La G@zette Nucléaire sur le Net!
N°103/104, novembre 1990
numérisation assurée par A. Vérignon (GSIEN)
LE NUCLEAIRE AU QOTIDIEN
Editorial / SOMMAIRE


     Il existe une tradition française, bien ancrée, les vacances sont propices aux déclarations et décisions fracassantes. Le nucléaire en 1990 n'a pas échappé à cette régle.
     Sans la moindre concertation, nous voici donc nantis de contrats tout azimuth:
     - vente-promotion du kilowatt
     - essai de vente de réacteur
     - et surtout vente de possibilité de retraitement.
     Si je dis «nous», c'est bien parce que c'est nous les citoyens qui devront gérer les nuisances engendrées par ces mirifiques contrats. Par contre, les bénéfices seront pour les firmes et leur cotation en bourse.
     Bien sûr, personne n'a songé à demander leur avis aux citoyens. Tout le monde politique a «oublié» qu'avant de se lancer dans une telle politique, il fallait faire un débat sur la politique énergétique, un vrai, pas le simulacre de décembre 89. La France n'a jamais élaboré un véritable plan. Elle a seulement un lobby fort qui fait passer sa politique. Les grands commis de l'Etat préfèrent écouter les sirènes nucléaires et comme les politiques se reposent sur le commis, la boucle est bouclée: notre voix ne parvient pas jusqu'aux politiques.
     Prenez garde, messieurs les politiques, vous avez besoin de nos voix à chaque passage aux urnes. Quant à nous, il nous faut apprendre à demander des comptes à nos chers élus et à forcer le débat. Sinon tous ensemble, politiques, citoyens et travailleurs, de réacteur en stockage de déchets, nous subirons les pollutions pour que vive le nucléaire.
     N'ayons pas d'oeillères, le plan actuel dont nous sommes dotés est du nucléaire, encore du nucléaire, toujours du nucléaire.
     Les associations sont inlassablement intervenues depuis plus de 10 ans pour demander, exiger un débat, une mise à plat des problèmes et une reprise de TOUT le dossier concernant l'énergie et le nucléaire. Le moins qu'on puisse en dire c'est qu'elles ne peuvent être que ravies de toutes les décisions prises depuis 3 mois.
     Le jour ou presque de la signature de l'autorisation de l'usine MELOX (façonnage de combustible au plutonium), le Premier ministre leur avait écrit pour les assurer qu'il était sensible à leur démarche et allait étudier le problème!
     Quelle étude rapide: 1 jour...
     L'arrêt de la prospection sur les sites profonds décidé pour 1 an en février 90 est désormais sans objet puisqu'on vient de signer des contrats de retraitement avec la RFA, contrats aux clauses si floues qu'ils laissent «espérer» la nécessité d'avoir recours à plusieurs sites de stockage en France.
     Tout ceci va évidemment dans le sens des associations, mis à part que ce qu'elles demandaient était la mise en route de plusieurs laboratoires. Elles n'avaient pas demandé qu'on augmente la quantité de déchets.
     Personne ne s'étonnera donc de voir repartir les oppositions sur les différents sites. La transparence et l'information à la sauce officielle ne risquent pas de faire l'unanimité des citoyens. Tous leurs droits sont bafoués et on voudrait, on plus, qu'ils acceptent d'être grugés avec le sourire.
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     Difficile de faire confiance car chaque concertation est l'occasion de s'apercevoir que les décisions importantes sont déjà prises. On en a assez de toujours constater que l'information se fait avec un dossier déjà bouclé. Les citoyens sont toujours en retard d'un métro.
     Voici donc pour la transparence. C'est un très joli mot, dommage qu'on n'ait pas précisé que les citoyens regardaient au travers d'un verre dépoli!!
     Quant à la solidarité, parlons-en un peu. Il faut bien que la France si libérale aide les nucléocrates étrangers qui ne parviennent pas à contraindre leurs «Politiques» à prôner un redémarrage.
     On vient faire son nucléaire en France. Pratique, sûr, pas sale puisque les problèmes seront sur les sites français, les rejets aussi...
     Attention, messieurs les nucléocrates étrangers, Pierre Tanguy, inspecteur général de la Sûreté à EDF, a admis dans son rapport de 1989 que la probabilité d'accident dépend du temps ET du nombre de réacteurs. La France est déjà à quelques pourcents quant à la probabilité d'avoir un accident de réacteur par an.
     Tchernobyl a montré que les nuages radioactifs aussi ne respectent pas les frontières. Il faut donc être conscient que tout cumuler sur le sol français n'évacuera aucun des problèmes pour les autres pays. Le plan énergétique dont a besoin la France est aussi une nécessité pour tous les pays. Nous serons tous solidaires face aux conséquences d'un accident. Nous serons au coude à coude pour apprendre à décontaminer et à vivre en terre radioactive.
suite:
     Le nucléaire est un exemple type de transparence et de solidarité proposé aux citoyens par des politiques qui les prennent pour des attardés mentaux. Réveillons-nous, il est vraiment temps!

