite de la puissance industrielle (énergie nucléaire*, conquête de l'espace) et, en second lieu, des buts économiques (informatique, électronique, aéronautique». Avec ses moyens, la Gazette Nucléaire fera son possible pour poser les questions de fond et nous essaierons, au cours de cette deuxième année d'aborder le problème des énergies alternatives avec les voies de recherche à explorer. Nous tenterons également d'analyser la crédibilité économique. Ce numéro aborde certains aspects biologiques liés au développement de l'énergie nucléaire; nous verrons que beaucoup d'inconnues subsistent faute de recul dans le temps. Faudra-t.il, comme pour certaines pollutions chimiques, découvrir les problèmes bien plus tard? N'est-il pas frappant d'avoir fallu attendre l'ère du «tout nucléaire» pour que soient mieux connues les conséquences biologiques du «tout pétrole»? p.1
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