Faut-il dire la vérité au patient?
On répète assez volontiers que chaque action comporte des risques et que l'industrie nucléaire, comme toutes les autres, a les siens. Certes. Mais encore faut-il les connaître, tenter d'apprécier le bilan avantages/inconvénients autrement que d'une façon purement économique. La connaissance des risques est le début de la sagesse, dit-on, et dans beaucoup de domaines on insiste sur l'importance qu'il y a à bien connaitre les dangers afin de mieux les éviter: navigation, alpinisme, etc. Et bien, en ce qui concerne l'effet des radiations sur la matière vivante, certains responsables ne sont pas de cet avis et ce, alors qu'il y a en plus une différence importante entre un risque accepté individuellement et le fait de subir une menace plus ou moins ignorée et dissimulée sur laquelle le contrôle individuel ne peut s'exercer. Il est ainsi curieux et étonnant de constater que certains pensent que dans ces conditions, il vaut mieux cacher la vérité au malade dans son propre intérêt. Par exemple, le Docteur Delplat, récemment encore président du comité de radioprotection d'EDF, déclara: «Bien que sa civilisation mette à l'abri de bien des risques, le seul être à savoir qu'inéluctablement un jour, il mourra, a peur. Plus ou moins consciemment, avec plus ou moins d'intensité, il redoute de souffrir, de souffrir dans sa chair et, plus encore, sans doute dans celle de ses enfants. Alors, lui présenter l'industrie nucléaire comme susceptible d'augmenter, même de façon imperceptible, le risque de mourir de cancer ou de naître malformé, pourrait bien fixer son angoisse sur cette industrie, et la rendre redoutable, exécrable. Les difficultés de l'information sur un sujet aussi délicat en raison sans doute de son imprégnation émotionnelle, ont mis l'accent d'une façon regrettable sur les dangers théoriques.» (Risques pour les personnes. M. Delpia, 5, Vignes, 6. Wolber dans Méditerranée Médical, numéro 98, avril 1976/4, Spécial Nucléaire). Le bulletin du CEA, Inter-Info n°3 (février 1977) va plus loin et explique pourquoi l'information est impossible dans le domaine qui nous concerne, dans cette Gazette: «Le temps des charlatans En effet, l'homme de la rue se sent humilié par le niveau élevé des connaissances de son informateur et cette frustration face au spécialiste se traduit par un sentiment de secret non partagé, et le secret ne peut être innocent... Une information qui ne répond pas exactement à une interrogation d'inquiétude ne l'annule pas, et toute information annexe nécessaire ou non à la compréhension du problème va susciter une nouvelle interrogation. (suite)
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Ainsi, l'inquiétude demeure, s'amplifie, et l'excès d'information peut conduire l'individu à basculer dans l'opposition déclarée... C'est en poursuivant aveuglément le mythe d'une information objective et pluraliste qu 'on a, parfois, abouti à mettre sur le même niveau des incompétents et d'authentiques spéclalistes.» C'est probablement cette philosophie qui explique la politique du secret actuel et qui fait que les relevés réguliers de radioactivité effectués par le SCPRI[2] sont confidentiels, que le plan ORSEC-RAD est gardé secret, et même plus gênéralement que les statistiques de santé, si elles existent, ne sont pas publiées régulièrement en France à la différence des États-Unis par exemple. Malgré les mises en garde de tous ces bons esprits, essayons de poursuivre notre «mythe»: informer. La vie et le rayonnement ionisants
p.2
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Et tout le long de la chaîne
du combustible nucléaire, des produits radioactifs peuvent être
au contact de l'homme. En effet, les mines d'uranium, les diverses usines
du cycle, les centrales et l'unité de retraitement rejettent des
effluents radioactifs liquides et gazeux dans l'environnement, soit de
façon «normale» et contrôlée soit accidentellement.
