Le dernier numéro de 1996
a un peu de retard mais j'ai eu beaucoup d'obligations professionnelles.
A part cela que se passe-t-il?
Saint Priest est revenu à l'ordre du jour. Vous vous souvenez peut-être, dans les années 80 ce fut le premier site envisagé pour les stockages profonds. Je vous rassure (?), il s'agit de réhabiliter le site. Il a été abandonné en 1980. Après une longue lutte le collectif des Bois Noirs avait réussi, avec l'aide de ses élus à faire prendre en charge une surveillance du site et en particulier de la digue de retenue du lac contenant les résidus. A la suite de plusieurs rapports il semblait urgent d'attendre et de trouver une solution dans un délai plus ou moins long. COGEMA, piquée par l'aiguillon fric, veut d'un coup brûler les étapes et se mettre à toutouiller les résidus gorgés d'eau et de produits radioactifs pour les transférer dans la mine à ciel ouvert qui ne peut tout contenir, qui est fracturée, enfin qui n'est pas adaptée. Il s'agit de 1,3 millions de tonnes et cela exige des constructions, des rotations de camions, etc. Le Carnet est aussi revenu. Cette fois c'est EdF qui veut toujours construire sa centrale bretonne. Exit Plogoif, revient le Carnet. |
Un dossier intéressant, le LEMI
de Tournemire. Comme vous le savez, nous avons défendu la voie
petit laboratoires d'études de l'IPSN contre les monstres ANDRA.
Une étude fouillée sur Tournemire qui est un laboratoire
argile vient nous conforter dans notre démarche. Ce dossier fait
le point et en particulier nous apprend que ce milieu est fracturé,
que les problèmes d'eau y sont difficiles à formaliser. L'argile
n'est donc pas un milieu si simple ni si imperméable qu'il y paraît
et les analyses du labo belge de MOL ne suffisent pas.
L'IPSN acquiert une expertise grâce à Tournemire et c'est une bonne nouvelle. Tournemire va permettre d'approfondir le problème des «fissuration, leur conductivité hydraulique et les mécanismes gouvernant leur évolution.. La géochimie fera aussi l'objet d'un effort particulier.... Il sera utile de se faire la main sur les méthodes d'études expérimentales... Ces développements instrumentaux [...J concernent l'études des barrières géologiques.. A terme, l'étude de Tournemire doit permettre de modéliser le comportement d'un stockage profond en milieu argileux.» Il y a beaucoup d'études à continuer et en particulier celles de la fissuration d'un milieu argileux et son évolution dans le temps quand on y applique des contraintes extérieures tel que le creusement de galeries. p.1
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Superphénix
est toujours à l'ordre du jour. j'ai plusieurs gros pavés:
critique du rapport Castaing de 1996, dossier sur le MOX. Je vous réserve
cela pour la Gazette de janvier-février 97. Mais je ne résiste
pas au plaisir de vous citer la Cour des Comptes:
«La Cour a examiné les comptes et la gestion de la société NERSA, filiale majoritaire d'Électricité de France, créée en commun avec des sociétés italienne et allemande afin de réaliser la construction du réacteur à neutrons rapides Superphénix sur le site de Creys-Malville (Isère) et d'en assurer le fonctionnement. EDF joue un rôle prépondérant dans la gestion courante de la société et l'exploitation de la centrale. Les incidents et défaillances qui ont marqué la centrale Superphénix depuis son démarrage ont limité à trente mois au total la durée de son fonctionnement entre 1986 et 1994, et le réacteur n'a été couplé au réseau que durant environ dix mois. Bien qu'il ait recommencé à fonctionner depuis septembre 1995, des interrogations demeurent sur l'utilité et la pérennité de cet équipement. La Cour a relevé des choix comptables contestables et des lacunes dans la gestion de la société NERSA. Au-delà de ces observations, elle a cherché à évaluer, selon une approche comptable et à partir de trois hypothèses de production, le coût prévisionnel de la centrale à la date du 31 décembre 2000, terme du protocole d'accord qui lie les actionnaires de NERSA, étant précisé toutefois que le terme prévisible du fonctionnement serait, selon EDF, le 31 décembre 2015. Il ressort des calculs examinés contradictoirement avec EDF et NERSA, mais qui doivent être interprétés avec prudence, que ce coût serait de l'ordre de 60 milliards de francs (français bien sûr). Ce bilan prévisionnel ne tient toutefois pas compte des retombées attendues en terme de recherche et de solution des problèmes de retraitement des combustibles nucléaires ou d'élimination des déchets radioactifs.» Extrait du rapport de la Cour des Comptes, disponible au J.O. 26 rue Dessaix, 75015 PARIS. (suite)
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suite:
Ce rapport est un petit bijou, il ne nous étonne pas outre mesure mais, émanant d'une instance officielle il nous conforte dans nos analyses. Dommage que les rapports de la Cour des Comptes ne soient jamais suivis d'un vrai nettoyage!! Pour finir nous vous transmettons quelques nouvelles en direct de Belleville. On constate que les sites se suivent et ne se ressemblent pas. Les associations ont plus ou moins de facilités pour se faire entendre. De toute façon et le colloque à la mémoire de Martine Barrére l'a bien souligné, l'information est un art difficile. De plus la critique à chaud est relativement aisée, tenir la distance l'est moins. Quant à la participation des scientifiques, elle n'est jamais facile. Elle suppose que ces scientifiques se documentent sur les dossiers, rédigent des papiers. Tout cela demande du temps et de l'argent. Bonne transition pour vous
rappeler que la Gazette est votre revue.
p.2
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