Bon, ne rêvons pas. Mais
reprenons ce problème de désinformation.
Le conseil supérieur de sûreté
et d'information nucléaire a, lors de sa dernière réunion
le 6 juin 1989, traité d'un problème important : «Intervention
Sanitaire en cas d'accident nucléaire». L'introduction de
ce document est particulièrement en accord avec Gymont. Il s'agit
d'une circulaire de 1987 (que l'on considère comme une information
en 1989!).
La présente circulaire a été préparée
pour répondre, après la catastrophe survenue en avril 1986
à Tchernobyl en Union soviétique, à de nombreuses
interrogations émanant tant des responsables administratifs que
des médecins et des directeurs d'hôpitaux sur les dispositions
à prendre dans l'hypothèse où un événement
semblable surviendrait dans notre pays. Or, il faut souligner:
1) qu'un accident identique à celui
de Tchernobyl n'est pas concevable en France, car la conception même
des centrales exclut une dispersion radioactive comparable à celle
qui s'est produite en Union soviétique.
2) que vis-à-vis des réacteurs
existant dans les pays de l'Est, la distance rend pour notre pays très
improbable un risque réellement significatif de santé publique. |
Avouez que c'est beau comme l'antique: nos
réacteurs sont sans faille, ça on le savait mais surtout
le prochain accident sera en URSS! (au secours, Madame Soleil!), ça
ce n'est pas gentil pour les camarades.
Ce document se termine en beauté par
une autre circulaire non datée à propos de l'administration
d'iode stable. Il est assez prodigieux et instructif que dans un document
destiné aux médecins, fourni pour méditation au CSSIN,
on ne parle que d'une éventuelle réunion sur le sujet! En
1989! 3 ans après Tchernobyl, on n'est pas encore capable de fournir
aux médecins une posologie selon l'âge de l'être humain
considéré, des contre-indications etc... Prodigieux
Notre cher CSSIN ne risque pas de conseiller
les hautes instances avec des documents de ce type, car sa propre information
laisse beaucoup à désirer.
Enfin, tout n'est pas noir: les accidents
nucléaires commencent à être reconnus et admis. La
documentation vient sur la place publique. C'est ainsi que sur l'accident
de Winscale de 1957 on a eu enfin les publications classées secrètes
pendant 30 ans pour ne pas faire de tort à l'énergie nucléaire.
Même
au pays de Fair Play, le nucléaire rend les gens bizarres.
Ouant à l'accident russe de Kychtym,
la Gazette peut toujours dire qu'elle en a parlé il y a 10
ans. Tout de même, il ne faut pas s'endormir, nous devons toujours
veiller et surtout inlassablement
- exiger l'accès au dossier
- demander des comptes aux élus
- et le taire à beaucoup.
Il faut forcer l'information. Il faut d'ailleurs
à ce sujet saluer les Initiatives alsaciennes. Les associations,
en particulier le CSFR (Comité de Sauvegarde de Fessenheim et de
la plaine du Rhin, 66 rue du Ballon Uffholtz 68700 Cernay), ont réussi
à obtenir qu'une commission se mette en place (Commission gérée
par le Conseil Général du Haut Rhin). Ces contre experts
vont donc regarder les dossiers, poser des questions, faire un suivi de
la santé décennale de Fessenheim. On vous tiendra au courant
des travaux de cotte commissIon.
Il y a, face aux votes verts, une prise on
charge de l'écologie. Ne nous faisons aucune illusion mais constatons
cette force. Après tout, ce qui compte c'est que les idées
soient récupérées. Peu importe l'auteur. Mais nous
devons veiller à ce qu'elles ne soient pas déviées
et ça, ça exige notre attention et nos interrogations. |
Depuis l'accident du barillet de Superphénix,
nous avions constaté que les autorités de Sûreté,
le SCSIN pour ne pas le nommer, prenait de l'importance ou plus exactement
occupait la place qu'il devait. Bon, ce n'est pas encore le paradis mais
il y a des progrès. Bien sûr Superphénix a redémarré
quand même mais il a été arrêté 18 mois.
En ce qui concerne les autres réacteurs, il reste encore des citoses
àfaire:
- les générateurs de vapeur
- les grappes de contrôle.
Mais EDF a dû céder: on changera
les générateurs de vapeur de Dampierre sans être on
situation accidentelle et on fera le travail ensuite sur les 25 autres
réacteurs. Quant au mécanisme de contrôle, on ne le
change peut-être pas assez vite.
Il n'empêche, la discussion se passe
pied à pied car à Fessenhelm par exemple, le directeur de
la centrale avait soigneusement omis ce type de vérification pour
la visite décennale!! Il ne savait pas!! Pauvre innocent
qui ne lit pas les circulaires. Le retour d'expériences c'est pour
les labos de recherche, il est hors de question d'en discuter sur les sites.
Enfin, si le SCSIN peut jouer le rôle
cité dans Le Monde,
on peut espérer un mieux au plan
sûreté. Pour le reste, il faut toujours avoir le débat
sur la place du nucléaire et son cycle.
«Guetter les signes précurseurs»
Mais le SCSIN veille, joue son rôle d'aiguillon,
s'efforce, souligne M. Lavérie, «d'anticiper, de guetter
les signes précurseurs d'une maladie générique éventuelle
d'un équipement pour la traiter à temps». Moyennant
quoi, le parc électronucléaire français ne se porte
pas si mal et affiche même un «taux de disponibilité»
supérieur de 10% aux prévisions faites lors de sa construction.
Il entend désormais ajouter la «transparence» à
cette vigilance, afin que ce que M. Lavérie qualifie de «consensus
contraint» du public français vis-à-vis du nucléaire
soit fondé, au moins, sur des critères objectifs.
Jean-Paul DUFOUR
Le Monde, 29 juin
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C'est un extrait significatif d'un grand article
«Nucléaire: le secret sur la place publique. Les services
de sûreté du nucléaire sortent de leur réserve
et étalent au grand jour leurs divergences avec EDF».
Titre alléchant s'il en faut. Ne croyez cependant pas qu'on va débattre
de la place du nucléaire, des économies d'énergie,
de la pollution et du stockage des déchets si vous n'intervenez
plus. On a fait un pas on avant, on peut tout aussi facilement en faire
deux on arrière.
Bonne lecture de notre dossier.
Administration d'iode stable
en cas d'accident nucléaire
A la suite des questions posées par certains
médecins après l'accident de Tchernobyl, il est apparu souhaitable
de fournir au corps médical des compléments précis
d'information sur l'administration d'iode stable on cas d'accident nucléaire.
Un groupe de travail, réuni au Ministère
de la Santé, a, avec le SCPRI, élaboré un projet en
ce sens.
Ce texte va faire l'objet d'une prochaine
circulaire aux Préfets, qui disposeront ainsi d'une documentation
de base.
Dans un second temps, ce texte pourra être
repris sous forme d'un dépliant destiné au corps médical,
et aux autres corps de santé (pharmaciens, paramédicaux,
vétérinaires...) notamment dans les régions d'implantation
des Centrales Nucléaires. Il serait présenté de façon
analogue à celle des dépliants destinés à l'information
du public au sujet des PPI. |
Document soumis à la méditation du CSSIN (et non
daté) émanant du ministère de la santé.
p.2
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