Qu'un filtre chimique ou mécanique soit hors d'usage, qu'une vanne défectueuse ne puisse plus être fermée, qu'une enceinte soit fissurée, que la pluie ou des eaux d'infiltration lessivent un site de stockage de déchets radioactifs et l'environnement se trouve pollué. Ainsi les sols, les nappes phréatiques, les cours d'eau, le milieu marin ou l'atmosphère risquent d'être plus ou moins gravement contaminés. De tels accidents sont quotidiens et le plus souvent peu spectaculaires; on en connaît certains en France: fin 1968, un nuage d'iode 131 a été rejeté dans l'atmosphère par le centre de retraitement de La Hague. Plus récemment, en 1976, un rejet contrôlé a entraîné une contamination accidentelle de la nappe phréatique de Grenoble. A la suite de la sécheresse, cette nappe n'était plus en surpression par rapport aux égoûts dans lesquels se faisaient les rejets. A cette occasion d'ailleurs on doit s'interroger sur la confiance que l'on peut accorder au S.C.P.R.I. qui a préféré garder le silence. L'industrialisation nucléaire massive décidée par le gouvernement français va bien sûr augmenter considérablement les risques de contamination accidentelle. Les conséquences de ces accidents, faibles et mal connus en général, pourront-elles aller jusqu'aux catastrophes envisagées dans le cas d'un accident majeur? Voilà une très grave question. En effet, les pollutions pourraient avoir des conséquences particulièrement lourdes sur certains sites situés dans des zones très urbanisées. Différents rapports américains édités sous l'égide de l'Atomic Energy Commission (WASH 740/1957 et 1964; WASH 1400/1974, encore appelé rapport Rasmussen) ont donné une estimation des conséquences de tels accidents. Les chiffres proposés pour l'accident maximal donne entre un millier et quelques milliers de morts et quelques milliers et quelques dizaines de milliers de blessés. Les hypothèses de calcul utilisées pour ces estimations ont été critiquées par plusieurs instances dont l'American Physical Society (Review of Moder Physics 47, 1, 1975). Cette société propose d'autres hypothèses qui multiplient par 50 les estimations précédentes. Alors, n'est-il pas inquiétant de voir l'optimisme affiché à EDF qui déclare à propos du rapport Rasmussen: «La fusion du coeur d 'un réacteur n'est pas de proportion apocalyptique; les conséquences les plus vraisemblables d'un tel accident ne comporteraient ni décès, ni blessures dans la population avoisinante.» Mais revenons maintenant aux rejets délibérés et contrôlés. La question des faibles doses
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D'où l'on déduit logiquement que: «- l'utilisation de la relation linéaire pour évaluer le gain social d'une réduction de dose est peu satisfaisante;... elle surestime le gain social dérivant de réductions de dose, et ainsi peut conduire à des efforts non payés par un bénéfice social; - au niveau de doses faibles devant les variations du bruit de fond local, le risque pour les individus est si faible que leur santé ne sera pas significativement modifiée par la présence ou l'absence de la dose considérée... - il n'est pas nécessaire de poursuivre la sommation des faibles doses lorsqu'il est clair que leur contribution ne changera pas l'estimation de la dose-population d'un facteur supérieur à 2 ou 3 ou, par ailleurs, s'il est évident que le détriment supplémentaire est faible en comparaison des bénéfice attendus.» Confrontation de la radioprotection
avec les acquisitions récentes en radiologie - Athènes, juin
1974.
Tout ceci est bien intéressant, mais quelle
connaissance a-t-on pour abandonner l'hypothèse prudente de départ?
Certains, dès l'abord, nous préviennent que de toute façon
il ne sera pas possible de faire la preuve de la non-existence d'un seuil.