Présentation du numéro
     Nous avions, dans nos cartons, un certain nombre de dossiers que nous n'avions pas publiés faute de place. Cette fois, nous n'hésitons plus et nous vous les faisons lire.
     Cependant, l'actualité a encore frappé et nous:
     - vous ferons un point sur le MOX et MELOX dans un prochain numéro (je vous rassure, nous avons perdu et MELOX a son autorisation).
     - vous ferons le point sur EDF et son parc. Ils ont de la chance, encore de la chance mais en auront.ils toujours...
     Heureusement ils ont un personnel de première qualité sinon il y a longtemps que nous saurions si un P.P.I. ça marche ou pas.
     - vous ferons le point sur Tchernobyl.
     Toujours plus dramatique au fur et à mesure que les jours passent.
 Bonne lecture. Si vous avez des documents ou des remarques, n'hésitez pas à nous envoyer vos dossiers. Nous publions dans la mesure où nos moyens nous permettrons de le faire. Vous avez été nombreux à vous abonner, mais on terminera tout juste l'année.

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LES ETUDES POST-TCHERNOBYL
DANS LA COMMUNAUTE EUROPEENNE
     Après l'accident de Tchernobyl, la Commission des Communautés Européennes a proposé une révision du programme de radioprotection tel qu'il était prévu de 1985 à 1989 de façon à couvrir les lacunes de notre connaissance sur le comportement et les risques sanitaires dus à la contamination radioactive. Dix lignes de recherche[1] ont été définies, parmi lesquelles la faisabilité d'études épidémiologiques sur les effets sanitaires encourus par la population de chacun des pays de la Communauté. Un groupe de chercheurs a donc réalisé une étude de faisabilité prenant en compte ce que l'on sait des effets tardifs et précoces des radiations, des doses reçues par les diverses populations de la communauté et du coût de telles études. L'ensemble de ces critères a permis de définir des cibles recherche: le cancer chez les adultes, le cancer de la thyroïde, les effets génétiques; les malformations et le retard mental n'ont pas été retenus car il est apparu très improbable qu'une fréquence augmentée puisse être statistiquement démontrable. En ce qui concerne le cancer des enfants, une étude basée sur les registres existants de cancer d'enfants devrait inclure les zones ayant été moyennement ou fortement contaminées par le césium, soit: le Sud de la France, le Nord de l'Italie, l'Est de la France, l'Ecosse et le pays de Galles et aussi les zones faiblement contaminées comme le Danemark, les Pays-Bas, l'Angleterre du Sud et l'Espagne. Cependant, parmi les zones fortement contaminées, seule la RFA possède un registre de cancers d'enfants capable de servir les objectifs de l'étude (en France, moyennement contaminée, il n'en existe qu'en Lorraine et dans le Bas-Rhin). Une étude des 6 millions d'enfants de la RFA ou une étude régionale (de 60.000 à 600.000 enfants) pendant 10 ans pourrait permettre d'établir un risque associé à l'accident de Tchernobyl avec une certitude statistiquement significative. Ainsi, le cancer de l'enfant apparaît être le seul effet post- Tchernobyl qui puisse être détecté.  suite:
     Etant donné les observations de Gardner citées par ailleurs, on peut se féliciter que les experts de la Communauté aient retenu les cancers de l'enfant comme valable objet d'étude. Pour terminer, disons encore que ce document comporte en annexe, pour tous les pays d'Europe, les mesures de l'activité de l'iode 131 et du césium 137 ainsi que les doses moyennes dues à l'accident pour 86-87 reçues par les adultes, les enfants et les populations des zones les plus contaminées. Pour la France, la dose moyenne totale pour les adultes est de 0,03 may (3 millirem), celle des enfants n'est pas donnée. Pour les zones les plus contaminées de l'Est du pays, on relève 20 millirems pour les adultes et 100 millirems pour les enfants.
Source: Radiation Protection, Commission of the European Communities. Fasibility of studies on health effects in western Europe due to the reactor accident at Tchernobyl and Recommendations for research. Report EUR 12551 EN.
[1] 1 - évaluation de la fiabilité et de la signification des modèles de transfert atmosphériques sur grande distance; 2 - évaluation des données sur le transfert des radionucléides dans la chaîne alimentaire; 3 - faisabilité d'études épidémiologiques sur les effets sanitaires encourus par la population; 4 - aspect radiologique des scénarios des accidents nucléaires; 5 - données sous-jacentes aux niveaux d'urgence dérivés de ces scénarios; 6 - perfectionnement des contre-mesures pratiques affectées à la contamination des milieux agricoles et aquatiques; 7 - perfectionnement des contre-mesures pratiques affectées à la contamination des milieux urbains; 8 - perfectionnement des contre-mesures pratiques affectées à la médecine préventive; 9 - monitoring et surveillance des accidents; 10- méthodologies des traitements des personnes exposées.
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SOMMAIRE
EDITO
Dossier Golfech; problème du tritium
Et si on parlait encore enquête publique
Chinon et son épreuve hydraulique
A propos des sites de stockage de déchets
Dossier fourni à la séance de mai du SCSSIN
Les leucémies de Sellafield et leurs prolongements

Année 1990
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REnews 1990: base de données environnementale internationale