Pour compléter notre Gazette
économie précédente, je signale à votre intention
un petit livre qui vient se sortir aux Editions Syros: L'énergie
dans l'Economie de Pierre Radanne et Louis Puiseux. Ce petit livre
vous intéressera car il donne des pistes pour intervenir sur le
problème énergétique. Il n'y a aucun remède
miracle mais une analyse de la politique énergétique française
et de la surproduction actuelle.
L'intervention dans les hautes sphères s'impose. Les récentes élections qui ont amené des Verts un peu partout vont-elles permettre cette intervention? A dire vrai, j'ai des doutes, mais on peut encore l'espérer. Soyons conscients que les autres, à savoir les interventionnistes d'EDF ou du CEA, ont déjà posé leurs jalons: l'option plutonium dans les réacteurs, l'accord européen des lobbies nucléaires sur les surgénérateurs sont en train de grignoter nos possibilités d'intervention et pèsent déjà sur les décisions du siècle prochain. Et ce n'est pas les ministres socialistes qui vont résister à ce mouvement. Il avait été réussi quelque chose de pas triste en 1988. Le Ministère de l'Environnement avait perdu la gestion des risques naturels et technologiques. C'était d'une part pour confier cette branche à l'ancien administrateur du CEA, Renon G. et d'autre part amputer toutes les actions de l'environnement. Bon, on a fait un pas dans le bon sens: l'environnement rechapeaute tout et Renon va à la Défense. Mais ce qui et dommage, c'est qu'on ne soit pas bien sûr que, dans l'état actuel du Ministère, cela améliore vraiment. Dommage que Huguette Bouchardeau ne soit plus là. Elle était une authentique «défenseur» de l'environnement. Et nous avions pu apprécier ses efforts. Pour l'état actuel du Ministère, nous pourrions suggérer un renforcement des services. C'est le moment où jamais et ça ne serait pas du luxe. C'est tout de même prodigieux depuis 1961, nous ratons toutes les occasions. Enfin, l'environnement est soit-disant la grande priorité de la France et à part parler, nous faisons encore moins que les autres pour améliorer les lois. En 1988, on décide d'une loi pour habiliter des laboratoires indépendants. Où sont les décrets? Ce n'est pas nouveau: déjà en 1975, une loi a été votée sur le problème des déchets. Mais il n'y a pas de décret pour la partie nucléaire. Nous vous offrons donc un dossier sur le MOX. Comme vous le constaterez, il a été prévu dans les décrets cette possibilité, alors bien sûr on ne peut pas s'opposer par la voie légale au changement du ou des réacteurs. |
Cependant, les études menées sur le fonctionnement du
réacteur montrent que ce n'est pas si simple et que quelques inconnues
subsistent (c'est le moins que l'on puisse dire). On peut donc poser des
questions à EDF sur l'exploitation du réacteur, mais on doit
aussi poser des questions pour l'exploitation tout au long du cycle, même
si la première réponse est toujours pas de problème,
en fait il subsiste des points d'ombre. L'introduction du MOX a des avantages
économiques, dit-on, mais même ce point est loin d'être
vrai.
De même pour les problèmes liés à l'irradiation des aliments. C'est peut-être une voie pour permettre l'alimentation du Tiers-Monde. Mais sans les précautions inévitables et en ne voyant que l'argent à gagner, c'est sûrement très dangereux. Le dernier dossier important est le démantèlement. C'est un problème qui intéresse toujours les industries et qui a été souvent ignoré. Il se trouve que pour le nucléaire, il est à peu près impossible de se retirer sur la pointe des pieds. Sinon, on risque ce qui s'est passé au Brésil, au Mexique. De toute façon, on a intérêt à étudier le démantèlement de façon soignée sinon on aura des accidents comme avec le chantier de démolition de Beautor (Aisne). On y démantèle une centrale à flamme mais EDF a sous-traité. Le résultat: 3 morts, 3 blessés graves. EDF a confié le travail à des entreprises qui n'ont pas d'expérience dans le domaine Comme on a également un dossier pas triste: les fissures découvertes à la Hague dans les dissolveurs en Zirconium. La raison en est aussi que l'entreprise (Piohon à Décines) n'a pas la maîtrise des procédés. Si vous avez envie de nous envoyer de la documentation ou des articles, n'hésitez pas. Je ne peux vous garantir la publication, mais il y a de fortes chances que cela marche. Démantèlement, Mox, Irradiation. Leur dénominateur commun: l'argent. Pour le démantèlement, à cause des coûts de stockage et aussi à cause du coût des matières premières (coût en argent, mais aussi en minerai), on étudie le recyclage des matériaux faiblement radioactifs. En fait, on a tout dit avec ces mots «recyclage» et «faiblement radioactif». Quant au MOX, avec le retraitement, on a du plutonium sur les étagères, c'est donc tentant de l'utiliser mais de là à prétendre qu'on gagne de l'argent, il ne faut pas exagérer. En effet, si pour les REP on donne un crédit plutonium, il faut bien faire payer le plutonium à un cycle, sinon le seul perdant de l'affaire est le contribuable Bonne lecture à tous! p.1
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