«La mise en évidence de l'action des faibles doses est, par essence, un problème extrêmement difficile. En effet, si une telle action existe, elle est très légère et se trouve ainsi en partie masquée par celle, d'ailleurs inconnue et problématique, de la radioactivité naturelle. De plus, les atteintes à la santé que l'on pourrait attribuer aux faibles rayonnements ne seraient pas discernables de celles dues à d'autres polluants. Comment savoir si un cas de leucémie déclarée sur mille personnes est du à des rayons ionisants, à l'action des nombreux corps cancérigènes rejetés par les industries, à un virus, ou à d'autres causes inconnues? Comment pronostiquer qu'une personne vivra un mois ou un an de plus ou de moins si elle reçoit quelques rems supplémentaires dans sa vie? Les biologistes et statisticiens confrontés, lors d'expérimentations animales, à des problèmes de cette nature, essaient de les résoudre en étudiant des séries d 'individus suffisamment nombreuses pour que des tendances puissent être appréciées, et chiffrées en termes de probabilités. Mais plus l'effet est petit, plus la population animale expérimentée doit être grande pour que le résultat reste sûr; malheureusement les groupes importants en nombre d'individus ne sont jamais homogènes, et cette difficulté nouvelle limite les possibilités de la statistique. Ainsi, les actions éventuelles des faibles doses échappent à la sanction de l'expérience directe.» (Péricart, «L'énergie nucléaire
et les effets des radiations», EDF, 1975).
Les études des effets des faibles doses
présentent une première difficulté: le temps nécessaire
pour mener les études. En effet, les délais d'apparition
des conséquences peuvent être très longs:
- mutations somatiques - cancers (5 à 30 ans) - mutations génétiques: - dominantes: une génération (30 ans) - récessives: deux générations au moins (60ans). Et l'expérimentation sur des espèces animales à reproduction rapide (souris, rats) ne résoud pas entièrement le problème car il n'est pas certain que l'on puisse transposer à l'homme (si tant est que seul l'homme nous intéresse!). Sa complexité plus grande laisse prévoir une sensibilité aux facteurs perturbateurs. De plus, plusieurs études suggèrent que la dose totale reçue n'est pas le seul facteur en cause, et que plus le débit de dose est faible, c'est-à-dire plus la dose reçue par unité de temps est faible, plus la dose totale provoquant un même effet est élevée. p.3
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Par ailleurs, l'existence d'un bruit de fond (taux «spontané»)
de mutations et de cancers augmente la complexité du problème
et peut se traduire par une absence apparente d'effet qui, selon M. Péricar:
«pourrait trouver des explications dans les mécanismes de réparation des gènes atteints, ou dans des «redondances d'information» qui font que plusieurs gènes doivent souvent être lésés pour qu'un seul caractère soit affecté. Enfin, et c'est peut-être l'explication la plus solide, on sait aujourd'hui qu'une sélection naturelle prodigieusement active[7] expulse de l'utérus des mammifères, dès les tout premiers jours qui suivent la fécondation, la plupart des embryons présentant des anomalies génétiques notables». (Péricart, art. cité)
Il est également exact que 1es mécanismes
de réparation des dommages qui peuvent être causés
au matériel génétique ont été mis en
évidence. Mais ces mécanismes sont sous la dépendance
de gènes et peuvent donc être atteints par différents
agents mutagènes (dont les radiations). De plus, ils peuvent être
rendus inefficaces sous l'action d'innibiteurs dont certains commencent
à être connus (caféine, quinines, vitamine A).
Il serait donc nécessaire de dominer tous ces facteurs pour comparer une population soumise à des faibles doses de radioactivité dues au rejet du cycle du combustible nucléaire, à une population témoin non soumise à ce surcroît de radioactivité par rapport à la radioactivité naturelle. Il est sans doute difficile de «savoir» mais nous pensons que cela en vaut la peine et qu'un certain nombre de voies de recherches doivent être explorées et certains effets mieux connus. Mais il est assez évident que l'énormité du programme actuel et la rapidité de son engagement ne sont pas du tout compatibles avec le développement d'études pouvant éventuellement avoir des conséquences sur la construction ou l'exploitation de toute la «machine» nucléaire. On peut cependant légitimement penser qu'il serait nécessaire de disposer de renseignements d'études: - sur les effets de la radioactivité naturelle - sur des expérimentations animales - sur le suivi des travailleurs de l'industrie nucléaire et - sur les populations. Qu'en est-il en fait, le sait-on? et au fait, cherche-t-on à savoir? La radioactivité naturelle
(«L'Energie nucléaire et les effets biologiques
des rayonnements»
Comité médical - Direction de l'équipement, EDF). (suite)
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... Et par conséquent, il n'y a pas de problème pour l'industrie nucléaire, n'est-ce pas: «... il reste évident qu'une augmentation de quelques pour cent de la radioactivité ambiante du fait des industries nucléaires ne peut perturber sérieusement l'équilibre génétique des populations, alors que cette radioactivité ambiante fluctue elle-même de bien plus de 100% suivant les lieux, sans qu 'on n'ait pu remarquer aucune corrélation entre sa valeur moyenne et le taux d 'accidents génétiques. Ce dernier point a été souligné par une étude effectude sur 50 villes des Etats-Unis et concernant 170.000 personnes, la radioactivité naturelle variant en l'occurence géographiquement de 70 à 120 mrems/an.» (Péricart (art. cité)
Est-ce si sûr?
Tout d'abord il nous faut signaler qu'on attribue à la radioactivité naturelle un nombre anormalement élevé d'anomalies mentales et de cas de mongolisme dans une région du Kerala (Inde) où la radioactivité naturelle est de 1.500 à 3.000 mrem/an, par rapport à une population témoin vivant dans une région proche où la radioactivité naturelle est de 160 mrem/an. Ce n'est pas un exemple isolé puisqu'on signale des phénomènes semblables au Brésil (voir fiche technique du GSIEN numéro 21). De plus, la radioactivité naturelle est à 80 % une irradiation externe, alors que celle due à l'industrie nucléaire présente une probabilité importante d'être une contamination interne pouvant induire une concentration dans la chaîne alimentaire. Du choix des paramètres
(Mewissen, Médical Radionuclides 1970)
Des expériences plus récentes du
même auteur (Mewissen, Tridium 1971 sur la même souche de souris
précisent que, bien que la fréquence de certaines tumeurs
diminue, il y a une augmentation générale de la fréquence
de l'ensemble des tumeurs: cela montre qu'il est important de ne pas conclure
à partir de l'étude d'un seul critère.
De plus, la souche de souris utilisée présente un taux élevé de tumeurs qui seraient soit «guéries» par l'irradiation, soit masquées par la mort plus précoce des souris à la suite de l'irradiation. Mais Delpla et Vignes semblent ignorer tous ces détails quand ils parlent de ces souris! Tout cela montre à l'évidence qu'il est important de ne pas conclure à l'absence de nocivité d'un phénomène sur la base d'un seul critère. p.4
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Dosimètres biologiques
Une étude récente japonaise a fait état de l'intérêt qu'il y avait à se servir de dosimètres biologiques. Ils ont en effet étudié l'environnement de la centrale nucléaire d'Hamaoka, au Japon, en se servant d'une plante du type de la «misère». Cette plante présente la propriété de subir des mutations induisant à des variations de coloration sous l'effet de divers facteurs dont les radiations ionisantes. Leur étude porte sur la fréquence d'apparitions des mutations de plantes placées autour de la centrale (jusque dans un rayon de quelques kilomètres), en comparaison avec d'autres plantes témoins. Les résultats trouvés semblent montrer que: - l'instabilité des systèrnes de pigmentation permet la mise en évidence d'effets mutagènes faiblis; - les mesures de radioactivlté effectuées de cette façon présenteraient une sensibilité dix fois plus forte que les systèmes physiques actuels (voir fiche technique numéro 11 du GSIEN).. Une voie de recherche à explorer... Les travailleurs: des bons cobayes?
(M. Delpla. International Symposium on radiation Protection,
Aviemore, 6/74). (suite)
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Des renseignements pourraient être obtenus par le service médical des travailleurs, si un certain nombre de mesures étaient prises dans ce sens: observations médicales durant toute leur vie, autopsie, suivi de la descendance, etc. Mais ceci pose deux interrogations: - peut-on rendre obligatoires de telles mesures alors que certaines d'entre elles, l'autopsie par exemple, peuvent poser un problème moral? - ne risque-t-on pas, à terme, de créer un climat de suspicion sur ces travailleurs, en particulier dans le cas où des effets génétiques sur la descendance seraient constatés? Une fois de plus on voit bien que la question nucléaire n'a pas que des aspects techniques. Les populations environnantes...
Quelques informations sur la situation actuelle
p.5
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D'ailleurs l'American Nucléaire
Society, dans une brochure appelée «Questions-Réponses»
(traduire par la Société Française d'Energie Nucléaire),
reconnaît que:
«Les personnes résidant au voisinage des grands dépôts de déchets des usines d'uranium sont exposées comme les mineurs d 'uranium au radon et à ses produits radioactifs de désintégration. Ces déchets forment d'énormes amas de terre (Colorado, où deux de ces monticules hauts de 70 m couvrent 60 ha). C'est ce qui reste une fois que la quantité d'uranium économiquement récupérable a été extraite du minerai. Les produits nés de la désintégration de l'uranium, formés avant son extraction du minerai, et l'uranium restant dans les déchets restent des sources de radon pendant des milliers d'années. Le radon s 'échappe de ces amas de terre, se répand dans l'atmosphère bien que l'épaisseur de ceux-ci puisse atteindre 6 m de terre, soumettant les voisins immédiats à une radioactivité non négligeable. Mais le radon dégagé par les stocks de déchets des usines ne constitue qu'une faction négligeable de la quantité de ce gaz naturellement libéré par l'uranium, substance largement répartie en petites quantités dans les trois premiers mètres de la couche supérieure de la croûte terrestre. Ce radon s'échappant des déchets d'usines n'est pas un problème d'ordre général; mais c'est un problème local sérieux non résolu. Les État du Wyoming, de l'Utah, du Nouveau-Mexique et du Colorado, où est concentrée la plus grande partie des exploitations minières et des usines, l'administration pour la protection de l'environnement des Etats Unis, et la Commission des règlementations de l'Industrie nucléaire du gouvernement américain ont mis au point des programmes destinés à résoudre ces problèmes.[12]» (Numéro spécial Revue Générale
du Nucléaire - juillet 1977).
- autour des centrales:
Si l'on prend l'exemple de Chooz, la première centrale type PWR en France (démarrage 1967, puissance 270 MWé), on constate qu'elle a rejeté en 1972, 31.000 curies d'effluents gazeux et 1.776 curies d'effluents liquides (Rapport d'activité 1974, annexe IX-B EDF). Déjà en 1971, la contamination radioactive de l'eau et des boues de la Meuse était nettement décelable. De plus on voit dans le tableau que la concentration de manganèse 54 est deux mille à trois mille fois plus importante dans les mousses et certains animaux aquatiques que dans l'eau. La concentration dans les poissons atteint pratiquement celle des mousses pour le cesium 137, et celle des boues pour le strontium 90. Donc, bien que les boues jouent un rôle de piège non négligeable, les éléments radioactifs rejetés par les centrales nucléaires peuvent être prélevés par les organismes végétaux ou animaux. De plus l'implantation de centrales nucléaires dans des régions déjà fortement industrialisées à de quoi inquiéter car, en effet il peut y avoir amplification des effets de deux facteurs nocifs (par exemple mineurs d'uranium - fumeurs). Les inquiétudes sont vives quant au devenir du tritium, analogue chimique de l'hydrogène, rejeté essentiellement sous forme d'eau; il n'est pas interdit de penser que, par la voie de la photosynthèse, il pourra être incorporé dans les molécules organiques et donc irradier plus longtemps les organismes qui l'assimilent sous cette forme. (suite)
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- Autour des usines de retraitement Dans les environs de l'usine de retraitement de La Hague, la concentration de radioactivité totale «naturelle» de certaines algues est douze fois celle de l'eau, mais pour la radioactivité «artificielle» le rapport qui était déjà de 800 en 1972 est passé à 3.000 en 1974[12]. On observe également une augmentation de la concentration chez certains crustacés et mollusques:
N'est-il pas inquiétant également
de voir que les «experts» s'accordent à reconnaitre
que les rejets actuels de tritium et de kripton
vont poser de plus en plus de problèmes. Mais actuellement, compte
tenu du coût d'épuration on ne piège pas ces effluents,
se réservant de le faire vers la fin du siècle, car alors
le problème se posera avec acuité.
4. Conclusion que l'on voudrait provisoire
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Certains auteurs avancent des
chiffres qui font frémir:
Pour Morgan[14], 3.000 morts par an de plus aux Etats-Unis pour la première génération et 30.000 pour la seconde. Pour Tamplin et Gofman[15], 32.000 cancers et leucémies supplémentaires avec un taux d'irradiation supplémentaire de 0,17 rem/an pendant 30 ans... Ces prévisions peuvent être discutées, mais compte tenu des résultats contradictoires connus, on est en droit de s'interroger. D'autant que, comme le rappelle Ettel Moustacchi: «il suffit qu'un seul (souligné par l'auteur) effet important des radiations ne présente pas le seuil, pour que les normes de doses admissibles restent strictes.[16]» Dans l'état actuel des connaissances, il nous paraît indispensable de prendre a minima les mesures suivantes: - suppression immédiate du secret concernant les contrôles de radioactivité effectués par le SCPRI. Chaque commune sur laquelle de tels contrôles sont effectués doit être tenue informée des résultats de ces contrôles. - publication des bilans épidémiologiques concernant les personnels travaillant dans l'industrie nucléaire. - développement des recherches épidémiologiques sur la population vivant autour des centrales nucléaires. - développement des contrôles biologiques autour des sites nucléares en vue d'estimer à temps les risques mutagènes. Ces mesures devraient permettre une estimation sérieuse des risques encourus. |
Nous pensons que ce n'est certainement pas
le silence et le secret que sera facilitée la compréhension
des problèmes biologiques complexes relatifs, aussi bien à
la protection de l'environnement qu'à la santé des travailleurs.
Se saisir du prétexte de cette complexité pour refuser l'information,
fut-elle contradictoire, à l'ensemble des citoyens relève
d'un principe d'infantilîsation qui peut avoir pour but, conscient
ou non, la consolidation d'une société centralisée
et déshumanisée, dans laquelle les angoisses, conscientes
ou non, des risques inconnus mais menaçants peut aggraver le nombre
de maladies psycho-somatiques; à n'en pas douter des psychologues
travaillent déjà sur ce sujet.
Il faut refuser le mythe du spécialiste qui serait le seul à pouvoir émettre un avis tout puissant; c'est au contraire à la population à s'exprirner sur l'acceptable et le non acceptable. Dans le domaine des effets sur l'homme des faibles doses d'irradiation, il y a lieu visiblement d'adopter toutes les mesures conservatoires et il est vraiment surprenant de lire les lignes qui suivent: «Bien que depuis 25 ans les radio-écologistes aient accumulé un nombre impressionnant de résultats, on ne sait toujours pas aujourd'hui passer d'un niveau de radioactivité émis par les effluents d'une installation nucléaire à la dose que peut recevoir un habitant situé à une distance donnée du point de rejet (100 km par exemple). Malgré cela, le professeur Pellerin pense que les doses sont extrêmement faibles et que la réglementation existante en matière de déchets nucléaires est plus sévère que celle relative aux autres formes de pollution. Les écologistes, pour leur part, militent en faveur d'un accroissement de leurs moyens d'études, mais la preuve de l'efficacité de leur méthode reste encore à faire[17]». p.7
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